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Le Fjord du Saguenay
(Québec, Canada)
Heure locale

 

Lundi 7 mai 2018

 

Je quitte La Malbaie ce matin sous un beau soleil, et m'apprête à conduire quelques heures pour me rendre jusqu'à Chicoutimi, près du lac Saint-Jean. La route est belle mais sinueuse en direction de Cap à l'Aigle, ma première étape. L'endroit, qui fait partie de la commune de La Malbaie n'est qu'un hameau avec son quai en contrebas. Une magnifique sculpture d'aigle (en photo ci-dessous) matérialise le site de l'Aigle et commémore un lieu-dit remontant aux premiers jours du régime français. En effet, les anciens navigateurs du fleuve Saint-Laurent auront probablement noter la présence d'aigles le long de cette côte, tout comme Samuel Champlain, qui passa par là en 1608, ce qui le poussa à nommer cet endroit cap à l'Aigle, un endroit toutefois approximatif sans qu'on puisse identifier ce dernier de façon précise, du moins jusqu'en 1641, date à laquelle on distinguera le fameux cap situé à environ 7 miles à l'est de la rivière Malbaie, sur une ancienne carte attribuée à Jean Bourdon, cartographe et premier seigneur de la région. Ce cap apparaît effectivement comme la dernière longue pointe visible à l'est, le long du littoral, ouvrant une sorte de grande anse appelée jadis l'anse du Cap à l'Aigle et longue d'environ vingt miles, qui se terminait au cap aux oies plus à l'ouest et au fond de laquelle se jette la rivière Malbaie. Quant au rang des terres concédées près du fleuve, il a pris vers 1810 le nom de ce cap majestueux et, lorsque la municipalité civile fut créée en 1916, cette dernière prit tout naturellement le même nom.

Quant au nom de la terre qui borde la rue Saint-Raphaël (matérialisée par la sculpture de l'aigle), il remonte à très loin puisque ce territoire porta autrefois un nom venu du vieux français, le Heu (mot « heurt » dont la lettre finale a disparu), qui signifiait « une falaise abrupte, un coteau élevé au bord de la mer ». Avec le temps, le cap à l'Aigle voisine donc avec la Pointe Le Heu, qui conserve son ancienne appellation.

Au passage, j'admirerai les ravissantes demeures de ce hameau tranquille qui connaissait cependant chaque année l'effervescence lors du Festival Le temps des Lilas, lequel se tenait ici le deuxième week-end du mois de juin et qui permettait de découvrir les superbes jardins fleuris du lieu.

 

Prochaine étape, Saint-Siméon, petit village situé aux limites de Charlevoix et du Saguenay, près de la côte nord. L'endroit resta longtemps un carrefour économique et un lieu d'échanges lorsque son histoire démarre vers 1830, à une époque où toutes les bonnes terres de La Malbaie avaient déjà trouvé preneur. Et les nouveaux arrivants de venir ici sur cet immense territoire forestier encore inexploité qui prendra plus tard le nom de Saint-Siméon. La municipalité, elle, est créée le 23 juillet 1869, alors que l'essentiel de la population est constitué par des agriculteurs, des travailleurs forestiers et des marins, et entame un important développement économique : en plus de la production du moulin à scie, on y construit également 23 bateaux (ci-dessous) entre 1860 et 1920. Et de relier les rives nord et sud du fleuve au début du 20è siècle, avec un traversier entre Rivière-du-Loup et Saint-Siméon. Le premier traversier du genre sera le S.S.Mahone, un bateau à vapeur qui fera le voyage été comme hiver entre 1905 et 1910. A quelques kilomètres de là, en contrebas, je descends à Port au Persil, là où William Fraser et ses associés feront bâtir un moulin à scie muni de deux roues dès 1825, pour la somme de 500$. Moulin loué plus tard à Louis Tremblay, jusqu'à ce que cette construction brûle en 1856. Cinq ans plus tard, le moulin, rénové par Joseph Collard produira 10000 madriers. Les moulins à scie feront ainsi leur apparition à partir de 1810 afin de faire face à l'envol du commerce du bois. Les cultivateurs seront souvent à l'initiative de ces constructions, profitant alors de la présence d'un cours d'eau sur leurs terres et du supplément de revenu ainsi dégagé.

Port au Persil sera habité pour la première fois en 1812 avec l'arrivée de la famille de Neil McLaren, venue d’Écosse, qui sera rejointe un an plus tard par une autre famille écossaise, celle de Peter McLeod. Des francophones viendront peupler l'endroit un peu plus tard (Tremblay, Carré...) et y établiront des affaires comme les deux sœurs Bouchard qui y exploiteront l'hôtel Port-au-Persil.


 

A Saint-Siméon, je bifurque pour emprunter la route 170, route provinciale québécoise est-ouest située sur la rive nord du Saint-Laurent, qui dessert les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Capitale-Nationale. Cette route m'offrira de jolis paysages (ci-dessous) alors qu'elle borde le parc national du Fjord-du-Saguenay. Sous un soleil éclatant et un température agréable, le dégel est à l'oeuvre ici et là mais je peux encore apercevoir plusieurs lacs encore gelés.

 

Je fais bientôt un arrêt au Petit-Saguenay, niché au creux de sa vallée, au pied d'une falaise imposante, et le long de la rivière du même nom. Une petite route me conduit en quelques minutes au quai d'où je pourrai admirer le fjord (en photo ci-dessous) avec un horizon de... 27 kilomètres. En été, ce quai est aussi l'endroit parfait pour admirer de magnifiques couchers de soleil. Au retour des beaux jours, le petit village invite aussi les vacanciers à venir profiter de l'anse Saint-Etienne avec son immense plage depuis laquelle on peut observer bélugas et phoques. La création du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent à cet endroit est intervenue en 1990, sous l’initiative des deux gouvernements québécois et canadien. Ce parc a pour mission d'assurer la protection et la mise en valeur d'une aire marine exceptionnelle, formée par la confluence du fjord du Saguenay et de l'estuaire du fleuve Saint-Laurent. Les 1245 km2 de ce parc recouvrent la zone du fjord entre Sainte-Rose-du-Nord et l'estuaire, mais aussi la zone fluviale du Saint-Laurent jusqu'au niveau de la Malbaie au sud, et jusqu'à la hauteur des Escoumins au nord. Depuis au moins 8000 ans, le parc marin est parcouru, visité et exploité par l'humain. Et la protection de ses écosystèmes est mise en place dans ce contexte.


 

Je reprends ma route pour me diriger maintenant vers l'Anse Saint-Jean, bourgade de plus de mille âmes, qui cache quelques curiosités, mais pour cela, il faut quitter la route 170, puis tourner à gauche et suivre le panneau routier « L'Anse Saint-Jean, 6km ». La route est sinueuse mais longe la rivière du même saint (ci-dessous) qu'enjambe un joli pont couvert (deuxième photo) qui offre à l'intérieur une exposition de peintures. Le village offre une jolie église et quelques maisons patrimoniales. Je n'hésite pas à suivre la route jusqu'à son terme et arrive ainsi à une petit marina (troisième photo) à côté d'une petite plage. L'endroit est calme et plaisant et l'on imagine très bien cet havre de paix sous les couleurs d'automne, une saison magique durant laquelle est d'ailleurs organisé un symposium de peinture.


 

Je ne suis désormais qu'à quelques dizaines de kilomètres de Chicoutimi, mon prochain point de chute. Le soleil est au beau fixe et la température idéale. Je longe la rivière Saguenay qui prend sa source au lac Saint-Jean et se jette dans le fleuve Saint-Laurent, à 155 kilomètres de là. Son bassin hydrographique s'étend sur 698 km de long, depuis la source de la rivière Péribonka, jusqu'au fleuve. Les Amérindiens utilisèrent cette rivière durant des millénaires et bien avant l'arrivée des Européens, pour se déplacer et commercer. Et le canot d'écorce d'arbre d'être alors le moyen de transport essentiel. Les Basques seront plus tard les premiers Européens à fréquenter la région de Tadoussac pour y chasser la baleine. Et ce sont des Français qui y établirent aussi le premier poste de traite de fourrure dès 1600.


 

 

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