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Galle, Ville forteresse
(Province Sud, Sri Lanka)
Heure locale

 

Jeudi 29 novembre 2018

 

Comme pétrifiée par un puissant sortilège depuis son passé colonial, Galle séduit dès le premier regard qu'on porte sur elle. J'admire immédiatement ses villas hollandaises qui semblent avoir gardé le même attrait qu'autrefois le long des rues protégées par les fortifications alors qu'en contrebas des murailles rugit l'Océan indien. Loin de se replier sur elle-même, la ville se veut cosmopolite et animée, au point d'abriter un grand nombre d'expatriés européens (dont une majorité de Britanniques) dans l'ancienne citadelle batave. Ces habitants-là achetèrent un jour de vieilles propriétés qu'ils mirent à cœur de restaurer, et contribuèrent ainsi à redonner une nouvelle vie à la cité, laquelle offre une vie culturelle intense notamment à l'occasion du Galle Literacy Festival, une manifestation créée en 2007 qui a réussi le tour de force de se forger une solide réputation dans le monde en attirant des auteurs de toutes nationalités et bien sûr des plumes sri-lankaises de talent.

Galle présente deux visages : la ville nouvelle, avec ses gares routières et ferroviaire, ses embouteillages et son activité bouillonnante sans âme, et puis l'autre, la vieille ville hollandaise ceinte de fortifications et classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Il suffit de passer sous l'un des énormes porches des remparts pour se retrouver instantanément plonger trois ou quatre siècles en arrière, avec les rues paisibles de la vieille citadelle émaillées ici et là de superbes villas et de belles églises.

Commençons par Church Street, la grand-rue qui débouche sur la Galle National Museum (ci-dessous), institution abritée à l'intérieur d'une résidence coloniale raffinée, blanchie à la chaux et dotée d'une belle véranda. Plus loin, l'Amangalla Hotel (ancienne New Oriental House) (deuxième photo) occupe l'ex-résidence des gouverneurs. La bâtisse fut érigée en 1684 par le gouverneur hollandais de Galle, puis la demeure sera transformée en hôtel en 1865 sous le nom de New Oriental Hôtel.


A deux pas, je découvre la Groote Kerk (ci-dessous), l'église réformée hollandaise qui fut édifiée en 1755 sur le site d'une église du 17è siècle. Sa façade blanche extérieure contraste avec l'austérité de l'intérieur. Et le sol d'être composé de plusieurs belles pierres tombales blasonnées. Autre lieu de culte, anglican celui-ci, All Saints' Church (deuxième photo) et son clocher trapu se dévoile à son tour. Construite vers 1870, cette église est de style néogothique. A deux pas, le Galle Fort Hotel apparaît à son tour, installé dans un vieil entrepôt hollandais astucieusement aménagé pour offrir un cadre agréable à des tarifs raisonnables. Remarquez sur la troisième photo ci-dessous le système d'ouverture par auvents amovibles.


Soma et moi empruntons maintenant Queen's Street afin de découvrir les plus majestueux des bâtiments coloniaux de la ville , à savoir le Great Warehouse jadis utilisé par les colons bataves pour entreposer leurs marchandises d'exportation (cannelle, poivre ou coquillages « porcelaines »). L'endroit abrite désormais le National Maritime Museum.

Plus au sud, sur Leyn Baan Street, je longe le tribunal à côté duquel se trouvent quelques petits cabinets d'hommes de loi reconnaissables par leurs enseignes. Nous voici bientôt à l'Hstorical Mansion Museum, un lieu original qui se veut mi-musée et mi-boutique exposant un vaste bric à brac d'époque coloniale, qui fut accumulé trente années durant par un certain Mr Gaffar, le propriétaire des lieux. Je remarque au passage la beauté de la porte d'entrée (deuxième photo). Galle est une jolie ville mais est malheureusement mal entretenue. On y trouve ici et là des ordures et la circulation anarchique qui s'effectue à coups de klaxon n'arrange rien. Tous ces véhicules gâchent le plaisir des piétons que nous sommes de nous promener à l'intérieur de la vieille cité, mais aussi les photos.


En poursuivant sur Leyn Baan Street, j'atteins bientôt les remparts du front de mer et la superbe mosquée Meeran Jumma (ci-dessous) qui domine le quartier musulman de la vieille ville. Installée depuis 1909 dans l'ancienne cathédrale portugaise, celle-ci ressemble effectivement davantage à une église qu'à une mosquée (je lui trouve personnellement une ressemblance avec Notre Dame de Paris!) exceptés les petits clochetons en forme de minarets propres à l'islam. Non loin de là s'élève toujours le vieux phare de Galle. La tentation est grande de faire le tour des remparts, murailles jadis bâties en corail et en pierre. Le panorama sur l'Océan indien laisse un souvenir inoubliable, tout comme la vue intérieure de la cité dominée par les toits de tuiles de la citadelle. Pour admirer les plus beaux couchers de soleil, c'est bien ici ! Effectuée dans le sens des aiguilles d'une montre, cette balade débute au niveau de Queen's Street, à la Old Gate, la porte la plus intéressante du fort car elle a conservé les armoiries britanniques à l'extérieur, et le signe de la compagnie hollandaise des Indes Orientales avec deux lions surmontés d'un coq à l'intérieur. On poursuit ensuite par Hospital Street, une rue avec une jolie place ombragée par des arbres à pluie et des banyans (l'arbre sacré des bouddhistes). Et d'admirer au passage le tribunal avec son architecture à colonnades. Poursuivons le chemin de ronde et découvrons le Kachcheri, l'ancien hôpital hollandais. Au N°22 de Hospital Street, se dresse une demeure discrète où l'écrivain suisse Nicolas Bouvier séjourna sept mois en 1955, dans une chambre en soupente, pour un loyer d'une roupie par jour. En descendant toujours la même rue, on atteint en quelques minutes le bastion de la Pointe Utrecht avec son phare blanc érigé au début de la Seconde guerre mondiale. C'est à ce niveau-là qu'on grimpe en haut des remparts. Puis, Rempart Street débute pour aller du phare jusqu'au bastion d'Eole sur le côté ouest de la forteresse. Nous avons ici affaire à la rue le plus ancienne du fort. Et de nous rendre tour à tour aux bastions Triton, Neptune et Clippenberg près d'un stupa blanc bâti sur les vestiges d'une église portugaise. Notre promenade s'achève ici car le reste des remparts est zone militaire. Nous redescendons en direction de la tour de l'horloge près du Moon Bastion.


Mais au fait, qu'y avait-il avant Galle ? Certains avancent qu'un comptoir phénicien s'installa ici il y a fort longtemps. Des historiens prétendent aussi que Galle aurait été la ville biblique de Tarschish (cité évoquée dans l'Ancien Testament) où les vaisseaux du roi Salomon se seraient approvisionnés en métaux précieux, épices, pierres précieuses, ivoire et paons. Ce qui est sûr, c'est que les Portugais prendront la ville en 1587 et y construiront le fort Santa Cruz. Ce site stratégique leur sera fort utile en tant que relais maritime sur la route entre Malacca (Malaisie) et le Mozambique, dans leur interminable traversée de l'Océan indien.

Lassé, le roi de Ceylan demandera bientôt l'aide des Hollandais pour mettre dehors les conquérants portugais et le débarquement de ces nouveaux venus d'avoir lieu en 1640 avec l'arrivée de onze vaisseaux placés sous le commandement de Wilhelm Jacobz Coster. Quatre jours de siège et de combats intenses seront nécessaires avant que les Portugais ne capitulent et que le fort ne soit repris par les Hollandais, lesquels contrôleront l'île sacrée durant 150 ans. Ces occupants bataves bâtiront à leur tour une grande forteresse, des remparts, des maisons, des entrepôts et des églises au point que Galle deviendra une sorte d'Utrecht tropicale.Viendront plus tard les Anglais qui chasseront les Hollandais de Galle en 1796, suite à leur défaite dans les guerres napoléoniennes, et sans aucune violence. La cité sera donc britannique durant tout le 19è siècle et son port devient alors le plus important de toute l'île de Ceylan jusqu'en 1870 alors que les navires de la P&O (Peninsular & Oriental) y font escale. Mais le déclin du port se profile déjà à l'horizon, à l'aube du 20è siècle, avec l'apparition de la concurrence de Colombo. Cette chute ne se terminera que dans les années 1970. Et le tourisme de prendre le relais en 1980, permettant ainsi au dynamisme de Galle de renaitre de ses cendres, sous l'égide de l'UNESCO qui classera la vieille ville au patrimoine mondial de l'humanité dès 1992. Reste le terrible tsunami de 2004 qui endommagea sérieusement la ville sur son flanc Est (où les remparts sont moins élevés). La population mit alors les bouchées doubles pour tout nettoyer puis redonner des couleurs aux façades de leurs maisons.

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