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Minas
(Département de Lavalleja, Uruguay)
Heure locale


Lundi 1er mai 2017

 

Pas de fête du travail pour moi en ce 1er mai. Montevideo dort encore lorsque je pars au volant de ma voiture chinoise, en direction de Minas (département de Lavalleja). Il me faudra une bonne demi-heure pour sortir de la capitale et de ses feux tricolores, sans parler des gendarmes couchés. Il n'y pourtant pratiquement personne sur la route mais la circulation est aussi ralentie à cause du mauvais état de la chaussée. Le revêtement sera meilleur une fois sur la Nationale 8, dont une partie sera considérée comme autoroute (malgré l'absence d'informations à ce sujet), ce qui me vaudra d'acquitter un péage de 85 pesos uruguayens. Quant aux limitations de vitesse, elle vont de 30 km/heure, à 45 km/heure (annonçant souvent un gendarme couché), 60, 80, puis 90 km/heure sur route nationale. La police veille discrètement, je l'ai rencontré ce matin sur mon trajet et à l'entrée d'un bourg.

Mon étape du jour sera Minas, principale ville du département de Lavalleja et d'ailleurs ville natale du général Juan Antonio Lavalleja, dont on peut admirer de loin la statur équestre sur la place de la liberté. Militaire et homme politique uruguayen, notre homme fut le chef des Treinta y Tres Orientales et aussi président de l'Uruguay lors du triumvirat du gouvernement de 1853. Son père était un agriculteur local et c'est dans la propriété familiale que Juan Antonio passera son enfance. Lorsqu'éclate la Révolution de mai à Buenos Aires (Argentine), nous sommes le 25 mai 1810, le futur général s'engage comme simple combattant puis devient capitaine en 1814, avant de combattre un an plus tard sous les ordres de José Gervasio Artigas dans la lutte engagée contre les soldats argentins du pouvoir central. Lors des invasions portugaises de 1816, Lavalleja défendra l'Uruguay sur les terres qu'il connaissait bien puisqu'il s'agissait de celles de Minas. Et de se battre vaillamment un an plus tard aux côtés de l'armée de Rivera contre les Portugais, avant d'épouser Ana Monterroso la même année. Fait prisonnier en 1818 par l'ennemi, il reprend du service dès sa libération de prison en 1821, dans le régiment des Dragons de l'Union dont le chef était Rivera.


 

Après m'être installé à mon hôtel que j'atteindrai laborieusement faute de pouvoir me servir de mon GPS TomTom ici (absence de données), je ferai un tour sur la place de la liberté qui ne se trouve qu'à deux minutes de marche de mon lieu de villégiature. Là se situe le centre de vie de cette ville moyenne de près de 40 000 habitants. Autour de cette place arborée et garnie de platanes se dressent notamment le bureau de police (en photo ci-dessus), quelques restaurants, mais aussi une confiserie plus que centenaire et d'origine basque. C'est le 18 juin 1900 que fut signé le contrat d'exécution de la statut équestre de notre général Lavalleja qui donna aussi son nom au département dans lequel je me trouve aujourd'hui, pour la somme de 12000 pesos uruguayens. L'auteur de cette œuvre est le sculpteur Juan Manuel Ferrari. Une autre statue trônait déjà au centre de cette place, et celle-ci sera démolie la même année pour laisser la place au bronze de Lavalleja. Des travaux de réfection me priveront du cliché de sa statut équestre, mais je me consolerai en m'asseyant dans le salon de la confiserie Irisarri (ci-dessous). Un bon café accompagné d'un croissant brioché, appelé ici medialuna, feront l'affaire car cela fait longtemps que je n'ai rien avalé. La boutique ne désemplit pas en ce jour férié et contraste avec les autres commerces pour la plupart fermés. Je demande à la serveuse s'il me serait possible de prendre quelques photos de la boutique afin d'illustrer mon article. Elle me présente alors au patron qui m'apprend que sa famille est bien basque (je me disais aussi...compte tenu de la consonance phonétique de ce nom de famille!) et que son grand-père fonda la confiserie en 1898, exactement cinquante après la création au même endroit d'un commerce du même genre par un certain Don Cristobal Carbonell qui y lança les fameux yemones, bonbons espagnols, appelés aujourd'hui yemas, un délice fait d'oeuf, de sucre et de vanille. C'est donc en 1898 que Don Manuel Irisarri Aguirre et Don Mateo Figini firent l'acquisition de la maison précédente afin d'y lancer un café tout en poursuivant l'activité de confiserie (avec entre autres la fabrication de bonbons dès 1927), et, plus largement, de développer le commerce des bonnes choses culinaires. Mais, lors d'une rénovation, on découvrit un souterrain sous la boutique, d'où la création quelques temps plus tard de ce qu'on surnomme la cave de la confiserie (deuxième photo). En 1938, la confiserie Irisarri se met à vendre des glaces, et la maison de produire des pâtes dès 1945, puis de nouveaux bonbons (damasquitos et serranitos). Un petit musée se cache derrière une vitrine située au sous-sol et offre aux visiteurs des objets témoignant de l'heureuse histoire de cette maison.


A une minute de la place de la Liberté se dresse la cathédrale de l'Immaculée Conception de Minas (ci-dessous en photo). En lieu et place de cet édifice très bien tenu, se dressait une petite église dans la seconde moitié du XVIII ème siècle. Un autre lieu de culte officia là également et fut inauguré en 1845, mais le premier livre paroissial remonte à 1783, et mentionne notamment le baptême d'un certain Lorenzo Belos. Un an plus tard, en 1784, était ouvert un registre des mariages. La cathédrale, elle, fut inaugurée le 10 avril 1892, et constitue depuis 1960 le siège épiscopal du diocèse de Minas. Chose étonnante et rarissime, l'édifice religieux ne donne pas directement sur la place de la Liberté mais se situe en retrait de celle-ci. Je pénètre à l'intérieur et découvre un aménagement sobre de style néo-classique dédié à l'Immaculée Conception. Au tout début de l'existence de Minas, l'endroit ne comptait qu'une quarantaine de maisons à peine, et prit son essor grâce à la persévérance des fonctionnaires de la couronne espagnole et au dur labeur des Indiens Tapes. Et Minas de former déjà en 1784 un noyau urbain organisé autour d'un contingent de familles venues de Galice et des Asturies (Espagne), avec sa place, ses ruelles, son cimetière et son église...Il faudra attendre 1837 pour que naisse le département de Minas, rebaptisé depuis Lavalleja, en hommage au libérateur, le général Juan Antonio Lavalleja.

 

Il est aisé de se déplacer à Minas car la ville a été bâtie à partir de rues quadrillées. A deux pas de la cathédrale, s'élève la Casa de Cultura (ci-dessous), qui abrite plusieurs musées et maison native du général Lavalleja. Sur place, se trouve aussi la bibliothèque municipale, plusieurs salles d'exposition et un amphithéâtre pouvant accueillir 300 personnes. On peut y visiter les musées d'Eduardo Fabinil, célèbre musicien uruguayen, avec ses instruments et ses partitions musicales, un musée dédié à l'écrivain Juan José Morosoli, le musée de la ville de Minas qui offre de voir des costumes traditionnels locaux et de vieux objets ayant appartenu à des familles locales. On trouve enfin le musée consacré à Santiago Dossetti, écrivain uruguayen, et le musée lithique et du gaucho, puis le musée régional. Il est très rare de trouver autant d'entités culturelles sous un même toit.


 

A quelques pâtés de maisons de la place de la Liberté, plus exactement au N°715 de la rue José Batlle y Ordonez, se dresse un gigantesque façade en briques, dont on dirait qu'elle va s'effondrer. Il s'agir là du théâtre Lavalleja (ci-dessous) qui fut inauguré le 8 décembre 1909, lors de la fête consacrée à la Vierge de l'Immaculée Conception et en présence de musiciens, de poètes et d'écrivains. On doit cette grande bâtisse à l'union catholique uruguayenne qui la fit construire dans un style relativement austère et avec l'aide de l'architecte Buigas et du talent du maitre de travaux Monrava. Là se produisirent des années durant plusieurs figures nationales et internationales, avant que l'édifice ne tombe en ruines et ne soit finalement complètement restauré en 1989. De nos jours, ce théâtre présente toujours des récitals et des œuvres théâtrales, en fonctionnant sur le modèle sud-américain de l'humour et de la bande dessinée.

 

Je ne pouvais pas clore cette promenade sans me rendre sur la colline Artigas, là où se trouve le parc du même nom qui abrite la plus grande statue équestre d'Amérique du Sud. Fermement accrochée à son piédestal, l'oeuvre en pierre (ci-dessous) culmine à une hauteur de dix mètres sur neuf de large. Elle fut créée par l'artiste Setillo Belloni , les croquis de la statue ayant été tracés par le même artiste et son père, le célèbre José Belloni. Inaugurée en 1974, l'oeuvre domina d'abord la colline Ventura, rebaptisée depuis colline Artigas, du nom de l'illustre général uruguayen. Son poids total est de 135000 kg et l'oeuvre est faite de béton armé, de gypse et de bronze. Quant au général José Gervasio Artigas, il fut militaire et homme d'Etat du Rio de la Plata et s'illustra lors de la Guerre d'indépendance des Provinces unies du Rio de La Plata. IL fut aussi le chef des Orientaux en créant de fait la Province orientale en 1813, zone située à l'est du fleuve Uruguay et au nord du Rio de La Plata (correspondant grosso modo à l'Uruguay actuel). Né à Montevideo (alors incluse dans la vice-royauté du Pérou sous autorité espagnole) en 1764, il passera son adolescence à s'exercer à cheval et au maniement des armes sur les terres familiales, en observant attentivement les gauchos. Il entretiendra également des liens étroits avec les Indiens Charruas et passera du temps à leurs côtés. A 33 ans, il devient militaire et rejoint le nouveau corps de Blandengues de Montevideo, une milice destinée à la protection des frontières. Plus tard, son œuvre le fera souvent passer pour le fondateur de la nation uruguayenne.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Ayez toujours des pesos uruguayens sur vous, pour, par exemple, vous acquitter des droits de péage.
  • Confiteria Irisarri, Treinta y Tres 618, Place de la Liberté à minas. Tél : 4442 2038. Ouverte tous les jours, de 9h00 à 21h00 du lundi au samedi, et le dimanche de 8h00 à 21h00. Accès wifi sur place : irisarri mesas (serranitos). Très chaleureux accueil.

  • Hotel Minas, 25 de Mayo 525 à Minas, près de la place de la Liberté.Tél: 444 24272. Site internet : http://www.hotelminas.com

    Bien vérifier que le wifi fonctionne dans votre chambre. Petit déjeuner de 7h00 à 10h00.

  • Casa cultural, à l'angle des rues Lavalleja/ José E.Rodo. Tél : 444 22010 et 444 28629.

  • En Uruguay, tout est fermé le 1er mai...ou presque ! J'ai du me rendre au commissariat local pour demander s'il y avait un restaurant ouvert, arguant que pour faire la Révolution, il fallait d'abord se remplir le ventre. A Minas, une petite pizzeria travaille ce jour-là et est située rue Sarandi 518






 



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