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Parc zoologique de Santiago du Chili
(Chili)
Heure locale

 

Dimanche 30 juin 2019

 

C'est l'hiver austral au Chili et mon passage à la capitale me conduit cette fois au parc zoologique. Celui-ci, d'une superficie pratiquement de cinq hectares est situé au pied de la colline San Cristobal et fut inauguré en 1925. Il abrite plus d'un millier d'animaux et rassemble au total 158 espèces animales chiliennes, y compris des espèces rares ou menacées d'extinction.

 

Faire découvrir au public les animaux tout en sauvegardant les espèces présentes sont les deux principales missions que s'est fixé ce zoo, parfois décrié pour le manque d'espace offert aux pauvres bêtes. Et de partir aujourd'hui en tournée d'inspection afin de me rendre compte par moi-même des réelles conditions de vie offertes sur place. Ce parc zoologique ne date pas d'hier puisque son histoire remonte au 19è siècle, à une époque où le professeur Julio Bernard inaugurait le tout premier zoo chilien, à Quinta Normal et en 1882. Quinta Normal est une commune faisant partie de la conurbation de la capitale, qui abrite un parc de 35 hectares depuis 1841 et dont la mission première sera d'accueillir des pépinières destinées à la culture de plantes étrangères. Et de recevoir quarante années plus tard le premier zoo chilien, après avoir abrité en 1875 l'Exposition internationale chilienne avec vingt pays hôtes. Cet immense parc rassemble désormais plusieurs musées, dont le musée national d'Histoire naturelle et celui du rail.

Vingt ans après l'ouverture de ce premier zoo, naissait un second parc zoologique dans la ville de Concepcion, sous l'impulsion du professeur Carlos Reed, lequel militera en faveur de la création du zoo actuel de Santiago du Chili. Lors de l'ouverture du nouveau parc, en 1925, une partie des espèces se trouvant alors à Quinta Normal seront transférées dans ce zoo ainsi que 70 autres animaux émanant des zoos de Mendoza et de Buenos-Aires (Argentine) et directement acheminés par train. Le chargement comprenait entre autres deux boas, un chameau, des macaques, des babouins et des moutons de Somalie.

 

Parmi les espèces protégées, j'admirerai bien sûr le flamant rose andin : cet oiseau, qui vit habituellement en colonie, est également surnommé Parina Grande, Jututu, Parihuana ou Chururu. L'animal occupe la zone du grand nord chilien jusqu'au littoral de Chanaral et affectionne les hauts plateaux andins. C'est le plus grand flamant rose chilien,mesurant entre 1,10 m et 1,20 mètre. Il est reconnaissable grâce à son plumage blanc teinté de légères touches de rose. L'entérite de ses ailes possède des taches écarlates, et ses ailes primaires et secondaires sont noires aux extrémités. Le bec de l'oiseau est jaune à la base et noir sur sa partie supérieure. Ses pattes, elles, offrent une jolie couleur jaune tendre. Lors de la ponte, le flamant rose andin dépose son œuf sur un amas de terre en forme de cône.


 

Le parc zoologique sauvegarde également les amphibiens, dont il compte plusieurs spécimen parmi les quelques 57 espèces endémiques dans ce pays. Je découvrirai notamment l'incroyable grenouille de Darwin (ci-dessous), originaire du Chili et d'Argentine. Le mâle présente la particularité de stocker ses petits dans une poche ventrale pour les protéger des prédateurs, puis les recrache lorsqu'ils sont suffisamment grands pour affronter seuls l'existence. Cette grenouille porte le nom de Charles Darwin en hommage au naturaliste qui fit partie de l'expédition menée sur les côtes à bord du « Beagle ». Elle affectionne les cours d'eau tempérés qui traversent les forêts de hêtres, et tant sa forme que sa couleur lui permettent de faire la morte face à des prédateurs, en prenant l'apparence d'une feuille. Il est vrai que la petite bête ne mesure que deux à trois centimètres de long. Après l'accouplement, une femelle pond jusqu'à 40 œufs que le mâle gardera jalousement deux semaines durant, avant que les têtards ne naissent et ne soient avalés un à un par le père pour rejoindre une large poche ventrale séparée par une fente située sous la langue. Cette séparation permet à la grenouille de continuer de s'alimenter normalement de divers invertébrés grâce à sa langue collante. Et la vingtaine de têtards de poursuivre tranquillement leur croissance à l'abri dans la poche ventrale paternelle dont ils tireront leur alimentation (à savoir le jaune de leurs œufs et autres sécrétions). Devenus des grenouilles miniatures, ils seront recrachés par le mâle puis livrés à eux-mêmes dans leur nouvel environnement. Malheureusement, cette grenouilles de Darwin, souffre, comme d'autres, de la disparition de son environnement et aussi d'une maladie causée par un champignon. Celui-ci provoque une chytridiomycose, maladie infectieuse fatale qui affecte les amphibiens à l'échelle mondiale, et qui provoque ainsi la disparition de nombreuses espèces.

Le crapaud de la montagne de Bullock n'est pas épargné non plus : ce « faux » crapaud ne se trouve qu'au Chili et fréquente les cours d'eau rapides de la forêt tempérée de Nothofagus et le long du littoral du parc national de Nahuelbuta, dans la Province d'Arauco. Il est aussi menacé par la coupe à blanc et le boisement des plantations des pins des zones où il vit. Cette coupe provoque un envasement dans lequel l'eau devient sale à cause des fines particules minérales qu'elle contient et rend beaucoup plus difficile l'alimentation des larves de l'espèce.


 

Autre animal en péril, le manchot de Humboldt. Vivant dans les zones côtières d'Argentine et du Chili, celui-ci mesure entre 65 et 70 centimètres de long et pèse presque cinq kilos. Sa tête est noire, avec une bande blanche qui commence derrière les yeux et descend jusqu'à la gorge. Son habitat se trouve principalement sur les îles et sur les côtes rocheuses dont il utilise parfois les éraflures des grottes. Ici, c'est de la surpêche dont souffre cette espèce, même si l'animal souffrit jadis de l'exploitation intensive du guano et de la disparition progressive de son habitat. On estime la population actuelle à 20000 individus dans tout le pays. Cette espèce de pingouin est visible notamment sur l'îlot du Petit Oiseau, sur la côte centrale chilienne, mais tend à disparaître à cause de l'activité humaine, des courants marins (l'effet El Nino élevant la température de l'eau) et des rats (qui dévorent les oeufs). L'animal est aussi en voie de disparition sur les îles de Callao et dans la réserve nationale de Paracas. Fidèle à sa mission, et pour toutes ces raisons, le parc zoologique de Santiago du Chili entreprit d'initier un programme de reproduction artificielle de l'animal dès 2009, au cours duquel six petits naquirent en captivité.


 

Autre espèce locale, le renard gris d'Amérique du Sud (en photo ci-dessous). Ce petit canidé, au demeurant tranquille derrière la vitre de son enclos, est également connu sous le nom de Renard de Patagonie. Sa population, qui n'est pas en voie de disparition avoisine les 60000 individus répartis du Chili au Pérou. L'animal ne pèse pas plus que trois kilos et mesure seulement une cinquantaine de centimètres de long. Il se nourrit essentiellement de rongeurs, d'oiseaux et de lapins.

Un autre animal « au poil » compte parmi les espèces du parc : le grand tatou velu (deuxième photo). Cette espèce fut très tôt décrite par Anselme Gaëtan Desmaret, en 1804. L'homme, zoologiste français et fils du géologue Nicolas Desmaret consacrera ses loisirs à l'histoire naturelle tout en enseignant la zoologie à l'Ecole vétérinaire d'Alford (Maisons-Alford actuelle) à partir de 1814. Ce tatou mesure trente centimètres de long et revêt une couleur allant du doré au gris sombre tandis que sa carapace comporte 18 bandes entre lesquelles poussent ses fameux poils. Principalement insectivores, ils sont à la recherche de larves d'insectes saprophages (êtres vivants se nourrissant de débris d'animaux, de végétaux ou fongiques comme des excréments). On avance aussi que l'animal mangerait également des serpents qu'il attaquerait à l'aide des bandes en dents de scie de sa carapace. Après le tatou à neuf bandes, il est celui que l'on rencontre le plus souvent dans les zoos. Son milieu naturel se trouve en Argentine, Bolivie, Chili et Paraguay.


 

Un petit tour sur le site internet du zoo permet de trouver une carte interactive (à l'onglet Nos animaux) qui indique les espèces animales accueillies sur place. Un simple clic sur un animal donné permet d'en obtenir une description détaillée, sa zone géographique d'origine, son type de reproduction, son espérance de vie et le statut actuel de l'espèce (en danger ou pas). Sur place, le zoo en question a été implanté sur le flanc d'une montagne, au sein même de l'immense parc. Le personnel du zoo se montre très attentionné vis à vis des visiteurs mais je constate que l'espace des enclos réservés aux animaux est restreint. Et que s'y retrouver à l'aide des plans des lieux placés ici et là s'avère parfois hasardeux. De l'avis d'un employé, un projet existerait afin d'agrandir le zoo en le réorganisant en deux zones : une partie qui abriterait les espèces chiliennes et une autre partie, les autres. Autant dire que l'affaire n'est pas pour demain et que les pauvres bêtes devront encore longtemps compter leurs pas.

Si le parcours en taxi vers le zoo fut assez rapide à l'aller, il n'en sera pas de même au retour, avec la mise en place de multiples déviations dans la capitale chilienne pour rendre la chaussée aux piétons et aux cyclistes, à l'identique de ce qui se fait à Paris. Ce qu'oublient les élus, c'est que plus un véhicule stagne, plus il pollue....

 

INFOS PRATIQUES :

  • Zoologico nacional, Parque Metropolitano de Santiago, Pio Nono 450, Recoleta. Tél : +56 2 2730 1331. Ouvert du mardi au dimanche, de 10h00 à 17h00 (en hiver) et de 10h00 à 18h00 (en été). Entrée adulte : 4000 pesos (en espèces ou par carte de débit).
  • http://www.parquemet.cl/zoologico-nacional/

 

 

 

 

 



 



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