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La Péninsule du Cap
(Province du Cap-Occidental, Afrique du Sud)
Heure locale

 

Dimanche 3 novembre 2019

 

Une belle journée se profile à l'horizon et je prends la route en direction de la Péninsule du Cap. Cette portion de territoire s'avance dans l'océan atlantique sur 75 kilomètres et est délimitée au nord par la Montagne de la Table et au sud par Cape Point (et le cap de Bonne-Espérance). J'emprunterai la Chapman's Peak Drive, mais que très partiellement, puisque je débuterai mon périple par la façade orientale de la péninsule : Muizenberg, Fish Hoek, Simon's Town et les Boulders, Cape Point et Kommetjie. Une bien jolie promenade qu'il est préférable d'envisager sur une journée entière, de l'aube au crépuscule, tant il y a de choses à voir, et en tenant compte de l'affluence touristique du moment.

 

Je découvrirai au fil de mes recherches que la péninsule du Cap était un île il y a une soixantaine de millions d'années. Île qui sera ensuite rattachée au continent sud-africain grâce à la formation d'une gigantesque zone sablonneuse qui forme aujourd'hui la plaine du Cap (Cape Flats). Là domine le pic Chapman, sur le côté ouest de l'endroit : le pic en question, qui s'élève modestement à 592 mètres d'altitude, tire son nom de John Chapman, officier de pont du vaisseau britannique « Consent », lequel posa pied à terre sur l'actuelle plage de Hout Bay le 27 juillet 1607, pour juger de l'accessibilité du lieu dans le but de pouvoir mouiller un navire en toute sécurité. C'est donc naturellement que la montagne voisine fut appelée Pic Chapman. Je ne parcourrai malheureusement pas dans son intégralité cette route sinueuse mais unique en son genre, dont la construction, alors voulue par Sir Frederic de Waal, administrateur de la Province du Cap, demandera sept années de dur labeur. Cette route panoramique en corniche s'étire entre Hout Bay et Noordhoek et est aujourd'hui classée monument national.

 

Ma première halte est Muizenberg, village et station balnéaire considéré comme le lieu de naissance du...surf en Afrique du Sud. C'est aussi dans ce village que décèdera en 1902 Cecil John Rhodes, ancien Premier ministre de la colonie du Cap et fondateur de la Rhodésie. Sur place, son cottage a depuis été transformé en un musée qui relate la riche existence de ce personnage hors du commun. Situé sur False Bay, Muizenberg tire son nom de « Mujis zijn berg » (montagne de Mujis), montagne baptisée du nom du sergent Mujis qui commandera un poste militaire au sommet de cette montagne à partir de 1743. L'endroit est devenu au fil des ans un lieu de villégiature grâce à sa longue plage de sable blanc qui s'étend sur quarante kilomètres (jusqu'à la ville de Strand) et à ses célèbres cabines de plage (ci-dessus).

Quelques kilomètres plus loin, je m'arrête à Fish Hoek, où l'on fit abstinence jusqu'à la fin du 20è siècle. Cette « ville sèche » n'avait en effet pas le droit de vendre une goutte d'alcool, d'après le texte de la concession accordée en 1818 par le gouverneur Charles Somerset. Cette clause ne sera annulée que dans les années 1990. Depuis, la petite station accueille familles et amateurs de voile. Des régates y ont d'ailleurs régulièrement lieu.

 

Je poursuis ma route en direction de Simon's Town, charmante localité qui doit son nom à Simon van der Stel, le découvreur de la baie abritée du coin, en 1687. La Compagnie hollandaise des Indes orientales y stationnera ses navires durant l'hiver 1743, avant que les Britanniques n'y établissent en 1814 la base de la Royal Navy pour l'Atlantique Sud. Et la marine sud-africaine d'avoir pris le relais depuis 1957. Je ne m'attarderai pas ici pour cette fois mais il existe sur place « l'Historic Mile », une promenade qui démarre près de la gare et s'achève sur l'East Dockyard, au pied de la Martello Tower. Cette balade donne également l'occasion de s'arrêter au musée local, hébergé à l'intérieur d'une belle demeure datant de 1777. Le musée retrace l'histoire de la petite ville. Toujours au cours de cette même promenade, on passe près du musée naval sud-africain puis du Warrior Toy museum (qui dévoile jouets et soldats de plomb). J'y reviendrai, c'est promis !

Alors que je me trouve dans la rue principale, j'aperçois un panneau discret m'invitant à tourner à gauche. Quelques minutes plus tard, je gare mon véhicule à l'aide d'un volontaire revêtu d'un ...gilet jaune. L'homme n'a aucune fonction officielle, n'et pas salarié de la municipalité et ne vit que de l'argent que les conducteurs veulent bien lui donner, en échange d'une surveillance de votre voiture. Echange de bons procédés. Ce même homme m'explique comment apercevoir les pingouins des Boulders, une plage avec de gros rochers ronds et plus ou moins lisses, où viennent se réfugier les manchots du Cap. L'actuelle colonie terrestre compte près de 2100 individus dont la (grande) majorité avaient du prendre un congé pour convenance personnelle car il n'y avait pas foule aujourd'hui. Et de devoir m'acquitter de 160 rands (prix du ticket d'entrée au Table Mountain National Park) pour photographier de près une dizaine de pingouins affalés sur un gros rocher. Les pauvres bêtes avaient l'air si épuisées que je me demande si elles ne rentraient pas d'un entrainement intensif aux 400 mètres nage libre en vue des prochains JO de Tokyo.


 

La plage Boulders Beach se trouve elle-même à l'intérieur de Boulders Bay (baie de Boulders). Une portion de plage est d'ailleurs aménagée pour observer les petites bêtes avec points d'observation sur la plage et passerelle en bois (accessible aux handicapés) pour observer les lieux de nidification de la colonie situés plus en hauteur. Ces manchots du Cap se rencontrent non seulement en Afrique du Sud, mais aussi en Angola, au Congo, au Gabon, au Mozambique, en Namibie et en République démocratique du Congo. Ils élisent domicile en colonies sur 24 îles entre la Namibie et la baie d'Algoa (près de Port Elizabeth), la plus grande colonie se trouvant sur l'île de Dyer (près de Kleinbaai).

Fin 19ème, on comptait 1,5 à deux millions de manchots du Cap (au lieu de 55000 oiseaux, en 2010). Ces animaux-là sont de toute évidence en voie de disparition.

 

L'aboutissement de cette excursion devait être Cape Point, à l'intérieur du Table Mountain National Park, près du cap de Bonne-Espérance. Il faut savoir que l'accès au parc est payant (320 rands). J'attendrai 35 minutes avant de pouvoir atteindre le guichet et payer mon du, tant la queue était longue en ce dimanche midi. Et quatre guichetiers seulement d'officier simultanément, d'où un temps d'attente encore accentué. Vingt bonnes minutes de conduite sont ensuite nécessaires pour atteindre Cape Point. Si l'itinéraire est fort agréable, celui-ci n'offre aucune aire de stationnement afin de se garer en toute sécurité pour prendre des photos. On ne trouve pas davantage de boutiques vendant de la nourriture et des boissons (il est fortement conseillé d'apporter ses provisions avec soi). La route permet une circulation à double sens mais est étroite. Actuellement en réfection, une portion de celle-ci n'autorise qu'une circulation alternée et impose donc un arrêt d'environ un quart d'heure avant de pouvoir poursuivre sa route. Ni explication sur les travaux, ni d'affichage du délai d'attente... Aucun panneau d'information n'est affiché le long de cette fichue route, si ce n'est le nom de différents points d'intérêt figurant sur un plan sommaire inscrit dans la brochure remise à l'entrée. A mon arrivée à Cape Point, je croyais naïvement pouvoir me garer quelque part afin de grimper ensuite jusqu'au sommet du rocher, mais toutes les places étaient occupées. On m'invita à me garer plus loin, en bord de route, cette même route étroite qui n'est pas du tout prévue pour le stationnement sécurisé de véhicules. Et de rebrousser chemin après plusieurs tentatives pour trouver un stationnement décent. Furieux de m'être fait avoir de la sorte, je m'arrêtais à un bureau de tourisme situé à l'intérieur du parc et demandais la procédure à suivre pour me faire rembourser mon ticket d'entrée. Il suffit d'écrire à tablemountain@sanparks.org en exprimant les raisons de sa demande. Dans ces conditions, je ne saurais trop vous conseiller d'éviter de vous rendre sur place car le ticket d'entrée du parc ne vous garantit pas de pouvoir stationner à Cape Point, faute de places en nombre suffisant, et vous risquez fort, tou comme moi, de devoir faire une croix sur votre argent.


 

Moi qui avait l'espoir d'apercevoir le cap de Bonne-Espérance (celui-ci étant devenu pour moi le cap de la désespérance!), je n'ai plus qu'à m'imprégner de l'histoire de cet endroit, qui, entre nous, n'est d'ailleurs ni le point le plus au sud de l'Afrique, ni le point de rencontre entre les océans atlantique et indien (ce point se trouvant au cap des aiguilles, un lieu que je m'efforcerai de visiter en fin de séjour). En revanche, et à l'instar du cap Horn, le cap de Bonne-Espérance joue toujours aujourd'hui un grand rôle dans le trafic maritime. Al Biruni, un savant persan du 10è siècle aurait été le premier à préfigurer l'existence d'une route permettant le contournement de l'Afrique pour rejoindre l'océan atlantique. Suivirent les Portugais au début du 14è siècle, dès janvier 1488, qui étaient à la recherche d'un itinéraire vers les Indes. La flotte de Bartolomeu Dias, emportée malgré elle par les courants maritimes, dérivera plus au sud, mais devra rebrousser chemin face au stress de son équipage. C'est sur le chemin du retour qu'il s'approchera d'un cap aussitôt baptisé par lui « cap des Tempêtes » (plus tard renommé cap de Bonne-Espérance, par le roi Jean II du Portugal). A l'arrivée des Néerlandais, en 1652, le cap était habité par 50000 Hottentots (ou Khoï). Même les Britanniques occuperont pour la première fois l'endroit à partir de 1795 (et jusqu'en 1803), pour revenir temporairement sur place entre 1806 et 1814.

Devenue réserve naturelle en 1938, la péninsule sera incorporée dans le Cape Peninsula National Park en 1998 (ce même parc prenant le nom de Table Mountain National Park en 2004). D'une surface de 7700 hectares, et doté de 40 km de côtes, celui-ci offre plusieurs habitats depuis les montagnes rocheuses jusqu'aux côtes. Le cap est ainsi fréquenté par plus de 250 espèces d'oiseaux, dont le manchot du Cap cité plus haut. D'autres animaux (serpents, lézards, tortues et insectes) y vivent également, aux côtés de troupeaux de zèbres, d'élands et d'antilopes. De plus petits mammifères (le daman, en photo ci-dessous, mais aussi la mangouste d'eau, la loutre à joues blanches du Cap et le daim) y ont élu domicile, tout comme autruches (j'en verrai une de loin) et babouins (invisibles en ce qui me concerne).

 

INFOS PRATIQUES :

  • Rhodes Cottage (musée) 246 Main Road, à Muizenberg. Tél : +27 021 788 1816.
  • A Simon's Town : https://www.simonstown.com/museum/index.html , Musée naval (https://www.simonstown.com/navalmuseum/index.htm

    ) et Warrior Toy Museum (St George's Street)

  • Pour observer les pingouins, en venant de Cape Town, tourner sur votre gauche lorsque vous êtes dans Simon's Town, au niveau d'un petit panneau représentant un pingouin. Garez-vous sur le parking, puis descendez sur la plage, prenez sur votre droite puis longez la côte en contournant les habitations jusqu'à atteindre une autre petite plage. Gravir quelques marches, franchir un portail, marchez 50 mètres puis franchir un autre portail, et prendre sur votre gauche. Cette route vous mène à la passerelle en bois (accès libre) et à un bâtiment de couleur verte (sur votre gauche) qui correspond à un centre d'observation des pingouins (accès payant). Si vous poursuivez en longeant la passerelle, vous arriverez un kilomètre plus loin à un autre point d'accès du Table Mountain National Park (accès payant : 160 rands) d'où vous pourrez apercevoir des pingouins sur une plage en contrebas.

  • Face aux difficultés rencontrées (le coup du Cable Car à Table Mountain, qui vous vend un ticket un jour de brouillard, sachant pertinemment que vous ne verrez strictement rien une fois au sommet, et maintenant celui de Cape Point au cap de Bonne-Espérance, où l'on vous ponctionne 320 rands sachant que vous ne pourrez pas stationner à Cape Point, je recommande la plus grande rigueur face à ce type d'escroquerie et la prudence dans la fréquentation du parc national Table Mountain (www.tmnp.co.za) qui semble par ailleurs très mal équipé (absence d'infrastructures, de points de restauration, de panneaux d'information...) mais qui, en revanche, a le sens des affaires (vente de tickets d'entrée sans garantie d'offre de prestation en retour!)

 

 

 









 



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