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A la Découverte de Bourg-Saint-Maurice
(Savoie, France)
Heure locale

 

Mardi 1er octobre 2019

 

Je quitte ce matin Albertville pour partir à Bourg-Saint-Maurice, où je prévois de rester quelques jours. Le charmant petit village où vivent paisiblement les Borains allie tourisme et traditions depuis la période gallo-romaine. A cette époque, l'endroit s'appelait Bergintrum et la bourgade se trouvait le long de la voie romaine qui menait alors de Vienne (Isère) à Milan (Italie). Au Moyen-âge, la paroisse se plaça sous la protection de Saint-Maurice et il faudra attendre le 15è siècle pour qu'apparaisse enfin le mot bourg. Le village ayant fini par adopter son nom actuel, les Révolutionnaires de 1794 le rebaptiseront un temps Nargue-Sardes en raison de la proximité du village avec les Etats de Savoie. Avant que Bourg-Saint-Maurice ne soit durablement adopté à la fin du 19è siècle.

 

Alors que je fais mes premier pas dans ce charmant village, je suis surpris par le nombre de drapeaux et d'oriflammes accrochés sur les façades des maisons et autres édifices. Ici, point de drapeau français, encore moins européen, mais les couleurs savoyardes fièrement hissées aux côtés des armoiries de Bourg-Saint-Maurice (ci-dessous). Ces dernières se décomposent de la façon suivante : au centre se trouve la Croix de Savoie sur laquelle est apposée la croix tréflée de Saint-Maurice. On reconnaît au passage les initiales SM pour Saint-Maurice, puis l'étoile du berger à cinq branches, un épi de blé (qui symbolise l'agriculture) disposé entre deux clochettes (représentant l'élevage). Figure également un casque Romain avec un cimier rappelant que Saint-Maurice était le chef d'une légion romaine. Enfin, un sapin évoque la forêt.

Quant à Saint-Maurice, il vivait à l'époque romaine et commandait la légion Thébaine qui était composée de près de 6000 soldats chrétiens. Alors qu'il traversait les Alpes, l'Empereur Maximilien Hercule voulut offrir un sacrifice à Jupiter, divinité du lieu, pour pouvoir poursuivre son voyage sereinement. Et la légion thébaine de refuser de se joindre à ce culte païen et de préférer mourir en martyr. Une abbaye fut plus tard érigée sur les lieux de ce martyr, puis Saint-Maurice sera choisi au 15è siècle comme saint patron de la Maison de Savoie, son culte se répandant ensuite dans tout le Valais et le Val d'Aoste.

 

L'office de tourisme de Bourg-Saint-Maurice, qui a trouvé refuge à l'intérieur de l'ancienne gare ferroviaire du bourg attire mon attention sur l'existence d'une promenade patrimoniale à l'intérieur de la cité. Le soleil m'invitant à une balade avant l'arrivée du mauvais temps prévu pour ce soir, je me mets aussitôt en route, en commençant mon périple par la Coopérative laitière locale (ci-dessous). La réputation du fromage de Savoie ne remonte pas à hier puis Pline en faisait déjà l'éloge à l'époque romaine, en décrivant les fromages de Tarentaise et en vantant les qualités des vaches laitières. Au Moyen-Âge, on fabriquait déjà ici le Vachelin. Puis la Grovine à partir du 18è siècle. Au siècle suivant, la vallée de la Haute-Tarentaise vivait principalement de l'agriculture et de l'élevage. Le Herd-book de la race tarine (c'est à dire la description officielle des caractéristiques des races bovines) sera constitué en 1888, avant que ne se tienne, trois années plus tard, le concours spécial de la race bovine dans le village. 1894 verra ensuite la création d'une fruitière-école locale afin de former des fromagers (entendez le terme fruitière comme le fruit, ou résultat d'un travail en commun d'un village ou d'un hameau). Dès 1921, se développeront les comices, et chaque hameau, chaque village, de former des regroupements d'éleveurs pour créer leur propre fruitière destinée à la production fromagère. De 1960 à 1964, une récession passagère affectera l'écoulement des produits agricoles, entrainant la fermeture d'une partie des fruitières de Bourg-Saint-Maurice, et rassemblant les fruitières restantes au sein de l'actuelle Coopérative laitière de Haute-Tarentaise. Quatre ans plus tard, naissait l'AOC Beaufort.

 

Depuis le rond-point en face de la Coopérative, je m'engage dans l'Avenue Antoine Borrel, journaliste et homme politique, qui sera député de la Savoie, Président du Conseil Général de la Savoie et qui luttera contre le dépeuplement des campagnes en favorisant notamment l'essor du tourisme dans sa région. A quelques minutes de marche, j 'aperçois la Tour de Rochefort (ci-dessous) qui fut édifiée entre les 12è et 13è siècle sur un promontoire voisin de la voie romaine. Celle-ci est tout ce qui reste d'une ancienne demeure féodale, celle de la seigneurie Rochefort-Villaraymon, autrefois entourée de fossés et de tours, jusqu'à ce que des coulées de boue dévastatrices ne recouvrent l'ensemble à la fin du 16è siècle.

De retour sur la route principale (au niveau du restaurant L'Arssiban) je tombe sur la Chapelle de la Trinité (deuxième photo) qui dépendait du village du même nom situé jadis au-delà de Bourg-Saint-Maurice, dans la plaine, en direction de Séez. Elle fut construite en 1789, en remplacement d'un autre chapelle détruite en 1764 par une inondation. L'endroit, malheureusement fermé, ne me permettra pas d'en admirer l'intérieur.


 

Je rebrousse à présent chemin, en direction de la rue Desserteaux, du nom d'un capitaine du 70è Bataillon Alpin de Forteresse qui combattit vaillamment contre les Italiens en 1940 afin de préserver le fort de la Redoute-Ruinée. Notre homme périra en Indochine en 1947.

Mon fascicule évoque brièvement le Clos du Capucin, où s'élevait en 1627 un couvent ou hospice érigé grâce aux aumônes des habitants de la vallée. Cette communauté religieuse, qui comprenait au maximum douze religieux, sera dessaisie du couvent lorsque l'endroit sera revendu comme Bien national sous la Révolution. Et de devenir plus tard une école tenue par les Frères des écoles chrétiennes, devenue depuis l'école Sainte Bernadette.

Le centre du village est sans doute la Place Marcel Gaimard sur laquelle s'élève l'Hôtel de Ville, véritable verrue urbaine dénotant du reste de l'architecture du bourg. Qu'importe, je passerai outre, préférant m'engouffrer dans la Grande Rue, beaucoup plus jolie (ci-dessous).


 

Cette Grande Rue, qui fut longtemps la rue principale de Bourg-Saint-Maurice a conservé des éléments architecturaux intéressants comme des portes sculptées, des ferronneries et d'anciennes devantures de magasins. J'admirerai ainsi au N°21 une porte datant du 18è siècle, avec mention des dates de 1651 et 1709, qui survécut aux différentes crues de l'Arbonne, et à l'incendie qui ravagea une grande partie du bourg à la Révolution française. Autre curiosité, cette fois au N°92, avec la Maison des Têtes (ci-dessous en photo), demeure du 19è siècle qui appartint à la famille Delponti. Giovanni Delponti, formé à l'école de sculpture sur bois de Varallo, mettra trente années pour réaliser l'ensemble des sculptures en stuc de la façade. Au centre, le sculpteur s'est représenté en compagnie de son épouse portant la coiffe de tarine, accompagné d'autres personnages qui lui étaient chers. Il me semble reconnaître au passage des têtes célèbres, à tort ou à raison, tout en notant les lignes verticales marquées par des médaillons représentant lions et volutes. Quant aux linteaux des fenêtres, ils sont ornés de cornes d'abondance et les corniches de sous-toiture, de figurines mythologiques et de médaillons. D'autres portes anciennes peuvent aussi être observées aux N°121, 133, 170 et 196 de la Grande Rue.


 

J'arrive bientôt sur une place alors que se dresse face à moi l'Eglise Saint-Maurice d'Agaune et son clocher (en photo ci-dessous). Une précédente église, devenue insalubre, fut démolie en 1844, pour laisser place à l'édifice actuel. Seul le clocher, qui sera rasé par les Révolutionnaires en 1794, a été conservé, ce qui explique qu'il soit indépendant de l'église elle-même. Le style de l'ensemble est néo-classique sarde et l'ingénieur responsable des travaux fut mandaté par le roi de Sardaigne. A l'intérieur, on notera l'existence d'une chaire et de fonts baptismaux, qui furent réalisés par Giovanni Delponti.

 

Ma promenade se poursuivra par la rue Jean Moulin, avant d'atteindre le lavoir communal (en photo ci-dessous) qui fut construit en 1942, d'après les plans de l'architecte Raymond Pantz (celui-là même qui réalisera l'Hôtel de Ville!). La fontaine circulaire de l'endroit servait autrefois à abreuver le bétail, mais se trouvait jadis sur la place Charles-Albert. Ce lavoir se trouve le long de l'Avenue du Centenaire, ainsi nommée en commémoration de l'anniversaire du centenaire du rattachement de la Savoie à la France en 1860. L'un des principaux artisans de ce rattachement sera Alexis Billet, originaire des Chapelles, qui deviendra évêque de Maurienne, puis archevêque de Chambéry et cardinal.

Dernière étape de ma balade : l'ancienne gare ferroviaire de Bourg-Saint-Maurice. Celle-ci, bâtie en 1913 puis inaugurée l'année suivante, marquera le terminus de la ligne de chemin de fer de Saint-Pierre-d'Albigny/ Bourg-Saint-Maurice, une ligne qui contribuera au développement de la vallée et qui sera agrandie à l'occasion des JO d'hiver de 1992, en lui adjoignant une gare routière. Ainsi, le TGV Atlantique Bourg-Saint-Maurice sera t-il inauguré en 1986, l'Eurostar desservant également la station en 1997, avant l'arrivée du Thalys (Amsterdam/Bruxelles) un an plus tard.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Office de tourisme, Place de la Gare, à Bourg-Saint-Maurice. Tél : 04 79 07 12 57. http://www.lesarcs.com
  • La brochure « Côté Patrimoine » (en photo ci-dessous) contient les détails de la balade patrimoniale décrite dans cet article.

 


 












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