Revoir le globe
Top


La Basilique Notre Dame
(Montréal, Province du Québec, Canada)
Heure locale

 

Lundi 21 février 2011


 

Nous sommes lundi et c'est Opération Ville morte à Montréal. Pas un musée n'ouvre ses portes ce jour-là. En passant devant le Musée Marguerite Bourgeois, j'échange quelques mots avec deux femmes américaines qui trouvent porte close. Que voulez-vous? Tout le monde n'a pas encore la faculté de s'adapter au tourisme et à ses contraintes.

Heureusement que les églises, elles, sont ouvertes. On me conseille de visiter la Basilique Notre Dame , dans le Vieux Montréal. Je l'ai déjà aperçue hier soir, toute illuminée, et je découvre ce matin un autre édifice.

L'histoire de la paroisse Notre Dame est très liée à l'histoire de Montréal.

Plantons le décor! A l'origine, les indiens Iroquoiens peuplaient l'île sur le Saint Laurent, lors de la visite de Jacques Cartier en octobre 1535. Ce village avait été baptisé « Monts Realis » ( Mont Royal en latin). Déçu de n'avoir trouvé ni passage vers l'Asie, ni richesses, ni terres hospitalières ( les Français étaient victimes d'attaques régulières d'Indiens), François 1er ne veut plus investir les sommes importantes nécessaires à cette colonisation. On continue toutefois à pêcher dans le golfe du Saint Laurent et on poursuit le commerce de la fourrure ( des concessions seront accordées par le Roi de France aux investisseurs privés prêts à investir dans pareil commerce) et il faudra attendre soixante ans avant qu'une nouvelle tentative de colonisation ne soit entreprise.

Samuel de Champlain fonde d'abord Québec en 1608. Malgré l'octroi de concessions à des investisseurs privés ( chargés en retour de peupler la nouvelle colonie avec les profits réalisés sur le commerce des fourrures), la Nouvelle France ne décolle pas. Champlain fait alors l'inventaire de toutes les richesses de cette terre et l'adresse au Roi. Le Cardinal de Richelieu crée alors en 1627, la Compagnie des Cent Associés , une société d'actionnaires privés. Un début de peuplement a lieu , vite contrarié d'une part par des attaques anglaises dans le Golfe du Saint Laurent et d'autre part par l'hostilité grandissante des Indiens iroquois. La Compagnie des Cent Associés ne s'en remettra pas. Et cède son monopole à une autre compagnie en 1645.

En 1642, Ville-Marie (la future Montréal) fut fondée par Paul Chomedey de Maisonneuve. Cet officier français est envoyé en Nouvelle France par la Société Notre Dame de Montréal (fondée en 1641 dans le but d'éduquer les colons Français et les Indiens chrétiens).

 

Paul Chomedey de Maisonneuve représenté en train de porter la croix sur le Mont Royal, en 1643.


 

On érige alors une chapelle . Celle-ci sera dirigée par les Jésuites. Puis, dès 1657, les premiers Sulpiciens éprouvent le besoin de construire une église plus importante. La construction de style baroque est érigée de 1672 à 1683. Parallèlement, les Sulpiciens urbanisent les terres, construisent hôpitaux, écoles, et rues. Apparaissent ainsi les rues Saint Paul , Saint Sulpice...

On construit le Vieux Séminaire ( situé à côté de la Basilique). Son puits est le premier creusé dans Ville-Marie en 1658 , par Jacques Archambault.

Jeanne Mance entre alors en scène en fondant et en dirigeant l'Hôtel Dieu de Montréal. Elle est considérée comme l'un des premiers fondateurs de la ville. Elle soigne d'abord les constructeurs du fort et les soldats, dans des conditions précaires. Originaire de Langres (France), elle lèguera « son cœur aux Montréalais » et sera enterrée, selon ses souhaits, sous l'Hôtel Dieu de Montréal. Un vitrail la représente, toute de rose vêtue, à l'intérieur de la Basilique Notre Dame.

Marguerite Bourgeois , fondatrice de la Congrégation de Notre Dame de Montréal, sera à l'origine de la construction de la chapelle Notre Dame de Bonsecours, située sur la rue Saint Paul, puis sa première école, en 1658, toujours rue Saint Paul. Elle voua sa vie à l'éducation des populations ( y compris amérindiennes) et terminera son existence en priant et en écrivant ses mémoires. Le 31 décembre 1699, alors qu'une jeune sœur était à l'article de la mort, Marguerite Bourgeois demanda au Seigneur de prendre sa vie et d'épargner la jeune sœur. Le 1er janvier 1700 au matin, la jeune sœur recouvrait la santé et Mère Marguerite la perdit. Elle décèdera le 12 janvier 1700, mais avait acquis une réputation de sainte. Canonisée par le Pape Jean Paul II le 31 octobre 1982, elle deviendra la première sainte canadienne .

Portrait de la Sainte Marguerite Bourgeoys, dans la Basilique Notre Dame.

Entre temps, l'église des Sulpiciens était devenue trop petite et l'on construisit l'édifice actuel, sous la direction de James O'Donnell,architecte irlandais protestant. La construction , de style néo gothique, a lieu de 1824 à 1829. Mais James O'Donnell mourra en 1830 d'un œdème pulmonaire sans avoir vu l'aboutissement de sa construction mais en s'étant converti au catholicisme. Son corps repose sous la Basilique.

A l 'été 1830, on démolit l'ancienne église située un peu en retrait, excepté son clocher qui subsistera jusqu'en 1843. Les tours jumelles de Notre Dame seront achevées par John Ostell et sont appelées Persévérance et Tempérance.

Vue de l'intérieur de la Basilique


 

En 1889, on construit, grâce aux architectes Perreault et Mesnard la Chapelle devant servir aux cérémonies plus restreinte comme les mariages ( aujourd'hui encore, il faut s'inscrire sur une liste d'attente très longue pour se marier à cet endroit et attendre....deux ans!). Céline Dion s'y maria en 1994. Cette chapelle, baptisée Notre Dame du Sacré Cœur, est inaugurée le 8 décembre 1891 ,jour de la fête de la Vierge. Malheureusement, le 7 décembre 1978, un grave incendie l'endommage gravement et sa restauration fera intervenir des ébénistes utilisant les méthodes anciennes pour reproduire à l'identique les deux premiers niveaux de cette chapelle alors que la voûte sera restaurée de manière plus moderne tout en permettant un éclairage naturel (photo ci-dessous).

La Chapelle Notre Dame du Sacré Cœur , une fois restaurée.

La première phase de décoration de la Basilique Notre Dame avait imposé de récupérer l'ancien maitre-autel de l'église précédente, dans un souci d'économie. On avait aussi peint en trompe l'œil les colonnes de la nef, en imitant le marbre veiné.

La deuxième phase de décoration, qui s'étend de 1870 à 1900, est l'œuvre du curé Victor Rousselot et de l'architecte Victor Bourgeau , un architecte québécois. Les couleurs choisies,les motifs des feuilles d'or dans la voute et les colonnes rappellent la Sainte Chapelle. Cette décoration polychromique est entièrement composée de sculptures en bois.

Influence baroque dans les ornements de style oriental des balcons.


 

Une voute bleue ( la couleur de la Vierge ) étoilée et des fleurs de lys aux croisées des ogives viennent complétées la décoration somptueuse de l'édifice sans oublier les tableaux, sculptures et vitraux. On admirera aussi la superbe chaire à double volute ( à cause de l'espace limité dont disposait l'architecte Henri Bouriché) contenant la représentation des Pères fondateurs de l'église et réalisée entre 1883 et 1885, avec des sculptures de Louis-Philippe Hébert.


 


 

Construit par les Frères Casavant de Saint Hyacynthe, fameuse maison québécoise de facteurs d'orgues, l'orgue de la Basilique contenait à l'origine 6988 tuyaux. Afin de se procurer l'énergie nécessaire à son fonctionnement, on détournera le débit d'une rivière proche afin de récupérer l'énergie hydraulique permettant le fonctionnement de cet orgue gigantesque. Celui-ci subira à plusieurs reprises des modifications: Il comprend désormais 7000 tuyaux, quatre claviers , 99 jeux, et 32 pédales, le tout actionné par un seul homme, Pierre Grand Maison (qui joue de l'instrument lors des messes du weekend) depuis maintenant quarante années.

Les vitraux du rez-de-chaussée ont été commandés en 1929 pour le centenaire de l'église et représentent des scènes de l'histoire sociale et religieuse de Montréal. Ils ont été dessinés par Jean Baptiste Lagacé et ont été réalisés dans l'atelier de Francis Chigot à Limoges (France).


 

Un autre vitrail, qui paraît inaperçu ( le long d'un escalier coincé entre la Basilique et la Chapelle Notre Dame du Sacré Cœur) mais néanmoins intéressant, a été conçu par les frères Rault, maîtres verriers bretons , en utilisant la technique de la dalle de verre ( donnant au verre plus épais et taillé au marteau, un aspect de pierre précieuse). Cette technique requiert 24 heures de cuisson ( contre 8 heures ordinairement) ( photo ci-dessous)


 

Le sanctuaire et le retable sont sculptés par un Français, Henri Bouriché. Le curé Rousselot imagine un retable illustrant l'eucharistie avec au centre, le sacrifice du Christ. Ce sacrifice qui est annoncé dans l'Ancien Testament et illustré par les quatre sculptures entourant la crucifixion.

De chaque côté du tabernacle est représentée l'adoration des anges.


 

Pour terminer, un petit mot sur l'arrivée des Sulpiciens à Montréal. Saint Sulpice naquit en l'an 570 à Vatan dans le Berry. Gallo-romain , il voulut devenir moine mais officiera comme page pendant six ans au palais royal du roi franc Gontran, petit fils de Clovis. Il deviendra plus tard archidiacre, puis évêque de Bourges ( entre autre). Il mourra e 17 janvier 647. En 1642, Jean Jacques Olier prit en charge la cure de Saint Sulpice. Il créa la compagnie des prêtres de St Sulpice et envoya ses premiers missionnaires à Montréal en 1657.

Les prêtres Sulpiciens sont des artisans de premier plan dans la vie culturelle et religieuse de Montréal : On leur doit la prise en charge de la paroisse Notre Dame le 12 août 1657 , de la seigneurie de l'île en 1663, et la fondation du vieux séminaire en 1684, puis la création du collège de Montréal en 1767, du grand séminaire en 1840 et du collège André Grasset en 1927.

On fêta le 350è anniversaire de leur arrivée en 2007.


 


 

INFOS PRATIQUES:


  • Le Vieux Montréal: http://www.vieux.montreal.qc.ca/

  • Les Frères Rault, maîtres verriers: http://stetherese.paroisse.perso.sfr.fr/visite_eglise/Rault.htm

  • Basilique Notre Dame de Montréal: 110, rue Notre Dame Ouest Montréal. Tel: (514) 842 2925. Messes du lundi au vendredi à 7h30 et 12h15, le samedi à 17h00, le dimanche à 8h00,9h30, 11h00 et 17h00.

    L'orgue accompagne les messes de la fin de semaine et le chœur est présent à la messe de 11h00.

    Divers concerts sont régulièrement donnés à la Basilique.

    Visites commentées gratuites tous les jours en français ( à 9h30 et 10h30) et en anglais (à 10hOO et à 11h00). Guylaine est votre guide en français.

    Documentation sur la Basilique disponible en français, anglais, espagnol et japonais.

    Deux boutiques souvenirs sont à vote disposition. Adressez-vous aux guides.

    Frais d'admission: Depuis janvier 1999, des frais d'admission sont demandés pour visiter l'église afin de participer aux travaux de conservation et de restauration des lieux. Mais aucune contribution n'est requise pour prier ou assister aux messes ou autres offices religieux. Entrée: 5 CA$ ( cash uniquement). Courriel: info@basiliquenddm.org

    http://www.basiliquenddm.org/fr/basilique/historique.aspx

     



 











 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile