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Du côté de Gisborne
(Région de Gisborne, Nouvelle-Zélande)
Heure locale

 

Jeudi 16 mai 2019

 

La ville de Gisborne signifie Turanga-nui-a-Kiwa (grand lieu de Kiwa). L'endroit fut peuplé depuis au moins le 14è siècle par plusieurs tribus, descendant des voyageurs polynésiens qui arrivèrent ici en pirogue. Kiwa fit partie de ces audacieux navigateurs qui permirent l'implantation de l'homme ici. Plus récemment, le capitaine James Cook posera le pied à l'embouchure de la rivière Turanganui en octobre 1769 et nommera l'endroit « Baie de Pauvreté » faute d'avoir finalement pu obtenir les vivres tant convoitées. Le musée d'histoire Tairawhiti de Gisborne revient sur deux évènements locaux : le naufrage du navire « Star of Canada » et le plus ancien cottage européen jamais construit en Nouvelle-Zélande.

 

Une fois de plus, la prise de photos me sera refusée à l'intérieur de musée qui dispose pourtant d'une bien jolie salle consacrée à l'histoire locale. Dans la partie maritime du lieu, il existe une attraction dissimulée dans une partie du bâtiment : la reconstitution d'une partie du navire « Star of Canada » dont la cabine du capitaine (en photo ci-dessous). Le bateau en question (deuxième photo) était un navire récemment mis à l'eau, qui ira se fracasser sur les rochers le 23 juin 1912 alors qu'il était au mouillage. Il avait été construit à Belfast (Irlande) trois ans plus tôt, et possédait une capacité de 7230 tonnes (12000 tonnes en pleine charge). Le soir de ce 23 juin, la météo annonçait de fortes bourrasques dans la zone, accompagnées de pluies diluviennes. A 23h00, un nouveau grain déferla avec des vents dignes d'un ouragan et un rideau de pluie ne permettant pas d'apercevoir la côte, dix minutes durant. A 23h10, la pluie se calma légèrement et permit de voir que l'avant du navire avait perdu son ancre et commençait à dériver. Le capitaine Hart ordonna d'utiliser aussitôt une autre ancre mais le navire alla s'échouer sur les rochers de Kaiti Beach deux minutes plus tard.


 

Les manœuvres de dégagement furent vaines et les moteurs furent stoppés à 0h19 le 24 juin. L'équipage lança alors des fusées de détresse dans l'espoir d'alerter les habitants alentour. A 1h30 du matin, le remorqueur « Karoro » vint à la rescousse mais dut bientôt renoncer à cause des vents violents et de l'état de la mer dans l'embouchure de la rivière. Un autre remorqueur, le « Hipi », plus petit que le précédent, tenta de venir au secours du cargo mais ne put finalement que relayer les communications. Les deux jours qui suivirent consistèrent à sauver du bord ce qui était encore possible, dont une cargaison de carcasses congelées, de ballots de laine, de peaux, de céréales et autres marchandises. Pendant ce temps, un autre remorqueur, le « Te Rawhiti » était dépêché depuis Wellington dans l'espoir de sortir le « Star of Canada » de cette mauvaise passe. Mais l'élévation du niveau de la mer provoqué par le mauvais temps rendra vain l'espoir qu'avait encore l'équipage de sauver le navire et le « Star of Canada » se brisa bientôt en deux. On décida alors d'interrompre le sauvetage de la cargaison le 5 août 1912 et de vendre le bateau. Le démantèlement du « Star of Canada » permettra de ramener à terre certaines parties du navire dont la cabine du capitaine. Et les affaires d'aller bon train : un bijoutier, William Good racheta ainsi le pont pour 104£, un pont qu'il aménagea ensuite en habitation. Sa fille, devenue entre temps Mme Woodfield, veillera jusqu'à la fin de ses jours sur ce qu'elle considèrera comme son musée privé. Elle mourra en 1983. Une souscription fut heureusement ouverte par le Rotary Club de Gisborne, qui permit le déplacement de l'épave en 1985 sur le bord de la rivière Taruheru, située près du musée Tairawhiti. Dès lors, l'avenir du « Star of Canada » était scellé : le navire serait exposé au public.


 

Autre attraction du musée : le cottage des Wyllie (ci-dessous). Originaire d'Ecosse, James Ralston Wyllie arriva dans la Baie de Pauvreté en 1853 et travailla un temps sous les ordres du capitaine Reef, avant de lancer sa propre affaire. Il épousera Keita en août 1854, et le couple vivra à Tutoko, du côté de la rivière Waipaoa. Les Wyllie auront aussi sept enfants. En 1865, les combats se déroulant près de chez eux (rappelons que des guerres opposant Maoris et Britanniques eurent lieu en Nouvelle-Zélande à cette époque), la maisonnée dut quitter sa maison, pour louer 1400 acres de terres en 1872, au nord de la rivière Taruheru, pas très loin du centre ville, et à proximité du pâturage des moutons dont James faisait l'élevage. C'est sur ce terrain que la famille fera bâtir l'actuel cottage par l'unique constructeur de maisons de l'époque, John Forbes, celui-là même qui sera à l'origine de la construction de l'Albion Hotel, inauguré en janvier 1867.

Une des pièces du rez-de-chaussée de ce cottage (le plus ancien du genre encore existant dans le pays) avait été transformée en salle de classe. En effet, un certain nombre d'écoles privées avaient vu le jour à Gisborne en cette fin du 19è siècle. Ces écoles étaient souvent installées dans des maisons privées et avaient souvent une durée de vie assez courte, certaines personnes enseignant en dilettante tandis que d'autres embrassaient une carrière d'enseignant. Gavin et Alex Wyllie feront partie quant à eux des premiers élèves à fréquenter la première école publique ouverte à Lower Street en 1872. La petite sœur Flora, elle aussi, ira à l'école. Et comme il n'existait pas encore de pont pour traverser la rivière, c'est par bateau que s'effectuaient les trajets, même si les garçons traversaient le cours d'eau à gué, sur le dos de leur cheval.

Ici et là, des panneaux d'information agrémentés de vieilles photos en noir et blanc permettent de comprendre comment on vivait à cette époque à Gisborne. Je découvre ainsi que l'air de la ville n'était pas toujours pur, à cause, notamment, de la déforestation à tout va qui nécessitait de brûler des tonnes de bois autour de la ville, et enveloppait cette dernière dans un épais rideau de fumée. Plus tard, durant les années 1950, ce fut la conserverie Waties qui imposera ses mauvaises odeurs aux habitants vivant à proximité. Ici comme ailleurs, on assistait à l'apparition de nouveaux magasins. Le premier supermarché de Gisborne ouvrira ses portes en 1961, faisant concurrence aux crèmeries locales auprès desquelles les ménagères avaient jusque là l'habitude d'acheter leurs produits frais (qui étaient ensuite livrés chez les clientes). Autrefois, la notion de service à la clientèle semblait infiniment plus développée qu'aujourd'hui, grâce à ces livraisons à domicile. Plusieurs témoignages, publiés dans le cottage, l'attestent. Vous passiez ainsi votre commande par téléphone auprès de votre boucher et un coursier venait vous livrer peu de temps après. Et moi de me réjouir malgré tout que la caissière du supermarché Countdown local, range au fur et à mesure mes achats dans mon cabas. Voici un service qu'il serait bon d'offrir en France !

 

Après le départ des Wyllie de cette maison (la famille déménagera à Mangapapa en 1874, année du décès de James), le petit cottage passera de main en main, jusqu'à ce qu'il soit restauré en 1971, puis ouvert au public un an plus tard. C'est presque un miracle qu'une telle demeure ait survécu à l'épreuve du temps et ait traversé les époques en dépit des cataclysmes naturels qui ont touché Gisborne : on se souvient encore de l'inondation qui emporta tout sur son passage en 1876. Les habitants virent alors disparaître sous leurs yeux bétail, maisons et récoltes. Et l'on parla des pires inondations depuis les 23 dernières années. Dix ans plus tard, plus exactement en juin, les habitants de Gisborne furent réveillés dans leur sommeil vers 2h00 ou 3h00 du matin, par un grondement inquiétant et des secousses. Dehors, on put alors distinguer un gros nuage en forme de dôme noir s'élevant au-dessus du Mont Tarawera dont sortaient par moments des flammes géantes. Ce volcan, qui fait partie de la ceinture de feu du Pacifique et qui est constitué de onze dômes de lave, venait d'entamer une éruption qui causerait 153 morts.

 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Office de tourisme, 209 Grey Street, à Gisborne. Tél: 6 868 6139. Ouvert du lundi au vendredi de 8h30 à 17h00 et les samedi et dimanche de 10h00 à 17h00. Site internet : http://gisbornenz.com/
  • Musée Tairawhiti, 10 Stout Street, à Gisborne. Tél: 06 867 3832. Ouvert du lundi au samedi de 10h00 à 16h00 et le dimanche de 13h30 à 16h00. Entrée : 5NZ$. Une heure de stationnement est offerte dans Stout Street. Accès wifi gratuit à l'intérieur du musée. Café et point de restauration avec boutique sur place. Eugénie, la serveuse, parle un excellent français. Site internet : https://tairawhitimuseum.org.nz/

 








 



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