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Gansbaai, grandeur nature
(Province du Cap-Occidental, Afrique du Sud)
Heure locale

 

Vendredi 29 novembre 2019

 

Je m'installe pour deux jours à Gansbaai, une station balnéaire située à seulement deux heures de route du Cap. Ici, la Nature occupe toute sa place, d'où le titre de ma vidéo, et la ville s'est donnée la noble mission de la préserver, ne serait-ce que pour les générations futures à qui on aimerait transmettre les interminables plages de sable blanc de la réserve naturelle Walker Bay, les impressionnantes grottes de Klipgat, et les nombreuses espèces animales dont le grand requin blanc (qui vit la vie « à pleines dents »!), les baleines (on en compte trois espèces qui fréquentent la baie) et les pingouins d'Afrique carrément en voie d'extinction. Et comme, rien ne se passe jamais comme on l'espérait, j'ai eu la chance aujourd'hui de trouver Janine Taylor sur mon chemin, qui m'a carrément emmené en voiture pour une visite VIP de Gansbaai. Quelle chance !

 

Une fois de plus, le temps me manque et je passerai à côté de bien des choses. Je suis curieux de voir à quoi ressemble cette ville qui a fait du grand requin blanc son symbole, depuis au moins 1995, date à laquelle des plongées au milieu des requins furent proposées pour la première fois aux touristes amateurs de sensations fortes. Et de descendre sous l'eau à l'intérieur d'une cage pour observer les squales les yeux dans les yeux. Chacun étant de part et d'autre des barreaux, on se demande d'ailleurs qui est le prisonnier de qui, face à de tels bestioles. Personnellement je ne tenterai pas l'expérience mais je découvrirai que l'agence de plongée et croisiériste Marine Dynamics ne se contente pas de gérer ce genre d'activités commerciales, mais qu'elle investit également dans la préservation de l'environnement à travers sa participation au trust Dyer Island Conservation. Après tout, l'Afrique du Sud ne fut-elle pas le premier pays au monde à protéger le grand requin blanc dès 1991 de la pêche et de la vente en déclarant l'animal comm espèce protégée? Janine Taylor m'explique que sa société, Marine Dynamics emploie des biologistes marins pour étudier l'espèce et mieux comprendre son comportement. Et de me faire visiter la Great White House, avec sa salle pédagogique destinée à sensibiliser les visiteurs sur la sauvegarde de ce gros poisson. Je m'entretiendrai aussi avec Ralph Watson, l'un des biologistes de la maison (sur ma vidéo) qui m'explique que l'un des aspects de l'action menée est d'attirer le plus de touristes possible afin de les sensibiliser à la sauvegarde de ce squale qu'on rencontre aussi partout en ville, sous la forme d' affiches géantes, de posters, de statues dans les jardins ou dans certaines devantures de magasins. Gansbaai a en effet la particularité de se situer près de ce qu'on appelle la « Shark Alley » (chemin du requin), un couloir marin où patrouille une grande concentration de requins blancs. Janine m'invite à revenir une autre fois et me promet de m'emmener sur Dyer Island et Geyser Rock, deux îles situées à huit kilomètres au large qui servent de refuge à des milliers d'otaries à fourrure du Cap, des animaux qui constituent un mets de choix pour les requins blancs. D'où la présence importante des squales à cet endroit, estimée à environ 200 spécimens. A ma question sur la dangerosité de l'animal pour l'homme, Janine me répond que le risque d'être attaqué est extrêmement rare même si les morsures des squales restent toujours impressionnantes. L'homme massacre infiniment plus de requins chaque année.

 

A Gansbaai, on a à cœur de préparer l'avenir et le Dyer Island Conservation Trust, qui a vu le jour en 2006, de s'être donné une triple mission : découvrir et comprendre l'écosystème marin, protéger pour longtemps les espèces qu y vivent, et éduquer le public (les communautés locales, les législateurs et les visiteurs) en informant le plus grand nombre de l'importance de ce projet tout en les rendant acteurs. Par exemple, le pingouin africain a vu sa population décroitre de 98% depuis 1920, et l'on estime que cette espèce pourrait bien avoir disparu en...2030. Je me rends au sanctuaire du pingouin d'Afrique et autres oiseaux marins, un organisme à but non lucratif qui met toute son énergie à sauver les pingouins blessés par des prédateurs ou qui ont souffert de la pollution humaine comme ces hameçons abandonnés sur la plage par des pêcheurs peu scrupuleux. Victimes de l'exploitation du guano, de la récolte des œufs et de la pollution marine (tout spécialement les hydrocarbures), les petites bêtes retrouvent ici un peu de réconfort. A mon arrivée en début de matinée, je suis accueilli par Xolani, qui est chargé de réhabiliter les animaux en convalescence dans le centre. Et de m'inviter à observer le travail effectué, à savoir la pesée de chaque animal puis la fourniture de son repas. De son côté, Elizabeth reviendra pour moi sur ce que le trust a déjà réalisé les dix premières années de son existence : sensibilisation de 25000 visiteurs par an sur la nécessité de préserver la vie marine, avancées positives quant à la reconnaissance d'un statut légal de protection du pingouin africain, installation de plus de 2000 abris pour ces mêmes animaux, accueil de plus de 1200 bénévoles pour oeuvrer aux côtés des biologistes et des personnels existants, mise en place d'une centaine d'opération de nettoyage des plages...


 

Gansbaai est aussi réputée pour offrir de nombreux points d'observation des baleines franches australes qui hibernent par ici entre juin et octobre. La réserve naturelle de Walker Bay possède un sanctuaire marin à Hermanus, lequel est probablement le meilleur endroit au monde pour observer les cétacés. Quittant les eaux de l'antarctique au début de l'hiver austral, l'animal parcourra plus de 8000 km pour mettre bas et se reproduire dans les eaux sud-africaines. Ces derniers jours, il n'y avait aucune baleine en vue. C'est que la présence animale ne se commande pas. Ça sera pour une autre fois. Il est toutefois bon de se rappeler que les règles d'approche pour observer les baleines sont très rigoureuses, car le sanctuaire d'observation d'Hermanus est fermé à toute navigation. On peut toutefois se procurer un petit bateau rapide ou rejoindre une sortie organisée par un croisiériste. Même entassé, on ne regrette généralement pas cet instant émouvant offert par un baleineau lorsqu'il côtoie l'embarcation ou nous nous trouvons. Les baleines, elles, se montrent également très démonstratives à la saison des amours.

 

Janine connait bien sa région et m'invite à m'approcher des grottes de Klipgat (ci-dessus), refuges de l'homme à l'Âge de pierre et l'un des exemples d'abris les plus remarquables de ce pays. Les fouilles archéologiques opérées dans ces grottes permirent de mettre au jour des objets datant d'il y a 65000 à...85000 ans, à une époque où l'océan se trouvait à cinq kilomètres des célèbres grottes. Et les fouilles effectuées de 1969 à 1995 de découvrir des outils en pierre et en os, ainsi que des restes humains et des traces d'os de moutons du Cap. On accède normalement à ces caves par un chemin escarpé, jusqu'à arriver à l'entrée de la première chambre (les grottes en offrent deux) matérialisée par un sol en pierre. En regardant sur la gauche, on aperçoit une petite issue qui mène au site principal. Et les nombreux panneaux d'information installés sur place de vous occuper pour un bon moment !

La réserve naturelle Walker Bay est gérée par Cape Nature et constitue un merveilleux endroit pour observer les cétacés. Elle s'étire de Kleine River au village de De Kelders (Gansbaai). L'endroit offre bien sûr la possibilité d'observer discrètement les oiseaux et de faire de belles randonnées dans le parc. Moyennant l'achat d'un permis dans un bureau de poste, vous pourrez même pratiquer la pêche, mais attention, si vous voulez pêcher à la ligne sur la Klein River ou dans l'estuaire, vous devrez alors détenir une licence pour ce type de pêche en eau douce, document disponible auprès de Cape Nature.

Janine me conduira aussi sur la côte pour me montrer des bords de mer idylliques, ainsi que le Musée Strandveld qui a trouvé refuge dans une maison datant de 1860 et qui présente une riche collection d'objets rescapés du naufrage du navire HMS Birkenhead, un bateau de transport de troupes à coque en fer lancé en 1845 par la Royal Navy. D'abord conçu en tant que frégate à turbines, le navire sera finalement converti pour le transport de troupes. Il sombrera en 1852 à Danger Point, à quelques kilomètres de Gansbaai, alors qu'il avait à son bord des troupes se rendant vers la baie d'Algoa. Le bâtiment, alors sous le commandement du Capitaine Robert Salmond, avait quitté Portsmouth en janvier 1852 avec des troupes destinées à une dizaine des régiments, dont certains étaient engagés dans le cinquième conflit opposant les Britanniques aux Xhosa d'Afrique du Sud. Après une courte escale à Simon Town le 23 février, le Birkenhead lèvera l'ancre deux jours plus tard avec 640 hommes, femmes et enfants à son bord. Voulant gagner du temps, le capitaine décidera de longer la côte sud-africaine, à moins de cinq kilomètres des terres. La mer est calme. Pourtant, à l'approche de Danger Point (Gansbaai), le navire heurtera un rocher non signalé le 26 février. Et le capitaine de faire larguer l'ancre et de mettre à l'eau les canots de sauvetage. L'eau s'engouffrera si vite par le trou béant de la coque qu'elle envahira les cabines d'une centaine de soldats qui périront noyés. Les autres soldats, qui attendaient des ordres de leurs officiers, périront lors d'une ultime tentative de regagner le rivage à la nage, rattrapés par les requins. Sur 643 passagers, seuls 193 auront la vie sauve à l'issue de ce naufrage. Un procès en cour martiale se tint le 8 mai de cette même année, alors que la majorité des officiers expérimentés avaient péri dans la catastrophe.

Compte tenu de la dangerosité de la côte à cet endroit, un phare sera construit en 1895 à Danger Point. D'une hauteur de 18 mètres, son faisceau lumineux a une portée de 46 km. Désireux de prendre quelques photos de l'endroit, voire de visiter le phare, je trouverai porte close alors que l'édifice est supposé être accessible au public. Sur les conseils d'un passant, j'appellerai pourtant le numéro de téléphone indiqué sur le panneau d'information, en vain. Mais qu'est-ce que le gardien de phare pouvait-il bien faire à cette heure de service?

 

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