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Le Complexe muséal Bartolomeu Dias
(Mossel Bay, Province du Cap-Occidental, Afrique du Sud)
Heure locale

 

Dimanche 17 novembre 2019

 

Je quitte cette fois les hauteurs montagneuses de ces derniers jours pour redescendre sur la façade maritime, et plus précisément à Mossel Bay. Cette ville côtière d'importance qui vit essentiellement de l'agriculture et du tourisme, demeure le site historique où eut lieu il y a 500 ans de cela, la première rencontre entre les explorateurs européens et les ancêtres du peuple sud-africain. Et pour fêter dignement ce 500è anniversaire du débarquement de Bartolomeu Dias ici, à Mossel Bay, on inaugura en 1988 un musée qui abrite une réplique de la caravelle ayant franchi la pointe sud de l'Afrique pour la première fois.

 

C'est sous le soleil que je quitterai Jude et Brian, mes hôtes de ces deux derniers jours, et sous la pluie que je traverserai le massif de Swartberg. Le vent souffle en tempête à certains endroits et ma voiture est de temps en temps malmenée. A Oudtshoorn, la seule route qui conduit à Mossel Bay passe par le col Robinson (ci-dessous en photo), un col de montagne qui culmine à 860 mètres d'altitude et qui relie Oudtshoorn (au nord) à Mossel Bay (au sud) par les monts Outeniqua (Outeniqua vient du nom d'une tribu khoisan, et signifie « ceux qui portent du miel »). Cette chaine de montagnes est marquée par des pentes douces au sud et de fortes dénivellations au nord. Les premiers Européens durent affronter cet obstacle naturel en pénétrant ce relief accidenté et les forêts humides qui recouvraient la région afin de pouvoir aménager des passages pour accéder au petit Karoo (zone semi-désertique) plus au nord. Le col Robinson sera inauguré en 1869, après deux années de travaux initiés par Thomas Bain.


 

Lorsque l'explorateur portugais, Bartolomeu Dias accoste ici le 3 février 1488, il baptisera l'endroit Baie de Saint Blaise (Aguada de Sao Bras). C'est Paulus van Caerden, navigateur néerlandais, qui donnera son nom actuel à la ville, c'est à dire Mossel Bay (Baie des Moules), lorsqu'il jettera l'ancre en 1601, car il avait noté la présence très importante de ce fruit de mer.

Bartolomeu Diaz fera alors connaissance avec les Khoikhois, premier peuple à occuper l'endroit, aux côtés des Gouriqua », un autre peuple pastoral. Cette rencontre eut lieu sur la plage des Saints, désormais rebaptisée Madiba, en l'honneur de l'ancien président Nelson Mandela. Et Bartolomeu de planter une simple croix pour matérialiser ce premier endroit chrétien en terre sud-africaine. Les premiers échanges commerciaux avec le peule semi-nomade des Khoi-San se feront en 1497, lors de la venue du navigateur portugais Vasco de Gama. Ainsi, le Portugal confortera t-il ses positions sur cette terre de passage, qui servira des décennies durant à ses navigateurs sur la route des Indes, Mossel Bay devenant pour ces navires une escale où ils pouvaient obtenir eau et nourriture. Trois ans plus tard, ça ne fera pas un pli, si j'ose dire, une chaussure accrochée à une branche d'un arbre fera office de bureau de poste en servant de boite aux lettres aux marins de passage. Aujourd'hui, une boite aux lettres en forme de chaussure reprend cette idée et permet cette fois aux touristes d'y déposer leurs cartes postales qui bénéficieront d'une oblitération spéciale pour l'occasion. Quant à l'arbre, il vit toujours et a depuis été classé comme bien précieux provincial.


 

Le complexe muséal renferme plusieurs choses : un premier bâtiment ayant jadis servi de grenier, est aujourd'hui utilisé comme hall d'entrée, là où est installé le comptoir de vente des billets d'entrée. Des toilettes sont aussi disponibles ainsi qu'un espace d'exposition. C'est la compagnie hollandaise des Indes orientales qui bâtira le grenier d'origine en 1786 afin d'y entreposer du grain puis de la laine, mais le « grenier » actuel n'est qu'une réplique de l'original, érigé, il est vrai, sur les anciennes fondations.

Tout près de l'arbre poste, des parterres rassemblent plusieurs plantes médicinales qui poussent ici à l'état naturel et servirent très tôt aux peuples Khoi-Sa, Xhosa, aux métis et aux explorateurs européens, comme potions curatives ou potion magique, c'était selon !

Un peu en retrait dans le parc, se trouvent quelques sépultures musulmanes, mais aussi quelques cottages que l'on surnomme les maisons de Munro (ci-dessous), car c'est Alexandre Munro qui les construisit en 1830. Ces habitations étaient alors les plus anciennes de Mossel Bay mais celles qu'on aperçoit aujourd'hui ne sont que des répliques. En revanche, la fontaine où se rafraichirent les explorateurs européens il y a cinq siècles, elle, coule encore.

Enfin, un dernier bâtiment érigé en 1902 non loin de l'arbre-poste est une annexe du vieux moulin et accueille désormais un musée des coquillages.


 

Pénétrons maintenant au musée maritime (ci-dessous) qui a trouvé refuge à l'intérieur d'un bâtiment érigé en 1901 et conçu à l'époque pour servir de moulin à grain et de scierie. C'est en 1987 que l'espace fut aménagé afin d'être transformé en musée maritime. Les premières minutes, mon esprit fut confus car je ne saisissais pas très bien le mode d'organisation de cet espace d'exposition. En fait, le musée qui comporte surtout des galeries (couloirs) où sont présentées pêle-mêle objets anciens, maquettes de bateaux et peintures, est organisé autour de la caravelle qui occupe le point central du bâtiment. Des panneaux d'information y abordent les aspects historiques des premiers navigateurs portugais, hollandais et anglais. Une peinture murale, oeuvre de l'artiste portugais Gilberto, dépeint l'esprit tempétueux du cap de Bonne Espérance, que Camoes décrit comme le fantôme hideux qui apparaissait à Vasco de Gama pour lui prédire le malheur à tout son équipage alors en route vers les Indes.

 

La caravelle (ci-dessous) à voile latine qui croisait jadis dans les eaux de la Méditerranée entre les 14è et 17è siècles a aussi sa réplique au musée : Gouvernement espagnol et portugais s'en serviront durant le 15è siècle afin d'organiser des voyages exploratoires et commerciaux. Cette copie du navire original fut construite au chantier naval de Samuel & Filhos à Vila do Conde (près de Porto, Portugal), avec toutefois la difficulté de ne pas pouvoir s'appuyer sur des dessins précis.Des recherches furent alors indispensables afin de coller le plus possible à la réalité historique : la coque fut ainsi réalisée en bois de chêne et de pin, et mesure 23,5 de long et 6,60mètres (à sa largeur maximum). Le bateau possédait par ailleurs une capacité de 130 tonnes (dont 37 tonnes de lest). Equipée de deux mâts et de deux voiles latines, la caravelle déployait une grande voile de 147 m2 dont le poids atteignait 1,5 tonne. C'est seulement au terme de sa construction au Portugal que la caravelle fut acheminée sur le site à la date symbolique du fameux 3 février 1988, afin d'être ensuite installée en cale sèche dans ce musée.

 

Mais au fait, qui est ce Bartolomeu Dias qui porte aujourd'hui le nom du complexe muséal de Mossel Bay ? Apparemment, le voyage maritime était une histoire de famille puisque le père de Bartolomeu, Dinis Dias, aurait commandé des expéditions maritimes vers 1440 le long de la côte nord-africaine, à l'occasion desquelles il découvrira le Cap Vert et l'Île de Gorée (Sénégal). Quant au fils, Bartolomée, c'est en 1486 qu'il sera chargé par le roi Jean II du Portugal de poursuivre les explorations de Diogo Cao sur les côtes d'Afrique. On cherchait alors un autre passage conduisant aux Indes pour y trouver les épices et les ramener en Europe car, depuis la prise de Constantinople par les Turcs, la célèbre route de la soie n'était plus accessible. Il était donc urgent de trouver une autre route.

Jean II du Portugal confia à Bartolomée deux caravelles et une navette de vivres pour une expédition qui partit en août 1487 de Lisbonne. Officiellement, et pour rester discret sur la vraie mission, ce voyage était destiné à découvrir le royaume du Prêtre Jean. Dès décembre, l'expédition atteignit la Namibie, puis poursuivit plus au sud où les hommes furent piégés par une violente tempête. Ayant erré ensuite près de deux semaines, Bartolomé utilisera les vents de l'Antarctique pour naviguer vers le nord-est, jusqu'à se rapprocher à 800 km seulement du cap de bonne espérance.

 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Complexe muséal Bartolomeu Dias, 1 Market Street, à Mossel Bay. Tél : +27 44 691 1067. Ouvert tous les jours, de 9h00 à 16h45 (lundi au vendredi) et de 9h00 à 15h45 (le week-end). Entrée : 20 rands (+ 20 rands pour visiter la réplique de la caravelle du musée maritime). Se procurer les dépliants en langues anglaise et française à la réception. Site internet : http://www.diasmuseum.co.za
  • Le parking devant le musée est payant (2,5 rands par heure) : ne pas oublier de noter votre heure d'arrivée et de contacter le gardien à l'entrée. Vous paierez au retour, en fonction du temps passé sur place.









 



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