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La Côte Nord, de Santana à Ponta Delgada
(Ile de Madère, Portugal)
Heure locale


Lundi 13 novembre 2017

 

La côte nord de l'île de Madère regorge de curiosités locales sur les 45 km de routes entre Faial et Sao Vicente. Cette route ER 101 côtoie à la fois la mer et la montagne et dessert la région mais ce ne fut pas toujours le cas et ce tronçon côtier fut jadis longtemps synonyme d'isolement et de pauvreté. De Funchal, il ne me faudra que 35 minutes (en empruntant la Via rapida) pour atteindre la première étape de cette balade, Santana, qui, malgré son habitat disséminé ici et là, a tout de même obtenu le statut de ville. Ici c'est la campagne et l'on circule entre champs de maïs et de pommes de terres et vignobles. Ce paysage rural attire d'abord l'attention avec ses maisons de paille (en photo ci-dessous), appelés aussi casas de colmo. Une poignée d'entre elles se dresse près de la mairie de la petite ville, avec leur façade chaulée de blanc et leurs portes rutilantes. D'autres maisons, bien que différentes, s'inscrivent également dans l'architecture locale non loin de là, je fais bien sûr référence aux chaumières des rues voisines (rua Comandante Camacho de Freitas et Estrada Dr. Agostinho Cardoso).

 

L'autre attraction de Santana est son parc d'attractions centré sur la découverte de l'île de Madère : 7 hectares offrent ainsi une multitude de loisirs et de distractions comme, par exemple un étang pour canoter, des projections de films à heure fixe, un voyage à bord du bateau fantôme (pour les plus jeunes), des expositions culturelles à destination des touristes, destinées à développer leurs connaissance sur Madère. Ainsi l'exposition « Un monde d'îles » aborde t-elle l'histoire et la culture de l'archipel madérien, à l'aide de jolies photos de poios (terrasses cultivées), une maquette de casa redonda (maison ronde de plan carré). Des artisans viennent aussi faire des démonstrations de leur savoir-faire. On rencontre ainsi un vannier, une tisserande, un potier et un artisan spécialisé dans la confection d'objets en feuilles d'épis de maïs. Des maisons de pailles ont bien entendu été construites dans le respect des règles de l'art et avec les matériaux locaux pour illustrer l'habitat traditionnel, c'est à dire le bois (il y a très peu de basalte ici pour bâtir en dur) et le chaume (qui a l'avantage de maintenir les maisons plus chaudes l'hiver compte tenu de la fraicheur des températures).

A 800 mètres de l'église, je découvre (encore) un téléphérique qui offre de descendre au niveau de la mer en profitant de vues extraordinaires sur l'océan, les vignes et sur des chutes d'eau, sans emprunter le chemin de randonnée à flanc de falaise (durée de deux heures pour cheminer sur les 3,2 km du parcours, mais seulement 30 minutes d'après un employé du téléphérique qui connait bien l'endroit !). Cette zone géographique comprise entre Sao Jorge et la pointe du Clérigo est classée réserve naturelle depuis 1997 (la mise en service du téléphérique aura lieu cette même année et reste d'ailleurs le premier du genre mis en service sur l'île!) afin de permettre aux deux oiseaux, le puffin boréal et l'océanite de Castro de nidifier en paix. On pourra aussi à l'occasion observer des phoques moines qui vivent autour de l'îlot tout proche. Les lopins de terre cultivés par les paysans produisent fruits, légumes et vignes : autrefois, le raisin était foulé sur place et les outres étaient portées à dos d'homme à flanc de falaise ou bien les hottes remplies de grappes de raisin étaient hissées à l'aide d'un câble. Quelques pressoirs avaient aussi été aménagés dans la roche.

 

Ilha est ma deuxième étape. On considère l'endroit comme une île dans l'île (de Madère) car ce petit village est isolé à 500 mètres d'altitude entre la vallée Dos Arcos et la vallée Sao Jorge, mais, faute de monuments remarquables, offre tout de même de jolis points de vue sur les alentours. Du village, on peut distinguer un hameau encore plus isolé, Achada do Marques, où vivent une cinquantaine d'habitants à l'année, plus particulièrement des personnes âgées (car les jeunes ont préféré embarquer pour Jersey) qui cultivent maïs, pommes de terre et vignes....et un citron spécial et très juteux, le galego (le galicien). Cet agrume est produit ici à hauteur d'une centaine de tonnes chaque année et donne d'ailleurs lieu à la fête du citron qui est organisé au mois de mai à Ilha.

 

Je me rends maintenant à Sao Jorge (ci-dessous), avec son église baroque dédiée à Saint Georges, la plus belle de la côte nord. La décoration intérieure de l'édifice est remarquable et on la doit à l'évêque de Funchal, car notre homme disposait d'une résidence sur place à l'époque de sa construction en 1761 et usa certainement de son influence. On notera l'habillage du choeur au fond d'une nef toute blanche, réalisé par un artiste canarien, José Antonio de Costa

avec bois dorés et peintures illustrant la vie du saint. A droite, une grande peinture montre Saint Georges est sur son cheval alors qu'il terrasse le fameux dragon maléfique. Je ne suis pas au bout de mes surprises puisqu'en sortant de l'église, plus exactement derrière celle-ci, je découvrirai une maison ronde, la Casa de Palha, qui abrite un charmant petit restaurant.


 

Sur ma route vers Quinta do Arco, je fais une halte à Cabanas, l'un des plus beaux belvédères de la côte nord de Madère. J'y admirerai les falaises qui s'alignent jusqu'à Porto Moniz ainsi que l'amphithéâtre de vignes alentours avec les maisons éparpillées d'Arco de Sao Jorge. Par temps très clair, on peut même parfois distinguer au nord-est l'île de Porto Santo.

Quant à Arco de Sao Jorge, il décrit un arc de cercle entre mer et montagne et est le village natal de Manuel Gonçalves, aussi surnommé le Magicien du nord, paysan analphabète qui parlait en vers. Cet endroit bien calme depuis le départ de sa jeunesse pour le Vénézuela ou l'Afrique du Sud offre cependant une magnifique roseraie les beaux jours venus. Il faut également s'arrêter à la Quinta do Arco (ci-dessous, deuxième photo), ancienne maison de famille de Miguel Albuquerque, président du gouvernement régional de Madère depuis 2015...et passionné de fleurs. La demeure a été depuis revendue à un groupe hôtelier portugais mais le jardin qu'il conçut lui-même possède encore des arbres fruitiers subtropicaux et des plantes endémiques de l'archipel. La roseraie offre quant à elle 17000 rosiers dont plusieurs variétés prestigieuses (ci-dessous). On visite aussi le musée de la vigne et du vin, qui permet d'observer différents outils de vigneron et un pressoir encore utilisé dans les années 1970. La maison est entourée de plusieurs cépages, certains sont rares (terrantez), d'autres, résistants (jacquet, importé d'Amérique à la fin du XIX ème siècle). Pourtant, le cépage le mieux acclimaté ici est le sercial, qui produit le vin le plus sec de l'île.


 

J'arrive ensuite à Boaventura, autre village paisible de la côte nord, perché sur un coteau et blotti autour de son église Santa Quitéria (ci-dessous) datant de 1731. J'admirerai son plafond peint en 1929 par José Zeferino Nunes, à qui l'on doit le décor de plusieurs autres plafonds d'églises paroissiales, dont celles de Porto da Cruz et de Camacha... Je prolonge ma promenade jusqu'au cimetière du côté duquel un belvédère m'invite à admirer la campagne environnante avec ses anciennes maisons de maitre, appelées solares.


 

En un saut de puce, j'atteins la dernière étape de cette visite : Ponta Delgada. Ce village est entouré de terres qui étaient jadis confiées à des métayers dont l'obligation consistait à céder les produits récoltés à leurs propriétaires. Ces derniers vivaient surtout à Funchal mais montaient à Ponta Delgada au moment des récoltes pour profiter de cette bonne aubaine et aussi de l'air vivifiant. L'endroit deviendra ainsi en lieu de villégiature (estancia de prazer) pour une poignée de familles nobles, au point d'être bientôt surnommée la Cour du nord. Cette Cour sera décrite par deux écrivains portugais, Agustina Bessa-Luis et Horacio Bento de Gouveia (dont je photographierai la maison devenue depuis un musée!) et les critiques pleuvront sur cette classe aisée qui vivait à l'époque sur le dos de leurs paysans. Désormais Ponta Delgada est devenue une petite station balnéaire, avec une jolie église, celle du Bon Jésus qui accueille chaque mois de septembre l'un des plus anciens pèlerinages de l'île de Madère. Bâtie au début du XVI ème siècle, elle se dresse à l'endroit même où s'échoua jadis un crucifix. En levant la tête, j'admirerai le plafond peint, œuvre de Diamantino Jésus, qui représente pêle-mêle, et sur un mode naïf et très coloré, la création du monde, la pêche à la baleine, les vertus et les découvertes portugaises.


 

INFOS PRATIQUES :

  • Parc thématique sur Madère, à Santana: http://www.parquetematicodamadeira.pt/
  • Téléphérique Rocha do Navio, accessible tous les jours de 9h00 à 18h00 par la Rua da Igreja, à Santana. Billet A/R : 5€. Tél:+351 291 570 220.

  • A 5 km de Santana, et à l'intérieur des terres se trouve le parc forestier de Queimadas, sur les flancs du Pico Ruivo, via la route ER 216 (route raide et étroite). Aire de pique-nique.

  • A 5 km de Santana, sur la route ER 218 (en direction de Pico das Pedras) se trouve le chaudron vert (Caldeirao Verde), un cirque avec cascade accessible uniquement par un petit sentier.

  • Fête du citron à Ilha : http://www.visitmadeira.pt/pt-pt/o-que-fazer/eventos/pesquisa/festa-do-limao

  • Restaurant Casa da Palha, derrière l'église de Sao Jorge. Tél:+351 291 576 382. Ouvert tous les jours de 10h00 à 2Oh00 (21h00 l'été).

  • Eglise de Sao Jorge, Achada Grande, ouverte tous les jours.

  • Quinta do Arco, Sitio da Lagoa. Tél:+351 291 570 250 . Ouvert tous les jours d'avril à décembre. Site internet : https://www.pestana.com/en/hotel/quinta-arco

  • Musée de la Vigne et du vin, Sitio da Lagoa. Tél:+351 291 578 106. Ouvert du mardi au samedi de 14h00 à 18h00. Site internet : http://www.visitmadeira.pt/pt-pt/como-chegar/museu-da-vinha-e-do-vinh

  • Eglise du Bon Jésus, Largo do Bom Jesus, à Ponta Delgada. Ouverte tous les jours. Entrée libre.

  • Chapelle des Rois-Mages, Sitio do Terreino (rue au-dessus de l'église) à Ponta Delgada. La chapelle étant sur une propriété privée, on peut demander la clef auprès de la réception de la Casa da Capelinha (http://www.casadacapelinha.com/

    ), de 16h00 à 18h00 pour une visite gratuite.

  • Maison d'Horacio Bento de Gouveia, Solar de Ladrilho, Sitio dos Terços à Ponta Delgada. Tél:+351 291 862 332. Entrée libre. Mais visite possible uniquement sur rendez-vous.





 



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