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De Carleton sur Mer à Pointe à la Croix
(Gaspésie, Québec, Canada)
Heure locale

 

 

Mercredi 30 mai 2018

 

Après une bonne nuit passée à Carleton sur Mer, je me dirige aujourd'hui vers Pointe à la Croix. Autrefois, ce petit village de pêcheurs reçut la visite de Jacques Cartier qui fut le premier Européen à débarquer ici. Nous sommes alors le 9 juillet 1534 et notre navigateur malouin effectue son premier voyage au Canada. Suivra l'exil des Acadiens en 1755-1760, et leur persécution par les Anglais. Beaucoup d'Acadiens se réfugieront alors à Carleton et à Maria. Tournant nouveau pour ce village vers la fin du 19è siècle, lorsque la riche bourgeoisie du Québec jettera son dévolu sur cette localité très agréable il est vrai. La charmante propriétaire de l'hôtel où je suis descendu m'a dressé une petite liste des curiosité de Carleton. Et de m'encourager à me rendre jusqu'au phare (en photo ci-dessous) qui matérialise l'entrée du barachois (sorte de lagune), refuge pour les oiseaux, tout particulièrement pour les hérons. Le centre d'interprétation de l'endroit est malheureusement fermé en cette saison. C'est dommage car l'intérieur comporte plusieurs panneaux d’information concernant cette zone.

On m'a aussi fortement conseillé de gravir le Mont Saint Joseph, qui domine largement les environs du haut de ses 555 mètres. Ce mont, que je grimperai en voiture, abrite une chapelle construite par la communauté de Carleton en 1935. De style breton, cet endroit de prières renferme une superbe mosaïque symbolisant le royaume de Marie. Là encore, la chapelle est close. Je me console avec la vue magnifique donnant sur le village de Carleton (deuxième photo).


 

A Carleton même, se dresse le long de la promenade des Acadiens, et non loin de l'église, le monument aux Acadiens. On y rappelle la triste déportation de ce peuple à partir de 1755, vers l'Angleterre, alors que d'autres échappèrent à la tragédie en s'enfuyant en dehors de la vieille Acadie. Dès 1766, ces hommes et femmes entreprirent les premières démarches qui conduisirent à la fondation de Tracadièche, l'actuel Carleton sur Mer. Là s'établirent les sept premières familles acadiennes de Bonaventure et de Restigouche déportées en 1755 depuis Beaubassin (Nouvelle-Ecosse). Et le tout premier recensement Tragadigache effectué en 1777 de dénombrer 177 personnes. C'est finalement l'arrivée, dix ans plus tard, de Loyalistes des Etats-Unis qui entrainera le changement de nom de la commune en l'honneur du général Guy Carleton, administrateur et militaire britannique ayant été le second gouverneur de la « Province of Quebec », et le premier gouverneur général de l'Amérique du Nord britannique.


 

Je prends maintenant la direction de Pointe à la Croix, où les Européens débarquèrent pour la première fois vers 1620. Parmi eux, le Père Sébastien, missionnaire récollet qui évangélisera les autochtones de la baie des Chaleurs, c'est à dire les Micmacs. Et la mission de Ristigouche d'être créée près d'un siècle plus tard, vers 1750. Toutefois, l'arrivée des premiers réfugiés acadiens, cinq ans plus tard, va changer l'image de cette région qui sera longtemps occupée par une majorité d'habitants anglophones. Il est vrai que la province du Nouveau-Brunswick n'est qu'à trois kilomètres de là. Il suffit alors de franchir le pont JC Van Horne (ci-dessous) pour se retrouver à Campellton, le royaume de la pêche au saumon, d'après ce que laisse entendre une sculpture d'un saumon géant le long de....l'avenue du Saumon !


 

Puisque je trouve porte close à l'office du tourisme de Pointe à la Croix, je m'adresse à la mairie dans l'espoir de trouver davantage d'information sur le village. On m'envoie aussitôt de l'autre côté de la rue, chez Michel Goudreau, Président de la Société historique de la commune et mémoire vivante du lieu. Notre homme est aussi l'auteur d'un ouvrage (en photo dans les informations pratiques), « Familles rebelles de La Petite-Rochelle ». Très accueillant, Michel m'offre de visiter le centre d'interprétation de La Petite Rochelle, qui a trouvé refuge dans une petit maison acadienne traditionnelle, la Maison Young (en photo ci-dessous). Mais pourquoi Petite-Rochelle ? Au printemps 1758, les Acadiens traversent la rivière Ristigouche pour aller se réinstaller à l'est de Pointe à la Croix. Ils atteindront préalablement la rivière vers le mois de décembre 1757, et passeront l'hiver à l'abri d'une petite montagne appelée « Pain de sucre », au pied de laquelle s'élève aujourd'hui la petite ville de Campbellton. L'arrivée en 1758-1759 d'autres réfugiés acadiens fuyant la déportation de l'île Saint-Jean (Île du Prince Edouard) fera gonfler le nombre de réfugiés à plus de mille personnes. D'autres personnes, venues du camp l'Espérance à Miramichi, et des pêcheurs et des familles métisses des environs de Pabos (dont les maisons seront brûlées par la flotte de James Wolfe) viendront se joindre à eux dans un village tout simplement fondé par les Micmacs et connu sous le nom de Petite-Rochelle, village situé à l'est de Pointe à la Croix. Autre événement significatif dans le coin : la bataille de la Ristigouche, qui eut lieu le 2 juillet 1760, et qui consistera en une bataille navale de la fin de la Guerre de Sept Ans, impliquant la Royal Navy et une petite flottille française supposée aider la Nouvelle-France après la récente chute de Québec. Au cours de celle-ci, le camp de réfugié acadien décoré du nom de La Petite-Rochelle sera entièrement rasé par les troupes anglaises. Le commandant de la flotte anglaise, John Byron, affirmera avoir brûlé plus de 150 maisons avec tous les meubles que les gens n'avaient pas pu emmener avec eux. Postés sur les deux rives de la Ristigouche et dans les batteries de canons, les miliciens acadiens participeront activement à cette bataille. La résistance aura également lieu en mer, avec l'implication des fameux corsaires acadiens.

Quant à la Maison Young, elle date de 1830 et était autrefois située à Escuminac. L'ancêtre de la famille Young, Thomas Young, lui, était originaire d'Irlande. Après avoir servi de bureau de poste entre 1923 et 1950, cette maison sera déménagée sur son site actuel, à l'entrée de Pointe à la Croix en 1983, pour devenir l'actuel centre d'interprétation en 2009, dans le but de faire connaitre l'histoire des Acadiens qui cohabitèrent au village de La Petite-Rochelle avec les Micmacs, et ce dont ils ont souffert durant les longues années de crise et de guerre. A l'époque, certains Acadiens, navigateurs de métier, deviendront corsaires par nécessité. Ainsi, de 1758 à 1761, ces hommes (dont Joseph Leblanc dit Le Maigre Joseph Dugas et Louis-Amand Bugeaud) attaquèrent et capturèrent une vingtaine de bateaux anglais à partir de la baie des Chaleurs. Juste retour des choses ?


 

A deux pas de Pointe à la Croix se trouve le village de Ristigouche-Partie-Sud-Est, où vit une communauté d'Indiens Micmacs. Je tenterai d'obtenir des informations sur celle-ci mais j'apprendrai que l'ancien musée a fermé ses portes depuis une quinzaine d'années et qu'aucune attraction touristique n'est désormais prévue sur place. Peuple amérindien de la côte nord-est d'Amérique, les Micmacs se divisent aujourd'hui en 28 groupes différents au Canada. Arrivés sur ce territoire il y a plus de 10000 ans, ces « premiers hommes » étaient déjà sur place bien avant l'arrivée des Vikings et des Européens.. Et de s'être installés peu à peu dans la péninsule de la Gaspésie au Québec, avant de conquérir la Nouvelle-Ecosse, l'Île du Prince Edouard, une partie du Nouveau-Brunswick et l'Île de Terre-Neuve.

INFOS PRATIQUES :

  • Chapelle du Mont Saint Joseph, Mont Saint-Joseph, à Carleton sur Mer. Pour vous rendre au mont, empruntez la route (rue de la Montagne) se trouvant en face du restaurant Le Héron. Puis suivre la même route jusqu'au sommet. La chapelle peut être visitée de la mi-juin à la mi-octobre. Une messe a lieu chaque dimanche à 11h00. Le laisser-passer (Fidèle) est nécessaire pour accéder à la chapelle en saison estivale (tarif adulte journalier, 8,50$, et tarif annuel, 30$).Site internet : http://www.montsaintjoseph.com
  • Centre d'interprétation de La Petite-Rochelle, Maison Young, à l'angle du boulevard interprovincial et de la route 132, à Pointe à la Croix. Ouvert tous les jours du 24 juin au 1er septembre de 9h30 à 13h00 et de 13h30 à 16h30.

  • Un immense merci à Michel Goudreau pour son aide et sa disponibilité

  • Lieu historique national de la Bataille de la Ristigouche, ouvert du 16 juin au 14 septembre, tous les jours de 9h00 à 17h00 : https://www.pc.gc.ca/fr/lhn-nhs/qc/ristigouche



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