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Du Mont Saint-Pierre à la Petite Vallée
(Gaspésie, Québec, Canada)
Heure locale

 

Mercredi 23 mai 2018

 

Ma route le long de la côte gaspésienne se poursuit ce matin et m'emmène au Mont Saint-Pierre, une petite commune de 250 habitants. Les premiers colons venus de Montmagny s'y posèrent au milieu du 19è siècle, malgré le peu de contact avec l'extérieur. Il faudra en effet attendre 1928 pour voir apparaître le premier chemin entre Mont-Saint-Pierre et Québec. Le lieu tire son nom d'un certain Pierre Destroismaisons dit Picard, qui fut le premier colon à s'établir au pied de cette montagne.

De nos jours, le village est connu comme la capitale du vol libre de l'est du Canada. Pas le vol à l'étalage, mais le vol à l'air libre, en parachute ou en deltaplane. Et le Mont-Saint-Pierre d'attirer des pilotes de parapente et de deltaplane venus du monde entier pour s'adonner à leur sport favori. En temps normal, on peut observer ces objets volants planer au-dessus de nos têtes mais la saison touristique n'a pas encore repris et le vent glacial qui souffle ce matin sur la région ne se prête pas forcément à ce genre d'activité. Sachez toutefois que la Fête du vol libre a lieu chaque année, ici, au mois de juillet, et qu'elle attire en moyenne une soixantaine de pilotes chevronnées. Cette année encore, l'évènement permettra aux visiteurs d'effectuer des vols en tandem tout en profitant des spectacles, animations et dégustations des produits du terroir. Spectacle garanti !


 

En fait de produits locaux, une habitante me conseille de faire une halte à l'entreprise Atkins & Frères située dans le village d'à côté, à Saint Maxime de Mont-Louis, un village qui salue et honore de son nom le roi Louis XIV qui établit la première seigneurie dans la région. On construisit sur place les premiers poste de pêche dès 1697, et l'endroit de devenir plus tard l'un des plus importants postes de pêche de la côte gaspésienne. La Maison Atkins relève à son tour le défi de s'installer sur place afin d'y développer l'art du poisson fumé selon des techniques particulières (fumaison au bran de scie d'érable, une essence locale), au point de fumer non seulement saumon et truite mais aussi maquereau, pétoncle, crevette, moule et calmar locaux. La fumaison des produits de la mer, qui était d'abord un simple passe-temps artisanal et ludique, passera au stade industriel en 1993, avec la transformation d'un ancien magasin général en fumoir dans ce village où la pêche demeure le deuxième secteur d'activité (après l'industrie forestière). Et le succès entrepreneurial d'être au rendez-vous puisque, de 6700$ de chiffre d'affaires la première année, l'entreprise dépasse désormais le million de $ annuels. Si vous aussi raffolez des produits fumés, sachez qu'une boutique se tient au village (voir les infos pratiques) et que ces articles sont aussi distribués par les supermarchés IGA et Métro.

Outre une magnifique baie et une longue plage sablonneuse, les amateurs de pêche apprécieront la rivière de Mont-Louis et ses nombreux lacs à truites. A quelques kilomètres de là, l'Anse Pleureuse, une autre localité, offre son vieux moulin à farine (en photo ci-dessous). L'endroit se nomme ainsi après que les premiers colons aient entendu des pleurs qu'ils croyaient venir de fantômes. Après réflexion, il s'agissait certainement du bruit du vent dans les branches des arbres...Quant au moulin, il fut construit en 1875 et oeuvrera jusqu'en 1965, en produisant de la farine pour les villages environnants. Il est le dernier moulin de ce genre en Gaspésie. Cette région comptait pourtant quatorze moulins à farine en 1880 et quatre en 1910. Meunier, tu dors....

 

Que dire de Manche d'épée (ci-dessous), le village suivant, fédéré depuis 1916 dans la commune de Sainte-Madeleine de la Rivière Madeleine ? C'est une poignée d'épée découverte par Irénée Pelchat, premier pionnier à poser ses valises à cet endroit, qui détermina le nom de cette localité. La fondation du village remonte à 1866 et trois familles s'y installeront en bord de rivière afin de vivre de pêche et d'agriculture. Irénée Pelchat, lui, était un descendant d'une famille normande originaire du département de la Manche (France) et occupait un emploi de postillon au moment où il découvrit le manche d'épée. L'année suivante, au mois de novembre, survint le naufrage du Woodstock, à quelques kilomètres de là. Tandis que les survivants seront secourus par les habitants du village, la première maison de Manche d'épée sera construite avec le bois récupéré après le naufrage du trois-mâts. C'est avec ce bois que seront construits les fondations et le carré de la demeure, par Louis Pelchat en personne (fils d'Irénée). La bâtisse était alors une construction typique des débuts du poste de pêche. L'épave, quant à elle, n'a pas tout révélé puisqu'on annonçait en 2014, que les plongeurs Serge Boucher et Alain Therrien avaient retrouvé ses restes.

Autre spécificité du village : les sages-femmes. Jusqu'à la moitié du 20è siècle, la plupart des Gaspésiens naissaient à leur domicile. Mais peu à peu, la sage-femme fera son apparition dans le paysage local et Marie Pelchat (deuxième photo) fut la première d'entre elles à Manche d'épée, suivie plus tard de Lumina Robinson, et de Marie Bernatchez (laquelle mettra au monde des bébés quarante années durant!)


 

Restons à Sainte-Madeleine et avec ses habitants appelés Madeleinoriverains, et rendons-nous au phare de ce village (ci-dessous) : l'endroit est désert, mais j'y croiserai quand même un Lyonnais, en vacances comme moi. Même le petit musée est clos, tout comme la boutique de souvenirs faisant également office de café. Je n'aurai guère plus de succès avec la passe migratoire des saumons, une passe de 140 mètres (ce qui en fait la plus longue du monde) exceptionnellement creusée dans le roc en 1968 par le gouvernement du Québec, afin d'aider les poissons à franchir la chute « infranchissable » de 25 mètres surnommée Le Grand-Sault. Cette passe migratoire est gérée par la ZEC Madeleine (voir infos pratiques). La rivière Madeleine comporte de son côté 74 fosses à saumon réparties sur près de 120 kilomètres. Toutes ces fosses sont facilement accessibles par des routes forestière ou à pied et 80% d'entre elles permettent la pêche à gué.

Quant au phare, surnommé le phare du Cap de la Madeleine, il se dresse fièrement à environ 27 mètres au-dessus du niveau de la mer, sur une pointe bordée au sud par le barachois (étendue d'eau saumâtre, ou lagune) de la rivière Madeleine. Cette construction, désignée depuis 2016 comme phare patrimonial, remonte à 1908, mais le tout premier phare fut érigé ici en 1871. Il s'agissait alors d'une construction en bois, avec une tour de cinq mètres de large surmontée d'une plateforme qui recevait la lanterne, alors fournie par E.Chanteloup (Montréal), un système qui produisait un éclat blanc suivi d'un éclat rouge, les deux éclats étant espacés de deux minutes. Le gardien disposait quant à lui d'une maison, et de deux bâtiments de stockage, pour le combustible et le matériel d'éclairage. Un sémaphore sera ajouté à l'installation en 1879 pour aider à communiquer avec les navires grâce aux pavillons. Puis un signal sonore sera aussi installé à partir de 1892. Au début du 20è siècle, les autorités décideront toutefois d'améliorer le parc des phares et d'harmoniser l'ensemble en remplaçant les vieux phares en bois par des constructions en dur. Et le second phare de voir le jour à quelques mètres de l'ancien, avec une tour de 17 mètres de haut et de 3,5 mètres de diamètre. Une nouvelle lanterne sera installée en son sommet, qui provient de la société Barbier, Bénard et Turenne, et qui est équipée d'une lentille de Fresnel. L'ensemble sera également doté d'un signal sonore installé dans un bâtiment annexe. Le feu du phare consistait alors en trois éclats blancs courts séparés par une période de 30 secondes.


 

Dernière étape du jour : la Petite Vallée. Mon guide touristique me vante le Théâtre de la Vieille Forge (en photo ci-dessous avant son incendie), qui fut longtemps le lieu d'accueil du festival en chanson de cette charmante commune, événement qui a lieu chaque année depuis 1983. Le théâtre est ici non seulement un lieu de diffusion mais est inscrit dans l'âme de toute la communauté. Et ça marche ! Les retombées économiques régionales du festival furent ainsi de 3,5 millions de dollars pour la seule année 2016, grâce aux 16000 spectateurs présents (et 20000 visiteurs cumulés sur l'année). Et puis, ce Théâtre de la Vieille Forge était devenu au fil des ans un rendez-vous des possibles pour les artistes de la chanson, et Dieu sait si l'on aime s'égosiller au Québec...mais voilà, l'irréparable surgit le 15 août 2017 lorsqu'un incendie ravagea ce temple de la chanson. Qu'à cela ne tienne, les organisateur du festival en chanson se mobilisèrent et mirent en place avec succès une levée de fonds destinée à reconstruire l'ancien Théâtre pour 2020 (il est toujours possible de contribuer en se rendant sur le site ci-dessous). D'ici là, un chapiteau sera dressé au même emplacement, qui offrira dès cette saison estivale (à compter du 23 juin 2018) 300 places pour assister aux prochains spectacles et un restaurant d'une capacité de 150 places. Sans parler de la programmation qui s'annonce prestigieuse. Comptez sur Leglobeflyer.com pour vous tenir informé de l'actualité du festival en chanson !


 

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