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Canelones
(Département de Canelones, Uruguay)
Heure locale


Jeudi 25 mai 2017

 

Triste journée que celle d'aujourd'hui. Ayant prévu de visiter Canelones, capitale du département portant le même nom, j'enfilais mon vêtement de pluie car le temps était très maussade. Depuis mon hôtel, seuls quatorze kilomètres me séparent de cette ville mais je joue la prudence car mon véhicule semble instable sur route mouillée. Je m'en étais déjà rendu compte récemment. Cela n'empêche pas les autres voitures de me doubler en franchissant allègrement la ligne continue, avec ou sans visibilité. J'insiste encore sur l'importance de se méfier des autres, plus particulièrement en Uruguay, car, je l'apprendrai plus tard par un assureur, on relève énormément d'infractions au code de la route dans ce pays, et donc d’accidents.

L'accident, c'est ce qui m'arrivera sur le chemin du retour, alors que je quittais la station-service où je venais de faire le plein. M'engageant prudemment après avoir pourtant regardé à droite, un choc survint soudainement avec un petit camion de livraison, emboutissant l'avant droite de mon véhicule. J'avais gagné ma journée. Heureusement, il ne s'agit là que de tôle froissée et d'un phare cassé. Légalement, je suis responsable car je dois, comme en France, la priorité aux véhicules venant de ma droite, mais, qui respecte cette priorité depuis mon arrivée ici, fin avril ? J'aborde habituellement les intersections avec prudence et m'efforce de laisser passer ces véhicules, mais ceux-ci marquent l'arrêt, ne connaissant manifestement pas leur code de la route. Et les véhicules qui me suivent de klaxonner parce que j'avance pas. La situation est inextricable. Je prends ce qui m'est arrivé comme une expérience qui me permit au moins de découvrir la procédure à suivre en pareil cas (voir infos pratiques).

En ce qui concerne le manque de stabilité du véhicule sur route mouillée et je précise, sur une route de bonne qualité, mon intuition me poussa, de retour à mon hôtel, à faire ce que j'aurais du faire depuis le départ, à savoir vérifier l'état de mes pneus. Et de découvrir que mes pneus avant étaient lisses, et le pneu avant droit, de même laisser apparaître des filaments métalliques de l'armature du pneu. Pas rassurant ! Le mécanicien qui me livrera le véhicule de rechange remarquera que ce pneu était d'une autre marque que les autres. Le panachage de marques de pneus est-il possible ou non dans ce pays, je ne suis pas compétent pour juger de la chose, mais quelle mauvaise foi en me disant que j'avais bel et bien signé la prise en charge du véhicule en début de location...donc que j'étais responsable !

 

J'aurai passé la moitié de cette fichue journée à régler ce problème, au lieu de passer du temps sur la rédaction de mon article. Comme je vous le disais plus haut, Canelones est la capitale départementale et ses premiers habitants arrivèrent sur place en 1726. Et l'endroit de croitre peu à peu grâce aux apports d'habitants venus d'Espagne (notamment des Canaries et de Galice) en 1774. Au début, on baptisa le lieu du nom de Villa de Nuestra Senora de Guadalupe, lors de sa fondation en 1783 sur ordre du vice-roi Juan José de Vertiz y Salcado. La création de cet embryon urbain sera source de débats judiciaires car le camp sera bâti sur les terres d'un certain Juan Jofre, qui croyait en la Vierge de Guadalupe (d'où l'appellation probable de ce village). Il n'y avait alors sur place que 70 maisons, une chapelle, et une prison. L'histoire tient en fait pour véritable fondateur de cette ville le prêtre Juan Miguel de la Laguna. Celui-là même qui permit la construction de la cathédrale actuelle (ci-dessus) et la gestion des populations successives venues s'installer ici après 1774.

Le 12 mai 1811, et avant la Bataille de Las Piedras, le général José Artigas positionnera ses troupes en ville, autour du cours d'eau Canelon Chico. Et Villa de Nuestra Senora de Guadalupe de devenir la capitale de la Province orientale deux ans plus tard, avec, pour chef, José Artigas. Celui-ci éditera un règlement provisoire en 1815, qui inclura entre autres des dispositions pour l'attribution de terres aux plus pauvres, l'abolition de l'esclavage, et l'alphabétisation (avec la création d'une première bibliothèque). L'application de ce projet sera cependant mise à mal suite à l'invasion brésilienne, de 1816 à 1820, qui aboutira à l'annexion temporaire de la bande orientale par le Brésil. Lors de ce conflit se trouvaient d'un côté les belligérants soutenant José Artigas, avec des chefs de le Ligue fédérale, et de l'autre, les troupes du royaume du Portugal, avec à leur tête Carlos Federico Lecor.

 

Quoi de mieux, par temps pluvieux, que de se rendre au musée historique Juan Spikerman (Juan Spikerman fut l'un des membres des 33 Orientaux) et d'avoir la chance de rencontrer un guide d'exception qui passera une bonne heure avec moi pour me raconter l'histoire de Canelones.

C'est le 27 janvier 1816 que sera créé par décret le département de Canelones, un des six premiers départements de la Province orientale de l'époque. Et la proximité de la ville naissante avec Montevideo de faire de l'endroit un centre politique d'ampleur historique. Canelones deviendra ainsi le siège de l'assemblée constituante, assemblée précédemment créée à San José le 22 novembre 1828. Et douze années plus tard, le drapeau national d'être conçu, ici, à Canelones, par l'assemblée générale constituante d'alors, placée sous l'autorité du gouverneur provisoire, Joaquin Suarez, en décembre 1828. On prétend que la femme de Joaquin Suarez serait à l'origine de la confection du drapeau (comme le suggère la peinture ci-dessous), mais aucune preuve n'a à ce jour été apportée. Natif de Canelones, Joaquin Suarez vit le jour le 18 août 1781, puis s'exerça au travaux ruraux, durant son enfance, sur les terres de son père. Il participera à la révolution, sera nommé commandant militaire de la ville, avant de devenir député de Florida en 1825, puis gouverneur délégué de la province entre 1826 et 1827. Notre homme ne cessera d'occuper des responsabilités nationales jusqu'à sa disparition en 1868.

 

Revenons à Juan Spikerman, autre enfant du pays, né à Villa Guadalupe (ancien nom de Canelones) le 15 septembre 1806. C'est lors de son exil argentin, à Buenos-Aires qu'il rejoindra la célèbre Croisade de la liberté, avec 32 Orientaux, groupe d'hommes qui débarquera en Uruguay en 1825. Sa vie militaire fut à la fois brillante et pleine de rebondissements, et Juan participera activement à la libération de sa ville de l'emprise luso-brésilienne, lors de la Bataille de Sarandi en 1825, puis de la Bataille de Ituzaingo deux ans plus tard. Il épousera en 1831 Josefa Arias, ici, à Canelones. Puis ralliera les forces armées de Manuel Oribe et de Juan Antonio Lavalleja lors de la grande guerre (1839 à 1851). Ce «libérateur» s'éteindra en avril 1863 après avoir occupé de nombreuses charges civiles et militaires. Cette œuvre méritait bien le nom d'un musée.


 

Sans être une bataille importante, la Batalla de Las Piedras est le premier événement de taille où l'armée révolutionnaire s'illustra localement. Sur le site occupé de nos jours par le parc Artigas, le général José Artigas se préparera, deux jours durant, au combat qu'il allait livrer aux Espagnols, un combat de bonne augure pour encercler ultérieurement l'ennemi ibérique à Montevideo. Autre fait ayant marqué Canelones : l'Exode du peuple oriental (ci-dessus, avec cette peinture de Guillermo Rodriguez) en direction du camp de Ayui, qui passa à l'époque par Villa Guadalupe, laissant penser que de nombreux habitants du village se soient alors joints à cette longue marche qui débuta le 23 octobre 1811.

Autre personnage clé de Canelones, fut Andrès Cheveste, également enfant du pays, et très impliqué dans l'organisation ayant permis aux 33 Orientaux de franchir le fleuve Uruguay dans les meilleurs conditions, pour ensuite effectuer la Croisade de la liberté. Il procurera ainsi les chevaux de l'expédition et réglera plus généralement les problèmes d'intendance.

Dernier personnage du registre : Tomas Berreta. Militant des Colorados, l'homme se battit pour les idéaux de Batlle lors des guerres civiles de 1896 et de 1904. Il sera plus tard chef de la police de Canelones et Intendant du département (entre 1911 et 1920). Sa riche vie politique le conduira tour à tour aux postes de député, Ministre des Travaux Publics (qui lui permit de bâtir d'ailleurs le lycée de la ville qui jouxte ce musée) et Président de la république entre 1947 et 1951, poste qu'il n'occupera que pendant cinq mois à cause de sa mort prématurée le 2 août 1947. Sur la deuxième photo ci-dessus, on peut observer son bureau.

Le musée historique ne contient que trois salles, dont une offre actuellement une exposition temporaire sur José Artigas, mais celles-ci sont richement dotées et offrent de nombreux panneaux d'information. Sa visite m'apprendra beaucoup sur cette ville car les endroits remarquables de Canelones restent peu nombreux : la cathédrale N.D de Guadalupe, l'imposante statue de la liberté (ci-dessous) sur la place, juste en face, et le théâtre Politeama, constitueront l'essentiel de mes photos ce matin.


 

INFOS PRATIQUES :

  • En cas d'accident, prévenir la police, ce que le garagiste fit pour moi ce matin à la station-service mais celle-ci ne décrocha pas son téléphone. Prévenir ensuite l'assureur du véhicule de location (le numéro de téléphone figure dans la boite à gants) et lui faire part de l'évènement. On vous demandera le N° de la carte d'identité de la voiture (photocopie planquée sous le pare-soleil du conducteur!), document indispensable (avec le permis de conduire) pour pouvoir rouler avec le véhicule. Pour information, l'agence de location SIXT ne m'informa pas de l'existence de ce document. L'assureur enverra alors un expert sur le lieu de l'accident avec une tablette électronique, afin de dresser un constat, en traçant notamment sur son écran un petit dessin relatant la scène et en enregistrant votre déposition orale (court résumé, en langue espagnole, de l'accident). Il vous faudra enfin prévenir votre agence de location pour prévoir un véhicule de rechange et la prise en charge du litige. Je vous conseille fortement d'opter pour la garantie d'assurance complète qui couvre intégralement ce genre de péripétie. Prenez également des photos du véhicule adverse (immatriculation puis endroit du choc), un cliché des dommages de votre véhicule également. Ne cherchez pas de constat à l'amiable en Uruguay, il n'y en a pas. A la fin de votre déposition auprès de l'assureur, lequel aura bien sûr photographié le véhicule, vous serez invité à signer votre déposition. Et l'assureur de se mettre ensuite en rapport avec votre agence pour la prise en charge et la facturation des dommages que vous devrez régler à la fin de la location. Et de vous adresser enfin par courriel la copie de votre déclaration. Faites impérativement faire une facture de réparations à votre nom par votre agence de location, et adressez-en une copie à votre garantie complète d'assurance, pou remboursement (chez Rentalcars.com, on vous rembourse dans un délai de 21 jours, uniquement sur la carte de crédit qui a servi à régler votre location).
  • A BOYCOTTER : Agence SIXT, Aeropuerto, Ruta internacional Km21.

  • Musée historique Juan Spikerman, Calle Treinta y Tres (angle de la rue Zorrilla San Martin). Ouvert du lundi au vendredi de 8h00 à 15h00. Entrée gratuite. Prise de photos autorisée.










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