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Aix-les-Bains, Ville d'eaux,d'art et d'histoire
(Savoie, France)
Heure locale

 

Mardi 24 septembre 2019

 

Bienvenue à Aix-les-Bains, reine des villes d'Eaux, qui abrite deux centres thermaux d'importance et dispensent leurs bons soins aux curistes du monde entier. Entourée pour partie par la montagne, la ville profite de la neige en hiver, des sources et du lac du Bourget toute l'année. On vient ici pour l'air pur, les activités nautiques, les randonnées et le ski. Malgré tout, Aix-les-Bains recèle une longue et passionnante histoire que je vous invite à découvrir lors de cette balade historique suggérée par l'office du tourisme.

 

Même si l'on ignore l'origine exacte de cette cité, on sait que son histoire remonte à la Haute Antiquité. Dès le Néolithique, des communautés sédentaires s'étaient installées dans la contrée, pour preuve des vestiges archéologiques dénichés sur les rives du lac et des traces d'occupation autour des sources thermales. Et d'imaginer l'existence d'une cité lacustre à cet endroit depuis l'âge du bronze. Aix-les-Bains est née de ses sources d'eau à l'époque romaine, avant de se replier sur elle-même à la suite de la chute de l'empire romain. L'activité thermale sera en effet marginale durant le Moyen-Âge et la Renaissance, sans pour autant totalement disparaître. Jusqu'au moment où le monde médical se penchera sur les bienfaits des sources d'eau chaudes aixoises, au début du 17è siècle, à travers notamment les écrits de Jean-Baptite Cabias, célèbre médecin dauphinois.

C'est au duc de Chablais, fils du roi Victor Amédée III, qu'Aix devra sa renaissance car c'est lui qui suggérera au roi d'ériger un établissement thermal. L'édifice sera bâti de 1779 à 1783 et marquera aussi le début de la démolition de l'ancien centre-ville. Et la naissance du premier établissement thermal d'entrainer la création d'une grande place. Mais la Révolution française imposera sa loi, lors de l'entrée des troupes de Montesquiou dans la cité en 1792. Le centre thermal sera alors réquisitionné pour y rassembler les soldats blessés. Suite à l'abolition des privilèges de la noblesse locale, la ville d'Aix assistera progressivement à l'apparition de pensions, d'hôtels et de cabarets.

Les anciens thermes (ci-dessous) accueillent désormais l'office du tourisme de la ville. C'est là que débute ma visite, à l'intérieur du hall d'un bâtiment qui connaitra plusieurs phases de développement face à l'accroissement du nombre des curistes et à l'évolution des techniques de soins : le bâtiment royal des bains en 1783, les Thermes Pelligrini en 1862 et les Thermes Pétriaux en 1934. De l'extérieur, l'immensité de l'ensemble, qui s'étend sur sept hectares impressionne, même s'il n'est désormais possible de ne visiter que le grand hall qui raconte l'histoire des eaux thermales dans un style art-déco. Une fontaine pétrifiée appelée « Le Soufre » en grès flammé et mosaïque s'élève sur la droite en entrant. Elle est entourée de deux mappemondes en mosaïque dorée qui symbolisent les mers et les océans. Quant aux garde-corps en fer forgé, ils esquissent les jets d'eau, comme les vitres gravées.


 

Je traverse la chaussée et me retrouve Place Maurice Mollard, avec en face de moi l'Hôtel de Ville (en photo ci-dessous). L'administration a trouvé refuge dans cet édifice qui fut jadis le château des marquis d'Aix, construit sur l'emplacement d'un premier ensemble fortifié remontant sans doute à la fin du 12è, début 13è siècle. La reconstruction du château actuel fut entreprise au début du 15è siècle par la famille de Seyssel, alors très proche de la famille de Savoie, en intégrant le Temple de Diane (dont on peut apercevoir un mur depuis le bureau d'accueil de l'hôtel de ville, puis, à l'extérieur, le mur arrière à l'ouest et le mur latéral au nord). Edifice romain, ce temple, datant du 2è siècle, constitue un des éléments qui font d'Aix-les-Bains la ville au passé antique la mieux dotée des alentours, et abrite désormais une collection archéologie qui est accessible lors de visites guidées de la Ville d'Art et d'Histoire. Quant à l'escalier d'honneur de l'ancien château, il fut réalisé dans un style gothique flamboyant après 1571 et à la demande d'Isabeau de la Roche-Andry, française et épouse de François de Seyssel. La municipalité acquerra l'édifice en 1866 pour y installer l'Hôtel de Ville.


 

Restons sur la Place Maurice Mollard, et admirons l'Arc de Campanus (ci-dessous) qui se détache des anciens thermes Pellegrini en arrière-plan. Celui-ci date du premier siècle de notre ère. Haut de 9,15 mètres, il a une largeur de 7,10 mètres et une faible épaisseur de 70 cm seulement, ce qui lui confère une légèreté particulière. L'entablement est porté par deux pilastres extérieurs et l'on peut lire, juste au-dessus de l'arcade, l'inscription suivante : L. Pompeius Campanus Vivus Fecit. Une phrase relative à la famille Campanii et à sa généalogie, sans que l'on sache pour autant qui était ce Lucius Pompeius Campanus ayant construit de son vivant ce monument à la mémoire des membres de sa famille déjà disparus. Quant à la fonction de cette porte,il pourrait s'agir d'un arc funéraire, ou peut être d'une porte monumentale ouvrant sur les Thermes.

En face de l'arc, se dresse toujours l'Hôtel Astoria (deuxième photo) érigé en 1904-1905 en remplacement de l'hôtel de...l'arc romain ! Profitant du réaménagement de la place, et après démolition de l'ancienne église Notre-Dame, Mr Petit, le propriétaire du premier hôtel, décidera d'en ériger un second, plus prestigieux, avec le concours des architectes suisses les Frères Morsier et Weibel.


 

La grande façade constituée de trois grandes baies avec trois grandes fenêtres plein cintre se dresse encore sur la place : alors qu'Aix-les-Bais devient définitivement française le 22 avril 1860, année de la signature du traité de Turin, Napoléon III honorera de sa présence la station thermale aixoise quelques mois plus tard et débloquera les fonds nécessaires à l'achèvement des Thermes Pelligrini (dont les travaux avaient été suspendus faute d'argent!) en échange de la cession des bâtiments thermaux et des sources à l'Etat français. Deux années plus tard, ces thermes ouvraient leurs porte, en même temps que le parc thermal de la cité.

 

J'emprunte maintenant la rue Davat pour atteindre quelques minutes plus tard l'Eglise Notre-Dame, actuellement en cours de réfection (jusqu'en septembre 2020). Oeuvre d'Arthur Bertin, l'édifice fut réalisé en 1890, dans le style romano-byzantin. Son imposant clocher s'élève à 55 mètres au-dessus du parvis.

Je remonte ensuite le boulevard des Côtes, jusqu'à apercevoir sur ma droite le Musée Faure (ci-dessous), installé dans l'ancienne villa italienne, « La Villa des Chimères », bâtie en 1902. De style génois du 19è siècle, cette demeure est ceinte par un jardin en accès libre qui accueille plusieurs œuvres dont une statue d'Alfred Boucher et une autre de Mars Vallett, « Enfants sous la neige ». Quant au musée, il présente la collection léguée en 1942 par le Docteur Faure. Un bel ensemble artistique consacré à la deuxième moitié du 19è siècle, qui aborde les peintures romantique, impressionniste et post-impressioniste, sans oublier une remarquable collection de sculptures d'Auguste Rodin, et une reconstitution du lieu de vie aixois du poète Lamartine au moment de sa rencontre avec Julie Charles en 1816.


 

Quelques rues en contrebas, je découvre bientôt le monuments aux morts (ci-dessous), œuvre d'Alfred Boucher inaugurée le 16 juillet 1922 et qui porte le nom de « Monument à la Victoire ». Les noms de 334 Aixois tués en 1914-18 y figurent sur une plaque qui mentionne également les disparus des guerres suivantes. Il ne me faudra qu'une dizaine de minutes pour atteindre le Casino Grand Cercle en passant par la rue de Genève. Les travaux de ce casino avaient débuté dès 1847, sur des plans de l'architecte Pellegrini, qui réalisera quelques années plus tard le Grand Hôtel voisin. Il était en effet impensable que la cité aixoise ne disposât pas de son casino en tant que ville phare de la Belle époque, haut lieu de villégiature, riche en activités et en festivités pour les familles princières, aristocrates et mondains européens. Nombreux étaient alors les palaces en ville, des établissements aujourd'hui devenus de simples copropriétés. La reine Victoria en personne descendra au Café des Bains et au Grand Cercle, tout comme Albert 1er le roi des Belges et l'Aga Khan. Le Casino Grand Cercle est pour sa part entièrement classé à l'inventaire des Monuments historiques. L'endroit, somptueusement orné, ne désemplira pas après son inauguration en 1849 par le roi Victor Emmanuel II de Savoie. Plus petit à l'origine, l'édifice sera agrandi en 1880 puis on y rajoutera un théâtre en 1899. Au plafond de l'actuelle salle de jeu, apparaissent les splendides mosaïques de l'artiste Antonio Salviati. Le foyer du théâtre, lui, offre ses mosaïques en coupole moins chargées d'or et dont le thème est l'eau avec cascades, femmes et nénuphars. Installé dans le bas, un vitrail intitulé « L'amour puise des forces aux sources bienfaisantes d'Aix-les-Bains » diffuse sa luminosité. On relève ici la présence de l'Art nouveau avec l'opulence de la nature et les robes damassées des femmes. La cité est représentée par une femme vêtue de bleu qui s'appuie sur ses armoiries, tandis que trois grâces inspirées par Botticelli se tiennent devant le lac du Bourget et la Dent du Chat pendant que l'amour s'abreuve au courant de la vie. Cette œuvre du maitre-verrier parisien Jacques Galland fut inaugurée en 1897.


 

En parlant avec la réceptionniste du Casino, celle-ci me conseille de descendre au parking souterrain. Je m'exécute aussitôt et découvre le parking orné de jolies fresques égyptiennes (ci-dessous). Surprenant n'est-ce pas ?

Une autre surprise m'attend à 150 mètres de là avec le Grand Hôtel d'Aix, lui aussi érigé par l'architecte Pellegrini en 1854 et premier hôtel du genre de style néo-classique. Comme cela se voit sur la photo ci-dessous, l'établissement était organisé autour d'un atrium sous verrière, un plan souvent utilisé dans les lieux de villégiature. D'abord appelé Hôtel Royal sous la monarchie sarde, il deviendra Hôtel Impérial en 1860, puis Grand Hôtel d'Aix après 1870.

Pour accueillir les nombreux étrangers venant à Aix, on construira plusieurs hôtels et palaces. L'Hôtel de l'Europe accueillera par exemple la Reine Victoria lors de ses trois séjours aixois. Le Bernascon, lui, ouvrira ses portes en 1900.


 

Alors que les premières gouttes de pluie se mettent à tomber, je termine cette visite par le parc thermal qui était jadis le jardin privé du Château du marquis d'Aix. Comme nous l'avons vu plus haut, l'Etat rachètera la propriété du marquis en 1866 et entamera deux ans plus tard les premiers travaux du parc. L'année 1933 apportera son lot de réaménagements avec le concours de Charles Bouhana (pour la partie végétale) et Roger Pétriaux (pour la partie architecturale). Le tout dans le style Art-déco. Dernière grande modification : le remplacement du bassin central d'origine datant des années 1930 par une fontaine marocaine (ci-dessous) dédiée à feu Mohamed V et installée en 2005 à l'occasion du 50è anniversaire des entretiens pour l'indépendance du Maroc qui eurent lieu à Aix en 1955.

 

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