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Ma montée au Col de l'Iseran
(Savoie, France)
Heure locale

 

Jeudi 3 octobre 2019

 

C'est une belle journée ensoleillée qui s'annonce, après les orages de la veille, qui ont même donné lieu à des chutes de neige en altitude. Et de partir pour le Col de l'Iseran, col routier des Alpes françaises le plus élevé, qui culmine à 2770 mètres d'altitude. Il me faudra deux heures pour m'y rendre depuis Bourg-Saint-Maurice, en passant successivement par Sainte-Foy-Tarentaise, le barrage du Chevril et Val d'Isère. En cette arrière-saison, le paysage est grandiose et changeant, offrant d'abord une végétation verdoyante dans les vallées traversées, puis plus rare dans les alpages, jusqu'à découvrir le Col de l'Iseran sous la neige.

 

Je n'ai qu'une confiance limitée en mon GPS TomTom. Une fois de plus, il m'induira en erreur lorsqu'il m'indiquera que le suis arrivé au fameux col, alors que ce dernier se trouve bien plus haut, plus exactement au Km 50, depuis Bourg-Saint-Maurice. L'hôtelier m'avait bien dit qu'il fallait compter cette distance. Heureusement que j'ai intuitivement poursuivi ma route au-delà du Pont Saint-Charles, dans la vallée de Maurienne, car les panneaux indicateurs sont rares, voire inexistants. Premier conseil : se renseigner sur le temps prévu, et sur l'accès au col. Par chance, celui de l'Iseran est ouvert d'après les informations routières de Bourg-Saint-Maurice. En effet, la petite route qui y conduit est souvent fermée l'hiver, ou nécessite l'utilisation d'équipements adaptés.

Situé aux portes de l'immense parc national de la Vanoise, le Col de l'Iseran relie les vallées de l'Arc (Maurienne) et de l'Isère (Tarentaise) et est dominé par la pointe des Leissières (à 3041 mètres d'altitude). Au 17è siècle, il n'y avait ici qu'un sentier muletier qui servait à livrer les fromages du Beaufortain sur les marchés du Piémont via le col du Mont-Cenis. C'est en 1912 qu'il sera décidé d'inclure cet itinéraire dans la Route des Grandes Alpes. Et notre pays d'entamer d'importants travaux routiers à partir de 1929 afin de construire ce tracé de 29 km, jusqu'en 1937, année de son inauguration par le président d'alors, Albert Lebrun. 600 ouvriers seront ainsi mobilisés sur ce chantier difficile.

 

Pour l'heure, je viens de quitter Bourg-Saint-Maurice et ma route est clairement indiquée. Je traverserai Séez, puis, Sainte-Foy-Tarentaise, qui abrite en son point culminant la Grande Sassière (3747 mètres, presque l'altitude du Mont-Fuji!). C'est de Sainte Foy, une vierge martyre des 3è et 4è siècle que le village tirera son nom, avant que les Santaférains (habitants du village) ne voient leur commune rebaptisée Valamont sous la période révolutionnaire. Sur place, pas de curiosité touristique, excepté la chapelle Sainte-Brigitte, figurant à l'inventaire des Monuments Historiques, et l'église de Saint-Foy et ses jolis retables. Non loin de là, Le Monal, un hameau classé depuis 1987, offre d'admirer d'authentiques chalets montagnards des 18è et 19è siècle, ou encore Le Miroir, autre localité célèbre pour ses maisons à colonnes (originaires de la Vallée d'Aoste), ces pièces de charpente supportant l'arrivée du toit et formant un espace de circulation abritée. Des maisons similaires existent également à La Mazure, à Montalbert et à Bonconseil.

La route, en lacets, est pour l'instant de bonne qualité, et assez large pour se croiser en toute sécurité. Je rencontrerai de rares chantiers sur ce parcours, et passerai sous des paravalanches et quelques petits tunnels. Bientôt, j'aperçois au loin un barrage (ci-dessous), celui du Chevril :appelé aussi barrage de Tignes (station de sports d'hiver toute proche), l'ouvrage est installé sur le cours de l'Isère depuis les années 1950 et reste à ce jour le plus haut barrage français (à 1790 mètres). Après la guerre, les besoins en énergie étaient énormes et l'on misa rapidement sur la construction d'un barrage hydroélectrique à cet endroit, sans véritable concertation avec la population, ce qui provoqua des réactions violentes de la part des 387 habitants du « Vieux Tignes » menacés d'expulsion. Finalement inauguré en 1953, l'ouvrage permit la formation du lac artificiel du Chevril d'une capacité de 235 millions de m3.


 

Ma prochaine étape sera Val d'Isère (vu d'en haut sur la photo ci-dessous), petit village de haute-montagne du massif de la Vanoise situé à 1826 mètres d'altitude et qui fut longtemps isolé l'hiver à cause de la neige. L'endroit profitera du développement du ski durant les années 1930, jusqu'à devenir une des capitales mondiales du ski. 1932 verra en effet la création d'une première école de ski. Les (rares) touristes de l'époque logeaient alors dans les quatre hôtels du village. Uniquement desservie par la route départementale 902 (celle qui me conduira au Col de l'Iseran), j'observe désormais des conditions de circulation dégradées : route plus étroite et déformation de la chaussée par endroits. Au départ, j'envisageais de visiter l'église baroque du village, dédiée à Saint-Bernard de Menthon mais j'y renoncerai finalement devant les difficultés pour me garer. Val d'Isère ressemble actuellement à un vaste chantier où s'activent artisans et entreprises du bâtiment pour préparer la station à la prochaine saison hivernale. Quant à la circulation, elle est laborieuse et à sens unique dans les petites rues adjacentes. Les places de stationnement étant rares ou même inexistantes, je poursuivrai directement vers le Col de l'Iseran.


 

Sorti de Val d'Isère, les panneaux routiers se feront rares et il me faudra « deviner » la direction à emprunter. Me trouvant durant quelques kilomètres dans la vallée, j'atteindrai bientôt le pont Saint-Charles, petit pont en pierre que je franchirai pour attaquer franchement ma montée vers le col. Sur place, je croiserai de nombreux motards, mais également voitures, camping-cars et même un convoi exceptionnel qui m'obligera à me mettre sur le bas-côté d'une chaussée déjà bien étroite. Ici et là, je m'arrêterai pour jouir d'un paysage magnifique, avec une vue dégagée sur les alentours. J’apercevrai au loin et en contrebas, le barrage du Chevril et son lac encaissé entre les montagnes. J'ai beaucoup de chance de pouvoir accéder au col aujourd'hui car il n'est pas rare que son accès soit fermé en fonction des conditions météorologiques. L'hiver, cette même route est carrément fermée, le site tout entier étant alors utilisé comme partie intégrante du domaine skiable de Val d'Isère. Il ne reste plus qu'à gravir les sommets en remontées mécaniques.

Le Tour de France s'attaqua au Col de l'Iseran l'année qui suivit l'inauguration de la petite route, franchissant ce sommet à huit reprises. Je rencontrerai seulement quelques courageux cyclistes lors de mon ascension. Il faut souligner que de 13° dans la vallée, la température passera à 11°C plus haut, jusqu'à n'atteindre que 5°C au col. De nombreux cyclistes préfèrent partir de Val d'Isère pour effectuer les seize kilomètres les séparant du sommet, en passant par le hameau du Fornet et son téléphérique (à 1646 mètres). Plus nonchalantes, les vaches savoyardes se prêteront à la pause le long de la départementale, à quelques kilomètres seulement du col sur le chemin du retour.


Les derniers kilomètres avant d'atteindre ma destination se feront sur une route partiellement enneigée et légèrement verglacée par endroits. Je ne suis pas inquiet car d'autres véhicules empruntent la même direction et sans équipement particulier. Soudain, je découvrirai sur ma droite un chalet aménagé en restaurant (malheureusement fermé en cette saison) et une chapelle (ci-dessus) dédiée à Notre-Dame-de-Toute-Prudence. Cette dernière fut érigée en 1939 d'après les plans de l'architecte savoyard Maurice Novarina. Prudence est le terme adéquat sur ce sol glissant.

Je croiserai sur place motards et touristes étrangers, venus ici pour immortaliser leur présence au sommet d'un col somme toute réputé (photo ci-dessous). A nouveau, je me dis que quelque chose ne tourne pas rond en ce qui concerne la promotion de nos régions. Je ne trouverai en effet ni table d'orientation, ni panneaux explicatifs sur le Col de l'Iseran. Juste un texte bilingue faisant allusion à l'espace de légendes que représente Val d'Isère et un rappel historique concernant ce charmant village devenu depuis une station de ski. On a connu mieux comme promotion touristique !

 

INFOS PRATIQUES :

  • Apportez avec vous nourriture et eau pour ce genre de pérégrination car vous ne trouverez rien sur place. Compte tenu des embouteillages et du manque de places de stationnement, oubliez Val d'Isère.
  • Avant de prendre la route, renseignez-vous sur l'accès possible (ou pas) jusqu'au Col de l'Iseran. Un temps clair et ensoleillé est indispensable pour bien profiter des paysages.

  • Partez avec suffisamment de carburant. Il existe toutefois quelques stations-service sur le parcours.

  • Si vous faites comme moi, que vous vous poussez sur le côté de la chaussée pour laisser passer les gens plus pressés que vous, n'attendez aucun signe de reconnaissance (coup de klaxon, ou appel de phare, comme dans les pays anglo-saxons), vous êtes en France, le pays où tout vous est du.








 



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