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Nancy et ses trois plus belles places
(Meurthe-et-Moselle, France)
Heure locale

 

Lundi 4 septembre 2023

 

Cette année, Nancy célèbre le 40ème anniversaire de l’inscription de son ensemble urbain du 18ème siècle au patrimoine mondial de l’UNESCO, de la place Stanislas, de la place de la Carrière et de la place d’Alliance. Plusieurs temps forts marqueront cette commémoration d’ici à la fin de l’année mais un retour en arrière s’impose pour comprendre l’enjeu historique des trois célèbres places nancéiennes.

 

Plus que de simples lieux de rassemblements, les places Stanislas, de la Carrière et d’Alliance furent inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1983 comme témoignage unique de la pensée urbaine du siècle des Lumières.

"Nancy, résidence temporaire d'un roi sans royaume devenu duc de Lorraine, Stanislas Leszczynski, est paradoxalement l'exemple le plus ancien et le plus typique d'une capitale moderne où un monarque éclairé se montre soucieux d'utilité publique. Réalisé de 1752 à 1756 par une équipe brillante sous la direction de l'architecte Héré, le projet, d'une grande cohérence, s'est concrétisé dans une parfaite réussite monumentale qui allie la recherche du prestige et de l'exaltation du souverain au souci de la fonctionnalité", souligne l'UNESCO. "Construites de 1752 à 1756, les places de Nancy composent un espace urbain monumental dont la valeur réside dans l’exemplarité et la variété de son programme, dans la subtilité de sa scénographie, dans la richesse de son architecture et de son ornementation."

« Prétendant malheureux au trône de Pologne, Stanislas Leszczynski, beau-père du roi de France Louis XV, reçut pour prix de son abdication les duchés lorrains à titre viager. Il y régna de 1737 à 1766. Les travaux d’urbanisme de Nancy sont les plus belles réalisations du mécénat de ce prince », rappelle l’UNESCO.

Lorsque Stanislas Leszczynski arrive dans la cité ducale en 1737, il découvre une ville partagée en deux blocs urbains, séparés par un front bastionné, des fossés et une esplanade. Au nord, se dresse la Ville Vieille,, de forme concentrique, où siège le palais ducal, et au sud, la Ville Neuve, de style Renaissance, avec ses rues droites parallèles voulues par Charles III au 17ème siècle.

Libre de toute obligation gouvernementale, Stanislas, qui jouit alors d’une rente conséquente versée par le roi de France, s’emploie à développer de nombreuses œuvres caritatives et à défendre l’art et la culture, où l’architecture et l’urbanisme occuperont une grande place.

En 1751, son projet d’embellissement de Nancy et d’édification d’une place Royale en lieu et place de l’esplanade séparant les deux villes se heurte dans un premier temps à l’opposition du maréchal de Belle-Isle car ces travaux impliquent la destruction des bastions d’Haussonville (dont on peut encore apercevoir les vestiges au sous-sol du Musée des Beaux-Arts) et de Vaudémont ainsi que du rempart les reliant.

Stanislas envisage alors de réaliser son projet place du Marché dans la Ville-Neuve mais doit faire face à une levée de boucliers des commerçants. Avant de se résoudre à adapter son projet initial de manière à le rendre acceptable par les militaires, à l’issue de longues négociations validées le 20 janvier 1752.

Les travaux qui débutent dans la foulée, sont menés tambour battant, grâce au concours des meilleurs architectes et artistes de l’époque et plusieurs centaines d’ouvriers : La place Stanislas est ainsi inaugurée le 26 novembre 1755.

 

 

Cette place, destinée à s’attirer les faveurs du monarque, a de multiples enjeux :

- Un enjeu politique, avec l’ambition d’élever une place en l’honneur du roi de France, Louis XV, qui deviendra le souverain des Lorrains au décès de Stanislas. Il est intéressant d’observer que plus on se rapproche de l’Hôtel de Ville, plus la symbolique des éléments décoratifs met en valeur Stanislas, au détriment de son gendre, Louis XV.

- Un enjeu urbain, qui consiste à relier les deux centres historiques d’une même ville, avec, l’utilisation par l’architecte Emmanuel Héré, du tracé directeur de la place de la Carrière (édifiée par Chrétienne de Danemark au 16ème siècle) dont l’axe central servira de colonne vertébrale à l’ensemble architectural.


 

Des trois places inscrites au patrimoine de l’UNESCO en 1983, la place Stanislas (anciennement place Royale) demeure la plus imposante par l’abondance et la beauté de ses bâtiments et de ses décors :

 

- Le Pavillon de l’Hôtel de Ville : plus grand édifice ayant pour vocation d’abriter l’Hôtel de Ville, il a nécessité la destruction de plusieurs hôtels particuliers, au moins en partie, et de cacher ce qui en restait derrière la nouvelle façade longue de 90 mètres (dont seulement une partie est à ce jour dédiée à l’hôtel de Ville).

 

- Le Pavillon Alliot (actuellement Grand Hôtel) : il porte toujours le nom de son premier propriétaire, l’intendant de la maison de Stanislas.

 

- L’Hôtel des Fermes (actuel centre des impôts) : il deviendra Evêché jusqu’à la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, puis Opéra en 1919.

 

- L’Hôtel du Collège de Médecine et de Chirurgie(anciennement Théâtre de la Comédie jusqu’à son incendie en 1906) : désormais Musée des Beaux-Arts depuis 1936.

 

- Le Pavillon Jacquet, qui est toujours resté une propriété privée.

 

- Les « basses faces » : bâtiments d’un seul étage pour ne pas gêner, en cas de besoin, le tir des canons depuis les remparts de la Ville Vieille.

 

- Les fontaines : conçues pour maintenir les angles dégagés, tout en masquant les bastions situés à l’arrière. Un ensemble de bassins ornés de sculptures en plomb de Barthélémy Guibal, dont la thématique rappelle la sculpture versaillaise.

 

- La statue Stanislas, œuvre de Georges Jacquot, représente le monarque en habits polonais vêtu du manteau royal. Elle pèse 5400 kg, mesure 4,13 mètres et fut installée en 1831. Remplaçant la statue de louis XV, cette statue n’en est pas moins un éloge au monarque.

 

- L’arc Héré (ou arc de Triomphe) : dessiné par l’architecte Emmanuel Héré, il est bâti sur l’emplacement de l’ancienne porte Royale érigée par Louis XIV. Sa corniche abrite des statues de Cérès, Minerve, Hercule et Mars, sur le thème de la guerre.


 

Depuis la place Stanislas, une chaussée conduit à la place de la Carrière, depuis l’arc Héré. Celle-ci voit ses façades entièrement rhabillées afin de créer une unité architecturale. Au bout de cette place se dresse le Palais du Gouvernement, siège de l’autorité française sur la Lorraine, bordé d’un jardin royal.

Créée au 16ème siècle, puis remodelée deux siècles plus tard, la place de la Carrière fut à l’origine un lieu de joutes et de tournois, d’où son nom de « Carrière ». A l’entrée de cette place, deux bâtiments se font face : l’Hôtel Craon (Cour d’Appel) et la bourse du Commerce (Tribunal administratif), puis, à l’autre extrémité, le Palais du Gouvernement encadré par un hémicycle orné de divinités antiques, un édifice qui hébergea du temps de Stanislas, l’intendant, alors représentant du roi de France.

 

La troisième place de cet ensemble est la place de l’Alliance (ci-dessous) : cet espace, plus intimiste, est bordé d’hôtels particuliers et d’une couronne d’arbres protégeant en son centre une fontaine célébrant l’alliance de la France et de l’Autriche en 1756.

Plus modeste que ses deux sœurs, l’endroit mesure environ un demi-hectare. Quant à la fontaine, elle est l’oeuvre du sculpteur Paul-Louis Cyfflé. Celle-ci comporte un bassin comptant plusieurs lobes, entourant une partie centrale constituée de trois vieillards barbus qui déversent l’eau dans le bassin. Ces trois statues représentant les trois cours d’eau, l’Escaut, la Meuse et le Rhin. Cyfflé se serait inspiré de la fontaine baroque des « Quatre Fleuves » de Bernini, pour la Piazza Navona de Rome.

La partie basse de la fontaine offre des figures allégoriques surmontées d’un obélisque de pierre, lui-même couronné d’un génie soufflant dans un clairon et tenant un médaillon.


 

Pour l’UNESCO,« Les places Stanislas, de la Carrière et d’Alliance à Nancy constituent un des paysages urbains les plus harmonieux de l’époque des Lumières, illustrant de façon exemplaire et magistrale l’idée de la place royale, espace urbain central et monumental.

Construites de 1752 à 1756, les places de Nancy composent un espace urbain monumental dont la valeur réside dans l’exemplarité et la variété de son programme, dans la subtilité de sa scénographie, dans la richesse de son architecture et de son ornementation.

Les façades ordonnancées dues à Emmanuel Héré, inspirées d’une première réalisation de Germain Boffrand, les grilles somptueuses qui ornent les angles ouverts dues à Jean Lamour, les fontaines de Neptune et d’Amphitrite du sculpteur Guibal, la fontaine de la place d’Alliance par Paul-Louis Cyfflé, font de cet ensemble un indéniable chef-d’œuvre.

Les places Stanislas, de la Carrière et d’Alliance constituent l’exemple le plus ancien et le plus typique d’une capitale moderne, où un monarque éclairé s’est montré soucieux d’utilité publique. À côté d’une architecture de prestige, exaltant le souverain, avec ses arcs de triomphe, ses statues, ses fontaines, le projet procurait à la population trois places qui donnaient accès à l’hôtel de ville, au palais de justice et au palais des Fermes, ainsi qu’à d’autres édifices publics. »

 

Plusieurs festivités sont inscrites au programme de ce 40ème anniversaire :

 

- Depuis le 16 juin dernier, « La belle saison », un vidéo-mapping célèbre l’alliance du patrimoine remarquable et de la création contemporaine. Les façades magnifiées de la place Stanislas deviennent l’une des plus imposantes surfaces de projection en Europe. Jusqu’au 10 septembre 2023, « La Belle Saison » métamorphose à nouveau le cœur de l’ensemble architectural du XVIIIème siècle. Basée sur l’innovation et la technologie, cette création numérique totalement inédite offre un nouveau spectacle inspiré par le thème de l’eau, chaque soir à partir de 22h00.

 

- Du 8 au 10 septembre, aura lieu la 45ème édition du Livre sur la Place qui accueille chaque année plus de 500 auteurs et 150 000 visiteurs. Le Livre sur la Place est le seul salon littéraire parrainé par l'Académie Goncourt.

 

- Jusqu’au 8 octobre, se tient, sous l’arc Héré de la place Stanislas, la présentation des sites du Grand Est classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, une invitation à voyager à travers la région, à la découverte de ces biens.

 

- Un nouveau jalonnement dédié à l’UNESCO vient s’ajouter aux parcours touristiques mis en place par la Métropole du Grand Nancy. Le visiteur est ainsi invité à découvrir la ville et son histoire en suivant les clous dorés, implantés au sol, qui jalonnent la visite vers les lieux d’intérêt, complétés par des totems d’information. Aux angles de chaque place de l’ensemble XVIIIème, des clous dorés sont marqués du logo de l’UNESCO. Des QR codes permettent d’accéder à une application web pour obtenir des informations patrimoniales.

 

- Pour sa 40ème édition, les Journées Européennes du patrimoine des 16 & 17 septembre seront l’occasion de célébrer « le patrimoine vivant » qui désigne les pratiques, les expressions, les connaissances et les savoir-faire transmis d’une génération à l’autre qui sont recréés en permanence comme les chants, les danses, les rituels, les fêtes, les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel ou encore les connaissances liées à la nature et l’univers.
De nombreux lieux seront ouverts et accessibles gratuitement à travers la ville, avec des animations centrées sur l’artisanat d’art et les savoir-faire anciens préservés et transmis au cours des siècles.

 

- Du 29 septembre au 1er novembre, aura lieu la 20ème édition du jardin éphémère sur plus de 2000 m2. Ce jardin, toujours très attendu par les habitants, est la vitrine de l’écologie urbaine et du savoir-faire des jardiniers de la Ville. Il attire également des touristes, chaque année plus nombreux, et séduit à chaque édition entre 600 000 et 700 000 visiteurs sur un peu plus d'un mois. Le jardin éphémère est en entrée libre et diverses animations gratuites sont proposées au public tout au long de sa présentation.

 

- Du 24 novembre 2023 au 7 janvier 2024 se tiendront les Fêtes de Saint-Nicolas, avec un défilé sur le thème du 18ème siècle : Saint Nicolas, Patron de la Lorraine depuis 1477, protecteur des enfants, est fêté tous les 6 décembre, surtout dans l’Est de la France ainsi que dans de nombreux pays d’Europe.

Pendant plus de six semaines, Nancy et sa métropole se pareront des couleurs de Saint Nicolas et offriront un espace féerique, joyeux, gourmand et généreux hors du temps et de la routine : villages commerçants et gourmands, illuminations, parcours artistique, attractions, spectacle son et lumières sur la façade de l'Hôtel de Ville, événements, spectacles, visites, animations, projets participatifs, sport, solidarité... Les Fêtes de Saint-Nicolas sont depuis novembre 2018 inscrites à l'inventaire français du Patrimoine Culturel Immatériel.

 

INFOS PRATIQUES :


  • 40ème anniversaire de l’inscription de l’ensemble urbain du 18ème siècle au patrimoine mondial de l’UNESCO, à Nancy (54) jusqu’au 31 décembre 2023.











 



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