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Nuwara Eliya, la Petite Angleterre?
(Province Centrale, Sri Lanka)
Heure locale

 

 

Mercredi 21 novembre 2018

 

Deux heures de route nous attendent pour nous jusqu'à Nuwara Eliya, depuis Badulla. Durant notre parcours, les paysages se succèdent, plus beaux les uns que les autres (ci-dessous). Les plaines de Mahiyangana ont laissé place à la montagne avec ses monts, ses collines, ses bosquets, ses bois et ses plantations de thé . On aperçoit aussi potagers où croissent des légumes en abondance et vergers garnis de solides arbres fruitiers. La fin de notre voyage nous conduit tout naturellement à Nuwara Eliya, la « Petite Angleterre » du Sri Lanka, perchée à 1900 mètres d'altitude et plus haute ville du pays. Cette comparaison se justifie t-elle encore aujourd'hui, j'en doute. En tous cas, l'endroit séduisit à l'époque les Britanniques compte tenu de son climat tempéré et doux, et de son air pur. Et ces colons de créer de toutes pièces la petite ville à la fin du 19è siècle. Ainsi, le gouverneur Sir Edward Barnes fera de cet endroit sa terre de prédilection dès 1828. Samuel Baker, explorateur et naturaliste anglais, célèbre pour ses explorations en Afrique et sa découverte du lac Albert (Ouganda) en 1864, fera le reste. Notre homme décidera en effet de fonder dans l'île de Ceylan de l'époque un petit village anglais autour de sa résidence dans les années 1840. il fera venir des vaches anglaises du Herefordshire, des plants de fraises, de carottes et de poireaux, et des truites arc en ciel pour peupler les cours d'eau. Il dessinera enfin un golf pour meubler ses moments de détente. Pour se désaltérer, il construira également une brasserie et fera venir de Grande-Bretagne ouvriers agricoles, artisans, un régisseur et un forgeron, du matériel agricole, une voiture à cheval et plusieurs fusils de chasse. Malgré l'étroitesse du seul passage reliant alors l'endroit au reste du monde, tout parviendra à destination, en char à bœuf ou à dos d'éléphant, excepté la voiture à cheval tombée dans un précipice.

 

Soma et moi découvrons cette bourgade anglaise mariant les styles Windsor et Tudor à l'environnement cinghalais. Malheureusement, le modernisme a fait son œuvre au fil du temps et les affres de la circulation ne tardent pas à se révéler. Il nous sera très difficile de nous garer dans le centre-ville, et la pollution des bus et des camions gâchent le plaisir de la promenade. Pour retrouver un peu de quiétude, rien de tel que de se réfugier au Victoria Park. Ou de se promener le long du parcours de golf (ci-dessous en photo) de 18 trous aussi sélect qu'à sa création en 1889 par les colons anglais. Ce club reste aujourd'hui l'un des plus chics du Sud-Est océanien. Le Club-House, lui, n'a pas changé depuis l'époque coloniale et « l'étiquette » s'y applique encore dans toute sa rigueur victorienne. Sur un mur, la devise « Spero meliora « (J'espère mieux) rappelle la noblesse de ses fondateurs, tandis qu'au pub, sont accrochés trophées, listes de membres et vieilles photos datant du temps de l'empire. Attention tout de même de prévenir les joueurs en cours de parcours de votre intention de traverser l'endroit. Un accident est si vite arrivé...


 

Juste derrière le Club-House se trouve le cimetière britannique, qui est adjacent à l'église anglicane Holy Trinity, où repose le Major Thomas William Rogers dont on prétend qu'il aurait tué plus de...mille éléphants sauvages (Major, qu'avez-vous à dire pour votre défense?). Il me sera interdit de photographier l'endroit. Le marché couvert vaut aussi semble t-il le détour car c'est le coeur animé et marchand de la ville, avec les étonnantes pyramides de légumes confectionnées par les paysans tamouls en sarong. Malheureusement, celui-ci est actuellement fermé pour travaux et Soma et moi nous sommes repliés sur le marché central installé à côté de Victoria Park.


 

Les bâtiments historiques de Nurawa Eliya sont remarquables et rappellent les belles heures de l'empire colonial : le bureau de poste (ci-dessous) en brique rose a conservé son cachet Tudor (la Poste est, selon moi, le plus bel édifice de la ville), tandis que vieux hôtels et guest houses à colombages hantent encore la lisière de la cité, mais mieux vaut ne pas regarder de trop près car l'entretien et la propreté laissent parfois à désirer. Pour retrouver l'ambiance pleine de cachet qui régnait ici du temps des planteurs de thé victoriens, il suffit de franchir le seuil d'une des trois grands hôtels coloniaux encore existants. Le Hill Club Hotel (deuxième photo) situé au centre ville en impose avec sa masse de granit ornée de colombages. L'intérieur est garni de cuirs patinés, de trophées de chasse et de livres anciens, mais il faut s'acquitter de cent roupies pour être autorisé à prendre en photos la salle de billard et le bar. Dans la bibliothèque, des panneaux portent les noms des directeurs du club depuis sa création. Le club en lui-même, qui respire la vieille Angleterre, sera fondé en 1876, mais les femmes n'y seront admises qu'en 1911 bien que par une entrée séparée. L'hôtel, lui, ouvrira en 1930 au cœur d'un grand parc arboré et fleuri. La construction ressemble à un manoir de style vaguement écossais, avec des murs en grosses pierres entrecoupés de poutres apparentes.


 

Hotel de luxe, le Grand Hôtel (en photo ci-dessous) n'est pas en reste. Sa construction dans un style d'un manoir de l'époque élisabéthaine, offre 154 chambres dont trois suites présidentielles et une suite du gouverneur afin de préserver lé décor d'origine. La bâtisse d'origine était constituée d'un seul étage et servait de résidence secondaire au gouverneur Edward Barnes, cinquième gouverneur de Ceylan. L'hôtel abrite une salle de bal, et un salon où rien n'a changé depuis l'époque victorienne, tout comme le bar lambrissé, doté d'une cheminée, qui reste égal à lui-même.

En lisière du golf, le Saint Andrews Hotel (deuxième photo) étire sa superbe architecture néocoloniale. La première construction s'éleva ici en 1875, sur des terres dont la couronne d'Angleterre avait fait don aux fonctionnaires coloniaux britanniques. Celle-ci deviendra un club écossais, puis un hôtel, le Saint Andrew's, en 1891. Compte tenu de la proximité de l'établissement avec le club de golf de la ville, le nom de l'hôtel fut choisi afin de faire référence à St Andrews, ville écossaise qui abrite le plus ancien et le plus prestigieux club de golf au monde. Il est, là aussi soit disant possible de franchir le seuil de l'Andrews Hotel sans pour autant réserver une chambre. On peut, parait-il, y déguster le meilleur thé local. En ce qui me concerne, je ne serai pas autorisé à entrer pour faire des photographies.


 

Nuwara Eliya offre également un hippodrome de renom (ci-dessous), le seul encore existant au Sri Lanka, bien que celui-ci soit actuellement laissé à l'état d'abandon. Situé à 1868 mètres d'altitude, ce champ de courses est le plus élevé du monde et mesure 1800 mètres de circonférence. On doit l'ouvrage à John Baker (le frère de Samuel!) qui eut l'idée de créer cet hippodrome dans les années 1840 afin d'y faire courir les chevaux de race qu'il avait importés d'Angleterre. La course inaugurale y aura lieu en 1875. Du temps des Britanniques, des courses régulières seront organisées jusqu'à ce que celles-ci soient finalement interdite en 1956 par le gouvernement du Sri Lanka. Aujourd'hui, des courses de chevaux se déroulent encore sur cet hippodrome désormais placé sous l'égide du ministre des sports, mais je vous rassure, l'herbe de la piste est coupée pour l'occasion.

 

Autre résidence de choix : le Queen's Cottage (ou Lodge), une magnifique villégiature de campagne bâtie à la fin du 19è siècle par l'administration coloniale britannique pour le gouverneur de Ceylan. Le gouverneur et ses hôtes fuyaient ainsi le brouhaha de Colombo pour venir ici afin de se ressourcer. Sir John Anderson y mourra le 24 mars 1918 (il sera d'ailleurs l'unique gouverneur de l'île à décéder à Ceylan). L'endroit est désormais utilisé comme résidence secondaire par le président du Sri Lanka.


On en oublierait presque que la petite ville de Nurawa Eliya est entourée de bien des attractions qui justifieraient de séjourner plus longuement dans la région. On peut ici découvrir un environnement de toute beauté en sillonnant en voiture le Horton Plains National Park, les Hakgala gardens, les plantations de théiers et les cascades spectaculaires dévalant les montagnes proches.

 

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