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Eglise Saint-Denys de la Chapelle et Basilique Sainte Jeanne d'Arc
(Paris, France))
Heure locale


Mardi 2 juin 2015

 

Le 30 mai dernier, nous avons commémoré la mort de Jeanne d'Arc sur le bûcher, à Rouen, enfin symboliquement, car très peu de médias ne mentionnent cette date à l'heure où l'on se fiche éperdument de l'histoire de notre pays, à l'heure du grand remplacement. Nous sommes alors en 1431 et les juges de l'époque ne reculèrent devant rien afin de tenter d'obtenir de Jeanne la reconnaissance de ses fautes, jusqu'à ce 24 mai, une semaine avant son exécution, lorsqu'on la fit assister à un simulacre de bûcher au cimetière Saint Ouen à Rouen. Elle se retrouvera bien seule face à ses détracteurs et la petite fille de Domrémy pourra mesurer le chemin parcouru depuis sa naissance, vers 1412. La guerre de Cent Ans fait alors ravage dans notre beau pays, conflit qui opposera la dynastie des Plantagenêts à celle des Valois, et le royaume d'Angleterre à celui de la France. Cette guerre, qui se déroulera de 1337 à 1453, et connaitra plusieurs phases. L'Angleterre remportera d'abord plusieurs victoires jusqu'en 1364, date à laquelle la France reprendra la main. Et les Anglais de ne plus contrôler que quelques villes françaises en 1378. Le pouvoir royal français, lui, est alors affaibli, et a laissé la guerre civile envahir notre pays. Toute similitude avec des ressemblances d'aujourd'hui ne serait que... Henri V d'Angleterre profitera de la folie du roi Charles VI de France et de la guerre entre Armagnacs et Bourguignons pour attiser le conflit. Faisant alliance avec le camp bourguignon, Henri V obtiendra la couronne de France pour son fils Henri VI, par le traité de Troyes de 1420. L'action de notre petite Jeanne sera décisive en 1429 lorsqu'elle renforcera la légitimité de Charles VII, action qui permettra à ce dernier de signer la paix d'Arras avec le duc de Bourgogne, ce que les Anglais ne digéreront d'autant moins qu'ils n'occuperont plus que Calais en 1453. Notre héroïne nationale boutera l'Anglais hors de nos frontières...pour un temps, évitant ainsi la dilution de la nation française dans le bidule anglo-saxon. Contrairement à ceux qui, de nos jours, ne veulent ni rien voir, ni rien entendre, Jeanne,elle, entendit des voix, et sut ouvrir les yeux de Charles VII. Je ne savais pas qu'elle était passée si près de chez moi, dans ce qu'on appelle désormais le XVIII ème arrondissement de Paris.


 

C'est en feuilletant récemment le le guide des Saints de Paris, rédigé par Philippe Bornet (publié par les éditions Via Romana) que j'ai trouvé un site religieux commémoratif de celle qui vit désormais en tant que sainte dans le cœur de tous les « Français ». Située dans le quartier de la Chapelle, le long de l'une des plus anciennes routes de Paris, l'Estrée (qui existait déjà à l'époque gallo-romaine, et conduisait de Paris à Saint-Denis), cette église ne date pas d'hier : élevée sur l'emplacement des ruines d'un temple romain dédié à Bacchus, elle fut édifiée par Maurice de Sully (alors évêque de Paris), sur les fondations d'une chapelle qui fut bâtie en 475 par sainte Geneviève sur le tombeau de saint Denis. Et le village où les pèlerins affluaient alors pour vénérer les reliques, de prendre le nom de la Chapelle Saint-Denys. En effet, le col de la Chapelle, proche du sanctuaire gaulois du Lendit, aurait été l'emplacement de la tombe de saint Denys, premier évêque de Paris, décapité en 250. Cette première chapelle élevée par sainte Geneviève après avoir repoussé l'invasion des Huns, verra l'afflux de nombreux pèlerins dont le roi Childéric, et sa reine Frédégonde, qui feront inhumer leur fils Dagobert mort en bas âge (en 583). Le village va se développer autour de ce lieu de culte, qui prendra son nom. Et une communauté monastique s'y installera même en 625, avec Dodon pour abbé. C'est dans cette première chapelle qu'on retrouvera les reliques de saint denis jusqu'à ce qu'en 636, le roi Dagobert décide du transfert de celles-ci vers la basilique Saint-Denis, à quelques kilomètres de cet endroit. Délaissée, la pauvre chapelle se dégrada et sera détruite par les normands, avant de laisser place à l'église actuelle (ci-dessous) qui date de 1204. Il s'agissait à l'époque d'une construction légère, sans voûte de pierre, dans le style gothique primitif construction qui restera jusqu'au XIX ème siècle une petite église de village agricole. Quant au village, il devint une dépendance de la seigneurie des abbés de Saint-Denis, en 1229, profitant ainsi du dynamisme de la Foire du Landit, qui s'étendait jusqu'à Saint-Denis et jouissait à l'époque du privilège de la vente des parchemins, alors très recherchés par l'Université de Paris. L'endroit sera administré par un bailli, nommé, tout comme le curé, par l'abbaye. Cette situation durera jusqu'à la révolution.


 

En septembre 1429, Jeanne d'Arc se trouve non loin de là, dans le village de Monceaulx, c'est à dire tout près du 22, rue Legendre, car elle espère libérer Paris. Le 7 septembre, elle atteint le village de la Chapelle et loge au bailliage. Le lendemain, elle entend la messe et communie, tandis que ses 12 000 gens d'armes sont postés derrière la butte Saint-Roch.Peu de temps après, elle sera blessée par un carreau d'arbalète, porte Saint-Honoré (à hauteur du N°161 de la rue Saint-Honoré), puis sera ramenée sur les lignes arrière le temps de se faire soigner , au cantonnement Saint Denis (16, rue de la Chapelle). On vit dans cette blessure un avertissement du ciel, car Jeanne n'avait pas respecté la fête de la Nativité de la Vierge.D'autres personnes viendront plus tard prier dans cette même église, comme sainte Louise de Marillac, saint Jean-Eudes, ou Mgr Roncalli (futur bienheureux pape Jean XXIII, en 1952). 1757 verra la démolition du clocher-porche qui menaçait de s'effondrer et c'est à ce moment-là que fut édifiée la façade actuelle de l'église, dans le style classique. En 1770, un nouveau clocher sera construit, clocher abattu vers 1930 car il menaçait ruine. En 1814 et 1815, l'église Saint Denys de la Chapelle sera utilisée comme écurie par les armées prussiennes et russes. La Municipalité de Paris l'acquerra ensuite en vertu de la loi d'annexion du 16 juin 1859. Face à l'afflux de nouveaux habitants (suite à l'annexion de cette commune désormais industrielle, à celle de Paris en 1860), le diocèse créera la paroisse de Saint-Bernard de la Chapelle et fera agrandir l'église Saint-Denys en doublant la nef (en 1895). On retrouvera l'aspect original de la chapelle lors des travaux de rénovation en 1960. Quant à la statue de bronze de Jeanne d'Arc, œuvre du sculpteur Félix Charpentier, statue qui se trouvait depuis 1894 à droite du portail de l'église sera déplacée en 2004 sur le parvis de la basilique Saint Jeanne d'Arc.

L'église Saint-Denys de la Chapelle est soutenue par trois paires de piliers de style gothique primitif, auxquelles on ajoutera au XVIII ème siècle, sous Louis XV, une façade néo-dorique pour remplacer un porche datant du XIII ème qui retraçait la légende de sainte Geneviève. Sa façade arbore deux plaques commémoratives, la première rappelant le vœu solennel fait à Notre Dame de Paris le 13 septembre 1914, pour le salut de la Patrie, la seconde faisant référence à la veillée d'armes de Jeanne d'Arc le 7 septembre 1429. Le vitrail de l'oeil de bœuf est décoré des armoiries octroyées par Charles VII à Jeanne d'Arc : deux fleurs de lys, une épée férue dans une couronne, et la devise De par le Roi du Ciel. L'intérieur de l'église offre d'admirer sur la gauche une statue de sainte Jeanne d'Arc sur le bûcher, d'Albert Pasche, et sur la droite, une statue de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus. Les reliques non visibles de saint Denis et de sainte Louise de Marillac se trouvent également à cet endroit. Le lieu de culte est accolé à la basilique Sainte Jeanne d'Arc, construite après 1914. Le tout est malheureusement coincé dans l'architecture urbaine contemporaine.


 

Mitoyenne de l'église, la basilique Sainte Jeanne d'Arc, située au 18, rue de la Chapelle, à Paris (18è), sera édifiée selon le vœu de l'archevêque de Paris, le 6 septembre 1914. Il s'agissait alors de bâtir une église dédiée à la sainte de Domrémy, si Paris était libéré des troupes allemandes. Le jour même, l'avancée allemande stoppa et la bataille de la Marne commença. Le cardinal Amette prononcera une semaine plus tard et officiellement le vœu, lors d'une grande cérémonie sur le parvis de Notre-Dame. L'évènement rassemblera 30 000 fidèles. On envisage alors plusieurs emplacements pour la future basilique, jusqu'à ce que l'abbé Georges Derroitte, curé de Saint-Denys demande à ce que le lieu de culte soit érigé sur sa paroisse, où Jeanne d'Arc se serait recueillie en 1429. Un concours est lancé dès 1926 par le diocèse de Paris pour l'érection d'une église à la gloire de Jeanne d'Arc, aux côtés de l'église Saint-Denys de la Chapelle. Au total, 165 projets sont déposés, dont celui d'Auguste Perret : un clocher de 200 mètres de haut fait de béton armé et de vitrail. Ce sera finalement le projet de Georges Closson qui l'emportera, et la première pierre de l'édifice sera posée le 7 juin 1929. Du projet monumental prévu avec trois coupoles, on ne réalisera que la façade (sans les clochers) et une première coupole transformée en narthex en 1935. Et d'inaugurer la grande nef de Pierre Isnard, éclairée par les verrières de Léon Zack, en 1964.


 

Les travaux de la basilique, qui débuteront en 1930, se heurteront rapidement à une difficulté imprévue, celle de la présence de cavités souterraines. Il faudra alors prévoir la pose de trente énormes piliers de 18 mètres de long pour assurer une solide assise à la construction. La première phase des travaux ne prendra fin qu'en 1935. Le cardinal Verdier bénira cette même année la basilique et l'ouvrira au culte. Les travaux s’interrompront pour ne reprendre ...qu'en 1955, car il faudra détruire (puis reconstruire) l'école paroissiale située derrière l'église. Malgré la collecte, le projet de Georges Closson s'avérera trop coûteux et c'est Pierre Isnard qui reprendra les travaux, en 1959. Il faudra attendre 1964 pour voir l'achèvement de l'édifice, l'année du cinquantenaire du célèbre vœu et de la victoire de la Marne.

La façade de la basilique accueille une statue de Jeanne réalisée par Maurice Denonviller. Quant aux vitraux, ils sont l'oeuvre du peintre Léon Zack. Côté Place Torcy, petite place arborée, on aperçoit sainte Geneviève à gauche et Jeanne à droite. A noter que le vitrail dans son ensemble est dédié à Jeanne. Une autre statue en pied de la sainte est située à l'extérieur et est l'oeuvre de Félix Charpentier. A l'intérieur, on trouve la coupole initiale, avec, à gauche, près des plaques commémorant les morts des deux guerres mondiales, la tête-reliquaire de Jeanne avec une couronne d'épines autour du cou, œuvre de Maxime Real del Sarte. Une autre plaque rappelle que Monseigneur Loutil fit sa première communion dans l'église le 9 mai 1875. Sur la droite, on peut voir une statue en pierre, monumentale, en ange de la paix du même sculpteur. La nef fut construite en briques et en béton. Enfin, la paroisse possède un tableau de Jeanne d'Arc et Jean d'Aulon par Ary Scheffer.

Cette page d'histoire de notre capitale pour vous dire qu'à l'heure où les tout-puissants menacent de faire disparaître l'Histoire avec un grand H, il y a encore, rien qu'à Paris, une foule de lieux historiques, des plus célèbres aux plus insignifiants, et tout particulièrement plus de 300 saints parisiens qui vécurent à Paris, offrent encore aujourd'hui des trésors à notre portée et ne demandent qu'à être explorés.

 

INFOS PRATIQUES :


  • Eglise Saint Denys de la Chapelle et basilique sainte Jeanne d'Arc, 16 rue de la Chapelle, à Paris (18è). Tél : 01 46 07 35 52 (répondeur). Métro : Marx Dormoy. Permance du lundi au samedi (sauf le mardi) de 9h00 à 12h00 et de 15h00 à 19h00. Site internet : http://saintdenyslachapelle.fr/

  • Pour la rédaction de cet article, je me suis inspiré de l'ouvrage de Philippe Bornet, L'Evangile selon Saint Métro » (éditions Via Romana).

 

 










 



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