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Si Tokyo m'était contée
(5)(Japon)
Heure locale

 

Lundi 15 octobre 2018

 

Suite de ma visite du Tokyo insolite, au temple Toyokawa-inari, juste à quelques pas d'Akasada. Ce temple bouddhiste surprend le visiteur que je suis par le nombre de statues et statuettes de renards que j'y découvre. Il y en a partout, et sous toutes les formes, de toutes les tailles et dans tous les coins. J'aperçois ainsi une renarde avec son petit vénérés par des parents japonais qui souhaiteraient une descendance. A l'arrière de l'enceinte du temple se trouve une stèle octogonale à offrandes elle aussi recouverte de différentes statuettes de renards et sur laquelle veillent d'autres animaux canins. La présence de ces renards s'explique par le culte de Dakini, la déesse bouddhiste protectrice du temple, qui chevauche traditionnellement un renard blanc. Et Toyokawa-inari d'être le détachement tokyoite du temple Toyokawa-inari de la préfecture d'Aïchi lequel comporte encore plus de statues de renards. Ce temple, qui fut fondé par le grand magistrat Oooka Tadasuke sous l'ère Edo, abrite une stèle tombale de son fondateur qui passerait presque inaperçue parmi tous ces renards. Notre homme avait commencé sa carrière tout au bas de l'échelle, puis avait grimpé les échelons successifs jusqu'à devenir l'un des fonctionnaires les plus respectés de la ville, ce qui explique que le présent temple est lui aussi respecté par celles et ceux qui souhaite monter en grade ou être promu.

Déesse des récoltes et du commerce, Inari est une divinité japonaise très complexe. Déesse protectrice du clan Hata, puissant clan immigré de Chine, elle est célébrée dans le sanctuaire Fushimi-Inari de Kyoto. Et Inari d'être souvent identifiée à Ukanomitama, présentée dans le Kojiki et faisant de facto partie intégrante du panthéon shinto traditionnel japonais. Le renard, animal chassant les nuisibles détruisant les récoltes est son messager. A l'époque Meiji, le temple Toyokawa-Inari a du prouver son lien avec le bouddhisme. L'habitude l'emporta haut la main et l'édifice conserva son nom. En effet, ce temple qui célèbre Dakini (et non Inari) est bien un temple bouddhiste et non un sanctuaire shinto.

 

Non loin des collines de Toranomon, s'élève le mont Atago, officiellement la montagne la plus élevée de l'intérieur de la Yamanote. Ce mont abrite en son sommet le sanctuaire Atago, à 25,7 mètres au-dessus du niveau de la mer. Un escalier de 86 marches permet d'y accéder après une courte mais impressionnante ascension qui relève plutôt de l'escalade. Gravir ces marches apporte le succès dans la vie, c'est du moins ce que prétend la légende de Magaki Heikurou. Celui-ci osa franchir les marches à cheval et réussit à se procurer des prunes qu'il offrit à son maitre. Ce dernier en fit un grand chevalier japonais. La vue offerte au sommet du mont Atago, jadis réputée comme l'un des meilleurs points de vue de la capitale, est aujourd'hui bouchée par les nombreuses tours des environs. Il ne reste que monter l'escalier en question, ce qui, j'en sais quelque chose, reste un défi personnel même pour les sportifs. Une anecdote révèle que seuls quatre cavaliers parvinrent à franchir celui-ci et à parvenir au sommet du mont. Le premier d'entre eux se nomme Magaki Heikuro, qui appartenait au clan Marugame de Sanuki, en 1634, à la grande surprise du troisième shogun Tokugawa qui avait défié ses cavaliers d'aller chercher une branche d'un prunier au sommet du mont. Cet exploit sera réédité en 1882 et en 1925. Et le dernier grimpeur à cheval de l'Histoire est un cascadeur ayant oeuvré à la télévision en 1982. On peut observer des tableaux illustrant ces exploits au sanctuaire Atago. Chaque année, et durant deux jours, il y a affluence au sanctuaire Atago Jinja. On y célèbre en effet la fête des 1000 jours de bonheur. Cette fête date de l'époque Edo, époque à laquelle Tokugawa Ieyasu, le premier shogun de cette période, ordonna en 1603 la construction d'un édifice religieux sur la colline Atago, et ce, afin de protéger la population des incendies. D'abord daïmio, puis shogun, Ieyasu Tokugawa nait le 31 janvier 1543. Il est alors l'héritier du clan Matsudaira, petit clan de la province du Mikawa déchiré entre les puissants clans Oda et Imagawa.

Toujours en 1603, Ieyasu Tokugawa fera du village de Edo, endroit où il avait établi ses quartiers généraux, la nouvelle capitale du Japon. Edo deviendra Tokyo à partir de l'ère Meiji. Ses nombreux atouts lui permirent d'accéder au pouvoir: Son charisme et sa ruse faisaient de lui un être que l'on respectait. Calculateur, il modifiait ses alliances à sa convenance et selon les circonstances. Loyal, il savait récompenser ses amis et ses vassaux. Plusieurs dieux shinto sont représentés au sanctuaire Atago Jinja. Le dieu principal est le dieu du feu, Homusubi no Mikoto. On trouve aussi les dieux de l'eau (Mizu hanome no Mikoto), des montagnes (Oooyamazumi no Mikoto) et des arts militaires (Yamato takeru no Mikoto). L'endroit est par ailleurs entouré par un jardin dans lequel on trouve de nombreuses carpes qui sont régulièrement nourries par les visiteurs. Juste à côté du bassin se trouvent des boutiques permettant d'acquérir des plantes dont la fameuse Houzuki (utilisée entre autre pour les maux d'estomac et contre la folie). Quatre prêtres vivent ici toute l'année. Je dois reconnaître que l'endroit est paisible bien que coincé en plein centre de la capitale entre des tours. A l'entrée du temple se trouve une fontaine où trône une magnifique sculpture (voir photo).


 

Dans le même quartier, se trouve la NHK et son musée de la diffusion. L'ancêtre principal de la NHK, la Tokyo Broadcasting Corporation diffusa la radio depuis le sommet du mont Atago entre 1925 et 1938. Et la NHK d'ouvrir son propre musée en 1956. Le bâtiment actuel date de 1968. Quant au musée en question (que je visitais en 2010), il est remarquable pour qui s'intéresse à l'histoire de la diffusion. Gratuit, il présente sur quatre étages les toutes premières caméras, les premiers systèmes expérimentaux de télévision, des disques vinyles utilisés pendant la guerre, des costumes, et des exemples d'anciens décors de studios...En quelques mots, quelques autres dates marquantes de la célèbre télévision nippone : En 1925, la NHK, unique organisme de radio-télédiffusion publique du Japon, commence à émettre sur les ondes. En 1953, le Japon choisit de développer un réseau public de radio-diffusion et des chaines commerciales. En 2006, la NHK se bat pour sa survie. Confrontée à une série de scandales et à une chute de ses revenus, elle traverse la plus grave crise de son histoire. Le 3 février 2009: La NHK lance sa première chaine internationale en langue anglaise, NHK WORLD. Et en 2010: La NHK ne retransmet pas le tournoi d'été de sumo afin de protester contre les scandales qui ont touché le sport ancestral nippon, en relation avec la mafia.

 

En me rendant à l'extrémité des quais modernes d'Omotesando, je porte le regard en direction de Shibuya mais il m'est alors impossible d' apercevoir les quais historiques de la gare d'Omotesando de la ligne Ginza, désormais fermés au public. On peut, dit-on, également voir ces quais en regardant par la fenêtre du métro Ginza avant d'arriver (ou après, tout dépend de la direction du train) à Omotesando. Ces quais historiques généralement dépourvus d'éclairage offrent encore leurs carrelages des murs et même quelques anciens panneaux indicateurs. La gare d'Omotesando changea quant à elle de nom à plusieurs reprises. Et même de lieu. Elle s'appela d'abord Aoyama Rokuchome, lors de son ouverture, en 1938, puis Jingumae dès l'année suivante. En 1972, elle changera à nouveau d'appellation avant de prendre son nom actuel. 1978 verra l'ouverture de la ligne Hanzomon et la fermeture des quais historiques de la station Omotesando.


 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Temple Toyokawa-Inari, 1-4-7 Moto- Akasaka, Minatu-ku, à Tokyo. A cinq minutes de marche de la station Akasaka-Mitsuke (lignes Tokyo Metro Marunouchi, Ginza ou Nagatacho, Chiyoda, Hanzomon ou Yurakucho). Ouvert tous les jours, de 6h00 à 20h00.
  • Sanctuaire Atago, 1-5-3 Atago, Minato-ku, à Tokyo. A cinq minutes de la station Kamiyacho (ligne Tokyo Metro Hibiya)

  • NHK StudioPark , 2-2-1 Jinnan – Shibuya-ku – Tokyo – Tel: 03 3485 8034 . Pour vous y rendre, descendre à Harajuku Station ou Shibuya Station ( Yamanote Line) . A 12 minutes à pied.

     

    http://www.nhk.or.jp/studiopark/

     

    Ouvert tous les jours ( sauf le premier lundi du mois , excepté en août et décembre, puis la semaine de Noël). De 10h à 18h00. Entrée: 200 yens ( cash uniquement). Demander la brochure avec plan en langue anglaise à l'entrée. Photos interdites dans beaucoup d'endroits ( lieux clairement indiqués).

  • Studio café restaurant , ouvert de 11h30 à 18h00. Tel: 03 3485 1118

  • Studio Shop , boutique de souvenirs, ouverte de 10h à 18h30 . Tel: 03 3460 3374

  • https://www3.nhk.or.jp/nhkworld/fr/

  • Anciens quais de la station Omotesando (ligne Ginza), 3-6-12 Kita-Aoyama, Minato-ku, à Tokyo. On y accède par la gare d'Omotesando (lignes Tokyo Metro Ginza, Chiyoda et Hanzomon). Partiellement visibles depuis les quais des lignes Ginza et Hanzomon.



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