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Autour de Minas
(Département de Lavalleja, Uruguay)
Heure locale


Mardi 2 mai 2017

 

Comme à l'accoutumée, je me réveille tôt ce matin et une autre belle journée m'attend. Je décide de me rendre dans les environs de Minas : tout d'abord, je pars faire l'ascension de la colline de Verdun au sommet de laquelle se dresse le sanctuaire de Notre Dame de Verdun. Puis, je prends la direction du parc du Salto del Penitente qui m'offrira de voir de superbes paysages et la fameuse cascade qui attire tant de visiteurs. Enfin, je passerai par la Villa Serrana, immense réserve foncière et petit paradis pour tous ceux qui désirent vivre en pleine nature . La route N°8 me conduira aux deux dernières destinations mais il me faudra emprunter la route N°12 pour me rendre jusqu'au sanctuaire. La colline de Verdun est une élévation naturelle d'environ 326 mètres d'altitude, située à seulement quatre kilomètres de Minas. En entendant le nom de Verdun, j'ai immédiatement pensé à notre Verdun français. En fait, la colline doit son nom à Juan Bautista Berdum, premier habitant d'un endroit portant une appellation similaire et qui se trouve dans le pays basque français. En 1900, le prêtre du coin, Don José de Luca sollicita le propriétaire du terrain à l'époque pour y installer un sanctuaire au sommet de la colline. Et l'inauguration de la statue de la Vierge immaculée d'intervenir le 21 avril 1901. C'est à partir de cette date qu'apparut le célèbre pèlerinage vers ce sanctuaire. Un pèlerinage que j'effectue ce matin car il n'est pas autorisé de se rendre jusqu'au sommet de la colline avec son véhicule. Je marcherai ainsi sur un kilomètre depuis le parking jusqu'au sommet pendant près d'une demi-heure, et croiserai au cours de ma promenade les différentes stations du chemin de croix (en photo ci-dessous). L'ascension ne présente aucune difficulté particulière mais le chemin n'est pas aménagé pour les personnes souffrant de handicap. Le parcours se termine par une longue série de marches conduisant au pied du sanctuaire de la vierge (deuxième photo).


 

L'origine de ce monument se trouve du côté de Monseigneur Soler, lequel chargea en 1906 l'architecte D.Cayetano Bringas de construire un monument comprenant trois piliers avec des anges qui représenteraient les trois vertus théologiques, la foi, l'espérance et la charité. Et l'oeuvre architecturale de se dresser ici depuis novembre 1909, avec, en son sommet, une statue de la Vierge (ci-dessous) mesurant trois mètres quinze de haut, originaire de France, et qui sera bénie par Monseigneur Isasa. 2012 sera l'année où l'endroit recevra le titre de sanctuaire national , et 2014, l'année de restauration de la chapelle de la Miséricorde (deuxième photo).

Le pèlerinage attire quant à lui les foules chaque 19 avril depuis 1901. Ce jour-là, plus de 80000 personnes font le déplacement pour assister très tôt (à 8h00) à la messe dans la grotte. Un autre office a lieu deux heures plus tard pour les retardataires, puis, à midi, débute la procession qui part de cette même grotte en direction du sommet de la colline de Verdun, en passant par le chemin de croix, pour se terminer par un saint office à la chapelle. La journée s'achève à 18h00 par les prières de l'angélus. Ce pèlerinage reste d'ailleurs le plus populaire d'Uruguay.

Du sommet de la colline, je distingue parfaitement les environs, et la ville de Minas (troisième photo ci-dessous) tandis qu'au pied de la colline, des pelleteuses creusent inlassablement le sous-sol d'une vaste exploitation minière.


 

Je reviens sur mes pas, c'est à dire en direction de Minas, afin de me diriger vers la route N°8 en direction de Treinta y Tres. Je demande mon chemin en cours de route aux habitants locaux car mon GPS Tom Tom est incapable de me conduire jusqu'au parc du Salto del Penitente. Je dispose certes d'une carte du pays mais celle-ci s'avère très incomplète au fur et à mesure de mon périple. Heureusement que je m'étais procuré une bonne vieille carte routière en papier avant mon départ... Le vaste département de Lavalleja, situé au sud-est du pays, trouve précisément ses limites avec la ville de Treinta y Tres au nord. Et offre de superbes paysages vallonnés sur ses 10 000 km2. Il reçut le nom de Lavalleja en mémoire du célèbre militaire Juan Antonio Lavalleja qui oeuvra pour l'indépendance de l'Uruguay. Ce département fut fondé en 1837, à partir du seul petit village existant, à savoir...Minas. Il vit principalement de l'élevage et de l'agriculture, tout en exploitant aussi le calcaire et le marbre.

 

L'entrée du parc du Salto del Penitente se situe au km 125 de la route N°8 et des panneaux routiers indiquent clairement la chemin à suivre. A un moment donné, je suis invité à quitter la route nationale pour emprunter une toute petite route bitumée mais sinueuse sur onze kilomètres. A ce croisement s'élève en bord de route un bâtiment qui fait office de restaurant et de bureau touristique. Les prochains kilomètres m'offrent de jolis points de vue, et j'y apercevrai même une petite maison au milieu de cette étendue plus ou moins désertique, agrémentée de deux vieux wagons de chemin de fer dont on se demande bien par quel miracle ils ont pu finir leur course à cet endroit(ci-dessous). Je parviens au parc au bout d'un quart d'heure mais l'endroit est désert. Je me gare en face de ce qui s'avérera être un refuge pour touristes de passage. Un peu plus loin, un panneau m'indique de la direction à prendre pour atteindre la cascade en contrebas (ci-dessous). Une construction appelée parador (auberge) surgit soudain au milieu d'une végétation dense. C'est là que je ferai connaissance des habitants des lieux. Cet auberge existe depuis 2004 et offre un point de vue unique sur les environs et dispose d'un mirador sur son toit. Les marches sont nombreuses et la vue de la cascade se mérite. D'autant plus qu'il me faudra faire dans quelques instant le parcours inverse dans le sens de la montée. Cette cascade de plus de soixante mètres de haut ne m'impressionnera pas. Il est vrai que l'eau semble manquer en cette saison. Au risque d'être déçu, mieux vaut venir ici pour la végétation, le côté sauvage de l'endroit et les paysages grandioses. A l'origine, la Sierra de Canapé, endroit où je me trouve, est située à 300 mètres au-dessus du niveau de la mer et doit son nom aux deux rochers qui, vus d'en haut, forment deux mains jointes en prière (en pénitence) d'où le nom du parc. En 2002, la famille Ferber-Munoz fit don au département de dix hectares de terrain. Puis, un concours fut organisé afin de savoir par quel moyen l'endroit serait mis en valeur. 23 projets furent présentés et un seul, celui qui est réalisé aujourd'hui, fut retenu en 2004. Si vous cherchez le dépaysement à une encablure de Minas, vous avez frappé à la bonne porte.

 

Je rebrousse chemin, en quittant le parc et en revenant sur mes pas jusqu'à la Ruta 8, tourne à droite (en direction de Treinta y Tres), puis tourne à nouveau à droite quelques kilomètres plus loin lorsqu'un panneau routier indique « Villa Serrana ». Je m'engage ainsi sur une piste de terre en mauvais état et pénètre ainsi dans cette réserve foncière qui fut concédée par le gouverneur de Montevideo à Francisco Perez Fontan, en 1769. Le 16 avril 1945 était constituée la société anonyme Villa Serrana avec pour objectif de bâtir des villas résidentielles avec vue imprenable sur la nature. C'est l'architecte Juan Vilamajo qui se verra confier la conception des maisons, dont une, Ventorillo Buena Vista (ci-dessous), reste aujourd'hui l'un des joyaux du site. Pour ce faire, notre homme fit appel à plusieurs paysagistes du monde entier et construisit des maisons faites des matériaux locaux comme la pierre, le bois et le chaume. Et Villa Serrana d'être conçu comme un endroit préservé du tumulte des villes environnantes. Une résidente italienne interrogée sur place se qualifiait d'ailleurs de « survivante » au milieu d'une nature luxuriante. Il est vrai que, sur place, les rues portent par exemple des noms d'arbres, et que de sages maximes sont affichées en espagnol ici et là dans les jardins. Une autre philosophie de vie. Les arbres qui furent plantés dans cette grande propriété seront choisis avec soin, pour leurs couleurs notamment. 100 000 arbres seront ainsi plantés les premières années de la création de la Villa Serrana, avec obligation pour les propriétaires de conserver les espèces naturelles. Sept quartiers furent aussi créés, avec, toujours le souci de préserver la nature tout en y développant des attractions. Ainsi découvrirai-je un peu plus bas que la maison Ventorillo, un petit lac (deuxième photo) avec, sur sa rive, des balançoires semblant beaucoup amuser un petit veau en liberté (troisième photo). Ce lac artificiel dénommé Enrique Stewart Vargas (en hommage au dessinateur du projet), fut creusé en 1958 sur le cours d'eau Miraflores dont les eaux sont retenues par un petit barrage.


C'est dans la vallée de la Joie, nom prédestiné, que Juan Vilamajo eut l'idée de bâtir en 1946 un restaurant (ci-dessous, une photo de celui-ci à l'époque) qui sera classé comme Monument national en 1979. Son nom, Ventorillo, symbolise l'auberge. Oeuvre emblématique, cette grande maison, peu à peu laissée à l'abandon, subit une restauration complète en 2009, et d'autres maisons connurent le même sort. D'autres villas, certaines minuscules, verront le jour des mains du célèbre architecte, comme la Meson de las Canas qui sera bâtie en 1947 sur le flanc Est de la colline Guazubira. Ce petit hôtel de douze chambres, agrémenté d'une grande salle de restaurant et d'une piscine avec terrasse permet aux visiteurs de profiter de l'endroit sans même devoir sortir de la propriété. L'ensemble du programme de la Villa Serrana ne dépasse guère 150 maisons rassemblées pour la plupart autour du noyau originaire de la Sierra Alta. A Villa Serrana, se dresse également un quartier ouvrier, modeste ilot d'habitations permanentes avec ses quelques édifices publics (école, poste de police...) et l'Observatorio Eta Carinae, qui fut érigé en 1997 par l'astronome Gonzalo Vicino, à la périphérie de la forêt. On fête d'ailleurs en janvier la journée de l'astronome amateur.


 

L'empreinte de Juan Vilamajo est toujours omniprésente à Villa Serrana. Celui qui reste à ce jour l'un des plus grands architectes uruguayens participa ainsi au projet de construction du siège de l'ONU à New-York (Etats-Unis) aux côtés de Le Corbusier et d'Oscar Niemeyer. Son père était natif de Perpignan (France) mais Juan naquit à Montevideo où il effectuera sa scolarité. Ses professeurs le décriront comme un élève brillant, et Juan Vilamajo de travailler dès 1916 à la réalisation de la décoration de la salle des acteurs de l'Athénée (Montevideo). Ses premières réalisations révèleront un style éclectique, avec pour base un style Renaissance à la française, et surtout l'utilisation de matériaux nobles et le sens du travail bien fait. L'architecte remportera le Gran Premio (équivalent du Grand Prix de Rome) en 1920, récompense qui lui permettra de voyager en Europe. Et Juan de découvrir le vieux continent en pleine reconstruction après la Première guerre mondiale, tout en passant l'essentiel de son temps entre la France et l'Espagne. En 1926, il créera la Société Vilamajo, Puciarelli & Carve, qui sera à l'origine de la construction de plusieurs programmes dans la capitale de l'Uruguay, puis enseignera à Montevideo à partir de 1929 avant d'ériger sa propre maison devenue désormais le Musée Casa Vilamajo. C'est en 1945 qu'il sera promu comme directeur du plan d'urbanisation de Villa Serrana.

 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Colline de Verdun, à quatre kilomètres de Minas, sur la Ruta 12. Le sanctuaire de Notre Dame de Verdun est ouvert tous les jours de 8h00 à 18h00. Pour atteindre le sommet de la colline, prévoir trente minutes de marche (à partir de la chaine obstruant le chemin, près du point de restauration) pour parcourir un kilomètre.
  • Parc du Salto del Penitente, au KM 125 de la Ruta 8, puis suivre une petite route sinueuse mais bitumée jusqu'à apercevoir l'entrée du parc, une dizaine de kilomètres plus loin. En face de l'entrée du parc, se trouve un panneau indiquant la direction de Villa Serrana. Evitez d'emprunter cette route en trop mauvais état à moins d'être équipé d'un 4X4. Entrée du parc : 30 pesos uruguayens (personne ne m'a rien demandé aujourd'hui). Le parc est ouvert tous les jours de 10h00 à 19h00. Il est possible de se restaurer au parador (accès wifi gratuit sur place) mais aussi de passer la nuit et de profiter de diverses attractions. Consulter le site internet pour plus de détails : http://www.saltodelpenitente.com/spanish.html

  • Villa Serrana : http://www.portaldevillaserrana.com.uy/

  • Ventorrillo de la Buena Vista, avec chambres et restaurant. Tél : 598 4440 2109. Ouvert tous les jours. Site internet : http://www.ventorillodelabuenavista.com.uy

  • A EVITER ! Restaurant KI-JOIA, Plaza Libertad à Minas. Cet établissement vous informe que ses grillades ne sont disponibles qu'à partir de 20h00, car le chef est absent. Or, le chef en question, casquette consciencieusement vissée sur la tête durant ses heures de service, n'est arrivé qu'à ...20h15. Et moi, client de pacotille, de poireauter une heure avant d'être servi. Pour ceux qui me connaissent, inutile de vous dire que j'ai adressé au personnel de salle, à voix haute et dans la langue de Cervantès ma plus vive désapprobation en leur conseillant de changer de...maitre-queux !












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