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Caspana, Toconce, Ayquina et Pukara de Turi
(Région d'Antofagasta, Chili)
Heure locale

 

Lundi 25 février 2019

 

Rude journée que celle d'aujourd'hui avec un périple de cinq heures de conduite dans les environs de Calama, autour de quatre villages isolés du nord chilien. Nous prenons la route dès le lever du soleil en direction de Chiu-Chiu puis de Caspana, notre première halte. La route, d'abord droite et de bonne qualité, comportera de nombreux lacets avant l'arrivée à Caspana. Le paysage est différent de ce que nous avons connu jusqu'à maintenant et nous laissons le stratovolcan Paniri sur notre gauche, avec ses deux cratères heureusement inactifs depuis fort longtemps. Claudio Lucero et Nelson Munoz seront les premiers à l'escalader en 1972 et y découvriront des vestiges archéologiques et des traces d'occupation humaine en son sommet.

La température, d'abord fraiche en cette matinée s’élèvera au fur et à mesure de notre balade. A mi-chemin, nous croiserons des ânes (ci-dessous) en goguette au milieu de nulle part. Les pauvres bêtes ont l'air surpris de nous voir ici mais retournent très vite à leurs occupations favorites.

 

Le village de Caspana (ci-dessous) est niché dans un petit défilé et comporte deux versants. Notre route s'achève sur le versant le moins intéressant d'un point de vue culturel et aucun pont ne s'offre à nous, qui nous permettrait d'atteindre le Pueblo Viejo (le vieux village) avec ses maisons typiques et son église Saint Luc. Le seul moyen d'y accéder serait de descendre dans la vallée par une petit chemin, traverser un ruisseau puis remonter par l'autre côté. Perplexe, je renonce à cette expérience car je crains d'être ensuite pris par le temps pour le reste de notre visite. Ce village de 400 habitants abrite essentiellement des paysans qui vivent comme leurs ancêtres en cultivant fruits et fleurs vendus à Calama. La rue en pierre de Caspana permet d'accéder à l'église, de couleur rouge foncé, et construite avant 1641. Jean-Sébastien et moi nous arrêterons toutefois quelques instants au cimetière, célèbre pour ses couronnes de fleurs en papier (deuxième photo) et ses sépultures d'un style particulier : les petites niches présentes sont pour la plupart garnies de bouteilles de vin, une offrande comme une autre.


 

Pour ce genre d'expédition (c'en est une!), je vous conseille d'emmener avec vous de quoi vous couvrir et de quoi vous sustenter car vous ne trouverez aucun commerce dans ce coin isolé du nord chilien : notre prochain étape est Toconce, un minuscule village perché sur une falaise, où abondent les panneaux solaires pour assurer la fourniture électrique continue aux habitants. Nous sommes alors à 3300 mètres d'altitude et à proximité du stratovolcan Toconce d'une part, et de la rivière Toconce d'autre part (dont les eaux se jettent dans la rivière salée) en contrebas. Il suffit de se rendre jusqu'à la petite église de l'endroit pour profiter du paysage environnant (ci-dessous) . Et d'apercevoir en contrebas des cultures en terrasses, l'une des caractéristiques de ce petit village, où nous ne trouverons pas plus ici qu'ailleurs un petit café histoire de faire une pause salvatrice. Autre curiosité : le terrain de football, démesuré par rapport à la taille du village. Rien ici n'attire le touriste si ce n'est un grand panneau de bienvenue souhaitant la bienvenue aux visiteurs.


 

A une vingtaine de kilomètres de là, se trouve Ayquina (ou Aiquina), un village-fantôme, avec ses maisons désespérément closes. Situé à 2980 mètres d'altitude, l'endroit est arrosé par la rivière salée (Rio Salado) qui reçoit les eaux de la rivière Toconce, au nord, et celles de la rivière Caspana au sud. Là encore, le panorama est superbe (ci-dessous) mais le petit village ne reprend vie qu'en fin de semaine ou lors de la fête de la Vierge Marie qui se tient les 7 et 8 septembre de chaque année. De quelques dizaines de personnes, la population locale passe alors à ...70000 le temps des festivités. La promenade dans les petites rues ne manque pas de charme avec ses maisons de pierre en toits de chaume. L'église, qui trône sur la place principale reste l'attraction majeure du lieu et abrite une magnifique représentation de Notre-Dame de Guadeloupe (troisième photo).

La fête d'Aiquina est dédiée à la Vierge et donne lieu à des danses religieuses, dont celles des Tinkus boliviens, entre autres. L'évènement, à la fois culturel et religieux dure une semaine même si les 7 et 8 septembre en constituent les journées principales. A minuit, un feu d'artifice éclate alors dans le ciel pour remercier celles et ceux qui se sont déplacés afin de commémorer la sainte patronne d'Aiquina. Il existe alors plusieurs manières de rendre grâce à Notre-Dame de Guadeloupe. Certains dansent tandis que d'autres assistent aux offices après s'être confessés dans de petites cabines aux portes bleu ciel situées le long d'un mur latéral de l'église. Les plus courageux se rendront à pied de Calama à Aiquina (une journée de marche), là encore, pour remercier la Vierge de ses miracles.


 

Dernière étape de notre visite : Pucara de Turi. Au bord de la grande plaine fertile, vers le nord-ouest, se trouvent les restes de la pukara (forteresse) de Turi. Celle-ci, érigée sur des contreforts assez bas, n'excède pas 25 mètres. D'une superficie de près de 4 hectares, on trouve ici ce qui fut jadis le plus important village atacamène. L'édification de cette pucara remonterait aux environs de 1250, avant que Tupac Yupanqui, chef Inca ne conquière les Atacamènes au début du 15è siècle. Là se dressèrent des habitations de cinq mètres sur quatre, des silos attenants, des petits patios, des cours intérieures et des enclos communautaires. Ces enclos (ci-dessous), de forme circulaire, et généralement d'un mètre trente de hauteur se dressent par groupes de trois ou quatre. Six de ces « torreones » situés dans une zone plus élevée de la pucara, mesurent même jusqu'à 14 mètres de diamètre. Pour leur construction, les anciens utilisèrent la pierre volcanique, un matériau plus difficile à façonner et à travail mais qui résiste mieux à l'épreuve du temps. La fin du 15è siècle, avec la conquête des Incas, verra l'apparition d'un nouveau matériau de construction, l'adobe, une brique de terre crue comprimée et séchée au soleil qui servira à bâtir quelques maisons à Turi.

Dans un enclos, nous découvrons un troupeau de lamas (deuxième photo) prenant sagement le soleil. Interloqués, les animaux nous dévisageront silencieusement.

Turi fut aussi le lieu de passage du chemin de l'Inca, une route qui descendait de l'Altiplano, vers le Chili. Le chemin en question fit partie des axes de communication élaborés que les Incas élaborèrent sous leur Empire. Société la mieux organisée au monde, cet empire avait mis au point des voies d'accès assorties de messagers (chasquis) qui sillonnaient le territoire pour transmettre informations diverses et ordres.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Prévoir de partir tôt pour cette sortie : départ à 7h30 de Calama (retour à 13h50). Emmener vêtements chauds, boissons chaudes et nourriture car il n'y a aucun café ou restaurant sur place. Compter environ cinq heures de route (1h25 de Calama à Caspana, 1h25 de Caspana à Toconce, 30 mn de Toconce à Ayquina, et 20 mn de Ayquina à Turi. De turi à Calama, compter une heure environ). Partir avec le plein, car il n'y a aucune station service sur le parcours. Bonne route !

 







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