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La Mission de Te Waimate
(Waimate North, Northland, Nouvelle-Zélande)
Heure locale

 

Samedi 4 mai 2019

 

C'est au milieu de la verte campagne du Northland que je découvre ce qui fut le site de la première grande ferme à l'anglaise, un lieu qui abritait une communauté missionnaire anglicane dans les années 1830 qui s'était lancée dans l'agriculture. Bienvenue à la mission de Te Waimate, avec sa maison historique et son parc, son école du dimanche, et son église anglicane Saint Jean-Baptiste jouxtant le cimetière.

 

Représentant du gouvernement néo-zélandais, Alex Bell, déjà fort occupé avec d'autres visiteurs, m'invite à faire le tour du propriétaire tout seul. Notre homme est le guide de ce monument historique national, qui fut la quatrième mission établie en Nouvelle-Zélande et la première du genre à voir le jour dans la Bay of Islands. C'est en 1830 que fut créée ici la mission de Te Waimate par la Société missionnaire de l'église anglicane de Londres (Grande-Bretagne) après avoir fait l'acquisition de terres auprès de la tribu maorie locale Ngapuhi. Le projet de cette église était de propager à l'époque le gospel dans les colonies, et le révérend Samuel Marsden de superviser la mission néo-zélandaise depuis Parramatta (près de Sydney). Quoi de mieux, pour convertir au christianisme le plus grand nombre de Maoris que de leur démontrer, preuve à l'appui, les bienfaits de la civilisation européenne, notamment en matière d'agriculture ? Ainsi naquit la première ferme anglaise d'envergure dans ce pays tout neuf, qui fournira des produits frais non seulement à la mission elle-même, mais également aux autres antennes de cette mission religieuse basées à Paihia et à Kerikeri. On bâtit alors une ferme anglaise (ci-dessous) de style 18è siècle, avec sa chapelle, son école, son moulin à eau et ses ateliers. Un véritable petit village reconstitué. A l'origine, trois bâtiments se dressaient sur ce terrain mais la maison actuelle est la seule à avoir résisté aux affres du temps. Je visite le rez-de-chaussée de cette demeure qui sera, entre autres, la résidence du premier évêque anglican de Nouvelle-Zélande, George Augustus Selwyn. Et les différentes pièces de l'endroit de décrire l'habitat des années 1832-1844, à l'époque où Te Waimate constituait le quartier général de l'église missionnaire anglicane dans ce pays. J'y verrai la chambre des maitres des lieux successifs (à savoir les familles Clarke et Selwyn) dont le berceau en bois a sans doute vu naitre le fils de l'évêque Selwyn, en mai 1844, lequel deviendra plus tard évêque de Mélanésie, ainsi que les six progénitures des Clarke. Le petit salon qui donne sur le parc ombragé était pour George Clarke l'endroit le plus agréable de la maison. En face, se trouve la salle à manger, où les Clarke prenait ensemble leurs repas et dont les premiers meubles arrivèrent probablement ici avec le missionnaire John King en 1814. Une autre chambre, voisine de la chambre parentale, servit de chambre d'enfants pour la famille Clarke (avec treize enfants au total), avant d'être plus tard occupée par le chapelain de George Selwyn, le révérend William Cotton, jusqu'à son départ pour le Eton College. Notre homme tracera au crayon la maison de la mission un certain jour de septembre 1844 (deuxième photo ci-dessous) alors qu'avait lieu une entrevue le gouverneur Fitzroy et des chefs maoris. Juste à côté de cette seconde chambre, je tombe sur un tour en bois (troisième photo), pièce rare, dont on se demande ce qu'elle fait là. Faite en bois de kauri, par un missionnaire forgeron, John Bedggood, cet outil servait à fabriquer des moyeux de roues.

 

Toujours au rez-de-chaussée et jouxtant un bureau, se trouve une modeste chambre qui fut occupée par William Yate, l'un des premiers missionnaires de la Société missionnaire de l'église anglicane dans ce pays. Ecrivain, il rédigera les textes bibliques qu'il enseignera ensuite aux Maoris, disposant lui-même des compétences linguistiques requises. Bientôt accusé d'homosexualité, il sera rejeté de la mission puis remplacé par George Clarke. L'éducation occupera une place de choix pour la société missionnaire anglicane. Celle-ci ouvrira une première école à Rangihoua dès 1816. On peut d'ailleurs encore trouver à Te Waimate un exemplaire d'un dictionnaire en langue maorie qui fut rédigé par le premier directeur de cette école, Thomas Kendall. Les missionnaires avaient non seulement à cœur d'enseigner la langue anglaise aux Maoris, mais aussi de parfaire l'éducation de leurs progénitures. La tâche d'enseignement était souvent confiée aux femmes même si les hommes avaient autorité sur les garçons la plupart du temps. Ces enfants de missionnaires étaient soutenus par l'église jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 15 ans, puis étaient rayés des registres et recevaient une somme de 50£ généralement réinvestie dans des terres. A partir de 1842, la mission de Te Waimate deviendra le lieu d'enseignement du collège Saint John, c'est à dire un centre de formation pour les membres du clergé pratiquant les langues maorie et pakeha. Ces nouveaux arrivants (en photo ci-dessous) se voyaient enseigner le latin, l'histoire de la divinité et de l'église, quelques rudiments de médecine et la langue maorie. George Selwyn, lui aussi, créera une école pour garçons anglais et des centres de formation destinés aux professeurs, aux enfants et aux garçons maoris.


 

L'époque, propice à la paix, ne nécessitera pas l'utilisation de la cave de la maison comme refuge. En février 1840, la seconde signature du Traité de Waitangi n'affectera pas les bonnes relations entre l'occupant et les tribus indigènes. Bien sûr, il existait bien toujours un certaine suspicion de la part de certains Maoris mais sans pour autant que cela ne déclenchât des hostilités. La vraie menace pour la paix viendra finalement des soldats européens lors du conflit de 1845/46 impliquant d'un côté le chef de guerre Hone Heke et de l'autre, le traité élargi Ngapuhi et ses nombreux griefs. C'est finalement dans cette maison de la mission de Te Waimate que Heke et le gouverneur Grey se réconcilieront en 1848.

L'église utilisera le savoir-faire de ses missionnaires pour mener à bien la mission confiée. Les premiers missionnaires arrivés du temps de Samuel Marsden étaient en majorité des travailleurs manuels (cordonnier, enseignant, charpentier...) puis la communauté eut bientôt son forgeron et son charron. La meunerie tiendra une place importante dans les activités de la mission et un moulin à farine avait été amené depuis Londres pour l'occasion. Et l'on commença à faire de la farine ici en 1833, avant que Charles Darwin en personne ne fasse escale à la mission au moment de Noël 1835. En janvier 1836, George Clarke annoncera que les stocks de farine avaient atteint une année de réserve. Cette nouvelle était plutôt rassurante pour la communauté. Quant aux Maoris, ils pouvaient utiliser le moulin pour moudre leurs propres récoltes. Malheureusement, l'activité agricole de Waimate déclinera avec le temps, et le moulin tombera en désuétude dans les années 1850.

 

Le site de la mission de Te Waimate aura été savamment choisi par Samuel Marsden, membre éminent de la Société missionnaire de l'église anglicane : l'endroit disposait de terres fertiles, de forêts et d'une importante population maorie. Les premières habitations prendront forme dès 1831, puis une église provisoire sera érigée cette même année et inaugurée le jour de la Saint Jean-Baptiste. Et ce lieu de culte de servir également de salle de classe pour les 80 élèves de la communauté. Devenue trop petite, cette première église sera bientôt remplacée par une autre, à la suite d'une collecte de 1110£. Lorsque Samuel Marsden reviendra sur place en 1837, il sera ravi de voir que les conversions au christianisme battaient leur plein. En 1842, lors de l'arrivée de George Selwyn, la nouvelle église servira à la fois de lieu de culte et de collège. Trois ans plus tard, Waimate allait provisoirement devenir le QG des troupes britanniques durant le conflit avec le chef de guerre Heke.

La clef de l'église est sur la porte et m'invite à entrer à l'intérieur. Le font baptismal que je découvre fut offert par les sœurs du révérend William Cotton, le chapelain de l'évêque Selwyn. L'orgue (ci-dessous) fut installé en 1885 et fut fabriqué par la maison Bevington & Son of Soho, pour la somme de 240£ de l'époque tandis que trois magnifiques vitraux illuminent le choeur. A l'extérieur, le cimetière abrite les tombes de plusieurs pionniers et de leurs familles. Une tombe (deuxième photo) plus élaborée que les autres retiendra mon attention car elle est l'oeuvre du sculpteur maori Nutana Mapi.


 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Mission de Te Waimate, Te Ahu Ahu Road, à Waimate North. Tél:09 405 9734. Entrée : 10NZ$. Ouvert d'avril à octobre les samedi, dimanche et lundi de 10h00 à 16h00 et de novembre à mars du vendredi au mardi de 10h00 à 17h00.





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