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Le Quartier Petit-Champlain
(Vile de Québec, Québec, Canada)
Heure locale

 

Lundi 30 avril 2018

 

De passage à Québec ville, la capitale de la province du Québec, je décide de visiter le quartier Petit-Champlain, dans la basse-ville. Le temps n'est pas au beau fixe et il me faudra composer avec une météo capricieuse en cette saison. Niché entre le fleuve et le cap Diamant, ce quartier historique est un excellent point de départ pour découvrir l'histoire de la ville, avec ses jolies maisons et ses rues piétonnières témoignant de trois siècles d'histoire.

Le nom de Champlain reste toujours dans les mémoires puisque notre homme sera gouverneur de la Nouvelle-France de 1627 à 1635. Que de chemin parcouru par ce charentais de naissance, probablement baptisé à La Rochelle en 1574. Samuel de Champlain sera à la fois un grand navigateur, un cartographe, un soldat, un explorateur, un géographe, un commandant et un auteur de récits de voyage français. Mais on le célèbre ici comme celui qui fut le fondateur de Québec, nom d'origine algonquin signifiant « là où le fleuve rétrécit ». La ville, aujourd'hui siège de nombreuses institutions, dont le Parlement de la province du Québec, naitra en 1608 et est par conséquent l'une des cités les plus anciennes d'Amérique du Nord, et en tous cas la seule ville fortifiée qui subsiste à ce jour au nord du Mexique. Le Vieux-Québec, lui, fut déclaré patrimoine mondial de l'UNESCO en 1985.


 

Ma promenade débute à la gare inférieure du funiculaire non loin de cet escalier Casse-Cou (construit en 1660) qui relie la Basse-Ville à la Haute-Ville depuis la rue du Petit-Champlain : en 1670, on gravissait le rocher du cap Diamant par un petit sentier reliant l'extrémité de la rue des Meules (actuelle rue Petit-Champlain) au milieu de la côte de la montagne. Mais la pente est alors si raide qu'elle sera probablement à l'origine de la construction d'un premier escalier vers 1680. Et un escalier en bois de voir le jour, escalier appelé « escalier Champlain » ou « du quêteux » qui fera son temps jusqu'à devenir chambranlant dans les années 1880, d'où son nom de « Casse-cou ». L'ouvrage ancien sera remplacé en 1893 par une structure en fer plus large, conçue par l'ingénieur Charles Baillargé. L'escalier, sous sa forme actuelle, verra le jour dans les années 1960. Quant à la rue du Petit-Champlain, elle est l'une des plus anciennes rues de toute l'Amérique du Nord et on y trouve au N°16 la gare inférieur du funiculaire installée la plus vieille demeure de l'endroit. C'est dans cette maison que l'explorateur Louis Jolliet vécut jusqu'à sa mort. Celui-ci reste le premier explorateur connu de l'histoire de la Nouvelle-France, né au Canada. Il sera également le premier Canadien à étudier la musique en Europe, en s'illustrant tout particulièrement au clavecin et à l'orgue. La maison, elle, flambera et devra être rebâtie en 1683, à la suite d'un incendie qui détruira 55 des 85 maisons de la Basse-Ville. Le funiculaire, lui, sera inauguré en 1880 et sera la premier du genre au Québec, mu par un système de contrepoids d'eau. Il sera électrifié au début du 20è siècle.

Nichée au pied du cap Diamant, la rue du Petit-Champlain attire chaque année des milliers de visiteurs, grâce à ses commerces et à ses restaurants sans oublier l'ambiance et le charme du lieu. Au milieu du 17è siècle, un sentier longeait l'étroit plateau situé entre le pied de la falaise et le Cul-de-Sac, tout premier port de la colonie. Ce sentier, qui conduisait alors à la fontaine Champlain, une source qui alimentait une partie de la basse-ville, deviendra plus tard la rue de la fontaine Champlain, actuelle rue du Petit-Champlain.


 

L'aménagement d'un chantier naval royal au sud du Cul-de-Sac dès 1747 entrainera des démolitions ainsi que la transformation d'un certain nombre de maisons en ateliers. Plusieurs navigateurs s'établiront bientôt dans la rue du Petit-Champlain tout comme des maçons, des charpentiers de navire et des cabaretiers, autant de métiers liés à la présence du chantier naval et des autres activités portuaires. Les bombardements de 1759 endommageront sévèrement ce secteur mais n'entraveront pas le développement de l’activité du port au tournant du 19è siècle puisqu'on assistera à une multiplication des quais et entrepôts en bordure de l'eau. Avec la croissance du quartier, la basse-ville fera fuir les plus fortunés qui migreront vers la haute-ville. Déjà surpeuplé et bouillonnant d'activités, le quartier verra ses maisons prises d'assaut par des immigrants irlandais qui trouveront du travail sur place. Outre la menace d'épidémies, la population locale vivra constamment sous la menace de la falaise instable : le 17 mai 1841, une partie du cap Diamant et du mur de fortification s'écrouleront dans la rue Champlain, anéantissant au passage six maisons et tuant trente-deux personnes. D'autres éboulements se produiront, notamment en 1889, malgré les précautions prises, et ouvriront la voie à d'importants travaux de protection.

Au N°102, se trouve une fresque murale du Petit-Champlain qui représente tous les personnages qui oeuvraient autrefois dans le commerce maritime, dont les armateurs et les marins. D'autres fresques de ce genre existent à Québec et dépeignent à chaque fois un aspect de l'histoire de cette ville. Ainsi la fresque des Québécois fut-elle créée à l'occasion du 400è anniversaire de la capitale et s'affiche dans le Vieux-Québec. D'autres sont visibles sur des piliers d'autoroute, à l'Hôtel-Dieu, ou à la Bibliothèque Gabrielle-Roy.


 

Une autre maison, la Maison Chevalier (en photo ci-dessous), s'élève au N°50 rue du Marché Champlain. En réalité, il s'agit là d'un ensemble de trois maisons historiques (maisons Chesnay, Frérot et Chevalier). Malheureusement, nous sommes lundi et le lieu est fermé au public en cette saison. C'est dommage car on trouve ici une annexe du Musée de la Civilisation (dans la maison Chevalier) qui propose des reconstitutions des intérieurs d'une authentique demeure québécoise de 1752. Construite en 1752 par Pierre Renaud surnommé « Canard », pour le propriétaire de vaisseau et négociant Jean-Baptiste Chevalier, la structure existante incorpore deux constructions antérieures remontant respectivement à 1675 et 1695. Et servira tout à la fois d'hôtel particulier, de maison d'affaires et d'entrepôt. Après sa restauration, la demeure fut louée par son propriétaire, George Pozer, à un aubergiste qui inscrivit London Coffee House sur la façade, nom d'adoption de l'endroit jusqu'au début du 20è siècle. Puis, elle sera plus tard classée monument comme ses deux voisines, avant de devenir un musée en 1965, puis d'être rebaptisée Maison historique Chevalier en avril 2013.


 

Autre curiosité du quartier, le Théâtre Petit-Champlain (ci-dessous), au N°68 rue du Petit-Champlain, une salle de spectacle qui accueille des artistes québécois et étrangers. Le lieu porta d'abord le nom de Théâtre Champlain au milieu du 19è siècle et avait une vocation théâtrale, jusqu'à ce qu'Ulric Breton et d'autres partenaires ne l'agrandissent en 1990, et inaugurent quatre ans plus tard la première Maison de la Chanson dont la mission était alors de favoriser la culture musicale, le théâtre et les spectacles humoristiques. On ne compte plus les artistes québécois (Diane Tell, Gilles Vigneault, Diane Dufresne,...) et internationaux qui s'y produisirent à un moment ou à un autre.


 

Juste en face de ce haut-lieu culturel, j'aperçois le minuscule parc Félix-Leclerc (après avoir parcouru récemment l'autoroute du même nom). Notre homme, à la fois auteur-compositeur-interprète, poète, écrivain, animateur radiophonique, scénariste, acteur, chansonnier, conteur, dramaturge et metteur en scène, reste avant tout un être engagé pour la souveraineté du Québec et en faveur de la défense de la langue française. Un exemple pour nous tous.

Je me dirige maintenant vers la rue Dalhousie et découvre bientôt la Batterie royale (ci-dessous) : celle-ci fut bâtie en 1691 pour protéger le port, et reste l'un des principaux éléments défensifs de la cité. J'y découvrirai sur place les mécanismes du tir au canon grâce à des panneaux explicatifs. L'ouvrage, érigé sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent s'inscrivait alors dans le cadre d'un vaste chantier de fortification de la ville qui fut commandé immédiatement après la levée du siège de 1690 (lors duquel les Anglais tentèrent de prendre la cité avec l'appui de la milice coloniale américaine). Le gouverneur Louis de Buade de Frontenac commande alors la construction d'un bastion situé à la pointe aux Roches et confie l'ouvrage à l'entrepreneur Claude Baillif. Quelques temps après, l'ingénieur Robert de Villeneuve critique cette plateforme ceinte de quatre murs et posée sur le roc. Cette dernière ne tardera pas à se détériorer et subira plusieurs chantiers de travaux en 1695, 1700 et 1730. La Batterie royale fera face à son premier (et dernier) assaut lors du siège de 1759 : épisode majeur de la guerre de la Conquête au Canada, ce siège verra la ville de Québec assiégée du 26 juin au 18 septembre, date de la capitulation. Après cette victoire britannique, le bastion sera acheté par William Grant qui y érigera des bâtiments. Puis, un quai sera construit sur une partie du bastion et de la grève au sud en 1785, juste avant l'allongement du terrain vers l'est en 1791. Et la Batterie royale d'être plus tard ensevelie, entre 1836 et 1840, avec la construction du marché Finlay. Il faudra attendre 1967 et la fameuse loi concernant la Place Royale à Québec pour voir la mise en place d'un vaste chantier de restauration historique de la Basse-Ville prévoyant la destruction des constructions situées sur les vestiges de la Batterie. Désormais, l'endroit a retrouvé son faste d'antan et est mis en valeur annuellement lors des Fêtes de la Nouvelle-France.


 

Le quartier Petit-Champlain abrite aussi la Place Royale, lieu de départ de la ville de Québec, de la Province de Québec et du Canada. Des dalles de granit dessinent d'ailleurs les limites du fortin bâti en 1624 par Champlain sur les fondations de sa première habitation en bois qui avait été érigée lors de son arrivée en 1608. Ces dalles sont visibles sur le pavé à l'ancienne, face à l'église. Au centre de cette même place se dresse le buste de Louis XIV qui rappelle qu'en 1663, le jeune roi de France allait décider que le Canada, jusque là administré par le clergé et les marchands, deviendrait désormais une province française comme une autre, dirigée par un gouverneur secondé par un intendant général. En 1950, cet endroit était le centre d'un quartier délabré mais des travaux d'embellissement remettront en valeur les maisons qui furent restaurées dans le style du 18è siècle, avec leurs hauts murs de pierre et leurs larges toits à lucarnes saillantes. Des plaques indiquent désormais le nom du premier propriétaire et la date de construction de chaque demeure.


 

Cette même place abrite également un musée qui livre les secrets de l'histoire du quartier et des débuts de Québec. L'institution, inaugurée en 1999, fut érigée sur les vestiges de l'ancienne maison historique Hazeur datant de 1684, et incendiée en 1990. On en garda juste la façade donnant sur la Place royale. Le visiteur y découvrira quatre expositions permanentes : Champlain retracé, une œuvre en trois dimensions, Trois siècles de commerce, Place Royale en pleine croissance et Comme nulle part ailleurs. On peut enfin y admirer une collection d'objets archéologiques qui témoignent de la vie quotidienne des habitants d'antan en Nouvelle-France.


 

Terminons cette balade par l'église de Notre-Dame des Victoires, la plus ancienne église en pierre d'Amérique du Nord. Celle-ci se dresse fièrement sur la Place royale depuis qu'elle a été bâtie sur les vestiges de la seconde habitation de Samuel Champlain. Sa construction débuta en 1687 pour s'achever en 1723. A l'origine consacrée à l'Enfant-Jésus, elle reçut le nom de Notre-Dame de la Victoire à la suite de la retraite de l'amiral anglais William Phips, puis prendra le nom de Notre-Dame des Victoires en 1711 après la dispersion de la flotte britannique commandée par l'amiral Hovenden Walker. Un bombardement britannique de la Basse-Ville détruira l'église en 1759, juste avant la bataille des plaines d'Abraham (qui opposa les Français défendant la ville de Québec assiégée et l'armée britannique). Le maitre-charpentier, Jean Baillargé restaurera la sacristie trois années plus tard puis s'emploiera à restaurer le reste de l'église jusqu'en 1766. L'édifice religieux sera finalement classé monument historique le 11 juillet 1929, puis désigné lieu historique national par le gouvernement du Canada le 1er janvier 1988.

 

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