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Exposition "La demeure de l'Archange, 1000 ans d'histoire et de création à l'abbatiale du Mont-Saint-Michel"
(Mont-Saint-Michel, Manche, France)
Heure locale

 

Lundi 7 août 2023

 

C’est dans le cadre de la célébration du millénaire de l’église abbatiale du Mont-Saint-Michel (50) fondée par Hildebert III en 1023, que le Centre des monuments nationaux et l’établissement public national du Mont-Saint-Michel présentent l’exposition « La demeure de l’Archange, 1000 ans d’histoire et de création à l’abbatiale du Mont-Saint-Michel ».

 

Que l’on soit croyant, ou pas, une visite au Mont n’est pas seulement une excursion sur un lieu touristique, mais le retour aux racines de notre histoire, celle précisément que certaines élites françaises aimeraient bien voir disparaître, à l’instar de ce qui fut fait durant la révolution française.Seulement voilà, les choses ne sont pas aussi simples et quelques malfaisants ne peuvent rayer d’un trait de plume mille ans d’histoire surtout lorsqu’il s’agit d’un site exceptionnel au rayonnement international empreint d’une forte spiritualité, que notre république, aux fins de mois difficiles,a réussi à transformer en centre de profits.

Nostalgique de l’ancien aménagement du Mont, moi qui ne me trouve qu’ moins de quarante kilomètres de l’Archange, je reconnais que les aménagement réalisés ont permis une plus grande mise en valeur du site et de son joyau.

 

La présente exposition permet de (re) découvrir l’histoire et l’architecture de la fameuse abbatiale, qui est le résultat de plusieurs siècles de constructions, reconstructions et restaurations, ainsi que les décors, aménagements et objets qui y étaient jadis présentés et qui ont disparu depuis. Et le visiteur à la recherche du beau sera comblé en admirant la trentaine de pièces exceptionnelles, œuvres d’art, objets religieux et documents exposés pour l’occasion au cœur même de l’église abbatiale dont ils éclairent l’histoire. Certaines de ces pièces n’ont encore jamais été montrées au public, comme la représentation du Mont-Saint-Michel sur une plaque de fondation de Saint-Jean-des-Champs, réalisée en 1700 ou encore un calice en cristal de roche émaillé du XVIIème siècle (en photo ci-dessous) provenant au trésor de l’abbaye.

 

Dès le début du parcours de la visite de l’abbaye, le visiteur se familiarise avec cette très longue histoire, au cours de son ascension du Grand Degré intérieur, à l’aide d’une chronologie illustrée qu retrace les principaux évènements et phases de construction depuis la fondation par Aubert en 708 du premier sanctuaire dédié à l’Archange Saint Michel.

 

La première structure « de pierre » serait l’église Notre-Dame-sous Terre au Xème siècle. L’église abbatiale fit en ce qui la concerne l’objet de plusieurs périodes de construction, même si la tradition retient la date de 1023 et le nom de l’abbé Hildebert comme commanditaire de la construction.

Une fois arrivé au sommet, dans l’église, le visiteur découvre les techniques architecturales, la description d’un chantier médiéval, et les éléments de décor comme par exemple, les chapiteaux qui ornaient il y a mille ans le choeur roman aujourd’hui disparu. Ce décor, formé de volutes, lions affrontés et oiseaux fantastiques est semblable à certaines enluminures produites dans le scriptorium du Mont-Saint-Michel.


 

A partir de 1516, le pape donna au roi de France la possibilité de nommer lui-même l’abbé, d’où l’appellation de « commanditaire », une fonction qui se trouvait auparavant trop fréquemment accaparée par des favoris du souverain, lesquels profitaient avec avidité des richesses de l’abbaye sans pour autant en assumer les fonctions et les responsabilités. Une situation qui entrainera le déclin progressif des abbayes françaises, déclin auquel le Mont Saint-Michel n’échappera pas.

Et c’est donc une abbaye en mauvais état que les douze jeunes bénédictins Mauristes, venus réformer l’abbaye, vont trouver à leur arrivée en 1622.


 

Au fil du temps, le Mont Saint-Michel, reconnu en tant qu’objet patrimonial,,fut inscrit sur la liste des monuments historiques protégés de 1862.bDix années plus tard, on nomma l’architecte Edouard Corroyer comme responsable des travaux de restauration et l’Etat, désormais propriétaire de l’abbaye, prit en charge le chantier.

C’est cette restauration menée à la fin du XIXème siècle qui donna à l’édifice l’apparence qu’on lui connait aujourd’hui, avec la construction de la flèche néogothique par Victor Petitgrand.

Au fil du parcours, maquettes, vidéos, iconographie, ainsi qu’une statuette de l’Archange Saint-Michel, viennent étayer le propos. Une maquette du Mont-Saint-Michel (en photo ci-dessus), une reproduction de celle qui avait été réalisée fin XVIIème pour le roi Louis XIV, et aujourd’hui conservée au musée des Plans-Reliefs, a été restaurée pour l’occasion. Présentée dans la nef de l’église, celle-ci permet de montrer le monument tel qu’il était à l’époque classique. C’est cette silhouette qui eut la plus grande longévité, entre la construction du choeur gothique et la démolition de la façade et d’une partie de la nef romane.


 

L’abbaye du Mont Saint-Michel, lieu de dévotion et de pèlerinage, sera aussi un objet politique : ainsi, en 1472, le roi Louis XI ordonnera t-il l’aménagement d’une prison d’Etat dans l’abbaye. Puis, en 1789, et après le départ des religieux, l’activité carcérale de l’abbaye se poursuivit, jusqu’à contenir près de 700 prisonniers dans ses murs dont des femmes et des enfants. Au XIXème siècle, l’activité de cette prison aura une incidence sur l’abbaye, jusqu’à sa fermeture définitive en 1863.

Le Mont Saint-Michel figure donc comme le quatrième grand lieu de pèlerinage de la chrétienté, derrière Jérusalem, Rome et Saint-Jacques-de-Compostelle.

Saint-Michel, en tant que vainqueur du démon, peseur d’âmes et passeur d’âmes y tient une place à part.Et l’abbaye du mont, comme toutes les grandes abbayes du Moyen-Âge, abrita un trésor dont les reliques complètent le pouvoir attribué à l’Archange.

Dans le bras nord du transept, l’exposition aborde le saint fondateur et les pèlerinages. On admirera au passage le reliquaire (ci-dessous) du chef de Saint-Aubert.Son crâne fait d’ailleurs l’objet d’une légende, laquelle raconte la perforation laissée par le doigt de Saint-Michel lorsqu’il commanda à l’évêque d’Avranches d’élever un sanctuaire en son honneur sur le mont Tombe. Après avoir été redécouvert dans le plafond d’une cellule de moine, le corps de Saint-Aubert, divisé en quatre parties (la tête, les bras et le corps) fut conservé dans des reliquaires précieux qui furent fondus en 1791 durant la révolution. C’est en 1895 que le père Douville passa commande d’un nouveau reliquaire, un imposant objet de 30 kg d’argent doré s’inspirant du tabernacle de la chartreuse de Pavie (Italie), et dont le dôme porté par de petites arcatures surplombe une partie ajourée dont les vitres laissent entrevoir le crâne du saint sur toutes ses faces. Par ailleurs, des statuettes d’anges arborent les insignes épiscopaux (anneau, mitre, crosse et croix). Au sommet du reliquaire, l’archange transperçant le crâne de l’évêque Aubert rappelle ce moment essentiel du mythe originel de l’abbaye du Mont- Saint-Michel.

D’autres moules à enseignes, bannières de pèlerinage, un bâton de procession et autres objets en relation avec le saint fondateur sont également présentés.


 

Rappelons que le XIXème siècle fut un grand siècle de dévotion vis à vis de Saint-Michel, en faisant réapparaitre certaines de ses attributions oubliées ou renouvelées. Et l’Archange chevalier de devenir ainsi une sorte de garant de la foi à l’époque anticléricale des années 1850, puis un protecteur de la Nation lors de la guerre franco-prussienne de 1870-1871.

La poursuite du parcours de visite à l’intérieur du bras sud du transept permet d’admirer le trésor de l’abbaye, reconstitué au XIXème siècle lors de la reprise d’une vie religieuse à la suite de la dispersion des moines et de la transformation de l’endroit en prison. Cette reproduction de la couronne de Saint-Michel (ci-dessous en photo) a été réalisée par la célèbre maison de joaillerie parisienne Mellerio dits Meller, pour la statue grandeur nature de l’Archange. Cette œuvre d’Alexandre Chertier se trouve désormais à l’église paroissiale Saint-Pierre du village du Mont-Saint-Michel. A noter qu’il s’agit là de la seule sculpture à s’être vue accorder les honneurs d’un couronnement, un honneur octroyé en 1875 par le pape Pie IX.


 

Au-delà de ce parcours, le public est convié à poursuivre la visite de la demeure de l’Archange en déambulant dans les chapelles rayonnantes dans lesquelles sont mis en valeur les éléments pérennes du décor de l’abbatiale.

Dans cette même section, une projection au sol représentant une toile de lin brodée au petit point est diffusée. C’est le 8 mai 1874 que ce tapis aux armes de l’abbaye (ci-dessous) a été rajouté au décor de l’église abbatiale, le 8 mai étant traditionnellement le jour de fête commémorant l’apparition de Saint-Michel à Saint-Aubert.

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Exposition « La demeure de l’Archange, 1000 ans d’histoire et de création à l’abbatiale du Mont-Saint-Michel », jusqu’au 5 novembre 2023, à l’Abbaye du Mont-Saint-Michel, au Mont-Saint-Michel (50) https://www.abbaye-mont-saint-michel.fr










 



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