Revoir le globe
Top


De Socaire au Salar de Aguas Calientes
(Région d'Antofagasta, Chili)
Heure locale

 

Dimanche 24 février 2019

 

Nous prenons maintenant la route pour Socaire, un petit village perché à 3500 mètres d'altitude et à une cinquantaine de kilomètres de Toconao, et habituellement réputé pour ses maisons sans fenêtres. L'endroit compte 400 âmes et une vieille église (en photo ci-dessous) située en contrebas de la route principale qui traverse le village. Socaire marque aussi la limite du réseau téléphonique : dès la sortie de la localité, en direction du Salar Aguas Calientes, notre destination, un grand panneau nous informe qu'aucun opérateur de téléphonie ne couvre plus la zone. Jean-Sébastien et moi nous arrêterons quelques instants pour visiter la minuscule église qui a méchamment souffert des dernières pluies. Une bâche plastique recouvre une partie du toit et un examen plus approfondi de l'intérieur de l'édifice laisse apparaitre des coulées de boue émanant des murs latéraux, mais aussi un magnifique chemin de croix datant de la période coloniale. Je suis surpris de ne voir que quelques bancs alignés le long des murs de cet édifice religieux dont le clocher , en bien meilleur état que le reste, a conservé tous ses charmes. Pour information, Socaire célèbre son saint patron chaque 24 août, l'occasion de s'arrêter pour admirer l'artisanat local constitué principalement de tissus tissés main, à base de laine de mouton ou de chameau. Et la communauté indigène de gérer les lagunes de Miscanti et de Miniques où nous nous rendons à présent.

La route qui mène à Socaire puis au-delà est plaisante et généralement en bon état, mis à part certains passages rétrécis. La cordillère des Andes nous fait des clins d'oeil sur la gauche et la végétation devient bientôt plus verte. Nous franchirons à un moment donné le Tropique du Capricorne, cette ligne imaginaire qui délimite les points les plus méridionaux où le soleil atteint son zénith à midi. A cet endroit, les rayons tombent pratiquement à la vertical sur le sol lors du solstice de décembre. Un moment magique. Au passage, nous remarquons plusieurs couples qui se font photographier sous le panneau routier marquant le franchissement de la ligne (deuxième photo).


 

Prochaine étape : les lagunes de Miscanti (ci-dessous) et de Miniques, qui abritent une grande variété d'espèces d'oiseaux, parmi lesquelles le flamant des Andes, le flamant du Chili, la foulque cornue, la grèbe aux belles joues,la mouette des Andes et la sicale olivâtre. Toutes deux se trouvent à l'intérieur de la réserve nationale « Los Flamencos » dont elles constituent d'ailleurs une des sept sections. Il nous faut emprunter une piste sablonneuse (mais praticable, y compris avec un véhicule ordinaire) sur quelques kilomètres avant d'atteindre l'entrée de la réserve. En arrière plan, se dresse le cerro Miscanti et le volcan Miniques tandis que les deux lagunes Miscanti et Miniques ne sont séparées que par une coulée de lave générée par ce volcan Miniques. On pense que c'est lors de cette même éruption que se formèrent les deux lagunes, lieu de prédilection de la foulque à cornes, un oiseau rencontré dans l'altiplano au nord-est du pays. Un seul petit panneau m'apprendra que la lagune Miscanti possède une superficie de 15 km2, qu'elle est alimentée par des eaux souterraines et qu'il arrive que sa surface soit entièrement gelée en hiver.

 

Le volcan Miniques est un stratovolcan avec un grand nombre de cratères, de dômes et de flux de laves. L'endroit est fréquemment visité par les touristes au même titre que sa lagune (ci-dessous). Aujourd'hui, celui-ci est considéré comme éteint. La lagune, elle, a un km2 de superficie et est située à 4115 mètres d'altitude. On y trouve 18 espèces de mammifères dont la vigogne (deuxième photo) et le guanaco.


 

Nous reprenons bientôt notre route, quittons les deux lagunes, réempruntons la piste de sable en sens inverse pour rejoindre la route nationale, direction Salar Aguas Calientes. Nous grimpons lentement mais sûrement vers les hauts plateaux tout en laissant le volcan Miniques sur notre gauche. Le paysage est à couper le souffle et les étendues immenses (n'oubliez pas de regarder l'album photos de cette sortie en cliquant sur l’icône « Photos » en haut à droite de cet article). Nous croiserons à plusieurs reprises des vigognes durant notre voyage. Ces animaux, tantôt craintifs, tantôt assurés, nous jetteront un regard perplexe, se demandant bien ce que nous venons faire ici. La vigogne est une espèce de mammifère d'Amérique du Sud vivant sur les hauts plateaux de la cordillère des Andes. Sa laine, particulièrement fine, est très convoitée pour fabriquer des vêtements de luxe. L'animal appartient d'ailleurs à la même famille de celle des alpagas. On a vite fait de confondre les différents animaux : le lama (animal domestique) descend du guanaco (animal sauvage) tandis que l'alpaga (animal domestique) descend de la vigogne (animal sauvage). La vigogne vit habituellement en groupes constitués d'un mâle, de deux ou trois femelles et de leurs petits dans 80% des cas. A côté de ces groupes, appelés harems, se trouvent les 20% restants, à savoir des groupes composés de mâles célibataires partageant un même territoire. Ces animaux fréquentent les hauts plateaux glacials et déserts de la cordillère des Andes, à une altitude comprise entre 3500 et 5800 mètres. Pour résister au froid, la vigogne passe le plus clair de son temps à se nourrir tout en réservant la nuit à la rumination (la nuit ne porte t-elle pas conseil?). Animal diurne, elle n'utilise pas d'abri et la naissance des jeunes a donc lieu en pleine prairie. Très bien adaptée aux déplacements,, elle est dotée de pattes longues et fines qui lui permettent de courir jusqu'à 40 km/heure sur un terrain accidenté.

Nul besoin de climatisation à cette altitude pour rafraichir notre véhicule. L'air est si pur que nous nous contenterons de baisser nos vitres pour respirer à plein poumons un oxygène désormais disparu de nos villes. Et d'admirer encore et encore ces somptueux paysages qui s'offrent à nous. Nous ne sommes pas les seuls Français sur la zone. Et d'échanger de temps à autre quelques mots avec nos compatriotes au hasard des rencontres.

La réserve nationale « Los Flamencos » intègre bien entendu ce territoire que nous traversons, et en constitue la première section : Le Salar de Tara et celui de Aguas Calientes (ci-dessous) forment deux déserts de sel. Le premier d'entre eux fut désigné comme zone humide d'importance internationale par la convention de Ramsar dès 1996. Et le lac Tara, alimenté par la rivière Zapaleri, de former le plus grand des nombreux lacs qui émaillent la région. A cinq kilomètres à l'est du volcan Lascar, se dresse le stratovolcan Aguas Calientes surnommé « Simbad ». Son nom fait référence aux sources thermales présentes sur les rives du Salar Aguas Calientes II (localisé au sud-est du volcan). Le Salar Aguas Calientes I, lui, est situé entre les dépôts salins de Pujsa et de Tara. Le stratovolcan en question, inactif, fut gravi pour la première fois par des sportifs chiliens aguerris le 27 octobre 1971, quelques jours après avoir effectué une autre ascension archéologique sur le Acamarachi.


 

INFOS PRATIQUES :

  • Restaurant Santa Barbara, Camino principal, à Socaire. L'entrée n'est pas engageante mais l'accueil est à la hauteur, et la cuisine familiale, simple mais de bonne qualité. Tél : +56 55 97 96 265 11
  • Réserve nationale « Los Flamencos » : un droit d'entrée de 3000 pesos par personne s'applique au franchissement du poste d'entrée de la lagune Miscanti (fermeture à 17h00). Aucune brochure, aucune salle d'exposition et pas de mirador digne de ce nom qui permettrait de photographier la lagune dans son intégralité. L'endroit est géré par la communauté indigène de Socaire et la CONAF. Il est formellement interdit de quitter routes et sentiers. Toilettes.




Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile