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Santana do Livramento
(Etat de Rio Grande do Sul, Brésil)
Heure locale


Mardi 9 mai 2017

 

Mon séjour à Rivera serait parfait si l'accès internet du Petit Rivera Hotel était convenable. Or, la liaison étant instable, m'expose à des coupures fréquentes et de durée indéterminée. Et d'utiliser pour la première mon modem USB d'ANTEL pour transmettre mes données. Le point positif est le retour du soleil depuis ce matin, malgré le souffle d'un vent frais. Pour cette deuxième journée ici, je décide de prendre un taxi pour me rendre au centre migratoire (ouvert tous les jours et H24) qui est situé dans le grand centre commercial de la ville. En pénétrant dans le bâtiment, je remarque deux comptoirs, un appartenant à la police uruguayenne et l'autre, à la police brésilienne. Mon intention est alors de me renseigner sur la possibilité de me rendre à Artigas (Uruguay), ma prochaine destination, en passant par le Brésil car ce pays offre une route plus courte (cent kilomètres au lieu de 180) et plus rapide (une heure au lieu de 2h30 côté Uruguay). Je fus bien accueilli par les deux parties mais on attira mon attention sur mon véhicule loué en Uruguay, qui ne pouvait probablement pas quitter l'Uruguay. Après vérification des conditions générales de ma location avec un policier, il n'est effectivement pas prévu que je puisse quitter l'Uruguay car je ne dispose pas d'une carte verte (assurance) me couvrant en cas d'accident au Brésil. J'emprunterai donc la route uruguayenne, plus longue, mais en toute tranquillité. Depuis le centre de migrations, il me faudra marcher jusqu'à la Place internationale (ci-dessous en photo en 1940, puis aujourd'hui), avant d'atteindre Santana do Livramento (Brésil)


 

J'imaginais cette place de 55000 m2 plus imposante qu'elle n'est en réalité, malgré son obélisque (ci-dessous). Inaugurée le 26 février 1943, l'endroit se trouve au milieu de la ligne de frontière entre le Brésil et l'Uruguay, à savoir que ladite place se partage en deux dans le sens de la longueur. D'un côté, on trouve Ribera et de l'autre Santana do Livramento, avec ses habitants respectifs qui vivent ensemble en bonne intelligence. J'aperçois un homme assis sur un banc et je lui demande mon chemin. Celui-ci me répond immédiatement en portugais, une langue qui ne m'est pas spécialement familière bien que j'arrive à deviner le sens des mots. Il existe en effet un petit bureau de tourisme près du centre migratoire de Rivera et celui-ci m'a conseillé de me rendre au musée municipal pour en découvrir davantage sur Livramento. Arrivé sur place, je me heurterai à une déconvenue.

J'emprunte donc la rue Andradas (ici, sur cette deuxième photo, une vue de cette rue en 1953) , puis marche jusqu'à atteindre la Place du Général Osorio. Arrivé sur place, les choses ne se passent pas comme on me l'avait annoncé. Le musée en question est fermé et en voie de réinstallation ailleurs. Je tombe par contre sur des employés municipaux adorables qui me prendront en charge et me permettront de rassembler un certain contenu informatif et des photos.


 

Au XVI ème siècle, la région était peuplée par diverses tribus indigènes du Rio de la Plata, dont les indiens Charruas. Du XVII ème au XVIII ème siècle, les missions jésuites jouèrent également un rôle non négligeable sur place. Ces missions qualifiées d'orientales (ou missions du fleuve Uruguay) formèrent en quelque sorte un territoire allant de l'ouest de l'Etat du Rio Grande del Sur au sud du Brésil, territoire aussi connu sous le nom de Tapé (chemin vers la mer, en langue guarani). C'est la Compagnie de Jésus qui débarqua dans la zone au XVII ème siècle, et ces Jésuites de bâtir une trentaine de villages, dont certains deviendront des villes. Les indiens Guaranis y exercèrent l'agriculture jusqu'à se sédentariser.

Le territoire occupé aujourd'hui par Santana do Livramento fut dirigé par le vice-roi du Rio de la Plata jusqu'en 1801. Cette année-là, on notera l'incursion locale de bandits lors de la Guerre des Oranges (bref conflit militaire impliquant le Portugal contre la France et l'Espagne), bandits aussitôt repoussés par les Gauchos.

L'emplacement devint brésilien lorsque les troupes du roi du Portugal, du Brésil et de l'Algarve réunies envahirent l'actuel Uruguay.

En juillet 1823 fut établi un premier poste militaire brésilien par le marquis d'Alegrete . Ce poste allait devenir un point avancé lorsque fut déclarée la Guerre du Brésil (guerre entre les provinces unies du Rio de la Plata et l'empire du Brésil) deux ans plus tard. C'est en 1857 que Livramento gagnera son indépendance juridictionnelle en se séparant de la commune d'Alegrete, gagnant ainsi son émancipation politique jusqu'à devenir commune cette année-là, puis ville le 6 avril 1876.

 

En marchant dans la rue Andradas, j'observe avec attention l'effervescence qui y règne, et le grand nombre de commerces qui s'y trouvent. J'y croise d'anciennes jolies façades peintes de couleurs vives (ci-dessous). Santana do Livramento tire ses ressources de l'élevage, de la viticulture et du secteur des services. Et la ville d'être réputée détenir les plus beaux troupeaux de moutons de l'Etat de Rio Grande del Sur et du Brésil tout entier, grâce au développement de races comme celles de Corriedale ou Texel, sans parler des moutons mérinos. Là fonctionnèrent d'ailleurs, jusqu'à la fin des années 1990, les meilleures installations frigorifiques de la région, parmi lesquelles Frigorifico Armour (sur la deuxième photo ci-dessous) qui fut fondé en 1917. Cette industrie généra localement des milliers d'emplois directs et indirects. Malgré cela, Livramento traversera une période de crise économique avec une hémorragie de ses habitants vers les centres urbains industriels alentours, à Porto Alegre, Caixas do Sul, Farroupilha ou Bento Goncalves dans les années 2000.


 

Le musée historique qui m'avait été conseillé étant fermé, je fis la connaissance de Mr Estrade, un employé uruguayen possédant la double nationalité et travaillant pour la municipalité de Livramento. Ce monsieur m'avoue avoir des origines françaises par son nom, ce qui ne me surprend pas, ayant croisé ce matin plusieurs passants coiffés du béret basque. C'est dans ces moments-là que je mesure la grandeur d'être français, position qui offre désormais plus de reconnaissance à l'étranger que dans son propre pays. Il y eut jadis tellement de compatriotes à voyager ici et là dans le monde et je suis finalement l'un de leurs descendants. Bien plus tard, je découvrirai qu'il existe le musée David Canabarro, et même un musée d'art populaire (infos pratiques). David Canabarro (en photo ci-dessous) était un militaire brésilien né du côté de Taquari et qui s'éteignit à Livramento en 1867. Ce grand soldat sera président de la République Juliana en 1839, république éphémère (ayant survécu quelques mois seulement) proclamée par lui-même avec Giuseppe Garibaldi le 24 juillet. Cette république constitua à l'époque un Etat républicain, riposte à la création de la République du Rio Grande d'alors. En 1843, notre homme, qui posséda une maison à Livramento (deuxième photo) prit le commandement de la révolution de Farroupilha. Et de rassembler en 1865 les troupes de cavalerie volontaires de Santa Catarina et du Rio Grande del Sur pour faire face à l'invasion paraguayenne.

 

Je rentrerai en taxi à mon hôtel après cette courte visite qui m'aura permis de poser un premier regard sur cette petite ville fort agréable. Quant à moi, je m'apprête demain à partir pour Artigas, ville uruguayenne elle aussi située à la frontière avec le Brésil. Autre ville, autre département.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Il existe quelques lieux de visite à Livramento : le Musée David Canabarro (R.Ten.Anibal Benévolo,105. Ouvert du lundi au vendredi de 7h30 à 17h30.Tél:+55 3968 1103), la maison de Davis Canabarro (angle des rues 24 de Maio et Barao do Triunfo), la maison du Général Flores da Cunha (Estancia Sao Miguel, 4° sub-distrito, à Vista Alegre, à 60 km de Livramento), Musée Folha Popular (près du Cerro do Registro), la Prefeitura Municipal (rua Rivadavia Correa, à l'angle de Duque de Caxias), et l'église Matriz de Sant'Ana (Plaça General Osorio)
  • Pour se rendre à Artigas (Uruguay) par le Brésil, vérifiez d'abord que votre contrat de location auto vous autorise à sortir d'Uruguay (carte verte). En partant de la Place internationale à Rivera, emprunter la BR 158 (direction Porto Alegre), jusqu'à un premier rond-point (face à une station-service), puis prendre à gauche, rouler jusqu'au prochain rond-point, puis prendre à gauche la direction de Quarai (BR 293), rouler une centaine de kilomètres jusqu'à atteindre Quarai et son poste frontière (ouvert tous les jours de 7h00 à 19h00). Traverser ensuite le pont, passer le poste frontière uruguayen et vous y êtes !

  • Une fois à Livramento (Brésil), il est facile de prendre un taxi pour se rendre à Rivera (Uruguay) pour une centaine de pesos uruguayens (on peut aussi payer en reales).








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