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Negombo
(Province Ouest, Sri Lanka)
Heure locale


 

 

Dimanche 2 décembre 2018

 

Avec Negombo, j'ai pratiquement fait le tour du Sri Lanka en 35 jours. Il me reste bien entendu bien des choses à découvrir mais ce premier aperçu m'encourage vivement à poursuivre la découverte de ce merveilleux pays lors d'autres futurs séjours. La côte ouest que je rejoins aujourd'hui offre la façade la plus urbanisée, la plus occidentalisée et la plus touristique du pays. Cette côte déroule ainsi son chapelet de jolies plages, malheureusement ceinturées par des hôtels et des guest-houses, commerce oblige ! La ville de Negombo n'échappe pas à la règle et est devenue l'une des plus importantes stations balnéaires de la région sans réelle planification et dans une relative anarchie. Mais aussi une ville globalement sale où règnent les embouteillages. Il y a aussi eu le tsunami de 2004 et ses effets dévastateurs désormais presque tous effacés. Mis à part quelques erreurs esthétiques, le littoral ouest offre toutefois de beaux paysages. Même l'écrivain Arthur C.Clarke, auteur de « 2001 : L'Odyssée de l'espace », et sans doute le plus célèbre des expatriés de l'île, avait été séduit en son temps. Celui-ci confia un jour : « Et toujours, il en est ainsi : les frêles palmiers inclinés au-dessus du sable blanc, le chaud soleil étincelant sur les vagues qui se brisent sur le récif, les bateaux de pêche à balancier hissés en haut de la plage. Cela seul est réel : le reste n'est qu'un rêve dont je vais maintenant me réveiller ».

Située à dix kilomètres au nord de l'aéroport international, la grande plage de Negombo est vaste mais mal entretenue par endroits. Elle a pourtant fait les beaux jours de la ville du même nom (ville qu'on surnomme également la Petite Rome ou la Cité des Abeilles). Déjà, à l'époque coloniale, Negombo devait sa réputation aux abondantes ressources en cannelle, fournie par l'écorce des canneliers qui poussaient alors à l'état sauvage dans la jungle de l'ouest. Pour les Portugais, puis les Hollandais, il n'y avait pas de plus précieux sésame que celui-là, car cette épice connaissait alors un succès sans précédent en Europe, utilisée à la fois pour son parfum délicat et pour ses vertus supposées contre l'aérophagie. Et la cannelle de Negombo d'être alors considérée comme plus douce, d'où son prix élevé. A l'époque, la récolte dans les profondeurs de cette jungle peuplée d'éléphants n'avait rien d'une sinécure et la caste des Choliah s'en réservait le monopole. Les bâtons de cannelle passaient ensuite entre les mains de gouteurs qui en dégustaient quelques morceaux afin d'en vérifier la qualité, tout en mâchant une tranche de pain entre deux lots pour atténuer la douleur, le contact répété avec la cannelle finissant par enflammer la langue. L'épice avait une telle valeur que celui qui endommageait un cannelier ou vendait son écorce au marché noir était passible de la peine de mort. Plus malins et plus expérimentés, les Arabes qui connaissaient mieux les côtes que les Hollandais passaient toujours à travers les contrôles.

Negombo, c'est aussi le monde de la pêche avec ses catamarans aux voiles rectangulaires (première photo ci-dessous) couleur feuille morte. Cette teinte provient d'une teinture végétale produite à partir d'un fruit rouge uniquement récolté pour en extraire le jus. C'est avec ce liquide que les artisans teignent la toile des voiles qui prennent ensuite cette couleur brune. Autre qualité de cette teinture : l'imperméabilisation des voiles, ce qui a pour résultat d'empêcher le vent de passer au travers des toiles. Il est facile d'approcher ces catamarans traditionnels qui ne servent qu'à la pêche à la crevette, car d'autres embarcations sont utilisées pour la pêche aux poissons.Tout tourne ici autour de la mer, tant pour les pêcheurs qui en vivent que pour les touristes qui en profitent. L'incontournable marché aux poissons a lieu tous les matins (sauf le dimanche) au bord de l'océan, juste après le déchargement des bateaux. L'endroit offre un spectacle continu et une activité constante entre les étalages et les étendues de poisson séché (deuxième photo). Quant à la vente à la criée, elle se déroule dans la presqu'île de Duwa et vaut le coup d'oeil, mais seulement en apnée (à cause de la forte odeur de poisson!).

Traditionnellement, les pêcheurs Karava naviguent sur des embarcations appelées oruva (pirogues à balancier surmontées d'une immense voile carrée) et visibles ci-dessous. De son côté, la lagune, toute proche, fournit les meilleurs poissons et crustacés de l'île pour ne parler par exemple que des fameuses gambas...

Negombo, c'est bien sûr la spiritualité, avec un certain nombre d'églises portugaises réparties ici et là dans la ville, mais aussi des temples et des mosquées. Autant de témoignages de l'héritage de l'histoire coloniale ancienne. Au centre-ville, je distingue aisément la silhouette majestueuse de l'église Saint Marie (ci-dessous), l'une des nombreuses églises catholiques de la cité. La particularité de cette église est son plafond peint sur lequel figurent des scènes bibliques (deuxième photo), ainsi que de jolies statues de saints en albâtre. Comptant parmi les premiers territoires à être colonisés, Negombo subira longtemps l'enthousiasme des missionnaires portugais qui réussiront à convertir au catholicisme un grand nombre de pêcheurs karava au 16è siècle. Les noms de famille portugais pullulent et les fêtes de Pâques sont ici célébrées chaque année dans une ferveur toute particulière, comme par exemple, la représentation de la Passion sur la petite île de Duwa du côté de la lagune.


 

Une visite du fort hollandais (ou du moins de ce qu'il en reste) s'impose également. Celui-ci, qui fut construit en 1672, sert désormais de prison. Au départ, le fort sera érigé par les Portugais pour protéger Colombo. Il s'agissait alors d'une structure assez légère, qui sera prise d'assaut par les forces hollandaises en 1640. Les bastions d'origine seront au passage détruits par les canons bataves lors du siège du fort. L'ensemble sera rebâti quelques années plus tard, en 1672, selon un plan pentagonal (ci-dessous) et sur une étroite langue de terre située entre le lagune et l'embouchure. Entouré d'un fossé sec, le fort était aussi équipé d'un pont levis. L'endroit sera ensuite occupé par les Britanniques en février 1796, lesquels n'auront d'ailleurs rencontré aucune résistance sur leur chemin. Et de décider de détruire ce même fort pour construire une prison avec ses matériaux à la fin des années 1800. De nos jours, il ne reste de la forteresse qu'une section de remparts, quelques monticules et une entrée voutée (deuxième photo). Au-dessus de ce portail, on peut encore observer une pierre de granit sur laquelle figure la date de 1678, le tout surmonté par un pignon ornemental.


 

Les canaux de la ville (ci-dessous) sont aussi une réalisation remarquable des Hollandais. Sous leur règne, Negombo s'imposera en effet comme un centre commercial dynamique et son réseau de canaux datant du 15è siècle sera agrandi pour permettre le transport des épices dont la cannelle. Ces canaux qui couvraient alors 120 kilomètres jusqu'à Colombo au sud, et vers Puttalam au nord, étaient animés par les allées et venues des padda, une sorte de barque locale. On peut encore se promener le long des berges, à pied ou à vélo, ou bien embarquer pour une excursion en bateau.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Eglise Sainte Marie, Grand Street, à Negombo . Ouverte tous les jours (mais fermée de 12h00 à 15h00)
  • Marché aux poissons de Negombo, tous les matins sauf le dimanche.

  • La vente à la criée a lieu chaque matin vers 7h00 sur les marchés du centre-ville et sur la presqu'île de Duwa.

  • Sur les aires de séchage du poisson, refusez l'assistance de « faux guides » qui engagent la conversation avec vous, et vous réclament ensuite de l'argent pour vous avoir servi de guide. En cas de refus, certains peuvent être violents.

  • Dans le quartier musulman, sur la plage où j'ai photographié deux catamarans, un vieux bonhomme m'a demandé 1000 roupies pour la photo. Refusez de payer !



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