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Quelques Pas dans l'Oltrarno
(Florence, Région de Toscane, Italie)
Heure locale

 

Samedi 29 février 2020

 

C'est de l'autre côté de l'Arno que je vous emmène aujourd'hui, dans le quartier dit de l'Oltrarno, ou « au-delà de l'Arno », sur la rive gauche de la rivière. Une partie de Florence qui n'a rien à envier au centre historique de la cité dans la mesure où l'endroit offre également monuments, jardins, musées et de nombreuses échoppes artisanales. Le Palais Pitti en est un exemple de taille, au même titre que les jardins de Boboli. J'ai décidé de me promener dans les rues et de m'arrêter à quelques lieux remarquables de l'Oltrarno, histoire de mieux découvrir la ville.

 

Ce n'est pas un hasard si ce quartier attire un nombre croissant de bourgeois-bohèmes tant l'endroit a su garder son charme avec ses maisons de style Renaissance et ses ruelles. Je franchis l'Arno au niveau du pont Santa Trinita (en photo ci-dessous) qui fut construit entre 1567 et 1570 par Bartolomeo Ammannati en remplacement d'un ouvrage précédent emporté par une crue. En regardant bien, quatre statues représentant les quatre saisons ornent chaque extrémité du pont depuis 1608, des œuvres que l'on doit à Pierre de Francqueville (pour le Printemps et l'Hiver) et à Giovanni Battista Caccini (pour L'Eté et L'Automne).

Côté rive gauche, le pont est prolongé par la Place Frescobaldi sur laquelle se trouve une très jolie fontaine (ci-dessous) surmontée par une minuscule maison pour la moins surprenante (une photo de celle-ci se trouve dans l'album photos de cette sortie). Bernardo Buontalenti en sera l'artisan, lui qui passait pour l'un des plus talentueux artistes de Toscane.


 

Brunelleschi dessinera quant à lui sa dernière église pour ce quartier. Sur la Place di Santo Spirito (ci-dessous) se dresse un ensemble de bâtiments rassemblant le Cenacolo di Santo Spirito et cette église qui interdit toute prise de photographies. Depuis mon arrivée, j'ai connu meilleur accueil mais c'est ainsi, puisque le curé de cette paroisse l'a décidé. J'ai toujours été contre la confiscation des biens du clergé par la République mais suis tout autant contre la confiscation des biens de l'église par le clergé vis à vis du peuple. Ces trésors terrestres ne nous appartiennent pas nommément mais reste la propriété de l'humanité toute entière qui doit pouvoir les admirer. Passons. La présente église fut bâtie sur les restes d'un couvent augustin du 13è siècle détruit par le feu. Le couvent en question disposait d'importantes dépendances (réfectoires, écoles, hospices et bibliothèque) ce qui explique l'étendue de la basilique actuelle. L'église, qui comporte à elle seule trois nefs et 36 chapelles latérales, a depuis été ornée de différentes œuvres car l'édifice restera sans décoration jusqu'au 18è siècle, n'offrant que des murs blanchis. Côté couvent, il existe toujours deux cloitres, le cloitre des Morts et le Grand cloitre. Photos ou pas, la visite de l'endroit vaut la peine d'être faite.


 

Je ne sais pas pourquoi on trouve ici une telle concentration de « palazzo » (palais, mot dérivant du latin de la colline palatine de Rome). L'existence du palais commence dès l'âge de bronze , avant d'être conforté au Moyen-Âge. Ces demeures reflétaient la plupart du temps les richesses et la puissance des familles détentrices. Il en va ainsi du Palais Guadagni, bâti en 1505 et qui fut le premier à disposer d'une loggia au dernier étage (ci-dessous). L'édifice, qui abrite aujourd'hui un hôtel, fut l'oeuvre de Simone del Pollaiolo et offre un cadre agréable pour celui qui souhaite trouver un peu de repos. Le propriétaire de l'établissement me confiera que ce palais servira de résidence pour le Premier ministre italien lorsque Florence sera l'éphémère capitale de l'Italie, alors jeune république.


 

Ici, tout est à deux pas, et il ne me faudra que quelques minutes pour me rendre au Palazo di Bianca Cappello, ouvrage datant de 1566, qui abrita la maitresse de François 1er de Médicis. Propriété à l'origine de la famille florentine Corbinelli, c'est François 1er de Médicis qui en ordonnera la construction pour sa belle Bianca Cappello. L'histoire de ce couple, qui s'unira à la suite de la mort prématurée de Jeanne d'Autriche, se terminera tragiquement puisque l'un et l'autre mourront par empoisonnement à l'arsenic, à quelques heures seulement d'intervalle. Du palais, ne restent aujourd'hui de visible depuis la rue que les fresques grotesques qui embellissent la façade grâce au talent de Bernardino Poccetti. Désormais propriété de la ville, l'édifice sert de lieu d'archivage pour la conservation et la restauration de livres anciens.


 

La Via Maggio sur laquelle se dresse le Palazzo di Bianca Cappello sera percée au 13è siècle mais ne commencera à attirer les Florentins fortunés qu'après l'installation des grands-ducs au Palais Pitti, tout proche. Et chacun de rivaliser de faste en s'y faisant bâtir de somptueuses demeures comme les palais Ricalosi (N°7), Rosselli del Turco (N°40) ou Bianca Cappello (N°26).

Autre demeure sans être pour autant un palais, la Casa Guidi, qui servira de résidence au poète Robert Browning et à son épouse Elizabeth, de 1846 à 1861. Peu de Florentins, et encore moins de touristes connaissent l'existence de cet endroit qui abrite pourtant l'ancien nid d'amour de nos deux poètes : le couple, qui vécut dans la plus stricte simplicité, y loua un pied à terre au temps de ce qu'on pourrait appeler l'épopée de la communauté anglaise de Florence. La maison fut d'ailleurs vite surnommée la Casa Browning, le couple ayant finalement précédé de peu l'arrivée de la première vague d'artistes britanniques en quête d'inspiration artistique sur les bords de l'Arno. L'appartement des Browning est ouvert à la visite (voir infos pratiques) et il est même possible de louer un appartement pour une ou plusieurs nuits dans cet endroit si reposant.

C'est tout naturellement que je remonte en direction de la Piazza de Pitti, en laissant le célèbre palais à ma droite. Ayant déjà visité l'endroit, je m'aperçois que je suis passé à côté de quelque chose qui était pourtant à ma portée, dans la cour d'entrée du palais : un bas-relief dédié à...l'une des mules qui furent misent à contribution lors de la construction de l'édifice pour transporter les matériaux. Et l'animal d'avoir tant travaillé qu'il mourut un jour d'épuisement. C'est en remerciement pour les services rendus qu'on érigeât à cet endroit ce modeste monument flanqué d'une épitaphe « Limonières, cailloux et marbres, bois et colonnes/ Il porta, tira et transporta également cette pierre ». Une plaque commémorative qui rend aussi hommage aux ouvriers ayant oeuvré sur le chantier et à leurs instruments de travail. Un détail pourtant, l'effigie de l'animal ne montre pas s'il s'agit d'une mule ou d'un mulet !

 

En face du Palais Pitti s'élève un immeuble qui possède deux numéros (ci-dessus): le 7 et le 1702. Plutôt inhabituelle, cette pratique est ici pourtant courante. Dans le cas présent, le numéro 1702 correspondrait à l'ancienne numérotation des maisons florentines. Celle-ci partait du pont Vecchio (lequel portait par conséquent le N°1). Ce système unitaire se ramifiait ainsi à travers la cité en suivant un itinéraire encore plus complexe que celui de Venise, basé sur un numérotage d'immeubles réparti par sextiers (quartiers anciens). Dans l'Oltrarno, la première maison portait le N°1289. Puis le numérotage de se poursuivre sur l'autre rive du fleuve, dépassant même le chiffre 8000 dans le quartier de Santa Croce. C'est en 1865 que fut réformé le système afin d'introduire le numérotage actuel, rue par rue, et place par place. C'est ainsi que l'immeuble qui nous intéresse passa du N°1702 au...N°7. Autre spécificité florentine cette fois : l'affichage des numéros des domiciles privés à l'aide de chiffres de couleur bleu foncé et les numéros des édifices publics et/ou des bureaux avec des chiffres de couleur rouge. Capito ?

 

On évoque souvent le côté froid et austère de cette grande façade du Palais Pitti mais celle-ci ne cacherait -elle pas un message ? La couleur ocre de ses grosses pierres lui donne un certain charme et les fenêtres, relativement larges mais de taille irrégulière participent au style Renaissance. Pourtant, en nous penchant de plus près sur l'alignement des pierres, on remarquera que les blocs rectangulaires saillants, de forme plus ou moins régulière, deviennent de plus en plus petits à mesure que le regard se déplace du bas vers le haut. Autre énigme, dans la partie basse, deux blocs ont des dimensions particulières et différentes des autres. L'un des blocs de pierre est très long, et l'autre très court. Ne serait-ce pas un message de Luca Pitti, le banquier florentin et commanditaire du projet, qui aurait fait mettre ces pierres afin de s'identifier à la grande (long bloc de pierre) face à la plus courte (qui représenterait alors ses rivaux en affaires, à la fois jaloux de sa réussite et de son nouveau palais). Nul ne le sait vraiment. Si seulement notre lion (ci-dessus) pouvait parler...

 

INFOS PRATIQUES :

  • Casa Guidi, Piazza San Felice, 8 à Florence. Tél : +39 055 354 457. Ouvert du 1er avril au 30 novembre les lundi, mercredi et vendredi de 15h00 à 18h00. Entrée libre et dons bienvenus. Réservation d'une nuit : https://www.landmarktrust.org.uk/terms/booking-tandc/
  • Cenacolo di Santo Spirito, Piazza di Santo Spirito, à Florence. Prise de photos et vidéos interdites.

  • Palazzo Guadagni, Piazza di Santo Spirito 9, à Florence. Tél : +39 055 265 83 76. http://www.palazzoguadagni.com

  • Pour les passionnés de Pinocchio : Bottega de Mastro di Gepetto, 16 Via di Guicciardini, à Florence . http://bottegamarchiani.blogspot.com/











 



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