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Paternoster et son phare
(Province du Cap-Occidental, Afrique du Sud)
Heure locale

 

Vendredi 8 novembre 2019

 

Avant de rallier Clanwilliam, ma prochaine étape, je fais ce matin un détour par le village de Paternoster, à 35 minutes de route depuis Langebaan. Ce charmant endroit est un ancien village de pêcheurs converti depuis quelques années au tourisme. Les enfants-mendiants qui fondent sur vous comme des guêpes sur un pot de miel, pour vous vendre leurs horribles guirlandes de coquillages l'ont bien compris. Pour ces gamins dont la place est à l'école, nous ne sommes qu'un porte-monnaie ambulant, un marchand de blé ou d'oseille, un distributeur de thune, de pognon, de picaillons et de biftons. Mais que font ces gosses dans la rue en pleine journée ? La municipalité, il est vrai, les encourage implicitement puisque parmi les choses interdites inscrites sur un panneau (ci-dessous), la mendicité n'y figure pas. Tolérance, quand tu nous tiens...

 

Le soleil est radieux en ce début de matinée et cela devrait durer. Bonne nouvelle pour les automobilistes, une nouvelle route est actuellement en préparation entre Vredenburg et Pasternoster. L'ancien axe routier était si détérioré qu'il était temps de faire quelque chose. Arrivé sur les coups de neuf heures, je me rends directement au petit bureau du tourisme situé en contrebas, le long de la plage, et fais connaissance avec la jeune fille qui tient alors la permanence mais qui sera incompétente pour me fournir l'historique du village. Au fil de mes recherches, je découvrirai que le village a pris le nom de Paternoster (Notre Père) en hommage aux prières sincères que les marins portugais formulèrent lors des naufrages autrefois nombreux ici.

 

A cet endroit précis de la côte où affleurent de gros rochers ronds qui me font penser à ceux de Perros-Guirec (ci-dessous en photo), on dénombre plusieurs naufrages, d'où la construction du phare du Cap Columbine pour une mise en service en octobre 1936. Ce phare d'exception n'est pas le plus haut (sa tour ne mesure que 15 mètres, mais sa focale s' élève tout de même à 80 mètres au-dessus du niveau de la mer) ni celui qui projette son faisceau lumineux le plus loin (celui-ci arrose tout de même son faisceau dans un rayon de 30 miles nautiques). Il est tout simplement le dernier phare habité existant en Afrique du Sud. Depuis le bourg, il me faudra conduire sur quelques kilomètres (dont une partie de l'itinéraire est constituée d'une piste sablonneuse) avant d'atteindre la réserve naturelle de Cape Columbine. J'arrête bientôt mon véhicule devant le point d'entrée de ladite réserve et m'acquitte d'un droit d'entrée de 25,30 rands.


 

Une fois la barrière d'entrée franchie, je me gare rapidement pour admirer cette côte rocheuse qui faisait jadis de Paternoster un lieu redouté par les marins, surtout lors des grosses tempêtes. De tous temps, la mer a nourri, puis tué les hommes. C'est ainsi. Un jour, elle leur procure le repas quotidien et le lendemain, elle se fait mauvaise, grossit et jette les navires imprudents sur les rochers. Plusieurs vaisseaux se fracassèrent ainsi sur cette cote, comme le navire britannique « Columbine » qui fera naufrage ici en 1829. Son souvenir se transmet aujourd'hui dans l'appellation du phare et de la réserve naturelle de 263 hectares qui le jouxte.

A mon arrivée sur place, j'aperçois le gardien de phare en personne (ou plutôt l'un d'entre eux, puisqu'ils sont plusieurs), Japie Greeff, en grande conversation avec trois autres personnes. Je me présente et explique les raisons de ma venue. Japie ne mettra que quelques secondes pour accepter ma demande d'interview (ne manquez pas de regarder la vidéo concernant ce phare, malgré la mauvaise qualité de son) et m'ouvrira ensuite les portes de sa haute demeure. Je gravirai ainsi un escalier, puis trois échelles en bois, jusqu'à atteindre la partie haute de la tour du phare, d'où on profite d'une vue imprenable. Puis Japie mettra à ma disposition le livre de Gérald Hoberman (voir couverture en bas de cet article), «  Lighthouses in South Africa », d'où je prélèverai d'intéressantes découvertes : l'auteur, après avoir rendu un vibrant hommage à ces marins, navigateurs et découvreurs partis en quête d'aventure et de richesse, revient sur l'origine des phares. Et de parler plus loin de l'arrivée inopinée de l'explorateur portugais Vasco de Gama à Mossel Bay (Afrique du Sud) en 1497. Notre homme prendra le temps d'ériger sur place « A padrao », une tour en pierre surmontée d'une croix qui restera à jamais le premier repère de navigation dans ce pays.

 

Je ne prendrai pas le temps d'explorer la réserve naturelle du Cap Columbine (qu'on appelle ici Tietiesbaai) qui s'étend sur 263 hectares d'une surface constituée d'une côte rocheuse et sauvage. L'endroit est devenu une réserve depuis 1973. Nombreux sont les visiteurs débarquant ici afin d'observer baleines et dauphins, quitte à se balader en kayak le long de la côte pour mieux les approcher. Sur place, il est possible de séjourner dans l'un des deux campings existants, certes, dans des conditions plus que spartiates (pas d'électricité et deux blocs sanitaires seulement) mais au contact avec la nature. On ne compte plus les amateurs de kayak, de plongée ou de randonnée qui viennent à Paternoster pour y prendre un repos salutaire tout en pratiquant leur sport favori.

Sur le chemin du retour, j'observe attentivement les dizaines de maison blanches aux longues cheminées, dont certaines possèdent même un toit de chaume. Je décide de me rendre dans un quartier résidentiel où des chantiers de construction sont à l'oeuvre. Et d'interroger un chef de travaux pour savoir si cette architecture est celle d'un cabinet d'architecte particulier ou s'il s'agit d'une architecture caractéristique locale. Mon interlocuteur m'affirmera qu'il s'agit là de maisons inspirées de l'architecture des pêcheurs. J' aurai presque oublié leur existence à ceux-là, dont les bateaux devaient être sur la grande plage, d'après l'employée de l'office du tourisme. Ah les belles promesses...


 

Finalement, je ne verrai de ce petit village de pêcheurs que...deux homards vaillamment brandis par un vendeur local. De beaux spécimens (les homards, pas le vendeur!) issus d'ne maman homard prolifique (une femelle peut pondre à elle seule près de 200000 œufs). Les œufs qui sont fertilisés sont alors logés dans la queue de l'animal, puis éclosent trois mois plus tard. Et ces bébés homards de survivre ensuite à l'air libre en se nourrissant de plancton les sept mois suivants, et en subissant treize métamorphoses durant ce laps de temps. A Paternoster, c'est du homard des rochers dont on parle, plus gouteux que son congénère européen, et aux pinces moins grosses. Les côtes sud-africaines ont chacune leurs homards. La côte Ouest abrite le homard de rocher, l'espèce la plus nombreuse, la côte Est, elle, abrite cinq espèces de ce crustacée, chaque espèce se distinguant par une couleur différente, mais les effectifs de ces cinq espèces sont beaucoup plus modestes. La côte sud et la mer du Natal possèdent ensemble deux espèces de homards de rocher vivant dans les eaux profondes. Ces animaux ne comptent que l'homme et le phoque comme prédateur une fois atteint l'âge adulte (un homard peut vivre plus de 50 ans!). En revanche, les jeunes homards se font dévorer par les poissons et les poulpes. Afin de préserver l'espèce, la pêche de ce crustacée est bien sûr réglementée et limitée à 2600 tonnes pêchées chaque année sur cette côte ouest (contre 800 tonnes le long du littoral sud). La préservation de l'espèce est à ce prix !

 

INFOS PRATIQUES :

  • Office du tourisme, le long de la plage, au marché aux poissons (en contrebas de l'hôtel-restaurant Paternoster Lodge). Ouvert du lundi au vendredi de 9h00 à 17h00, le samedi et les jours fériés de 9h00 à 14h00.
  • Procurez-vous gratuitement les brochures « South Africa's Weskus Travel Mosaic » et « The Cape Weskus Peninsula Travel Directory », une mine d'or d'information. Http://www.visitwestcoast.co.za

  • Phare Cape Columbine, à Paternoster. Tél : 022 752 2705. Ouvert uniquement les lundi et vendredi de 10h00 à 15h00. Le livre de Gerald Hoberman, « Lighthouses of South Africa » décrit les 45 phares sud-africains en détail et avec de superbes photographies. En vente au phare au prix de 100 rands.

  • Réserve naturelle de Cape Columbine à Paternoster. Tél : 022 752 2718. Droit d'entrée : 25,30 rands.

 












 



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