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Casa Cultural de Minas
(Minas, Département de Lavalleja, Uruguay)
Heure locale


Mercredi 3 mai 2017

 

Pour mon dernier jour à Minas, je décide de me rendre à la Casa cultura, phare culturel de la ville. Nous l'avons vu dans un autre article, cette maison se définit comme un centre rassemblant à la fois sous le même toit plusieurs musées, la maison natale de Juan Antonio Lavalleja, la bibliothèque municipale et un amphithéâtre pouvant accueillir 300 personnes. Plusieurs salles de musées n'ouvrent qu'à midi, mais je me promènerai en attendant dans les autres salles accessibles au public, dont le bureau de Juan José Morosoli, enfant du pays né à Minas le 19 janvier 1899 d'un père immigré de Suisse. Ecrivain uruguayen du XX ème siècle, celui-ci s'échappera très tôt de l'école pour travailler dans la boutique de son oncle, avant d'ouvrir son propre estaminet, le Café Suisse. Il commencera à asseoir son style littéraire durant les années 1920 à travers la connaissance profonde de l'être humain, qu'il soit rural ou urbain. Il se lança d'abord dans le journalisme puis s'essaiera en poésie et dans le théâtre. Côté journalisme, il collabora à des journaux aussi divers que Revista Nacional, Revista de Minas, Mundo Uruguayo, El Dia et Marcha... Il écrira également trois pièces de théâtre entre 1923 et 1928, pièces jouées à Minas et à Montevideo. Sa découverte de la poésie donnera la publication de Balbuceos, publié en 1925, partie d'une œuvre collective, puis Los Juegos. Juan José Morosoli, ce sont aussi les œuvres Hombres, Les albaniles de los Tapes, Perico, Hombres y Mujeres, Muchachos...et El Viaje hacia el Mar, autant de livres qui feront de cet auteur un acteur prolifique de la vie littéraire locale. Et le style narratif de notre homme d'être indissociable des fortes valeurs rurales du pays de Minas puisque toute son œuvre aborde l'homme et sa résistance face aux aléas climatiques et à la dureté de l'existence. Juan José Morosoli s'illustra enfin dans plusieurs essais, mais aussi lors de conférences lui permettant de développer les points soulignés plus haut. Deux ans après son décès, le Prix national de littérature lui sera remis à titre posthume en 1959.


 

Une autre salle de musée est consacrée à Santiago Dossetti, natif de Gutierrez (au nord du département de Lavalleja). Notre homme, à la fois journaliste et écrivain, dirigera le journal local de Minas, La Union, et ce pendant trente ans. Auteur d'articles passionnants, il évoquera souvent la vie culturelle, politique et sociale de Minas et contribuera à ce titre et de manière active à la vie locale. Il ne publiera par ailleurs qu'un seul livre , Los Molles, mais quel livre ! Ce recueil de neuf histoires aborde à la fois le cours de son enfance et sa descendance d'un père italien aux côtés duquel le petit Santiago s'acquittera des tâches et des coutumes rurales. Autre aspect de l'existence de notre auteur, son poste de fonctionnaire municipal de Lavalleja en tant que directeur du département de la culture et du tourisme. Santiago s'illustrera surtout comme promoteur culturel, puisqu'il fonda la maison de la culture de Minas dans laquelle je me trouve aujourd'hui, première maison de la culture du pays, qui fut inaugurée un certain 25 août 1955. Face au développement urbain plus ou moins désordonné de Minas à cette époque, Santiago Dossetti pèsera de tout son poids pour préserver la maison natale de Juan Antonio Lavalleja, partie intégrante de la Casa cultural, mais dotera également le centre d'une bibliothèque municipale et de salles d'expositions. Lecteur avide, et très bon narrateur, Santiago Dossetti (ci-dessous) sera le véritable initiateur de la place culturelle de Minas aux niveaux national et international.


 

Ami de Dossetti, Eduardo Fabini (ci-dessous) naquit à Solis en 1882 et deviendra un illustre compositeur et musicien en Uruguay. Talentueux, il sera capable de pratiquer le violon, la guitare, l'accordéon, l'harmonium et le piano. La salle qui lui est dédiée dans le centre culturel de Minas rassemble un nombre important d’objets et de témoignages sur cet homme. Et le langage novateur d'Eduardo Fabini d'avoir incontestablement contribué au renouveau de la musique nationale dans ce pays. C'est en Belgique qu'il créera ses premiers succès, au début du XX ème siècle. Ainsi, écrivit-il en 1901 Los Tristes N°1 et 2 à la guitare, puis Intermezzo, la nostalgie uruguayenne chevillée au corps. De retour à Montevideo, c'est au violon qu'il interprétera les succès belges, avant de repartir en Europe pendant deux années, période qu'il mettra à profit pour produire des œuvres artistiques de manière prolifique, œuvres malheureusement non conservées. Lors de son retour en Uruguay, en 1907, il initia la création d'entités musicales et fut, entre autres, le co-fondateur du Conservatoire de musique d'Uruguay, puis, trois mois plus tard, co-fondateur de l'Association de la musique de chambre. A cette époque, Eduardo Fabini passera le plus clair de son temps à Solis, sa ville natale, ou dans le département de Lavalleja, là où il trouvait les sources d'inspiration nécessaire à son œuvre.


 

La salle d'en face est à la fois consacrée aux pierres jadis utilisées comme outils par les différentes tribus indiennes dont les Minuasense et les Guaranis, occupants ancestraux de Minas et de sa région, mais également aux gauchos, véritable entité culturelle de l'Uruguay. Ces garçons vachers furent et sont encore, dans une moindre mesure, les anges gardiens des troupeaux de bovins des plaines fertiles du pays, et nous ont laissé au fil du temps de nombreux témoignages culturels à travers des objets que je peux admirer dans une grande vitrine. L'activité de gaucho apparut au cours du XVIII ème siècle et se développera jusqu'au milieu du XIX ème. Le gaucho , semi-nomade par essence mais extrêmement autonome, disparut pratiquement au XX ème siècle, après avoir joué un rôle important lors des guerres d'indépendance et civiles.

 

Me voici maintenant à l'intérieur de la maison natale de Juan Antonio Lavalleja (ci-dessous) qui offre d'admirer photos, peintures et objets ayant eu trait à la vie de celui qui fut à la fois militaire, chef des 33 Orientaux, homme politique puis Président uruguayen. Fils d'une famille nombreuse, Juan Antonio s'engagea comme soldat en 1811 aux côtés de Artigas à Las Piedras. Il affrontera en 1815 l'invasion portugaise, participera à la création de la Villa Concepcion de las Minas, deux ans avant d'épouser Ana Monterroso. Fait prisonnier un an plus tard, dans la ville actuelle de Salto, et emprisonné à Rio de Janeiro, il se consacrera un temps aux travaux ruraux à Tacuarembo avant de retrouver des responsabilités militaires. D'une manière générale, notre homme s'illustrera brillamment jusqu'à sa disparition le 22 octobre 1853.


 

Je me rends ensuite à la bibliothèque municipale pour trouver des informations concernant la ville de Minas, qui fut fondée dès 1784. L'endroit porta d'abord le nom de Villa de la Concepcion de las Minas, à une époque où 152 colons tout droit venus de Galice et des Asturies (Espagne) débarquèrent sur place, avant, pour certains, de partir désabusés s'installer en Patagonie. C'est José Joaquin de Viana, alors gouverneur de Montevideo, qui émettra le premier l'idée de créer cette ville, dès 1753, avec le désir de fixer une population locale dans cette région minière. Trente ans seront nécessaires pour voir l'aboutissement de ce projet. La naissance de Juan Antonio et de Manuel Lavalleja sera un atout pour la bourgade. Et ces deux fils de la nation uruguayenne de s'illustrer militairement pour l'indépendance du pays. En 1837 sera créé le département de Minas, rebaptisé plus tard du nom de Lavalleja. Et Minas, de s'ouvrir au progrès avec en 1854, l'arrivée des diligences qui raccourcira considérablement le temps de voyage entre la capitale et la cité. Un an plus tard, le télégraphe fera à son tour son apparition à Minas, en ligne directe avec Montevideo. L'entreprise connaitra dans un premier temps des fortunes diverses, face à la guerre civile de 1875 qui aboutit aux deux-tiers des installations, et à la revente, en 1876, de la compagnie d'actionnaires mise en place précédemment.


INFOS PRATIQUES :

 

  • Casa Cultural, à l'angle des rues Lavalleja/ José E.Rodo. Tél : 444 22010 et 444 28629. Entrée gratuite. Ouverture des salles d'expositions d'Eduardo Fabini , des Gauchos, et de la maison natale de Juan Antonio Lavalleja à midi.

 










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