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Côté nature, de McGrégor à Robertson
(Province du Cap-Occidental, Afrique du Sud)
Heure locale

 

Jeudi 14 novembre 2019

 

Arrivé hier midi à Robertson, j'ai pu découvrir les atouts de la vallée de la rivière Breede, ce cours d'eau de la province ouest du Cap. La large vallée qui est étrangement plate, ne s'élève qu'entre 80 et 250 mètres au-dessus du niveau de la mer et est devenue l'endroit de la région où l'on produit le plus de fruits et de vin. Je m'épargnerai la traditionnelle dégustation des vins, ce qui ne m'empêche de boire un verre de vin chaque jour au repas et d'en apprécier le goût, mais sachez que l'art de lever le coude est ici couramment pratiqué. En ce début de matinée, le ciel reste menaçant. Je n'ose m'aventurer sur trop de plans extérieurs mais mon choix est fait : un petit tour à la réserve naturelle Vrolijkheid, une découverte rapide du village de McGrégor et la visite d'une ferme de lavande et d'oliviers.

 

Puisque j'ai fait l'acquisition d'une carte me donnant accès aux parcs nationaux et aux réserves naturelles, je décide de partir aujourd'hui à la rencontre de la réserve naturelle de Vrolijkheid , située à une quinzaine de kilomètres de Robertson. A cet endroit, la végétation est plutôt aride et quelques montagne se profilent à l'horizon. En Afrique du Sud, les zones protégées sont classées en trois catégories : les parcs nationaux (incluant les zones maritimes protégées), qui sont gérées par le gouvernement sud-africain, les réserves naturelles, zones publiques conduites par les autorités locales et provinciales et les réserves naturelles privées, placées sous la direction de leurs propriétaires. La réserve Vrolijkheid est gérée par Cap Nature et abrite surtout des oiseaux (175 espèces au total) dont le spectaculaire aigle. Les barrages et réserves d'eau sont propices à l'observation de ces animaux une fois dissimulé dans un cabanon en bois. Je fais un arrêt au bureau du parc et l'on m'informe que cette réserve se visite à pied. Le temps me manque et je ne suis pas certain à 100% de la météo. J'en reste donc là pour aujourd'hui. Adieu antilopes, babouins, amphibiens et reptiles.


 

Que faire d'autre ? Il y a bien, toujours en direction de McGregor, un sanctuaire pour les ânes mais j' y renoncerai, craignant que ces animaux ne fassent des caprices pour la photo (c'est têtu un âne!). Je file donc tout droit sur McGregor, le village d'à côté. L'endroit vit le jour en 1861 et prit d'abord le nom de Lady Grey, épouse de Sir George Grey, probablement parce que ce dernier était alors gouverneur (mais aucun document officiel ne le prouve). Et c'est en 1905 que le village prendra son nom actuel, McGregor, en l'honneur du Révérend Andrew McGregor, chef de l'église hollandaise réformée quarante ans durant dans le district de Robertson.

En me promenant dans les rues, je me croirais au Japon. Comme là-bas, les rues sont longées par des ruisseaux dans lesquels coule une eau qui ruisselle depuis le barrage. Il semblerait qu'il s'agisse d'un droit pour chaque propriétaire de bénéficier gratuitement de cette ...eau courante. Droit qui avait d'ailleurs failli être remis en question il y a quelques années. En vain. Je ne croise ici et là que quelques piétons et les voitures se font rares. Le lieu idéal pour prendre du repos.

Charmant petit village, McGregor bruisse cependant de vie et d'activités : je suis très cordialement accueilli par la responsable de l'Office du tourisme qui me fait découvrir plusieurs fascicules (à 20 rands chaque) traitant d'une manière ou d'une autre de l'histoire locale. Il faut dire qu'il y a ici une importante tradition orale et la Société d'Histoire de McGrecor a pris soin de consigner un bon nombre d'anecdotes dans ces petits livrets. C'est instructif, facile à lire et cela traite du passé. D'après ce que j'ai lu, la région avait ses fermiers bien avant la naissance du village, puisqu'un transfert de terre aura lieu dès 1838 au profit des frères Smit.

 

Durant les années 1880, le village de Lady Grey était un endroit florissant (économiquement). Aujourd'hui, il reste fleuri, avec ses magnifiques jaracandas de couleur mauve. C'est pas mal non plus. A l'époque, le village comptait deux bouchers, trois docteurs, un barbier et un forgeron. Un petit tour dans l'actuel village témoigne de l'effort de conservation du patrimoine immobilier qui a été réalisé par les habitants. Comme par exemple cet ensemble de jolies maisons à toit de chaume portant le nom de « Die Trein », dans la rue principale (celle qui passe devant l'office du tourisme). Le musée qui, malgré sa petite taille, offre bien des détails sur la vie d'antan, éveille mon attention : il y eut ici une production importante de fouets confectionnés en bambou. Mais à destination de qui ? Des mauvais élèves (ou des mauvaises épouses) à qui on aurait donné la fessée ? Et de rajouter, sous le regard interrogateur de la dame de l'office du tourisme, que chaque jour en France, des hommes battent leurs femmes (comme on bat la crème!) sans pour autant être crémiers. Et de la rassurer en lui disant qu'il n'y a pas que son pays qui est touché par la violence. Quelques secondes plus tard, après avoir repris ses esprits, cette dame m'affirmera que les fouets en question servaient à stimuler les mules, chevaux et bœufs qui tiraient des chariots. Quant au bambou, quelqu'un avait eu la (bonne) idée d'en ramener des plants dont on ne sait où et que la plante s'était très bien adaptée au climat et au sol sud-africains. Les villageois utiliseront cette même plante pour confectionner échelles, cannes d'aide à la marche et cannes à pêche. Bref, ici, tout le monde (animaux compris) était susceptible de prendre, sous une forme ou une autre, un « coup de bambou » (les fortes températures estivales régnant dans la région peuvent aussi être redoutables!)


 

En pénétrant à l'office du tourisme, j'avais bien remarqué une dame juchée sur un escabeau qui tentait de fixer un lustre au plafond. Et de faire connaissance quelques instant plus tard avec Lorraine Piers, l'artiste qui conçoit ces lustres, tout en lui promettant « d'éclairer » mes lecteurs sur son activité. Sur l'un des murs du bâtiment, sont aussi exposées plusieurs compositions artistiques sur le thème de la femme africaine (ci-dessous). Cher Graham, l'artiste qui réalise ces œuvres, est passionnée de toutes sortes de tissus et en utilise des morceaux pour créer les portraits qu'elle imagine. Et chaque œuvre d'être unique et personnalisée. Autre artiste pas empoté et qui ne manque pas de « pots », j'ai nommé Paul, que je n'ai malheureusement pas eu le plaisir de rencontrer cette fois. Notre homme fabrique diverses poteries dont on m'a dit le plus grand bien à plusieurs reprises. A découvrir la prochaine fois que vous passez par là!

 

Je reprends mon véhicule pour me rendre maintenant près de Robertson, dans une ferme cultivant la lavande et les olives. Et pourquoi cela ? L'idée est originale mais intelligente puisque la lavande a la faculté de chasser les insectes qui pourraient s'avérer nuisibles aux oliviers. Patricia, la maitresse des lieux m'expliquera qu'elle et son mari, Hedley, chimiste de formation, ont acheté cette ferme il y a trois ans et ont depuis fait fructifier leur affaire avec succès puisque le seul marché domestique sud-africain les occupe déjà à plein temps. C'est que notre couple d'entrepreneurs a à cœur de travailler dans les règles de l'art en recyclant par exemple toutes les matières premières utilisées. Un bon geste pour la planète. Côté production, on préfère ici faire dans la qualité plutôt que dans la quantité, et Hedley d'utiliser un distillateur artisanal, certes, mais qui a fait ses preuves. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Moi qui ne suis pas un spécialiste des plantes, j'avais, au terme d'une visite savamment guidée, appris bien des choses sur les vertus médicinales des différentes lavandes, de la rose-marie et du géranium rose. Merci Patricia !

 

INFOS PRATIQUES :

  • Réserve naturelle Vrolijkheid, sur la route entre Robertson et McGregor (à six kilomètres de McGrégor) sur votre droite.Tél:+27 21 483 0190 et 23 625 1945. Site internet : http://www.capenature.co.za
  • Office du tourisme de McGregor, rue principale, près de l'ancienne poste : http://www.tourismmcgregor.co.za

  • Musée de McGregor (à l'Office du tourisme) : l'histoire locale sur...20 m2

  • The African Queen Studio, 369 McGregor. Tél : +27 23 6251 843 ou 0761 94 94 01. http://www.africanqueen.org.za Lorraine Piers fabrique de superbes lustres en utilisant entre autres des pétales de fleurs de jacarandas.

  • Fabric Art Portrait Collection (par Cher Graham). Tél : +27 23 6251 368 ou 83 2355 695.

  • Millstone Pottery. Tél : +27 23 625 1599. Demander Paul.

  • Temenos Retreat (Guest-house), Main Road, à McGregor. Tél:+27 23 625 1871. Son jardin du silence, havre de paix tout juste troublé par les vocalises d'un couple de paons, vaut le déplacement et peut être visité (en s'adressant à la réception) http://www.temenos.org.za

  • Owl's Rest, Ferme de lavande et d'olives, à Klaasvoogds West (sur la R 60 entre Robertson et Ashton) à Robertson. Tél : +27 626 1284 ou 82 497 329. Ouvert du lundi au samedi de 10h00 à 16h00 et le dimanche uniquement sur rendez-vous. Site internet https://owlsproducts.co.za/

  • Louretta Cakes Boutique, Paul Kruger Street, à Robertson. Tél:+27 23 626 5133. Délicieuses pâtisseries (gâteau à la carotte, tarte au citron meringuée) et pies. Très chaleureux accueil.








 



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