Revoir le globe
Top


Les plus belles demeures historiques de Montagu
(Province du Cap-Occidental, Afrique du Sud)
Heure locale

 

Dimanche 24 novembre 2019

 

Montagu sera ma prochaine étape. Bourgade au charme certain, dominée par le massif de Langeberg, l'endroit me séduira d'emblée par ses ravissantes demeures historiques souvent entourées de ravissants jardins bien entretenus. Long Street, sa rue principale, ne compte en effet pas moins de quatorze monuments historiques. Je me devais donc de parcourir la promenade historique proposée par l'office de tourisme afin de prendre la pleine mesure de la richesse patrimoniale de l'endroit.

 

C'est depuis Matjiesfontein que j'ai pris la route pour mon escale suivante, Montagu. J'emprunterai la route N1, d'excellente qualité, puis trouverai sur ma gauche la R318 qui me mènera directement jusqu'à Montagu. Cette dernière route est certes bitumée mais étroite. Je recommande la plus grande vigilance quant à la traversée des villages par ici, car la circulation étant plus rare, les piétons marchent volontiers sur la chaussée (je les comprends car les talus sont souvent le refuge de reptiles). De plus, les enfants utilisent la route comme terrain de jeux. Je rencontrerai ainsi trois petits couchés sur le bitume à côté d'un gros pneu récupéré on ne sait où. Le paysage, lui, est magnifique et vaut le coup d'oeil. Ne pouvant m'arrêter partout, je ferai cependant une halte au col de Burgerpas (en photo ci-dessous) qui culmine à 870 mètres d'altitude. A l'origine, ce col était connu sous le nom de Koo Pass, en référence à la vallée du même nom où l'on produisait des fruits en abondance. Finalement, l'appellation actuelle de ce passage choisira de rendre hommage à un certain Mr Burger, conseiller municipal local qui dépensa tant d'énergie à réclamer l'amélioration de la route desservant le site.

La route du col, elle, sera tracée par Thomas Bain, et sa construction démarrera en 1876, pour ne s'achever qu'en...1887, à la suite d'un manque de financement des travaux, soit 1000£ de l'époque.

 

Le centre du village est un petit bijou architectural. Fondé en 1841, celui-ci possède plusieurs demeures datant du 18è siècle et bâties dans différents styles architecturaux. L'endroit peut s'enorgueillir de porter le nom de John Montagu, ancien Secrétaire colonial de la colonie du Cap de 1843 à 1853. Son passage sera marqué par l'utilisation des bagnards pour la construction de routes, et l'efficacité de son travail sera telle que l'homme prête encore aujourd'hui son nom au col de Montagu (près de la petite ville de George).

En ce dimanche matin, alors que le village est d'un calme troublant, je me rends à l'office du tourisme où je fais la connaissance d'Anne-Marie. Lui faisant part de mon intérêt pour le patrimoine historique, celle-ci me suggère aussitôt d'effectuer la « Heritage Walk » en visite libre (brochure en photo en bas de cet article). Muni d'un plan détaillé du circuit, je me mets en route et débute ma visite, jusqu'à ce que je me sente épié par une voiture et ses occupants. Je retourne alors discrètement à l'office de tourisme distant de seulement 200 mètres et fais part de ma crainte à Anne-Marie qui me trouvera rapidement un garde du corps pour m'accompagner pendant l'heure prévue pour cette promenade. Rassuré, je travaillerai ainsi plus sereinement pour mes prises de vues.


 

La première maison devant laquelle je m'arrête (ci-dessus) fut bâtie en 1854, en forme de T et dans le style architectural hollandais du Cap. Recouverte d'un toit de chaume, cette demeure offre quatre pignons fleuris et fait partie des quatre maisons existantes de ce type avec pignon central sur Bath Street. J'admire au passage la belle porte d'entrée avec son éclairage en partie haute. On voit tout de suite que l'ensemble a été restauré avec soin.

Je file ensuite dans Barry Street, à la recherche de St Mildred's, une ravissante petite église anglicane (ci-dessous) datant de 1871 et qui fut dessinée, comme bien d'autres églises sud-africaines, par Sophy Gray, épouse de Robert Gray, premier évêque anglican du Cap. Sophy n'avait jamais suivi de formation d'architecte mais son enthousiasme débordant et sa connaissance de l'architecture rurale anglaise l'aideront beaucoup dans sa démarche.


 

C'est un peu par hasard qu'en revenant sur mes pas je découvre un étang envahi par des colonies d'oiseaux peu farouches, Leiwater Dam (deuxième photo ci-dessus). On compte ici 18 espèces d'oiseaux (Ibis sacré, cormoran, aigrette, pie grièche et tisserand...) qui utilisent cet endroit comme lieu de nidification. Un observatoire a récemment été construit, qui permet aux ornithologues et autres visiteurs de pouvoir admirer discrètement la soixantaine d'espèces qui fait escale à Montagu.

Au N°9, Rose Street, se dresse une très grande maison noyée dans la verdure. De style édwardien, cette luxueuse villa fut jadis utilisée comme presbytère de l'église hollandaise réformée. L'architecte fut John Parker, et celui-ci aménagea un passage central de trente mètres de long donnant sur quinze pièces. Un bien joli gite ouvrier pour prêtre réformé !

Elias, mon ange gardien et moi-même rejoignons maintenant Long Street. Au N°17 de cette rue, j'aperçois une demeure rectangulaire (ci-dessous) au toit de chaume, agrémentée d'un pignon central carré. Quant à la façade, elle est divisée par des piliers. L'entrée est marquée par une double porte et trois éclairages. A noter que la maison voisine servait autrefois de cave à cette résidence.

Le N°26, lui, offre un bel exemple de demeure sans fioritures, munie de cinq baies, avec ses deux niveaux d'habitation comme on en faisait dans les années 1860. Curieusement, portes et fenêtres ne sont pas symétriques sur la façade. Au N°32 Long Street, on reconnaît une construction typique en toit de chaume et en forme de L, avec des pignons droits et une cave attenante. Un escalier extérieur permet de se rendre directement de la cave au grenier.

 

La maison Joubert (en photo ci-dessous), qui se trouve au N°25 Long Street, est la plus ancienne demeure de Montagu. Et l'on pense que la dépendance de celle-ci aurait servi jadis de prison. Vers 1970, l'ensemble était en si piteux état que la municipalité avait déclaré la maison inhabitable, jusqu'au jour où, en 1981, la ville ne rachète la propriété, la restaure et en fasse une maison-musée consacrée à l'histoire de la commune.

Les maisons de Long Street furent construites dans quatre styles architecturaux différents : la maison « Bonheur » est par exemple de style victorien avec son toit pentu et ses décorations en fonte ornant la véranda. Quant à la porte d'entrée, elle aurait cinquante années de plus que la maison !

 

Autre type de construction au N°40 (ci-dessous) avec cette demeure à deux niveaux dotée de cinq baies de style géorgien du Cap. Au rez-de-chaussée, parapet et piliers sont richement ornés. Juste à côté, au N°42, je remarque une demeure de style colonial britannique, un style architectural très présent dans la région du Karoo. Au N°44 (deuxième photo ci-dessous), un autre demeure de type campagnard se dresse avec son toit de chaume. Enfin, au N° 46, se trouve une maison datant de 1860, de forme rectangulaire, avec son toit de chaume, ses pignons droits et son escalier en bois. L'endroit abrite aujourd'hui un restaurant mais sachez que l'intérieur possède de belles cheminées. Autrefois quatre beaux chênes jouxtaient cette propriété, mais il n'en reste plus qu'un à ce jour.


 

Elias et moi découvrons un autre type d'édifice, à vocation industrielle puisqu'il s'agit là du bâtiment KWV, érigé au cours des années 1930 pour abriter une exploitation à vocation agricole et une distillerie. Cette construction se trouve à l'angle de Long Street et Kohler Street. Au N°41 Long Street, voici The Mission Church (ci-dessous), bâtie en 1907, qui n'est plus un lieu de culte puisque l'endroit abrite désormais un musée. En revanche, l'orgue, la chaire et les fonts baptismaux en cuivre sont bien d'origine et datent du siècle dernier. Avant de quitter Long Street, attardons nous un instant sur la maison sise au N°35 qui appartint à l'artiste François Krige.


 

Nous remontons à présent Church Street et trouvons sur notre gauche Mimosa Lodge (ci-dessous), autrefois une simple ferme à un étage avec un toit de chaume. Plus tard, l'ensemble deviendra un hôtel à deux niveaux d'habitation, après avoir, des années durant, abrité tour à tourune pension scolaire, une maison de retraite et une maison de.... prostitution. C'est ce qu'on appelle une habitation multitaches. De l'autre côté de la rue se trouve Eerste Pos (deuxième photo), devenue depuis une brasserie. La maison en question fut le lieu de résidence d'Esther Hofmeyr. Celle-ci débarqua à Montagu en 1941, comme jeune professeur, et logea à Mimosa Lodge, avant d'élire domicile ici. Montagu lui doit beaucoup car Esther n'aura de cesse de convaincre, avec beaucoup de tact, les propriétaires fonciers du petit village de ne pas restaurer n'importe comment leurs demeures, ni de les démolir, mais plutôt de les entretenir avec soin tout en les mettant en valeur.


 

Sur Bath Street, s'élève l'église hollandaise réformée (ci-dessous) érigée ici en 1858-1862 par Joseph Barry pour 4300£. L'édifice, de style néo-gothique et en forme de croix fut conçu par George Burkett. Les parties est et ouest furent quant à elles ajoutées en 1906 par John Parker. Petit détail, les murs de cette église avaient été peints en blanc, mais cela ne plut pas à certains paroissiens qui se plaignirent de la forte réflexion provoquée par le soleil. D'où cette couleur jaune crème apposée sur la façade à mi-hauteur.

Sur Bath Street, au niveau des N°42 et 44, nous trouvons des édifices datant de 1899, dont un, désormais transformé en restaurant avec son style victorien tardif et ses pignons rehaussés dans le style Renaissance hollandaise. J'admirerai tout spécialement la porte et les fenêtres de l'agence bancaire (deuxième photo ci-dessous) avec les petits volets en bois.


 

Le Montagu Country Hotel, lui, est situé à l'angle de Bath Street et Kohler et est à peine visible, tant il est noyé dans la verdure. Construit en 1875, dans le style Art-déco, il fut le premier hôtel de Montagu. Et aussi l'objet d'une controverse qui survint en 1880, alors que le village attendait fiévreusement la visite de Paul Krugel, Président du Transvaal, et de sa suite. A la dernière minute, le patron de l'hôtel, qui ne partageait pas les idées politiques de Paul Kruger, décida d'annuler la réception prévue en son honneur. Et ladite réception de s'être finalement tenue dans la Maison Joubert.

Terminons cette promenade par la rue Piet Retief, avec au N°21, une superbe demeure de style victorien (en photo ci-dessous) et une profusion d'ornements sur les pignons, sous la forme d'entrelacs métalliques sur chacune des façades de l'ensemble. Plus haut, au N°3, j'apercevrai l'édifice municipal abritant la bibliothèque (deuxième photo) dont la construction remonte à 1893.


 

Un dernier mot sue cette promenade historique qui comprend également une plaque commémorative située dans Bloem Street en souvenir de la grippe espagnole de 1918, la plus terrible pandémie à laquelle l'homme fut confronté : celle-ci touchera 500 millions de personnes dans le monde et en tuera 50 à 100 millions. L'Afrique du Sud sera le cinquième pays le plus touché par cette grippe et comptera un demi-million de décès parmi ses ressortissants (62% de ces décès eurent lieu au Cap), d'où la pose de cette plaque, en novembre 2018, afin de rendre hommage à toutes les victimes de cette pandémie.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Office de tourisme, 24 Bath Street, à Montagu. Tél : +27 23 614 2471. https://www.montagu-ashton.info/
  • Par sécurité, et compte tenu du matériel transporté sur moi, j'ai choisi de me faire assister d'un garde du corps durant ma balade en ville. Anne-Marie m'a trouvé en quelques minutes l'homme de la situation, Elias Mbewa, sans réservation préalable et disponible en une demi-heure. Cout : 200 rands/heure. Elyas Mbewa est joignable au +27 78087 2220. Pensez tout de même à réserver à l'avance !

  • Etang de Montagu, sur Barry Street à Montagu: http://www.montaguleiwater.co.za


 

 

 











 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile