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Sept-Îles
(Québec, Canada)
Heure locale

 

Lundi 14 mai 2018

 

Sept-Îles n'est pas à proprement parlé une ville touristique mais cela ne l’empêche pas d'avoir sa propre histoire. Très tôt, c'est à dire dès la première moitié du 16è siècle, des baleiniers basques présents au Nouveau Monde exploitent les ressources du Saint-Laurent, notamment du côté de Tadoussac vers 1550. Samuel de Champlain en rencontre aussi à Sept-Îles en 1626, lors d'un de ses voyages. Plus tard, en 1738, des pêcheurs basques se seraient même établis dans la région. Basques espagnols et français abandonnent toutefois cette pêche à la baleine pour se tourner, dès la fin du 16è siècle vers la morue, avant d'être remplacés par les morutiers anglais et ceux de la Nouvelle-Angleterre suite à la Conquête de la Nouvelle France en 1760. La fourrure attirera également les colons aux 17è et 18è siècles sur les rives du grand fleuve. Les premières familles à s'établir dans la région de Sept-Îles proviendront en majorité des Îles de la Madeleine. On y viendra d'abord pour pêcher et chasser mais les forges de Moisie et le moulin de Clarke City ne tarderont pas à attirer les premiers travailleurs. La baie des Sept îles et ses environs sont fréquentés depuis près d'une demi-millénaire. Le navigateur français Jacques Cartier en fera mention en 1535, avant la période d'activité du poste de traite de Sept-Îles du 17è au 19è siècles.


 

Comme pour d'autres sites de la Côte Nord, Sept-Îles se développera grâce à ses richesses naturelles : l'eau apportera la pêche, la navigation et l'hydroélectricité tandis que la forêt fournira bois, fourrures et animaux, et la terre, les minéraux. Le fer sera ainsi exploité pour la première fois en 1865 par la Moisie Iron Company, alors que l'aluminium disposera de son usine de transformation à partir de 1989, avec l'Aluminerie Alouette. Et la ville de Sept-Îles de voir officiellement le jour le 14 mars 1951 avec cette devise Septem emergunt de flumine (Sept s'élève à la surface du fleuve) et des armoiries tournées vers l'avenir et la prospérité. Quant au drapeau de la ville, il sera hissé pour la première fois en 1976, lors des célébrations du 25è anniversaire de son incorporation, et quelques années après que Sept-Îles connut sa première crise économique qui conduira au développement de l'industrie de l'aluminium et à la construction de la centrale électrique Sainte-Marguerite 3.

En 1970, la ville s'agrandit avec l'annexion du village de Clarke City (ci-dessus), première ville industrielle dans l'histoire de la Côte Nord. Le développement de ce petit village amènera les premiers « étrangers » à s'établir au petit hameau de Sainte-Marguerite, hameau depuis disparu et remplacé par le village de Gallix, en hommage au père eudiste Joseph Gallix qui fut missionnaire sur la Côte-Nord pendant presque quarante années. De son côté, l'embouchure de la rivière Moisie sera occupée dès le milieu du 17è siècle par une mission, puis un poste de traite. L'endroit accueillera en 1867 une première usine sidérurgique (la Moisie Iron Compagny) puis une base militaire au début des années 1950. Fusions et annexions feront de ce petit village la deuxième plus grande municipalité du Québec en 1984.


 

Le port de Sept-îles est le deuxième port du Canada (derrière Vancouver) quant au tonnage de marchandises manutentionnées (près de 24 millions de tonnes et 700 navires par année). D'autre part, l'endroit voit accoster les plus gros navires (jusqu'à 300000 tonnes). Il est loin le temps où Jacques Cartier donnait le nom de Sept Îsles à cette baie découverte lors de son second voyage en Amérique. Au 17è siècle, de simples installations d'approche seront installées à l'entrée de la rivière par François Bissot et Louis Jolliet, pour permettre aux bateaux fréquentant le poste de traite de pouvoir accoster. Au tout début du 20è siècle, Sept-Îles ne disposait toujours pas de quai, mais l'industrialisation locale avec la Marine Hay Company, la Quebec Steam Whaling et l'essor de Clarke City va contraindre le village à se doter de celui qu'on appelle aujourd'hui le Vieux quai (ci-dessus) : le quai Saint-Joseph verra le jour en 1908 et deviendra rapidement le lieu de rencontre de nombreux navires circulant au large de la Côte-Nord. Une violente tempête l'endommagera en 1934, mais le petit quai sera reconstruit deux ans plus tard. Le début des années 1950 révèlera toutefois ses limites lorsque les travaux majeurs de la compagnie minière Iron Ore montreront la saturation du débarcadère. Trois nouveaux grands quais seront alors bâtis : Iron Ore, Pointe-aux-Basques et Monseigneur Blanche.

 

Géographiquement, la baie de Sept-Îles est précisément protégée par sept îles (Ilets de Quen, Ile Manowin, Ile du Corossol, Petite Basque, Grande Basque, Petite Boule et Grosse Boule). Quasi circulaire et d'un diamètre de 8 à 10 kilomètres, celle-ci forme un havre naturel exceptionnel, qui sert de déversoirs à plusieurs rivières et qui demeure libre des glaces toute l'année et accessible aux gros navires par son chenal profond. Les environs régulièrement fréquentés par les cétacés seront propices au développement de la pêche à la baleine, industrie qui emploiera alors jusqu'à 200 hommes en saison estivale. Sept-Îles aura aussi son entreprise d 'exploitation d'huile de baleine à partir de 1905, par le biais de la Quebec Steam Whaling Company. Cette entreprise d'origine norvégienne exploitera principalement les rorquals bleus et les rorquals communs. Entre 1905 et 1907, 233 baleines seront ainsi capturées dans les eaux du fleuve à cet endroit.

Alors que je déambule dans la partie la plus ancienne de ce qui n'était au départ qu'un village, je pense à cette « 1ère rue » (aujourd'hui avenue Arnaud) qui vit le jour en 1900. Belle façon d'entrer dans ce 20è siècle que de créer cette toute première artère, bientôt suivie par la construction des premiers trottoirs (en bois) six ans plus tard, puis d'une deuxième rue (avenue Brochu) en 1910. Les premiers trottoirs en ciment attendront quant à eux 1930. Et les rues suivantes de suivre tout simplement l'alphabet : la 3ème rue s'appellera Cartier, la quatrième, Dequen, la cinquième, Evangéline et ainsi de suite...plutôt original, non ? La première pharmacie ouvrira ses portes en 1949, d'ailleurs la même année que l'Hôtel Sept-Îles (où je réside) qui se trouve sur l'avenue Arnaud. C'est en 1952 que cette dernière prendra le nom du père Charles Arnaud, le « pape des Montagnais ». Deux ans plus tard, en 1954, on assistera au pavage des rues du secteur et les travaux d'enrochement en bordure de la baie seront terminés en 1963. Dans les années 1970, le centre commercial et économique de la ville se déplacera vers le boulevard Laure, faisant perdre à l'avenue Arnaud son statut de quartier central. Heureusement, l'inauguration du Parc du Vieux Quai dix ans plus tard relancera un peu l'activité à cet endroit.


 

L'exploitation, le transport et le chargement des ressources minières auraient été impossible sans un complexe portuaire et ...un chemin de fer ! De 1950 à 1954, les travaux de construction d'une voie ferrée de 576 kilomètres par Quebec North Shore and Labrador (filiale de la compagnie minière IOC) se dérouleront dans des conditions climatiques difficiles. Puis, le locomotive 702 (deuxième photo ci-dessus) quittera Schefferville à destination de Sept-Îles en juillet 1954. De là, la compagnie minière expédiera son premier chargement de minerai de fer vers les Etats-Unis. Et cet essor industriel d'entrainer l'accroissement de la population de la ville, laquelle passera alors de 700 ….à plus de 20000 habitants. En 1982, la fermeture des mines de Schefferville occasionnera l'arrêt de la liaison ferroviaire, ce qui affectera ce lien vital pour les communautés. Aussi, le gouvernement canadien permettra t-il de maintenir un trafic passagers sur la ligne à partir de 2005 (voir les infos pratiques).


 

Lieu culturel à ne pas négliger, le Vieux poste (ci-dessus) est devenu non seulement le lieu traditionnel de rassemblement estival pour les Innus de la rivière Sainte-Marguerite et de la rivière Moisie, mais aussi un centre d'interprétation historique qui offre aux visiteurs une expérience fondée sur la rencontre des cultures innue et eurocanadienne. L'histoire de ce lieu débute en 1673 lorsque les premiers commerçants français s'établissent à ce poste de traite et y développent le commerce des produits de la chasse et de la pêche. Plusieurs propriétaires successifs exploiteront ce poste de traite des fourrures, notamment la Compagnie de la Baie d'Hudson, et ce, jusqu'au milieu du 19è siècle. De 1964 à 1966, se succéderont trois chantiers de fouilles archéologiques qui permettront de reconstituer le site historique et ses principaux bâtiments, d'après les plans (deuxième photo) tracés en 1786 par Edward Harrison, inspecteur mandaté par le lieutenant-gouverneur de la province du Québec. A l'époque, le Vieux Poste était formé d'une maison d'habitation, d'un magasin de marchandises sèches adossé à un entrepôt de denrées comestibles, d'un atelier de tonnelier, d'une étable, d'une cave à huile, d'une boulangerie, d'une remise à canot et d'un quai. Toutes ces structures ont depuis été reconstituées, excepté la boulangerie et le quai. La terrasse occupée par le Vieux Poste et située en surplomb de la rivière du même nom fut occupée par les Innus durant de nombreux siècles, occupation probablement due à la présence importance d'animaux (bernaches, canards, éperlans, truites...) à proximité. Les Français se joignirent ainsi aux Innus déjà installés vers 1670, et cette collaboration ouvrira la voie à presque deux siècles d'échanges. Au retour de la belle saison, la communauté innue migraient en direction du Saint-Laurent, pour s'installer à l'embouchure de rivières, à l'endroit où s'élevaient aussi d'autres postes de traite. Le site du Vieux Poste sera abandonné au début des années 1840, au moment où un nouveau comptoir ouvrira sur le littoral de Sept-Îles.

INFOS PRATIQUES :

  • Merci à l'office de tourisme de Sept-Îles (1401, Boulevard Laure) pour son accueil et son aide efficace : http://www.tourismeseptiles.ca/
  • Pour les amateurs de crustacés et de produits de la mer, le Casse-croûte du Pêcheur est ce qu'il vous faut (sur le port, au 4 rue Maltais, à Sept-Îles - Tél:(418) 968 6411)

  • Marie-Eve Duguay (Destination Sept-Îles : https://destinationsept-iles.com/fr

    ) et son collègue m'ont été d'un grand secours dans ma recherche d'informations. Merci à eux !

  • Hôtel Sept-Îles, 451, Avenue Arnaud, Sept-Îles. Tél:(418) 962 2581. Accueil très convivial et vue sur le fleuve dans toutes les chambres. Site internet : http://www.hotelseptiles.com

  • Transport ferroviaire Tshiuetin : http://www.tshiuetin.net/

  • Vieux Poste de Sept-Îles : http://vieuxposte.com/

  • Café 1ère Avenue, 478, Avenue Arnaud, Sept-Îles. Tél:(418) 961 1346. Très bons sandwichs et accès internet gratuit.





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