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Sanctuaire de Sainte Anne de Beaupré
(Québec, Canada)
Heure locale

 

 

Mercredi 2 mai 2018

 

Sainte Anne de Beaupré vit l'arrivée des premiers colons en 1650. Depuis, il s'est passé beaucoup de choses dans cette commune québécoise qui verra grandir sa première chapelle sur un terrain offert par un certain Etienne de Lessard huit ans plus tard. Et l'endroit d'être désormais connu mondialement pour son sanctuaire catholique, la Basilique Sainte Anne de Beaupré, un lieu de pèlerinage qui attire chaque année plus d'un million de visiteurs. Un 26 juillet, j'avais déjà couvert le pèlerinage de Sainte Anne d'Auray (56) sous une pluie battante il y a quelques années de cela mais cette fois, le beau temps est de mon côté. C'est qu'ici, Sainte Anne est la patronne civique et ecclésiastique du Québec. Et ce sanctuaire d'apparaitre comme le plus ancien de l'Amérique française. En effet, cela fait plus de trois siècles qu'on prie ici la bonne Sainte Anne.

C'est en 1658 que des Bretons en mer, sauvés par leurs prières à la sainte, lanceront le projet de construction d'un sanctuaire en son honneur. Une première chapelle en bois sera élevée sur un terrain offert pour l'occasion et la guérison d'un ouvrier, Louis Guimont, a lieu lors des travaux. Ce sera le premier des nombreux témoignages qui suivront plus tard en faveur de Sainte Anne. Bâtie trop près du fleuve, cette première chapelle sera vite endommagée par les marées et reconstruite dès 1661, un peu plus à l'est et au pied de la côte, sur l'emplacement de l'actuel cimetière. La construction en colombage pierroté survivra mal aux rigueurs du climat et sera remplacée en 1676 par une église de pierre. Celle-ci, agrandie et rénovée à plusieurs reprises, accueillera des milliers de pèlerins pendant près de deux siècles, jusqu'à ce que ses matériaux soient en partie récupérés afin d'élever l'actuelle chapelle commémorative (ci-dessous) érigée sur le transept de l'église originale. Cet édifice mesurait cent pieds de long et 30 de large en 1877, formant une croix latine et se terminant par un arrondi. Les murs extérieurs et intérieurs étaient alors crépis à la chaux et la façade, tournée vers l'ouest, ne disposait à l'époque que d'une grande porte. Une porte de service avait toutefois été aménagée sur le pan de mur qui donnait sur le Chemin royal. D'abord couverte en ardoise, l'église sera ensuite recouverte de bardeaux. Une croix surmontée d'un coq gaulois terminera le clocher édifié dans un premier temps par les menuisiers Robert Leclaire et Jean Marchand, en 1694, puis plus tard remplacé par un clocher plus léger et plus petit.

 

Une première basilique verra ensuite le jour en pierre et en bois sous l'impulsion du curé Gauvreau, dernier prêtre séculier résident. Les travaux de construction seront exécutés par l'entrepreneur Pampalon, le père du vénérable Alfred Pampalon, l'un des premiers rédemptoristes canadiens et dont le tombeau (ci-dessous) se trouve dans l'actuelle basilique. Très tôt affecté par une maladie pulmonaire, ce jeune homme de 17 ans fait le vœu de devenir prêtre en cas de guérison. Ayant repris des forces quelques temps plus tard, il partira en pèlerinage à Sainte Anne puis deviendra prêtre en 1892. Envoyé par ses supérieurs à Mons (Belgique) afin d'y enseigner le catéchisme, il cessera d'assumer sa charge en septembre 1895 suite au retour de sa maladie. Et de réintégrer alors le monastère de Sainte Anne de Beaupré et d'y exercer son ministère jusqu'à sa disparition. Après sa mort, il y eut beaucoup de témoignages de guérisons physiques et spirituelles de pèlerins s'étant rendus sur sa tombe pour l'invoquer.

Dès 1877, le cardinal Elzéar-Alexandre Taschereau demandera aux Rédemptoristes de Baltimore puis de Belgique de prendre en main ce sanctuaire dont la popularité ne cessait alors de croitre depuis l'arrivée du chemin de fer en 1881. L'église sera officiellement consacrée en 1878 et recevra du pape Léon XIII le titre de basilique mineure en 1886, faisant de cet édifice le second temple catholique situé au nord du Mexique à porter ce titre, juste après la cathédrale de Québec. 1891 verra ensuite l'érection d'un nouveau monastère ainsi que d'un Saint escalier (deuxième photo), réplique en bois de l'escalier saint conservé à Rome. On assiste également à l'inauguration du séminaire Saint-Alphonse en 1896. Pour rappel, la Scala Santa est l'escalier que Jésus monta en allant au prétoire de Pilate. Il est donc un précieux souvenir de la Passion, d'autant plus que cet escalier existe encore et est vénéré à Rome, à Saint Jean de Latran. Or, au siècle dernier, l'usage se répandit de construire des répliques de cet escalier en plusieurs endroits du monde catholique, dont à Sainte Anne de Beaupré, où l'on érigera celui-ci en 1891, premier du genre en Amérique. Dans chacune des contre-marches de l'ouvrage, on inséra un souvenir des différents sanctuaires de la terre sainte.


 

Cette première basilique, agrandie et achevée sous la direction du père rédemptoriste Servais Paquay, sera détruite par le feu le 29 mars 1922. On parviendra toutefois à préserver la statue colossale en bois représentant Sainte Anne qui trônait au sommet de la façade (ci-dessous). Oeuvre de Matthias Zens, sculpteur belge, celle-ci sera réinstallée sur la façade de l'actuelle basilique, dont la construction débutera un an après l'incendie. L'architecte parisien Maxime Roisin proposera alors, dans la tradition des Beaux-Arts, un monument de style néo-roman avec des proportions gothiques. Il sera assisté dans son travail par l'architecte Louis-Napoléon Audet, de Sherbrooke, qui sera chargé de la surveillance des travaux et à qui sera confié l'adaptation des plans au contexte nord-américain. Le gros œuvre sera achevé en 1962 avec la construction des flèches surmontant les beffrois mais la basilique ne sera officiellement consacrée qu'en 1976 par le cardinal Maurice Roy, malgré le non-achèvement total des ouvrages (plusieurs niches resteront encore vides et certaines corniches non encore sculptées).

 

Il n'empêche que cet édifice compte parmi ses trésors des vases sacrés du 18è siècle qui furent ciselés par divers artistes, dont François Ranvoyzé et Laurent Amyot. On trouve aussi sur place une importante collection d'ex-voto. En pénétrant à l'intérieur de la basilique (ci-dessous), j'éprouve un sentiment de grandeur. Il est vrai que l'édifice atteint les cent mètres de haut et impressionne le visiteur par la richesse des décorations. La façade extérieure, elle aussi, apparaît comme conséquente avec son tympan représentant Sainte Anne dans la Gloire tandis qu'au-dessus d'elle, veille l'ange du pèlerin, et que douze apôtres encadrent une grande rosace. Plusieurs statues décorent l'ensemble : Marie, Joseph, Jean-Baptiste, Mgr de Laval et Marie de l'Incarnation, toutes ces sculptures étant des chefs-d'oeuvre du sculpteur québécois Emile Brunet.

Les portes principales de la basilique sont quant à elles recouvertes de panneaux de cuivre repoussé à la main (ci-dessous) qui représentent plusieurs scènes de la vie de Jésus. A l'origine, cette œuvre d'art de l'artiste Albert Gilles était exposée sur les portes de l'église Saint-Joseph de Québec durant les années 1950. Les trois doubles-portes représentent à elles seules un an de travail. Après la fermeture de cette église en 2003, il sera décidé de transférer cette œuvre à la basilique de Sainte Anne de Beaupré pour lui donner une seconde vie.


 

Après m'être recueilli un instant devant la statue miraculeuse de Sainte Anne (en photo ci-dessous), je me dirige vers le déambulatoire (deuxième photo) qui abrite plusieurs chapelles rayonnantes : celles-ci furent construites avant le Concile Vatican II, à une époque où chaque prêtre devait célébrer la messe en particulier. Reliées par une grande mosaÏque qui illustre l'histoire de l'eucharistie, ces chapelles forment une couronne autour du choeur et chacune d'entre elles est dédiée à un saint qui a marqué l'histoire de l'église. On retrouve ainsi Saint Alphonse, le fondateur de la congrégation des rédemptoristes, Notre-Dame du Perpétuel Secours, dont la dévotion est confiée aux rédemptoristes, Saint Patrick, en hommage aux nombreux pèlerins d'origine irlandaise, Saint Joseph, le gendre de Sainte Anne, Saint Benoit, maitre spirituel et fondateur des bénédictins à l'origine de toutes les vies consacrées, Saint Jean Baptiste de la Salle, l'éducateur, Saint Joachim, l'époux de Sainte Anne, Saint Jean Baptiste, patron des Canadiens Français, Au Coeur eucharistique, chapelle de la sainte réserve et Saint Gérard Majella, frère rédemptoriste, et saint remarquable.


 

Je descend ensuite au sous-sol de la basilique pour y visiter tout d'abord la chapelle du Très Saint Sacrement (ci-dessous). C'est au peintre Marius Dubois que l'on doit sa décoration, principalement centrée sur l'eucharistie, à partir de l'Agneau Mystique et de la moisson abondante qui annonce l'Eucharistie. Cette Eucharistie est ici célébrée toute l'année, du lundi au samedi à 7h10. Et la messe d'être diffusée partout dans la grande région de Québec, via la télé communautaire (canal 609). Juste en face de la chapelle du Très Saint Sacrement se trouve la chapelle d'adoration qui offre des moments de silence et de contemplation. Je pénètre maintenant dans la chapelle de l'Immaculée Conception (deuxième photo), fille de Sainte Anne. L'architecture est ici purement romane et les décorations ont été réalisées par Frédéric Doyon, Marius Dubois et Pierre Lussier. Par ailleurs, la chapelle abrite de nombreux chapiteaux, lesquels abritent 176 petites mosaïques d'oiseaux, de fleurs, de papillons et d'autres jolies choses qui rendent hommage à Dame Nature. A quelques pas de là, je découvre la Pietà (troisième photo), l'une des plus belles reproductions de l'oeuvre de Michel-Ange. La célèbre statue représente le thème biblique de la Vierge Marie douloureuse tenant sur ses genoux le corps du Christ descendu de la croix avant sa mise au tombeau, sa résurrection et son ascension. L'oeuvre originale sera sculptée entre 1498 et 1499. Cette sculpture, une des œuvres d'art les plus célèbres de tous les temps, assurera la notoriété de Michel-Ange. On doit la commande de cet ensemble sculptural au cardinal français Jean Bilhères de Lagraulas, dit aussi Jean Villiers de la Groslaye, qui fut abbé de la basilique Saint-Denis, cardinal et ambassadeur de France auprès du pape. Notre homme s'acquittera à l'époque d'une rétribution de 450 ducats d'or en monnaie pontificale pour cette oeuvre.


 

A l'extérieur, et tout près de la chapelle commémorative se dresse en quatorze stations le chemin de croix (ci-dessous) sur la colline. Celui-ci, qui évoque différents moments de la Passion de Jésus, reste une dévotion ancienne mais jamais dépassée car inspirée par les récits évangéliques. Le parcours de ce chemin de croix se fait à l'ombre d'un sous-bois d'érables majestueux et se vit comme un pèlerinage. Chaque scène regroupe environ cinq personnages en fonte bronzée, coulée dans les ateliers de Vaucouleurs (France). Il fallut toutefois une longue période (de 1913 à 1945) pour réaliser ce chemin de croix dans son intégralité.


 

Pour terminer, je me rends devant la fontaine (ci-dessous) faisant face à la basilique. Cette œuvre fut inaugurée en 2008 lors des Fêtes du 350è anniversaire du sanctuaire, et mesure dix mètres. Une vasque en bronze de quatre mètres de diamètre laisse couler l'eau tandis qu'en son sommet, une statue représentant Sainte Anne et sa fille Marie est l'oeuvre du sculpteur canadien Emile Brunet.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Sanctuaire de Sainte Anne de Beaupré, 10018, Avenue Royale, à Sainte Anne de Beaupré. Tél:(418)827 3781. Site internet : https://sanctuairesainteanne.org/fr/
  • La fête de Sainte Anne est célébrée chaque 26 juillet et est précédée de la Neuvaine, du 17 au 25 juillet

  • Diffusion de la messe d'Eucharistie : http://www.teledici.com/



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