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Le Musée de l'art populaire
(Mexico City, Districto Federal, Mexique)
Heure locale

Dimanche 6 janvier 2013

 

C'est une belle journée qui s’annonce à Mexico. Il fait soleil et le temps est un peu frais. Je prends mon petit déjeuner avec le reste de l'équipage et pars ensuite à la découverte du Musée de l'art populaire mexicain. Situé derrière notre hôtel, ce musée fut inauguré en mars 2006 et propose depuis lors des œuvres remarquables d'artisans qui reflètent une culture populaire accessible à un large public. Créé avec l'appui du gouvernement de Mexico, du Conseil national pour la culture et les arts, du Fideicomiso du centre historique, de l'association Populart et de l'association des Amis du musée d'Art populaire, il a aussi pour objectif de promouvoir l'art populaire national : Huit millions d’artisans sont concernés au Mexique, d'autant plus que chaque région dispose de ses propres richesses et traditions, ce qui contribue à la grandeur de cet art.


 

Trente et un états de la république mexicaine ainsi que le district fédéral exposent ainsi des œuvres anciennes et d'autres, plus récentes. Le musée accueillant également des expositions permanentes, on m'informe que je dois débuter ma visite par le troisième étage, lieu où se tient l'art populaire. Plusieurs salles forment l'exposition et je m'arrête bien sûr à cette première salle qui aborde l'origine de l'art populaire. Je ne visiterai cette fois que cette salle-ci car le sujet est si riche que je passerai beaucoup de temps à cet endroit. Un autre voyage à Mexico m'offrira l'occasion de poursuivre ma visite avec la découverte des autres salles consacrées à la vie quotidienne, au fantastique, et à l'art sacré ( actuellement en cours de réfection). Près de 2600 pièces sont ainsi proposées au public et témoignent de la créativité et de l'ingéniosité des artisans de ce pays. Celles-ci sont réalisées dans divers matériaux (bois, verre, poterie, argent, carton, papier, pâte de sucre...)


 

Cette première salle, intitulée « Essence de l'art populaire mexicain » m'offre de découvrir la richesse culturelle du Mexique, avec son patrimoine historique et artistique reflétant l'identité culturelle passée et présente de ce pays. L'origine de l'art populaire plonge dans des formes d'expressions anciennes et l'on y retrouve les racines indigènes et métissées qui constituent le patrimoine génétique du Mexique. L'histoire du pays a été rédigée depuis l'époque mésoaméricaine (Amérique moyenne) et s'étend sur plus de deux millénaires, avec, pour point de départ, les anciens vestiges d'écriture olmèque. Une pierre, la stèle de Cascajal, découverte au Mexique en 1999, porterait ainsi la plus ancienne écriture qui fut à ce jour découverte en Amérique. La tablette comporte 62 signes gravés, des pictogrammes ayant certainement pour fonction d'exprimer des idées. La Mésoamérique correspond quant à elle à l'aire culturelle précolombienne, une zone occupée par des ethnies comme les Aztèques, les Tarasques, et les Mayas ainsi que d'autres peuples indigènes vivant à leur contact.

La nature joue un rôle primordial dans l'art populaire. Chaque représentation tient compte par exemple de la biodiversité et représente des fleurs, des arbres majestueux ou des animaux ( comme ce coyote en bois sculpté peint d'Angélico Jiménez dans l'Oaxaca). Les matériaux utilisés sont variés : argile, bois, verre, métal et même de la broderie. Chaque œuvre ne représente que l'un des nombreux aspects exploitables compte tenu de la richesse naturelle et de la relation entre l'homme et le milieu dans lequel il vit. Ces objets ne sont pas seulement des objets décoratifs ou un moyen de s'exprimer. Ils représentent aussi des objets de la vie quotidienne des Mexicains. Les techniques de fabrication sont alors transmises de familles en familles sur plusieurs générations et donnent à l'objet tous les traits géographiques de l'endroit où il a été confectionné. L'oeuvre retrace alors l'histoire, les racines, les us et coutumes d'un peuple, d'une région...


 

En visitant cette première salle, c'est une promenade dans la biodiversité mexicaine qui m'attend : Tant d'écosystèmes existent ici que ce pays est considéré comme étant la cinquième biodiversité la plus importante au monde. Le Mexique est un pays de contrastes, divisé en trois parties : Le nord, au climat sec et extrême, le centre et le sud-est chaud et humide. Chaque région possède ainsi son climat, sa faune, sa flore et son artisanat. Le nord par exemple, est traversé par deux principales chaines montagneuses, les Sierras Madre occidentale et orientale, et offre des panoramas fantastiques avec des cactus géants, mais aussi des plages superbes, des paysages de dunes ( à Pinacate et El Altar) et des terres humides, contrastant avec Monterrey et ses industries. Cette région est la terre d'origine des Huicholes, Raramuris et Yaquis. Là-bas, les objets artisanaux sont variés : L'albâtre sert à tailler des objets comme ce tronc de couleur blanche ( photo ci-dessus) dont l'auteur est inconnu, une pièce réalisée dans l'état de Chihuahua. Ou encore cette jarre en argile polychrome également originaire de Chihuahua.


 

Le centre du Mexique s'étend depuis l'Huantera vers Aguascalientes, Queretaro et Guanajuato, en passant par les vastes plaines de l'altiplano qui convergent avec les hautes montagnes entourant la vallée de México, jusqu'aux états de Morelos, Puebla et Tlaxcala. On retrouva sur place des restes d'anciens rites et de villes coloniales. C'est une région riche de son histoire, d'une nature verdoyante et prometteuse en matières premières (milpa,palmier, agave...) où l'on trouve à la fois des forêts, des fleurs, et des poissons, sans oublier les pigments naturels servant à teindre les vêtements des peuples indigènes. Une grande carte murale (ci-dessus) me permet d'observer en détail les spécificités géographiques de ce grand pays.


 

Le sud-est est aussi la gardienne des coutumes et des traditions. Montagnes élevées, plaines transversales, forêts de montagnes, forêts humides et superbes plages forment cette autre région. Les fleurs locales sont souvent reproduites sur les habits locaux à l'aide de riches couleurs comme le lapis-lazuli par exemple. L'état d'Oaxaca offre son argile noire tandis qu'on trouve aussi sur place l'ambre des Chiapas ou le corail noir de Campeche (bijoux). Ci-dessus, la fleur Molcajete, taillée dans la pierre volcanique, par Rafael Hernandez Laguna, à Comonfort dans l'état de Guanajuato.


 

L'origine de l'art populaire mexicain me conduit vers d'autres vitrines richement dotées en objets artisanaux divers ( ci-dessus). Objets qui expriment la rencontre et des échanges entre deux mondes : L'âge préhispanique et divers autres peuples vivant sur le territoire mésoaméricain. Puis arrivent les conquistadors espagnols et c'est l'entrée de matériaux nouveaux, de techniques nouvelles venues d'ailleurs. Les échanges culturels s'effectueront tour particulièrement lors de ces périodes de conquêtes et durant les trois siècles de l'âge colonial mexicain. Les habitants adoptent alors les usages étrangers et de nouveaux matériaux (accessoires, outils... de la vie quotidienne). Les marchandises espagnoles arrivent au Mexique par Acapulco. Celles-ci sont achetées par les riches populations hispano-créoles établies sur place. Le Mexique assiste à l'introduction d'articles venus de Chine (soie, objets laqués) mais découvre aussi les tapis persans, la laine de chameau venue du Moyen Orient, le coton d'Inde, les porcelaines, paravents et laques de Chine, de Cochinchine et du Japon, les épices des Moluques, de Java et de Ceylan, l'ivoire sculpté, le jade, l'ambre, les paniers en roseaux, le bois précieux, le liège, les coquillages, les perles, le fer, l'étain, la poudre à canon... Ci-dessous, une assiette polychromée en argile brunie, réalisée par Arnulfo Vasquez Rodriguez dans l'état de Jalisco.


 

Je passerai beaucoup de temps dans cette première salle de l'exposition car les objets présentés sont nombreux et représentent l'interaction entre la société mexicaine et son environnement. Car un processus historique et culturel intervient dans la technique de l'art populaire et permet le développement d'un artisanat. Cette même technique qui a connu des adaptations depuis des milliers d'années et a permis l'émergence d'un artisanat populaire à la fois témoin des temps anciens et de son époque.

D'autres photos sont disponibles sur la Médiathèque de ce site, dans l'album Amérique du nord. Mais je ne peux résister au plaisir de vous offrir deux nouvelles œuvres artisanales avant de refermer cette page culturelle : Un crucifix fait en pâte de mais sculptée et peinte, d'un auteur inconnu de l'état de Michoacan (ci-dessous) et ce singe en bois sculpté polychrome, réalisé dans l'état d'Oaxaca.


 

 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Site officiel du musée : http://www.map.df.gob.mx/

    MAP, Revillagigedo N°11, Centre historique à Mexico. Tel : 55 10 22 01. Droit d'entrée : 40 pesos. Ouvert du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00.

     

    La boutique du musée vous offre la possibilité d'acheter livres, répliques, vêtements, écharpes, sacs, bijoux... et autres articles créés par des artisans mexicains.

    Des visites guidées sont aussi organisées (s'adresser à la réception). Ateliers d'artisanat pour enfants. Cafétéria.

    Le musée propose également aux visiteurs des expositions temporaires, comme celle ( en photo ci-dessous) intitulée Contadora de Historias (jusqu'au 31 mars 2013) et destinée à faire connaître l'oeuvre littéraire de Yolanda Vargas Dulché, considérée comme la reine des historiettes et auteur célèbre de la littérature populaire au Mexique.

 












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