Revoir le globe
Top


La Maison Al-Maktoum à Doubaï
(Emirat de Doubaï, Emirats Arabes Unis)
Heure locale

Dimanche 6 novembre 2011

 

On mentionne Doubaï pour la première fois dans un livre de géographie de l'Andalou Al Bakri au Xè siècle. Doubaï se trouve alors dans l'un des endroits les plus inhospitaliers de l'Arabie, mais on n'en parle que très peu car elle est éclipsée par ses voisin, Charjah, Abou Dhabi et Rais El Khaimah. Un marchand vénitien , Gaspero Balbi, évoque en 1580 une bourgade perlière, Dibei. L'endroit est alors uniquement occupé par quelques huttes barasti. La pêche des perles et l'agriculture vivrière resteront longtemps les deux seules activités de Dibei.

En 1799, une tribu bédouine, les Bani Yas, fuit les Wahhabites du Nedj qui étendent leur territoire et poursuit l'activité perlière dans la crique de Doubaï. En 1822, il est rapporté que le village compte alors mille habitants.

En 1833, une dispute a lieu dans l'oasis de Liwa ( foyer des Bani Yas) au cours de laquelle le Cheik Tanun est assassiné par son frère Khalifa . Huit cents bédouins de la famille Al Bu Falah quittent Liwa et viennent s'établir à Doubaï. La côte est alors connue sous le nom de « Côte des Pirates » par les Britanniques. Ceux-ci ont signé un traité de paix avec Doubaï, et les autres émirats voisins en 1820. Les Qawasim, une tribu bien plus puissante que les Bani Yas tente de prendre le contrôle de Doubaï mais la tentative échoue grâce à l'armée britannique.

 

Depuis l'arrivée des bédouins d'Al Bu Falah, en 1833, la population de la ville a doublé et deux scheiks de la famille de la famille, Obaid bin Said et aktoum bin Buti proclament la création de l'émirat de Doubaï. Les Britanniques reconnurent aussitôt l'autorité de la famille Al Maktoum qui, depuis, gouverne l'émirat grâce à une monarchie héréditaire. Le Cheik Maktoum bin Buti gouvernera l'émirat jusqu'à son décès en 1852. Ses successeurs prendront la suite et décèderont aussi et toujours de mort naturelle alors que dans les états voisins, les assassinats étaient courants.

En 1835, Doubaï et ses voisins avaient signé une trêve maritime avec le Royaume Uni puis une trêve maritime perpétuelle en 1853. En 1892, Doubaï se place sous protection britannique et ce protectorat sera un temps rattaché au Raj britannique. C'est à cette époque que fut construite la Maison Al Maktoum, durant la période de règne de Maktoum Bin Hasher Al-Maktoum, en 1896. C'était alors l'un des plus vieux bâtiments de Doubaï,une maison traditionnelle à deux niveaux avec quatre tours et divisée en quatre ailes. Celle-ci sera occupée jusqu'au décès de Saeed Bin Maktoul Al-Maktoum en 1958. La maison sera ensuite restaurée en 1986. Une galerie de photos (ci-dessous) montre la maison avant et pendant les travaux de restauration.

 

Les dirigeants de Doubaï, contrairement à leurs voisins, encouragèrent tout le temps le commerce et les échanges. De nombreux marchands ( indiens notamment) s'installèrent dans cette ville qui vécut principalement de la pêche des perles jusqu'en 1930. En 1905, le Royaume Uni avait décidé que ce commerce des perles deviendrait le monopole des pays du Golfe et ne pourrait se faire qu'à destination du Raj britannique. Et en 1922, les dirigeants de Doubaï signèrent une licence exclusive pour l'exploitation pétrolière au profit des Britanniques. Les différentes ailes de la maison Al Maktoum que je visite aujourd'hui présentent des expositions de photos mais la prise de clichés est souvent interdite. Le visiteur y découvre le vieux Doubaï avec notamment des vues aériennes de la cité : Bur Dubaï, le fort Al Faheidi (dans les années 1950) , Deira et le fort Naïf...

Dans l'aile Al Majlis, l'histoire de la famille Al Bu Flasa est abordée. Cette famille est une branche de la famille de la tribu Bani Yas ( descendance directe des Maktoum). Maktoum bin Buli Al Flasi est alors considéré comme le fondateur de Doubaï en 1833. Nous l'avons vu, cette ville connaîtra un développement très important entre 1894 et 1906, principalement basé sur le commerce de la perle et grâce à la suppression des droits de douane et à l'encouragement du commerce dans la région. Le successeur, Saeed bin Maktoum Al-Maktoum, lui aussi poursuivra le développement de Doubaï, entre 1912 et 1958. Il sera plus tard considéré comme le fondateur du Doubaï moderne. Victime d'une tentative de putsch en 1929, il sera sauvé par l'absence de soutien britannique envers les comploteurs. En 1934, il subira une tentative d'assassinat, déjouée par les Britanniques. Quatre ans plus tard, les cousins de Cheik organisèrent des manifestations de rues et obtinrent la formation d'un majlis (conseil) de 15 membres , chargé de proposer diverses réformes qui furent pour la plupart refusées par la famille royale.

On peut voir à l'intérieur de la maison des clichés abordant la vie sociale de l'époque: Aménagement intérieur des maisons, tenues vestimentaires, fêtes et célébrations religieuses d'antan, mariages, festivals....mais la prise de photos est malheureusement interdite.

Au début des années 1950, la ville est habitée par 15000 âmes dont une majorité d'Iraniens. L'électricité fit son apparition en 1961 tout comme le téléphone, l'eau courante en 1968, et le pont Maktoum reliant Bur Dubaï à Deira sera inauguré en 1962.



 

La maison Al-Maktoum offre aussi de découvrir la monnaie d'antan et des timbres précieux. Avec la découverte du pétrole dès 1966, Doubaï entrera rapidement dans l'ère d'une autre monnaie: celle des pétrodollars. Après la dévaluation de la roupie du Golfe alors en vigueur, en 1966, Doubaï s'unit avec le Qatar pour créer une nouvelle unité monétaire: Le Riyal de Qatar et Doubaï. Les réserves pétrolières de Doubaï sont alors plus faibles que celles de ses voisins et ne représentent que 4%. Ses revenus provenant du pétrole décroitront régulièrement et la ville devra trouver d'autres ressources. Le 2 décembre 1971, Doubaï accède à l'indépendance tout comme ses voisins. Et entre ainsi dans la modernité. Le dirham des Emirats Arabes Unis est alors adopté comme monnaie commune. Un an plus tard, on inaugure l'aéroport international de la ville en présence de la Reine Elizabeth. La même année ouvre aussi un nouveau port gigantesque avec à l'époque une capacité de 100 000 containers et deux grues.

La nécessité de trouver de nouvelles ressources fera entrer Doubaï dans l'ère du tourisme et des zones franches entre 1990 et 2000. L'industrie touristique de luxe sera ainsi développée et on inaugure le Festival du Shopping dès 1996. La compagnie aérienne Emirates fut naturellement fondée en 1985 avec au départ quatre avions afin d'amener les touristes à DoubaÏ: Elle est aujourd'hui l'une des dix plus grosses compagnies aériennes dans le monde. La ville adopta ensuite les technologies nouvelles de l'information et des communications comme nouvel axe de développement.


 

Que de chemin parcouru depuis le règne du Cheik Saeed bin Maktoum Al-Maktoum! La visite de son ancienne maison me permet aussi de découvrir de vieux objets: Un astrolabe, un compas Deira ou encore une carte de l'Arabie de Guillaume de l'Isle (1710) (Photo ci-dessous). Un retour dans le passé indispensable pour mieux comprendre le Doubaï d'aujourd'hui.

 

    INFOS PRATIQUES:

 

  • Maison Al-Maktoum, le long de la crique de Doubaï. Ouverte du samedi au jeudi de 8h00 à 20h30 et le vendredi de 15h00 à 21h30. Entrée: 2 dirhams (adulte), 1 dirham (enfant). Visite guidée gratuite sur demande.

 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile