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Phaistos, Agia Triada et Matala
(Ile de la Crète, Grèce)
Heure locale

Mercredi 4 novembre 2015

 

Sur les conseils de l'office de tourisme d'Héraklion, je pars cette fois à la découverte de Phaistos, un autre palais minoen. C'est ma vraie première sortie en voiture sur l'île et je découvrirai des routes bien souvent en mauvais état (avec des trous dans la chaussée), des limitations de vitesse intempestives et ne se justifiant pas (un panneau annonce 20 km/h sur une route en pleine campagne et dégagée, et ce, sur une centaine de mètres seulement!). Ici, la coutume veut qu'on roule sur le bas-côté, à droite, lorsqu'on cherche à vous doubler, pour faciliter le passage du véhicule qui vous suit. Je me prêterai volontiers à cette manœuvre à chaque fois que l'espace sera suffisant. J'atteins bientôt la montagne et la route se transforme soudain en un long lacet. J'adapte ma vitesse, d'autant plus que la végétation déborde par endroits sur la chaussée. Il me faut une heure dix pour atteindre ma destination. Heureusement que je dispose d'un GPS pour me conduire à bon port car la majorité des panneaux indicateurs sont la plupart du temps en grec. Seuls les curiosités touristiques et le nom des principaux villages sont traduits.

J'atteins bien ma destination « Site archéologique de Phaistos » mais point d'entrée visible, ou de bâtiment en vue. Pas de panique : je poursuis ma route un kilomètre de plus et aperçois sur ma gauche, dans un virage, et en haut d'une côte, l'entrée des lieux et le parking. Le calme de la campagne contraste avec le bruit de la ville. Phaistos est pourtant une ancienne ville de cette côte sud de la Crète, dans la plaine de la Messara, mais ses habitants semblent s'être endormis à jamais.

Le site consiste essentiellement en des vestiges d'un palais minoen, l'un des plus anciens du genre. Contrairement à Knossos, où Arthur Evans effectua des restaurations du palais, d'ailleurs parfois discutées, le site archéologique de Phaistos est resté en l'état depuis sa découverte par des archéologues italiens. C'est donc à un véritable champ de pierres que me vais être confronté.

On sait que la colline qui accueille l'ancien palais de Phaistos fut habitée dès la fin de l'ère néolithique (4500-3200 avant J.C) et que des zones habitées d'importance se développèrent à cette époque, puis sous la période prépalatiale. Ces anciens campements furent ensuite suivis par la construction du premier palais de Phaistos (1900-1700 avant J.C) , au nord-est de la colline surplombant la plaine fertile de la Messara, ce qui permettait un contrôle totale de la zone. Parallèlement au palais, la ville de Phaistos poursuivra son extension jusqu'à la période hellénique (323-67 après J.C).

 

Le premier palais sortit de terre vers 1900 avant J.C. Il s'agissait d'une vaste construction, d'une superficie d'environ 8000 m2, qui se déployait sur trois niveaux de terrasses ancrées dans la colline. Le palais fut habité pendant 250 ans, durée pendant laquelle il connaitra la destruction puis sera restauré à trois reprises, avant d'être définitivement rasé de la carte en 1700 avant J.C, à la suite d'un violent séisme. C'est sur les ruines de ce premier palais que sera érigé le second palais, à la fois plus petit mais plus monumental que son prédécesseur. Ce deuxième palais sera, lui aussi, détruit en 1450 avant J.C, tout comme les autres palais crétois, probablement par un autre séisme de grande ampleur.

Après la disparition de ce dernier palais, la ville de Phaistos, elle, survécut bien longtemps après, jusqu'à ce que ses voisins de la cité de Gortys, situés à quelques kilomètres de là, ne l'anéantissent vers l'an 150 après J.C, au nom de leur pouvoir hégémonique sur la côte sud de l'île. En Crète, les palais minoens étaient davantage des lieux de vie politique, économique et religieuse, que de simple résidences pour élites. Et malgré sa forme en labyrinthe, l'ensemble du palais disposait d'un espace très bien étudié. Le point central était bel et bien la cour centrale (ci-dessous en photo) sur laquelle donnaient les différentes ailes du palais. La construction offrait des bâtiments de plusieurs étages faits en maçonnerie, avec des portes monumentales, de larges balcons, de vastes halls et des pièces luxueuses.


 

Je débute ma visite par la cour haute, la première des trois cours installées dans l'aile ouest du palais. La cour est traversée, du nord au sud, par un chemin processionnel utilisé jadis pour les processions sacrées et autres rituels. Compte tenu de sa hauteur, cette place jouait en quelque sorte le rôle d'observatoire, pour regarder ce qui se passait dans la zone ouest. En-dessous de cette cour, se trouvent la cour ouest et le théâtre (ci-dessous), espace pavé situé face à l'entrée principale du palais minoen, c'est à dire des escaliers et du Propylée qui se dressait autrefois. Cet espace, qui fut bâti à l'époque du premier palais, jouait un rôle important pour les occupants du palais. Cette cour comportait huit marches qui servaient de bancs aux spectateurs de ce qu’on appelait le théâtre. On s'y asseyait pour assister à des manifestations religieuses et à des fêtes. Cette cour ouest est également traversée par le chemin processionnel. Au temps du second palais, cette cour ouest avait été agrandie : elle était plus large et plus haute.


 

Autres curiosité du site : les puits circulaires (ci-dessous) : à l'extrémité sud de l'aile ouest, je remarque en effet quatre grands puits en pierre. On retrouve les mêmes structures au palais de Knossos et dans celui de Malia, structures dont on ignore toujours aujourd'hui l'usage. On pense qu'il pourrait s'agir d'entrepôts pour le grain ou encore de lieux d'offrandes aux sanctuaires du palais. Non loin de là, la façade ouest est construite à l'aide d'énormes blocs de pierre et répond aux règles de l'architecture minoenne pratiquée jadis. Nous l'avons vu précédemment, un Propylée s'élevait au sommet d'escaliers dans l'aide ouest, et symbolisait l'entrée principale du palais. Ce portique était formé d'une colonne centrale et de pilastres. Se dressait aussi un mur avec double ouverture et une colonnade formée de trois colonnes. Le sol était somptueusement pavé tandis que la colonnade donnait sur un puits à l'air libre qui collectait l'eau de pluie. Le Propylée offrait deux accès permettant de se rendre dans différentes parties du palais : le premier autorisait l'accès au péristyle, puis aux appartements royaux, et le second, conduisait à une antichambre débouchant sur les magasins puis la cour centrale.


 

Justement, ces magasins (ci-dessous) rassemblaient les pitoï, de grandes jarres destinées à stocker des denrées alimentaires, et occupait une bonne partie de l'aile ouest du palais. Ces locaux abritaient aussi des artisans. Dans le magasin qui recevait les pitoï géantes, les archéologues retrouvèrent des jarres ornées de motifs en forme de disques et de cordes. L'aile ouest offrait aussi plusieurs sanctuaires, avec ses bassins de purification. Il existait deux types de sanctuaires : certains possédaient des bancs disposés le long des murs de petites pièces rectangulaires, d'autres se présentaient sous la forme d'une pièce avec piliers centraux, et recevaient le nom de sanctuaires circulaires.


 

La cour centrale, qu'on retrouve dans tous les palais minoens, est une pièce maitresse, où se déroulaient notamment des spectacles d'acrobates sautant par-dessus des taureaux. Je me rends maintenant dans l'aile nord, l'une des plus importantes du palais, car elle abritait les appartements royaux. Cette aile contenait plusieurs pièces, des cours intérieures, des couloirs et des escaliers menant aux étages supérieurs. Là, se trouvent les mégarons de la reine et du roi (ci-dessous), toujours en cours de restauration. Le péristyle jouxtait le mégaron de la reine et consistait en une superbe cour intérieure dans le nouveau palais. Celui-ci était formé de quatre colonnes de chaque côté, qui supportaient des colonnades. Cette cour était le point de convergence entre les appartements royaux , le propylée et la cour centrale.


 

J'ai fait le tour des lieux en moins d'une heure, malgré l'existence de panneaux d'information détaillée. Au loin, s'étend la plaine de la Messara (ci-dessous) avec les montagnes au fond. Le palais de Phaistos disposait aussi, dans sa partie est, d'un ensemble de petites pièces réservées aux artisans. Des fours étaient aussi rassemblés dans cette zone. Dernière découverte lors des fouilles : un disque d'argile cuite découvert en 1908 par l'archéologue italien Luigi Pernier. Ce disque pourrait dater du milieu ou de la fin de l'âge du bronze minoen. Son diamètre est d'environ seize centimètres et il est couvert, sur ses deux faces, de hiéroglyphes imprimés à l'aide de poinçons. Ce sont en tout 241 signes, dont 45 différents, qui recouvrent le disque en formant une spirale partant de l'extérieur vers le centre de l'objet. On ne connait toujours pas son usage, sa signification ou même son lieu de fabrication.


 

Je me rends ensuite à l'ancienne villa royale d'Agia Triada, située à trois kilomètres du palais de Phaistos. Pour ce faire, j'emprunte la même route en laissant une petite église sur ma gauche (celle-ci n'est située qu'à une centaine de mètres de l'entrée du site de Phaistos) puis emprunte la route pour Agia Triada située à droite (un panneau indicateur marque l'endroit). Quelques kilomètres plus loin, j'aperçois un panneau annonçant le site archéologique en question (au début d'une piste caillouteuse) mais pas d'entrée spécifique. C'est pourtant là qu'il faut stationner avant d'emprunter un escalier discret qui vous conduira au site, situé en contrebas. Sur place, pas de panneaux décrivant les ruines observées. C'est dommage, car l'histoire de ce site est complémentaire de celle du palais de Phaistos de la période néopalatiale. Cette villa, qui aurait probablement abrité de hauts dignitaires, présente toutes les caractéristiques de l'architecture palatiale minoenne. Les fouilles réalisées permirent d'y découvrir plusieurs tablettes en écriture linéaire A, des rhytons, des vases et des coupes. On mit même à jour un sarcophage en excellent état, décoré de scènes religieuses et cultuelles. On peut ainsi découvrir sur place de riches appartements, une agora mycénienne et des conduits d’adduction d'eau, des sanctuaires, une voie pavée, les vestiges de tombes voûtées (ci-dessous) et l' église médiévale d'Agios Georgios (deuxième photo).


 

Je reviens sur mes pas, pour rejoindre l'endroit dont j'étais parti : à la même intersection, j'emprunte l'autre route, celle qui mène à Matala, désormais station balnéaire mais autrefois port de Phaistos, durant la période minoenne. On sait que l'endroit était déjà peuplé au néolithique car c'est à cette période que des grottes artificielles (ci-dessous) furent creusées dans la falaise de la baie de Matala. En 220 avant J.C, Matala fut occupée par les Gortyniens. Aux Ier et II è siècles après J.C, les grottes seront utilisées comme caveaux et le général Brutus aurait été enterré dans l'une d'entre elles. Je visite donc ce lieu reposant qu'est devenu ce cimetière romain. Il est bien précisé que je pénètre dans ce lieu à mes risques et périls. Devenu ensuite village de pêcheurs, Matala sera en quelque sorte le Saint Tropez crétois en accueillant, dans les années soixante, un grand nombre de hippies qui se réfugieront d'ailleurs dans les fameuses grottes. Repos garanti ! Aujourd'hui, la petite station subsiste essentiellement grâce au tourisme et convie les visiteurs à se joindre chaque année aux festivités du festival de musique rock des années 70 et de reggae qui a lieu près de la plage. L'esprit Peace and Love n'a décidément pas quitté les lieux...


 

INFOS PRATIQUES :


  • Site archéologique de Phaistos : pour vous y rendre, choisir sur GPS la destination Archaiologikos Choros Faistos, Tympaki,Faistos,70200,GRC. Poursuivre au-delà, un kilomètre supplémentaire sur la même route, jusqu'à atteindre l'entrée (sur la gauche) située en haut d'une côte. Parking à l'entrée. Tél : 2892 042315. Le site est ouvert tous les jours, de 9h00 à 16h00. Entrée : 4€ (ou 6€ avec le billet combiné permettant de visiter aussi le site archéologique d'Agia Triada). Durée de la visite : 50 mn environ. Boutique de souvenirs et café sur place. Accès internet WIFI gratuit (code : 1234567890). Boite aux lettres.

  • Site archéologique d'Agia Triada : ouvert de 9h30 à 16h30 du lundi au dimanche. Entrée : 3€. Tél : 2892 091564. Pas de brochure d'information sur place, ni de boutique.

  • Cimetière romain, sur la plage de Matala, ouvert tous les jours de 8h30 à 15h00. Entrée : 3€. Aucune information complémentaire et personnel peu aimable.

  • Site internet de Matala : http://www.visitmatala.com/







 



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