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Byblos, berceau de l'écriture
(District de Jbeil, Liban)
Heure locale

 

Dimanche 4 septembre 2011


 

Connaissez-vous le Liban? Ce pays riche de plus de 5000 ans d'histoire est situé au Proche Orient. C'est la terre du lait et du miel depuis l'Antiquité à cause de ses nombreuses ressources naturelles, mais aussi ses hauts sommets offrant des positions défensives et ses petits ports abrités qui jalonnent sa côte et qui ont toujours attiré les conquérants. Déjà, au III ème millénaire avant J.C, le pays entretenait des relations avec la Mésopotamie, la Syrie du nord et l'Egypte. Et la côte s'urbanisa. 1200 ans avant J.C, les Phéniciens y fondèrent l 'une des premières grandes civilisations de la Méditerranée. Leur esprit d'entreprise et leur développement intellectuel, leur talent de navigateurs et leur don pour l'artisanat et le commerce leur permettront de dominer dans la région. Ce sont les Phéniciens qui inventèrent le premier alphabet, ouvrant ainsi la voie aux premières grandes œuvres littéraires de la Grèce ancienne. Ah ces Grecs! Ils furent les premiers à utiliser le nom de Phénicie en la définissant comme cette bande côtière allant du Mont Casius (au nord) et Haïfa (au sud),coincée entre la mer Méditerranée et les montagnes du Liban. A l'intérieur de cette zone apparurent des cités-états parmi lesquelles Ougarit, Arwad,Bérit (Beyrouth), Tyr, Akka, Sidon (Saïda) et Byblos (Jbeil). De passage au Liban, j'invite une partie de notre équipage à m'accompagner pour visiter ce qui sera la plus ancienne cité en pierre connue de l'humanité: Byblos.

C'est selon, les Égyptiens la surnomment Kében, les Croisés l'appelèrent Giblet et les Arabes,Jbeil. Les Grecs, eux, lui donnèrent le nom de Byblos car c'est de cet endroit que le papyrus (byblos, en grec) était importé en Grèce. Située à une quarantaine de kilomètres au nord de Beyrouth, Byblos aurait été fondée 5000 ans avant J.C . Dès le IV ème siècle avant J.C, c'est déjà un centre commercial actif qui a pour principal partenaire commercial l'Égypte antique à qui elle vend le bois du Liban. Les étroites relations entre les deux régions influenceront l'art et la culture de Byblos qui deviendra un centre religieux où l'on enseignera le culte d'Osiris.

Byblos commerce aussi avec la Mésopotamie (Irak actuelle) notamment avec la ville de Mari et les Minoens (civilisation descendant du légendaire roi Minos) de Crète. Cet apport culturel venu de l'extérieur peut être observé dans les sépultures des souverains Amorrites de la cité. Ces derniers se feront en effet enterrer avec des objets égyptiens comme le tombeau d'Ahiram . Originaires de la Syrie méridionale, les Amorrites fut un peuple semi-nomade qui pillera successivement le sud de la Mésopotamie avant de plonger le Royaume d'Ur dans le chaos au XXI ème siècle avant J.C. Organisés selon un système tribal, les Amorrites avaient pour point commun un fort sentiment d'appartenance à un même groupe et une même conception de la royauté et des relations diplomatiques. C'est en 2150 avant J.C qu'ils envahiront Byblos, mettant provisoirement un terme à l'activité économique de la ville.

La Bible parle également de Byblos concernant les bâtisseurs du Temple de Salomon. Il faut savoir que cette ville est habitée de manière continue depuis plus de 7000 ans. Et on a retrouvé tout près de là les traces de vie humaine les plus anciennes dans un village de pêcheurs datant du néolithique (environ 5000 ans avant J.C). Dès le milieu du III ème millénaire avant J.C, Byblos est colonisée par les Phéniciens (peuple antique de navigateurs) et devient un important centre religieux avec son temple de Baalat Gebal. Byblos exporte alors vin et bois du Liban et importe du papyrus égyptien pour le revendre ensuite dans toute la Méditerranée. Ce commerce se fait à partir de son port alors très actif (photo ci-dessous).

Que reste-il aujourd'hui de Byblos? Classée patrimoine mondial de l'UNESCO,la ville offre l'aspect d'une ancienne cité entourée de murailles datant de l'époque médiévale et comportant des fûts de colonnes antiques inclus dans ses murs (photo ci-dessous). On retrouve le même type de construction à Saïda , au Château de la mer, de Saint Louis. L'intérieur de la vieille ville abrite une église construite par les Génois, une petite mosquée, un souk d'artisanat local, le château croisé, le site antique et le port. Par manque de temps (nous ne disposons que de quelques heures sur place avant le coucher du soleil), nous commençons par nous promener sur le port. Des pêcheurs jettent leurs lignes à l'entrée de celui-ci. Des bateaux emmènent des groupes en ballade en Méditerranée, entrant et sortant du petit port. Les gens dansent à bord car ici, on aime faire la fête. Byblos fut longtemps le lieu de rendez-vous de la jet-set (jusqu'à la Guerre civile). Des bateaux sont sagement alignés le long des quais et le port ressemble étrangement au petit port de Saint-Tropez (France). Les voitures envahissent les lieux de la même manière qu'à Saint-Tropez et nous devons nous faufiler prudemment entre les voitures. Parcontre, Byblos n'a pas encore été sensibilisée à la protection de l'environnement. Nous y trouvons peu de poubelles et beaucoup de détritus sont jetés ici et là sur la voie publique ou dans les rochers. C'est dommage! Nous passons devant le restaurant de Pépé où nous nous arrêterons diner à notre retour de la citadelle croisée. Les petites ruelles que nous empruntons pour nous rendre à la Citadelle sont bondées de visiteurs, souvent libanais. Nous croisons un couple de jeunes mariés (photo) lors d'une séance photos improvisée.

Sur notre chemin, nous nous arrêtons dans la boutiques des frères Abi Saad, la Mémoire du Temps: Cet endroit expose une collection unique au monde d'animaux marins fossilisés (photo ci-dessous). La famille Abi Saad possède un terrain en altitude qui recèle ces trésors enfouis il y a plus de cent millions d'années dans la Téhys (ancienne mer Méditerranée). De nos jours, ces carrières continuent de livrer des pièces remarquables strictement contrôlées par des scientifiques. Ce mini-musée nous offre de contempler des poissons fossilisés classés par familles (raies,pieuvres,requins,crevettes...) et la visite est commentée agréablement. Il est possible d'acquérir sur place des pièces vendues avec certificat d'authentification (voir infos pratiques).

En haut de la ruelle que nous avons emprunté, nous découvrons le château des Croisés, plus majestueux que jamais. Le Château de Byblos, appelé aussi Château de Gibelet, fut bâti par les Croisés au XII ème siècle sur des fondations phéniciennes et romaines. Sa structure est entourée de douves. Gibelet, connue depuis l'Antiquité sous le nom de Byblos fut prise par les Croisés en 1104. Le fief sera ensuite confié aux Embriaco d'origine génoise qui le conserveront jusqu'en 1302. En 1302, ils abandonneront la ville devant la pression des Mamelouks. La seigneurie du Gibelet est alors un des fiefs du comté de Tripoli (Liban). Toutefois, en 1188, Saladin (principal adversaire des Francs installé dans la région au XII ème siècle et artisan de la reconquête de Jérusalem par les musulmans en 1187) capture la ville et démantèle les murs du château deux ans plus tard. Les Croisés reprendront la ville quelques années après et reconstruiront le château en 1197.

Le château servira de base militaire aux seigneurs de Gibelet (d'origine génoise) mais sera détruit une première fois en 1170 par un tremblement de terre. Les réparations s'étaleront alors sur plusieurs années. Composé d'un donjon central séparé par une cour, il possède une enceinte carrée munie de cinq tours protectrices. Le donjon fut construit à partir de blocs de pierre récupérés dans les ruines perses et romaines des alentours. On utilisa aussi de nombreuses colonnes pour consolider le mur d'enceinte. Le bâtiment actuel a connu des transformations au cours des siècles et seule sa base date encore des Croisés. On entre dans la forteresse par une grande porte (photo) donnant sur un pont à deux arches qui enjambe le fossé nord. A l'entrée, sur la gauche, un musée occupe le cœur du château, sur deux niveaux: Il évoque les fouilles du site (poteries sur la photo ci-dessous), l'histoire de Byblos et l'alphabet phénicien. Du haut de la Citadelle, nous contemplons le site antique (photo)qui s'étale devant nos yeux. Ce site se trouve sur une pointe de terre qui contrôle deux baies, l'une au nord qui abrite le port de Byblos et l'autre au sud. Il comprend des fortifications antiques, les tombes des rois de Byblos dont celle d'Ahiram (dans laquelle fut découverte le sarcophage sur lequel est inscrite la plus vieille transcription phénicienne) et le puits naturel,lieu originel de l'une des plus anciennes villes au monde. On retrouve sur ce site des ruines de toutes les populations qui ont vécu dans la région depuis la fondation de Byblos. Et en particulier une colonnade romaine ainsi qu'un nymphée au nord-est du site, mais aussi les murailles de la ville phénicienne ,les fortifications perses, un point d'eau utilisé par de multiples civilisations,la citadelle croisée et même une maison du XX ème siècle (sur la photo).

Le soleil décroit à l'horizon et il est temps pour nous de rebrousser chemin. Nous quittons à regret ce lieu chargé d'histoire et nous dirigeons vers le souk. Nous croisons des habitants tranquillement installés sur la Place de la Citadelle (photo). Ils jouent aux dés tout en fumant le narguilé. Nous franchissons bientôt une porte: Notre Dame de la Porte est là, qui veille. Le souk apparaît alors, plus vivant que jamais. Une petite promenade s'impose. Les souvenirs en tout genre s'offrent au regard des passants, encore nombreux en ce début de soirée dominicale. Bien loin de l'image traditionnelle du souk oriental, celui de Byblos offre un tout autre spectacle avec son alignement de maisons cubiques aux toits plats qui impriment une ombre grâce à l'avancée d'auvents faits de tuiles. Sur les façades en pierre jaune s'ouvrent de grands portails en bois. On y trouve bien sûr des boutiques de souvenirs mais aussi cafés, restaurants et boutiques d'artisanat. Et même une librairie. Certains d'entre nous ont bientôt faim et nous redescendons vers le petit port afin de nous rendre chez Pépé Abed. Malgré le coucher du soleil, nous rencontrons toujours autant de monde dans les rues. Les terrasses des cafés et des restaurants ne désemplissent pas et la fête se poursuivra tard dans la nuit. Nous sommes en Orient, nous sommes au Liban. Rien de tel pour se réconcilier avec la vie qu'un bon diner constitué de mezzés et arrosé par un Château Ksara, cuvée du Couvent. Nous choisissons de faire une halte au restaurant Chez Pépé Au Fishing Club (voir infos pratiques). Bien que Pépé Abed ne fasse plus partie de ce monde depuis quelques années, il reste son empreinte immuable et les souvenirs. Dans la salle voûtée du restaurant,se trouve encore aujourd'hui un bateau phénicien qui porte un message: « Jadis les voiles phéniciennes à la conquête du monde... aujourd'hui les ailes d'Air France à votre service dans le monde ». Il n'y a pas de plus belle invitation au voyage!


 


 

N'oubliez pas de vous rendre à la Médiathèque, album photos Afrique, pour découvrir les autres photos de ce reportage!


 

INFOS PRATIQUES:


  • Comment se rendre à Byblos? Depuis Beyrouth, je vous suggère de faire appel à Allo Taxi (demander Hayssam Ajaj). Il vous en coûtera , pour un véhicule de sept places, 100 US$ aller et retour + le temps passé sur place (soit 10 US$ par heure). La première heure est offerte par Hayssam. Paiement en dollars US ou en livres libanaises. L'extrême gentillesse et la grande disponibilité d'Hayssam Ajaj doivent être soulignées. Tel: (Liban) +961 3 200093, (Syrie) +963 969 260368, (Jordanie) + 962 796 980855.

  • Le portrait de José Pépé Abed, personnage remarquable de Byblos: http://www.rdl.com.lb/1997/1929/pepe.htm

  • Restaurant Chez Pépé au Fishing Club, Pepe Abed Street, Byblos (face au port) Tel: + 961 9 540 213. Déjeunez ou dinez sur la terrasse extérieure qui surplombe le port. Prix attractifs pour un accueil très chaleureux à la libanaise et une cuisine copieuse et délicieuse. Pépé est malheureusement décédé depuis 2005 mais vous pourrez vous procurer son livre (au prix de 20 US$) en vous adressant au restaurant. Visitez aussi la salle du restaurant (cave du XII ème siècle avec son fameux bateau!) et le musée de Pépé (deux salles) qui contient une foule de souvenirs (accès gratuit).

  • Office de tourisme du Liban, 124, rue du Faubourg Saint Honoré à Paris. Tel: 01 43 59 10 36. Site officiel: http://www.destinationliban.com/

  • Lieux remarquables à Byblos: Château des Croisés, le Temple aux obélisques, les souks, les maisons du bronze ancien et logis chalcolithiques, Musée de Cire, Temple de Baalat Gebal, Théâtre romain, églises des orthodoxes et église Saint Jean Baptiste, le port et la vieille ville.

  • Mémoire du Temps, Place de la Citadelle à Byblos. Tel: + 961 3 742 099. Email: pierre@memoryoftime.com Site internet: http://www.memoryoftime.com/

    Pièces communes de poissons fossilisées autorisées à la vente (de 5 US$ à ….) et authentifiées par un certificat.

  • Château des Croisés. Entrée: 6000 Livres libanaises. Ouvert du matin au coucher du soleil.













 



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