Revoir le globe
Top


Les Lémuriens de Madagascar
(Madagascar)
Heure locale

Lundi 4 juin 2012

 

De passage aujourd'hui à Madagascar, je suis impatient de découvrir les lémuriens. Je me rends donc au Lemurs Parc situé à une vingtaine de kilomètres de la capitale, Tananarive. Aurélien, chauffeur-guide, m' y conduit dans sa voiture et c'est à un spectacle permanent que je vais assister durant tout le trajet : Des scènes de la vie malgache vont se succéder sous mes yeux, me révélant la beauté du pays mais aussi la dureté de la vie sur place. Nous croisons ainsi des hommes qui, tels des bêtes de somme, tirent des charrettes parfois très lourdes (photo ci-dessous). J'ai l'impression de me retrouver au Moyen-âge. Des vendeurs ambulants nous proposent d'acheter des choses à la sortie de la ville, tandis que le marché aux fleurs s'affiche le long d'une route. Tananarive compte près de deux millions avec sa banlieue. Les gens vivent comme il peuvent car il y a beaucoup de pauvreté mais aussi de la grandeur d'âme chez ces gens qui doivent se battre quotidiennement pour leur survie. Ici, il n'y pas de RMI, de RSA, ou je ne sais quoi. Si on ne travaille pas, on ne mange pas. La société offre ainsi le spectacle d'une fourmilière qui se bat pour sa survie. Nous franchissons rapidement les limites de la capitale pour nous engager sur une route nationale le long de laquelle se trouvent des petits villages bruissant, eux aussi, d'activité. Dans les champs, il n'est pas rare d'apercevoir ici et là des hommes s'employant à fabriquer des briques qui serviront ensuite à la construction de maisons. Ces briques sont cuites sur place dans des fours...en briques (deuxième photo).

Les moyens de transport sont nombreux : Voitures ( je rencontre ainsi quelques voitures françaises dont la célèbre 2CV aujourd'hui disparue chez nous!), charrettes tirées par des hommes ou par des zébus, chariots montés sur de minuscules roues mais transportant des cargaisons impressionnantes. Ici, c'est le royaume de la débrouille et du recyclage. Nous rencontrons même un homme utilisant un petit chariot en guise de ...skate-board (troisième photo).   


 

Il nous faudra une quarantaine de minutes pour atteindre notre destination. La circulation est dense à la sortie de Tananarive mais supportable. Aurélien connait bien cette route et conduit prudemment. Le Lemurspark apparaît bientôt le long de la route. Nous nous garons et Aurélien me conduit à la réception. Il me quitte quelques instants plus tard, me laissant en compagnie d'un guide-naturaliste qui me fera découvrir ce pourquoi je suis venu jusqu'ici : Les lémuriens. Le parc fut créé par des investisseurs privés franco-japonais en 2001, sur une superficie de 5 hectares. Deux ans de travaux furent nécessaires afin de bâtir ce parc entièrement consacré à la protection des lémuriens, ce qui ne l'empêche pas d'accueillir aussi quelques autres animaux. Il contient 6000 arbres qui forment l'habitat de neuf espèces de lémuriens diurnes (Madagascar comptait en 2010 un total de 99 espèces de lémuriens répertoriés dont 65 nocturnes et 34 diurnes). Le parc est limité par la rivière Katsaoka dont les eaux sont devenues marron depuis une trentaine d'années à cause de la destruction de la végétation environnante. L'oxyde de fer contenu dans la terre qui se déverse dans la rivière par temps de pluie donne cette couleur à l'eau. La population de lémuriens dans ce parc s'élève à 50 individus qui ne se montrent pas toujours facilement. Par chance, je réussis à observer les neuf types de lémuriens le même jour. Les petits animaux ne sont pas farouches, ce qui facilite les prises de vue. Certains ont plus la bougeotte que d'autres. Nous empruntons un chemin aménagé et nous retrouvons très vite entouré d'une forêt luxuriante, entre bambous, pins et eucalyptus. Le parc est aussi un jardin botanique rassemblant des plantes malgaches et d'autres qui furent importées par l'homme.


 

Mon premier lémurien est un propithèque couronné(ci-dessus). Perché en haut d'un arbre, on ne se rend pas compte de sa façon de se déplacer et pourtant. Cet animal se déplace au sol par des petits sauts avec les bras écartés pour assurer son équilibre. Dans les arbres, ce lémurien peut effectuer des sauts de plus de 6 mètres. Son poids varie entre 3,5 et 4,3 kgs. Le lémurien couronné adore prendre le soleil tôt le matin, perché sur les branches hautes d'un arbre et accumule ainsi la chaleur. Son pelage blanc ou jaunâtre avec une tache de couleur marron sur la poitrine et une tête noire plus foncée sont ses signes distinctifs. Il a le museau pointu et arrondi et vit principalement dans les forêts sèches des région ouest et centre-ouest de la grande île. Diurne (c'est à dire vivant le jour), il se nourrit surtout de bourgeons, de feuilles, de fruits et de fleurs. Comme tous les autres propithèques, il ne boit pas d'eau, mais s'abreuve uniquement grâce à la sève des feuilles et du jus de fruits qu'il consomme. 1,5 hectare est nécessaire pour l'habitat d'un groupe de 2 à 8 individus qui passent la plupart de leur temps à se mouvoir et à s'alimenter. Le propithèque couronné se reproduit au début de la saison humide et la naissance a lieu entre fin juin et juillet. Il ne donne naissance qu'à un seul bébé que la maman allaite jusqu'à l'âge de six mois. Cet animal est en voie d'extinction, notamment à cause de la disparition de son territoire de vie. On n'en dénombrerait guère plus d'un millier dans le milieu sauvage et une vingtaine en captivité. A part l'homme (qui détruit son habitat et le chasse aussi), il a pour prédateurs les grands rapaces (qui dévorent les bébés) et les mammifères carnivores.


 

Quelques instants plus tard, nous découvrons un lémur maki vari noir et blanc (ci-dessus). Comme la plupart des espèces de lémuriens, il ne vit qu'à Madagascar et pèse entre 3 et 5 kgs. Son pelage, de couleur noire et blanche, est dense, ce qui lui permet de se protéger de la pluie. Il est surtout actif la nuit et le matin, et ne se nourrit que de fruits, feuilles, baies et insectes. Il lui arrive aussi de boire. Il peut donner naissance à plusieurs petits dont la gestation dure environ 5 mois. Son pelage lui permet de se dissimuler facilement dans les arbres, et on peut trouver l'animal dans les régions est, sud-est et nord-est de Madagascar. L'espèce est menacée par le piégeage pour les zoos, la chasse, ou par les amateurs d'espèces exotiques.


 

Le Propithèque de Coquerel (ci-dessus), lui, tient son nom de Charles Coquerel, médecin de marine et entomologiste français. Il fit de nombreuses campagnes maritimes en Méditerranée, quatre voyages à Madagascar et à la Réunion, ainsi qu'aux Antilles. On lui dédie plusieurs espèces animales dont celle du propithèque de Coquerel. Ce dernier vit dans les forêts sèches du nord-ouest de Madagascar, par groupes de 2 à 6 individus, dont le poids varie de 3,7 à 4,3 kgs.Une femelle dominante dirige habituellement le groupe. Le mode de déplacement du Propithèque de Coquerel est particulier : il est constitué de bonds verticaux, les bras écartés pour assurer l'équilibre, d'où son nom de « lémurien danseur ». Cet animal peut faire des bonds de plus de 6 mètres, d'arbre en arbre. Il se nourrit de feuilles et de fruits. Parfois de bourgeons et de de bois morts durant la saison humide. Durant la saison sèche, il se délecte aussi d'écorces d'arbres. Ce lémurien-là ne boit jamais car il s'hydrate grâce aux feuilles qu'il consomme et aux fruits. Sa période de reproduction a lieu de novembre à décembre. Les naissances ont lieu en juin et en juillet après une gestation de 162 jours. Une maman ne donne généralement naissance qu'à un seul petit, mais au Lemurs Parc, on a déjà assisté à la naissance d'un deuxième bébé de la même portée. Au bout de 18 mois, le jeune lémurien est parfois chassé de la famille pour l'encourager à créer sa propre famille à son tour. Les propithèques de Coquerel possèdent trois cris différents dont un cri d'alerte. Eux aussi sont en voie de disparition à cause de la disparition de leur habitat (déforestation,culture sur brûlis, feux de brousse et chasse intensive). Les prédateurs sont aussi les rapaces qui chassent les nouveaux nés.


 

Le Maki (ci-dessus) constitue un genre à part entière, appelé genre lémur. C'est le plus connu à cause entre autre de ses mœurs diurnes et de sa queue annelée en noir et blanc. Il est l'emblème de Madagascar. Il miaule,ronronne un peu comme un chat. Semi-arboricole, il descend souvent au ras du sol et vit dans les forêts sèches tropicales, dans des forêts galeries ou bien dans les forêts épineuses de la partie sud, sud-ouest et sud-est de la grande île. Adulte, le maki mesure de 95 à 110 cm (queue comprise) pour un poids de 2,3 à 3,5 kgs. Il se nourrit surtout de feuilles (de tamariniers notamment), de fruits, d'insectes et de petits vertébrés. Vivant en groupe de 3 à 20 individus, le nombre de mâles et de femelles est équilibré, ce sont les femelles qui dominent les mâles. Les mâles, eux, s'affrontent à coup d'odeurs pestilentielles dégagées par des glandes spéciales. L'individu qui dégage la plus forte odeur repart avec la femelle courtisée, tandis que les autres sont rapidement mis au parfum. La période d'accouplement du maki débute généralement à la mi-avril, et la naissance des petits, elle, a lieu pendant le mois de septembre, après 135 jours de gestation. Les femelles sont fécondes à partir de leur troisième année, ont une portée par an, et un seul bébé à la fois. Quinze jours après la naissance, le petit s'accroche sur le dos de la mère puis est transféré sur le dos d'autres membres du groupe. Le taux de mortalité des jeunes est important puisque 40% seulement des nouveaux nés arrivent à maturité. Le maki est vulnérable à cause de la chasse, de la déforestation et des prédateurs naturels (comme le fosa, la civette,le boa terrestre de Madagascar ou encore les chats et les chiens). Heureusement, cet animal qui se reproduit aisément en captivité est considéré par les ethnies locales comme leurs ancêtres ce qui contribue à sa conservation.


 

Le lémur brun à front roux (ci-dessus) que j'aperçois maintenant fait partie des nombreuses sous-espèces du lémur brun dont le statut taxonomique (classification des êtres vivants) n'est pas encore décidé. Ses effectifs sont parmi les plus importants dans la nature pour une sous-espèce du lémur brun. Ce lémur là est endémique à Madagascar. Il est reconnaissable par son pelage uniformément gris et son front roux et peut être rencontré dans le sud-est et le sud-ouest de Madagascar, dans les forêts humides et sèches. Il se nourrit de feuilles, de fruits et il boit.


 

Voici le lémur bambou doré (ci-dessus), un petit lémurien qui mange ici du pain, même s'il se nourrit surtout d'herbes et de bambous (d'où son nom). De petite taille (37 à 40 cm, pour une queue de 37 à 41 cm), ce lémur est le plus petit parmi les espèces de lémuriens diurnes. On le trouve au sud-est, est et nord-est de Madagascar. Son espérance de vie est de vingt années. Endémique à Madagascar, le lémur bambou occupe les forêts humides avec bambous. La femelle ne met généralement bas qu'un seul petit chaque année, et la gestation dure 135 à 140 jours. En grave danger d'extinction, on n'en compte plus qu'un millier dans le monde.


 

Le lémur macaco appartient à une sous-espèce qui fut décrite pour la première fois par Linnaeus (naturaliste suédois) en 1766. Le mâle présente une couleur de pelage allant du brun chocolat foncé au brun presque noir. Il possède d'importantes touffes de poils noirs au niveau des oreilles et ses yeux sont jaune-orange à orange.

La femelle, elle, possède un dos coloré de façon variable, du brun doré au brun châtain, devenant souvent plus blême sur les flancs et les membres. De taille moyenne, il a une longue queue et le corps adopte généralement une position horizontale. Il pèse de 2 à 2,5 kgs. La population n'excède pas les 10000 individus. Le lémur macaco mange surtout des fruits mûrs, mais aussi des feuilles, des champignons et parfois des invertébrés. L'animal devant lequel on se trouve émet un faible grognement qui est un appel de contact émis par un adulte isolé. Ce signal peut aussi être émis mais de façon constante par un adolescent séparé de son groupe.


 

Le lémurien que voici ci-dessus est un lémur brun d'une taille moyenne (50 cm, sans la queue) pour un poids de trois kilos. Son dos est brun-roux, le ventre beige et la tête noire. C'est le plus répandu à Madagascar et on le trouve dans les régions est,sud-est,ouest et nord-ouest de l'île. La gestation dure quatre mois et les naissances ont lieu entre septembre et octobre. Il vit généralement en groupes de 3 à 12 individus, chaque groupe renfermant plusieurs mâles et femelles adultes, avec des sub-adultes, des adolescents et des jeunes en bas âge. C'est un animal très actif en journée, passant pratiquement tout leur temps dans l'auvent des forêts.


 

Terminons ce tour d'horizon par le lémur mongoz (photo ci-dessus). Cette espèce ressemble d'assez près aux autres espèces de lémurs, mais la taille des individus est différente (plus petite, de 35 cm, pour un poids de deux kilos environ).Le lémur mongoz possède un museau blanc (pour les deux sexes) et sa fourrure est d'un gris-brun prédominant, plus foncé chez le mâle. Ce mâle qui a aussi du rouge sur la tête, au sommet du cou et sur les joues. La tête de la femelle est grise, comme sur cette photo, avec le cou et les joues d'un blanc pur. Son rythme d'activité nocturne est différent de ses congénères et il vit en petits groupes (3 à 5 individus maximum)


 

Au cours de ma promenade dans le Lemurs Park, j'ai aussi croisé d'autres animaux : Une jolie libellule (ci-dessus) et un caméléon d'Oustalet. Reptile ovipare et insectivore, il est plutôt diurne. Ses deux yeux peuvent se mouvoir indépendamment , ce qui fait dire aux Malgaches que les caméléons ont un œil tourné vers le passé et un autre vers l'avenir. Le déplacement est saccadé et lent et celui-ci complète un système de défense de ces champions du mimétisme. Présent dans toute l'île, le caméléon d'oustalet s'adapte aussi bien au milieu sec qu'à la forêt humide. On voit ici un bébé car sa taille normale peut atteindre les 69 cm.

Je m'arrête quelques instants devant d'adorables tortues : Les tortues malgaches. Elles ont de deux types. Il y a d'abord la tortue radiée (grosse tortue de terre) et la tortue araignée (sur la photo, c'est la plus petite, qui côtoie une grosse tortue). La tortue radiée vit 80 ans, pèse au maximum 15 kg, est herbivore et se trouve surtout au sud-ouest de la grande île, sur une bande d'environ 200 kilomètres, de Tuléar à la rivière Mandare. Cette tortue se reproduit toute l'année avec une préférence pour la saison des pluies. L'accouplement a lieu de novembre à janvier et l'incubation dure de 6 à 9 mois. Elle pond de 8 à 15 œufs en plusieurs fois.

La tortue araignée, elle, est plus petite que sa congénère et doit son nom aux stries en forme de toile d'araignée de sa carapace.

 

D'autres photos de cette sortie sont disponible sur le site : Médiathèque-->Album Photos-->Album Afrique Moyen Orient : https://www.leglobeflyer.com/2bgal/serie.php?id_album=6&offset=120

Ces photos ont été prises avec l'aimable autorisation du Lemurs Park.

 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Lemurspark, sur la RN 1 en direction de Ampefy. A 22 kilomètres de Tananarive. Ouvert tous les jours de 9hOO à 17hOO. Restaurant terrasse panoramique, boutique Ecoshop. Tel:(+261)033 11 252 59, 033 11 728 90 et 020 22 234 36.

    Site internet : http://www.lemurspark.com et courriel:lemurspark@moov.mg

     

    Droit d'entrée : 15000 AR par adulte/ 8000 AR par enfant. Le guide naturaliste est compris dans le prix du billet. Il faut compter 1h30 pour visiter ce parc.











Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile