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Tadoussac
(Québec, Canada)
Heure locale

 

Vendredi 11 mai 2018

 

Grand écart sur l'échelle des températures au cours de cette nuit, suite à l'arrivée d'un front froid sur le Québec : de 24°, nous sommes passés à ...0° avec quelques flocons de neige, un froid glacial et un temps couvert. Infatigable, j'arpenterai malgré tout Tadoussac, village de la Côte nord québécoise, avec 850 Tadoussaciens. Arrivé hier soir, j'ai passé la nuit à l'Auberge La Galouine, menée de main de maitre par le talentueux Martin Brisson qui met non seulement un point d'honneur à travailler les produits locaux mais est aussi l'un des ambassadeurs de tousruraux.quebec (http://www.tousruraux.quebec.com). Je logerai pour l'occasion dans une chambre située au-dessus du restaurant, dans cette auberge toute en bois, craquant sous l'assaut des vents. J'aurai ainsi l'agréable impression d'être à bord d'un bateau. Sommeil garanti !

La région de Tadoussac sera visitée par Jacques Cartier en 1535, lors de sa remontée du fleuve Saint-Laurent, puis par Roberval en 1542. Le Sieur Pierre de Chauvin s'y arrêtera également en 1599, tout comme Samuel de Champlain (en 1603). L'endroit occupe alors un endroit stratégique car d'ici, le voyageur pouvait remonter le fleuve jusqu'au continent en s'enfonçant dans le fjord de Saguenay pour rejoindre les peuples algonquiens et hurons plus à l'ouest. Pour les Amérindiens, le village est l'un des maillons de circuits d'échanges intenses depuis des millénaires, et plusieurs nations se rencontrent l'été, à l'embouchure du Saguenay afin d'échanger divers objets. L'endroit deviendra bientôt le premier établissement français en Amérique du Nord, avec l'érection d'un poste de traite de la fourrure (en photo ci-dessous), c'est à dire un lieu où l'on échangeait les biens, une sorte de comptoir colonial. Entre 1600 et 1870, ces comptoirs représentaient les principaux lieux d'échange pour la traite des fourrures (échange de biens de nécessité contre des fourrures) entre populations autochtones et colons du Canada. Les peaux d'animaux étaient alors troquées contre des articles fabriquées en Europe. Dans le cas de Tadoussac, le roi de France Henri IV accordera le monopole du commerce de la fourrure en 1599 à François Dupont-Gravé et à Pierre de Chauvin qui ouvriront ce poste de traite en 1600. En ce temps-là, l'hiver était si rude que sur les seize personnes laissées sur place la première année, cinq seulement survivront. Trois ans plus tard, en 1603, Champlain recevra des Algonquins l'assurance que les Français seraient les bienvenus en tant qu'alliés. Et le poste de traite Chauvin de devenir un centre de transbordement pour les vaisseaux français.


 

Surnommée la chapelle des Indiens, la petite chapelle de Tadoussac (ci-dessous) vit le jour en 1747. Bien des années auparavant, en 1615, des Récollets tenteront d'établir une première mission sur place, mais les Améridiens, peuple nomade, ne feront qu'y passer sans s'y fixer. Une autre tentative conduite par les Jésuites en 1632 sera vaine, jusqu'à ce que le Père Jean de Quen, découvreur du lac Saint-Jean, obtienne plus de succès en 1641. Ce sera toutefois le Père Coquart qui élèvera la chapelle qui se dresse encore aujourd'hui face au fleuve, une chapelle alors consacrée à Sainte-Anne et qui deviendra au fil du temps l'un des lieux de culte privilégiés de la communauté montagnaise de la Côte-Nord. L'édifice religieux est depuis devenu la plus ancienne chapelle de bois sur le continent nord-américain et c'est en grande pompe que son 250è anniversaire fut célébré en 1997. Le cimetière attenant évoque bien sût l'histoire lointaine de Tadoussac et abrite toujours (sous la chapelle) les restes des Jésuites Coquart et de la Brosse qui jouèrent ici un rôle déterminant. On pense qu''une toute première chapelle fut érigée dans le village avant celle-ci, probablement bâtie en pierre mais elle fut détruite par le feu en 1645. Sa cloche, originaire de France, a cependant été installée dans la chapelle actuelle. Ouverte uniquement en période estivale, je n'aurai pas la chance de pénétrer dans cet édifice de 25 pieds (par 30) ni d'admirer l'autel et les accessoires très élégants regroupés dans une alcôve octogonale qui se dresse tout au fond de la chapelle. Les visiteurs remarqueront deux peintures à gauche de l'autel, l'une représentant le portrait du premier prêtre venu au Canada, et l'autre, une scène biblique. Le plafond arrondi, lui, est peint en bleu.


 

Je n'ai qu'à traverser la rue pour admirer la magnifique façade de l'hôtel Tadoussac (ci-dessous en photo) : l'heure est aux préparatifs car l'établissement rouvre ses portes dans quelques heures, mais je ne rencontrerai sur place que des personnes disponibles pour me permettre de prendre quelques photos. Merci encore à elles ! En langue montagnaise, Tadoussac signifie « mamelons » alors que le mot tatoushak (pluriel de totoush) signifie « mamelles ». Jadis, durant les mois d'été, le fleuve Saint-Laurent servait de point de rassemblement pour les tribus des premières nations du nord-est de l'Amérique, bien avant l'implantation des colons. Plus tard, des milliers de voyageurs remonteront chaque année le fleuve jusqu'au fjord du Saguenay. En 1849, le bateau à vapeur Rowland Hill assurait un service régulier entre Québec et Saguenay, et sera suivi en 1853 par le Saguenay, encore plus luxueux. Peu avant 1850, c'est l'affluence des touristes à Tadoussac qui décidera de l'établissement du village actuel. Et la Compagnie Canada Steamship Lines d'y effectuer des croisières à partir de 1855, pour y amener, dix années durant, des touristes américains descendus à Montréal à la découverte du « pays de Tadoussac ».

Le premier hôtel Tadoussac verra le jour en 1864 grâce à de riches Montréalais et Québécois. Il comportait à l'époque une large façade de douze fenêtre ainsi que trois étages. En 1879, il sera revendu pour 12000$ et l'établissement sera rénové pour la première fois en 1888. Malheureusement, l'hôtel sera détruit à l'automne 1941, puis rebâti un an plus tard par William Hugh Coverdale, alors président de la Compagnie Canada Steamship Lines. L'hôtel offrait 137 chambres dont 47 doubles et 20 simples avec salles de bain. 33 autres chambres disposaient quant à elles de douches, mais tout l 'établissement bénéficiait déjà de l'eau courante, chaude et froide. Et un système moderne de gicleurs avait aussi été installé contre l'incendie. Réputé homme de goût et grand collectionneur d'art, Mr Coverdale avait décoré et orné l'hôtel dans le style campagnard à l'aide de collections de meubles et de tableaux canadiens anciens. Et l'ameublement d'être uniquement composé d'objets d'art domestique québécois comme des draperies et des couvertures tissées à la main par des habitants de zones rurales, ou encore des meubles en érable. A l'extérieur, un terrain de golf de neuf trous avait aussi été installé. L'hôtel compte aujourd'hui 149 chambres, et deux restaurants (dont l'un d'entre eux offre une superbe fresque de Tadoussac, en photo ci-dessous), un bar, une salle de bal Marie-Clarisse qui a conservé tout son cachet d'antan, une salle de jeux et un centre de santé, de quoi satisfaire la clientèle huppée qui fréquente l'endroit.


 

Mon regard naturellement vers cette immensité qu'est le fleuve Saint-Laurent. Au milieu de cette étendue d'eau et non loin de là se dresse la toupie (en photo ci-dessous), un phare situé à l'embouchure du fjord du Saguenay, à environ sept kilomètres du village. L'ouvrage comporte une tour de plus de 25 mètres, qui fut érigée en 1964 sur un haut-fond considéré comme l'un des plus dangereux du fleuve. Le phare est par ailleurs constitué d'une base conique sous la forme d'une plateforme, sur laquelle est dressée une tour cylindrique marquée de bandes blanches et rouges. A cet endroit, où le fleuve a une largeur de 23 kilomètres, la marée haute a environ six mètres d’amplitude et le phare produit un flash de lumière blanche toutes les 2,5 secondes. Ce faisceau lumineux est visible jusqu'à 18 miles nautiques. Cette construction fut très longtemps (à savoir depuis 1905) précédée par un bateau-phare. Trois navires de ce type se succéderont jusqu'à la construction du phare actuel.

 

A l'écart du village, je découvre d'insolites dunes de sable (ci-dessous). Ce n'est certes pas la dune du Pyla mais ces dunes restent tout de même impressionnantes et inattendues, surtout celle qui descend vers le fleuve. Plusieurs années durant, il y eut sur place un centre d'interprétation qui expliquait l'origine et l'existence de ces montagnes de sable mais l'information a depuis disparu. J'obtiendrai finalement ce que je recherche grâce à l'aide précieuse d'une charmante dame, bibliothécaire de profession, et de permanence à l'office du tourisme : ces dunes de sable sont des terrasses marines qui ont mis en réalité 10000 ans à se former depuis l'amorce du retrait des glaciers sur le nord-est du continent. Le territoire, alors submergé par la mer de Goldthwait, hérite de dépôts d'argile et de sable. Une fois libérée du poids de plusieurs kilomètres d'épaisseur de glace, ces terrasses marines des dunes seront formées par le relèvement progressif de la croûte terrestre. Et le sol, de s'être recouvert de suffisamment d'humus et de végétation à travers les siècles pour le rendre propice à l'agriculture au moment de l'essor économique de Tadoussac, dès 1838. Moulin-Baude deviendra alors un véritable ilot de végétation jusqu'au début du 20è siècle, mais l'avancement des dunes fera disparaitre plusieurs fermes, bien que l'endroit connut une désertification encore plus importante il y a quelques décennies de cela.

 

Mon dernier clin d'oeil va au centre d'interprétation des mammifères marins de Tadoussac, lui aussi encore fermé actuellement : ce lieu est destiné à la recherche et à l'éducation afin de transmettre les connaissances les plus actualisées concernant ces mammifères marins qui fréquentent le fleuve Saint-Laurent. Chaque année, le CIMM accueille environ 35000 personnes et est à ce titre le musée le plus visité de la Côte-Nord. On peut en effet y découvrir un cachalot de treize mètres ou explorer l'univers des baleines avec vidéos inédites, univers sonore, collection de squelettes et film exclusif. Un passage conseillé avant d'embarquer pour l'une des croisières d'observation des grosses bêtes sur le fleuve Saint-Laurent.


 

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