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Les Héros de la France éternelle-De Louis X à Philippe V
(17)(France)
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Lundi 31 janvier 2021

 

Successeur de Philippe le Bel, et douzième roi de France de la dynastie dite des Capétiens directs, Louis X, surnommé « le Hutin » (l'entêté) ne règnera que moins de deux ans, de 1314 à 1316. Un règne marqué par l'hostilité de la noblesse aux réformes fiscales et de centralisation mises en œuvre par le Grand chambellan de France, du temps de Philippe IV. A la disparition subite de Louis X en juin 1316, son fils, à qui la reine Clémence donne naissance en novembre de la même année, et intronisé roi de fait, ne survivra que quatre jours, d'où son nom, Jean 1er le Posthume. Devant l'absence d'héritier mâle direct, c'est au frère de Louis X, Philippe V le Long que reviendra le trône de France.

 

Ainsi le (court) règne de Louis X ne sera t-il pas de tout repos. Le nouveau souverain devra affronter les révoltes suscitées par son père, en octroyant des concessions à une noblesse bien turbulente. Et de tenter d'augmenter les revenus royaux tout en amorçant quelques réformes en libérant les serfs et en autorisant les Juifs à rentrer en France.

Isolé dans un conseil restreint, Louis X cherche alors l'appui de ses frères, Philippe de Poitiers et Charles de la Marche. Compte tenu que Charles, le plus puissant, souhaitait revenir sur les réformes de Philippe le Bel, Louis X se tourne vers Philippe de Poitiers, en échange du comté de Bourgogne.

La fronde menée par les nobles est soutenue par le peuple opprimé par les taxes et les impôts. A ce stade, la parole du roi est devenue inaudible et la monarchie subit un véritable recul tout particulièrement dans le domaine fiscal : le souverain ne peut plus lever d'impôts indirects puisque la noblesse désire battre sa propre monnaie, et les provinces sont de leur côté rebelles à de nouvelles taxes. Et le monarque d'octroyer en 1315 une série de chartes provinciales censées répondre aux préoccupations des gens sans oublier de redonner un certain pouvoir aux nobles et à l'aristocratie. De même, par une ordonnance de 3 juillet 1315, et moyennant finance, Louis X abolit le servage et, tout en arguant que tous les hommes sont nés libres, déclare que les serfs sont désormais libres, chaque serf devant toutefois racheter sa liberté. Toujours dans l'espoir de faire revenir l'argent au royaume de France, le roi émet, en juillet 1315, une charte autorisant le retour des Juifs, sous certaines conditions : réintégrés pour une durée de douze ans, ces derniers devront porter un brassard en permanence et vivre uniquement dans les parties du royaume où les communautés juives vivaient préalablement. Ils seront aussi privés du droit d'usure.

Reste à trouver une solution au conflit militaire opposant le royaume au comté de Flandre. Alors qu'au 14ème siècle, le comte de Flandre règne sur un « Etat immensément riche », les souverains français prétendent exercer une suzeraineté sur ce territoire, sans succès jusque là. Louis X mobilise bientôt une armée le long de la frontière flamande le 31 juillet 1315, mais cette défiance s'essoufle vite par l'absence de combats et l'enlisement de l'ost royal dans la Lys en crue. Dépité, Louis X rebrousse chemin mais interdit les exportations de céréales et autres matériaux vers la Flandre. Un blocus difficile à faire respecter, qui donnera naissance à des activités de contrebande nuisibles au développement du commerce.


 

A la suite d'une partie de jeu de paume à Vincennes, au début du mois de juin 1316, Louis X boit un verre de vin glacé, est rapidement pris d'un malaise, puis décède d'une pneumonie quelques jours plus tard. Sans roi, la France assiste en novembre de la même année à la naissance du fils de la reine Clémence, Jean 1er le Posthume. L'enfant mourra au bout de quatre jours mais sera nommé roi de son vivant. Il deviendra ainsi le seul roi de France à avoir régné de sa naissance jusqu'à sa mort. Des légendes viendront cependant contester le décès du bébé royal. Faute de descendant mâle, la succession à la couronne sera alors régie selon le principe de la masculinité, et la noblesse française opte alors pour offrir le trône de France au frère de Louis X, Philippe V le Long, qui avait été nommé régent du royaume depuis la disparition de son frère Louis X.


 

Quatorzième et avant-dernier monarque de la dynastie dite des Capétiens directs, et arrière-petit-fils de Saint Louis, Philippe de Poitiers, aussi appelé Philippe V dit « le Long », est sacré roi de France en l'église Saint-Rémi-de-Reims le 9 janvier 1317. Le nouveau souverain réunira quelques semaines après les Etats généraux à Paris, suite aux troubles qui surviennent en Champagne et en Bourgogne. L'homme, qui régnera moins de six ans s'affichera toutefois comme un roi puissant et populaire, malgré la situation critique du pays qui souffre alors de mauvaises récoltes. Une Grande famine survient ainsi de 1315 à 1317 en Europe : l'alternance entre périodes de sécheresse et pluies abondantes ont dévasté l'agriculture au nord de l'Italie (Piémont, Emilie et Lombardie), et gravement affecté l'Angleterre et la France, au point qu'il devient impossible de nourrir les populations dont le nombre avait augmenté les siècles précédents. Pour de nombreux historiens,, ce drame signe la fin de la croissance démographique du 11è au 13è siècle, tant il y a de morts (entre 5 et 10% des habitants).

Marchant dans les pas de son père, Philippe le Bel, Philippe V s'efforce d'asseoir la couronne de France sur une solide base fiscale tout en révoquant certaines décisions prises par son frère Louis X. Il instaure également des réformes au sein de son gouvernement en réformant la monnaie et en standardisant les poids et mesures. Et de rééditer, en 1317, un acte promulgué par son père, qui condamne l'aliénation et le vol de ressources royales et des postes administratifs dans les provinces. Un an plus tard, sa légitimité en tant que souverain étant définitivement assurée lui permet de poursuivre ses réformes, en marquant la distinction entre le domaine royal français (ensemble des terres et des titres appartenant à la couronne) et les terres et titres confisqués par la couronne pour diverses raisons. Désormais, les terres offertes par la couronne à certains nobles proviendront forcément de ces terres confisquées.

Philippe V a pris soin de s'entourer de légistes compétents et de comptables efficaces. Le Trésor est organisé puis confié à Henri de Sully, grand bouteiller de France. Le roi crée aussi la Chambre des Comptes (future Cour des comptes) en janvier 1320.


 

Philippe V parvient aussi à trouver une solution au problème flamand. Les mesures de rétorsion (arrêt des exportations de grain et d'autres matériaux vers la Flandre) ordonnées par Louis X mécontente Robert III de Flandre qui mobilise des troupes en 1314 et 1315. Mais Philippe V et Robert III cherchent malgré tout un compromis : ce dernier rend hommage au roi de France en 1320 au Palais de la Cité, avant d'accepter moins d'un mois plus tard, de marier son petit-fils et héritier, Louis de Crécy, avec Marguerite, deuxième fille du roi de France .

Outre manche, Edouard II, roi d'Angleterre et beau-frère de Philippe V oublie d'honorer la tradition féodale consistant à rendre hommage au roi de France pour les terres qu'il possède en Gascogne. Le souverain anglais refuse aussi de prêter un serment de fidélité personnelle à Philippe V, ce qui entrainera le début de nouvelles tensions entre les deux pays, des tensions qui s'aggraveront après le décès de Philippe en 1322.

Le roi Philippe V jouera un rôle déterminant dans la recrudescence des croisades au 14è siècle, des croisades souhaitées par le pape Jean XXII, pour par exemple soulager les Arméniens des turpitudes musulmanes. L'avant-garde de la croisade embarque en 1319 mais la flotte française est détruite au large de Gênes.Après consultation des commandants militaires durant l'hiver 1319-1320, le souverain prépare une seconde expédition. Survient alors une insurrection populaire (ou croisade populaire, appelée la croisade des Pastoureaux) dont l'origine remonte à des groupes de jeunes paysans ayant effectué un pèlerinage au Mont Saint-Michel. Des prêches enflammés prononcés par un bénédictin apostat durant ce voyage les convainquent de partir combattre les infidèles. Et des bandes entières de pastoureaux (bergers) de converger vers Paris qu'ils atteignent le 3 mai 1320. Ce mouvement dégénère bientôt, au point de menacer les Juifs, les places royales, le clergé et la capitale elle-même. Philippe V fera alors exécuter les Pastoureaux dont les survivants s'enfuiront au-delà des Pyrénées.

Une autre peur se diffuse dans le royaume, celle des lépreux. Dès 1321, certains prétendent que ces malades auraient empoisonné les puits de plusieurs villes, sur ordre de la communauté juive secrètement missionnée par les Musulmans. Philippe V publie alors un édit ordonnant que tout lépreux coupable d'empoisonnement soit brûlé et que ses biens soient confisqués par la couronne. Mais des déchainements de violence surviennent et mettent le roi de France dans l'embarras.

Atteint de dysenterie et de paludisme à partir d'août 1321, Philippe V décède après cinq mois de souffrance et à l'âge de 29 ans. Mort sans descendant mâle, il aura pour successeur son frère cadet Charles IV le Bel. Ce dernier décédant également sans descendant mâle quelques années plus tard aboutira à la revendication du trône de France par Edouard III d'Angleterre et au déclenchement de la guerre de Cent Ans.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Livre « Louis X, 1314-1316 : Fils de Philippe IV le Bel » de Ivan Gobry (Pygmalion)
  • Livre « Philippe V, 1316-1322 : Frère de Louis X » de Ivan Gobry (Pygmalion)







 



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