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Autour d'Artigas
(Département d'Artigas, Uruguay)
Heure locale


Jeudi 11 mai 2017

 

Pour cette deuxième journée à Artigas, je décide de partir à la découverte du département. Je pars sur la ruta 30, route le long de laquelle se trouve le sanctuaire de la Vierge des 33 Orientaux. L'endroit se situe à moins de vingt kilomètres d'Artigas, mais il me faudra être attentif car il s'agit d'une simple piste de terre signalée par un petit panneau. Je repère l'intersection au dernier moment et tourne à gauche. Ce sanctuaire s'enfonce à quatre kilomètres à l'intérieur des terres et cette promenade me permettra de croiser ici et là des habitants de la campagne. Aucun ne fait d'auto-stop, car je suppose que les passages de voitures sont rares sur cet axe. Une voiture, arrêtée en bord de route, m'interpelle. Trois hommes s'affairent autour du véhicule et me saluent. Je leur demande s'ils ont besoin d'aide mais ils me répondent qu'ils disposent encore d'un peu de carburant en secours. Je reprends ma route. Je croise tantôt une école rurale, tantôt des ouvriers oeuvrant sur un chantier, des chevaux ou des vaches broutant le long de la piste. Le paysage est vraiment typique et je trouverais toujours quelqu'un pour lever un doute sur la poursuite de mon voyage. Il faut dire qu'ici, en Uruguay, on a une une conception bien différente de l'aménagement du territoire. Un policier à qui je demanderai plus tard mon chemin m'avouera qu'une portion de route étant actuellement en travaux, tous les panneaux indicateurs avaient été retirés. Pas simple !

 

J'arrive bientôt au bout de la piste après avoir croisé de gros chiens agressifs qui aboyèrent et coururent après mon véhicule. Le sanctuaire de la Vierge des 33 Orientaux (du nom de ces combattants qui se battirent en faveur de l'indépendance du pays) ressemble à un petit parc gazonné avec des bancs qui invitent à la méditation (photo ci-dessous). L'endroit est au milieu de nulle part et on peut admirer le paysage lointain (ci-dessous, deuxième photo) car ce lieu domine les environs. Aux abords du parc, sur ma gauche se trouvent deux petites niches, l'une d'entre elles étant consacrée à la Vierge noire. Un petit tourniquet m'autorise l'entrée dans le parc et je distingue très vite le monument en l'honneur de cette vierge patronne des Uruguayens (troisième photo). Il y a quelque chose d'incroyable dans la croyance en la Vierge qu'ont placé les habitants de ce pays, et aussi un concours de circonstances : le 14 juin 1825, à la suite de la croisade de libération de l'Uruguay, les patriotes se trouvaient à Florida pour célébrer leur congrès. Et le 25 août de cette même année, ce congrès de déclarer l'indépendance de la province orientale d'Uruguay et son union avec les Provinces Unies du Rio de La Plata. Personne n'avait à cet instant remarqué qu'à côté du ranch où se tenait le fameux congrès, se trouvait au même instant une image de la Vierge. Une image de petite taille certes, image taillée dans le bois et d'origine guarani, datant du XVIII ème siècle et qui avait été confiée à un certain Antonio Diaz, un Indien de Santo Domingo de Soriano. Certains virent sans doute une intervention divine dans la fin heureuse du congrès et la Vierge d'être depuis vénérée dans la cathédrale de Florida (capitale du département uruguayen).


 

Je rebrousse chemin, pour me rendre maintenant à la Piedra pintada (ci-dessous) dont on m'a beaucoup parlé. Là encore, il me faudra mener l'enquête avant de trouver le bon chemin de terre débouchant sur la Ruta 30. Et de remonter la piste sur plusieurs kilomètres, traversant au passage le minuscule village de Guayubira, où l'on cultive le tabac, avant de finalement atteindre ...le parc Congreso de Abril, lieu de détente et de loisirs (ci-dessous, deuxième photo) inauguré en 1982, avec, en son centre, le célèbre rocher. En effet, pourquoi parle t-on de r »ocher peint » alors que celui-ci ne porte aucune trace de sérigraphie ? Un habitant m'avoue que les couleurs ont passé avec le temps...et moi de rester sur ma fin. Ce rocher est haut de 19 mètres et a une circonférence de 76 mètres. C'est parce qu'il est unique dans la région et qu'il est considéré comme une curiosité géologique qu'on lui prête autant d'attention. C'est en lisant sur le sujet que je découvrirai que ce rocher a hérité de son qualificatif grâce à la couleur verte rougeâtre que prend l'ensemble lors de certaines conditions climatiques. Cet effet est du à l'existence de mousses de différentes espèces qui poussent sur le grès du rocher. Le parc, lui, est désert à cette époque mais extrêmement bien tenu. Et de nombreux espaces pour barbecue sont répartis ici et là tandis qu'une belle piscine n'attend plus que ses nageurs. Autre curiosité du rocher, les nombreuses inscriptions apposées par les visiteurs, dont une, datant de 1883 et inscrite sous le nom de L.Villar. Son authenticité a depuis été scientifiquement prouvée. Le rocher a enfin longtemps été source de légendes plus ou moins folles. Comme par exemple cet aventurier poursuivi par ses persécuteurs, qui aurait caché son trésor quelque part ici en se servant du fameux rocher comme repère.


 

Faute de GPS TomTom fonctionnant dans ce pays, mon cerveau fait le reste et mémorise encore rapidement les endroits. Fort des renseignements fournis par mon hôtel, je trouverai aisément ma route pour me rendre sur ce que je pensais être un atelier et qui s'avérera être...un simple terrain près d'immenses éoliennes ! Ce n'est pas par hasard que, du temps des Espagnols et des Portugais, cette partie d'Uruguay était appelée « Terre de personne ». Il y a longtemps déjà, on découvrit dans ce département des agates et des cristallisations de quartz de type améthyste, coincés sous des couches de roches volcaniques. Là où je me rends aujourd'hui se trouve l'histoire de la pierre d'Uruguay, celle qui a la forme d'un cœur (ci-dessous). Cette extraordinaire histoire est racontée dans une vidéo (http://www.youtube.com/watch?v=ixaVsxtDM5Q) qui raconte comment on découvrit une superbe pierre par le plus grand des hasards. Cette géode en agate, de 130 millions d'années et en forme de cœur humain, fut découverte il y a plus de quarante ans par Laire Luciano Lucas (originaire d'Artigas). D'un poids de 7,9 kg, elle renferme des symboles et des écritures en cristaux de quartz, dont plusieurs interprétations nous ont été données depuis. Le mystère reste cependant entier à ce jour, et comme le prétend le découvreur de cette pierre « Nous sommes en présence de quelque chose qui est supérieur à l'homme ». Depuis cette découverte, la famille Lucas, aujourd'hui représentée par le fils, Hugo Lucas, se charge de faire connaître cette pierre à l'échelle planétaire, à titre purement bénévole.


 

Mon hôtel organise une excursion safari minero chaque dimanche pour visiter une mine d'extraction des agates, mais je serai déjà loin dimanche prochain. A Artigas, plusieurs ateliers travaillent les agates pour en faire des produits finis ensuite vendus sur place ou exportés. Je décide de me rendre à l'entreprise Becker qui exerce son art depuis...1850, date à laquelle Carlos Augusto Becker fonda l'entreprise (ci-dessous). Au début du XIX ème siècle eut lieu une importante vague migratoire vers le Brésil (Rio Grande do Sul), en provenance d'Allemagne (Idar-Oberstein), et c'est à cette époque que furent découverts d'important gisements d'agates, de pierres améthystes et autres minerais. Des entreprises familiales se créèrent et exploitèrent la pierre qui fut ensuite envoyée brute en Allemagne afin d'être travaillée. La famille Becker monta aussi sa propre affaire, alors qu'on parlait déjà de la découverte de gisements similaire dans le nord de l'Uruguay. Et Augusto Becker d'acquérir en 1890 une parcelle de terrain dans la localité de Catalan et d'exploiter depuis agates et améthystes, de père en fils. Sacrée histoire de famille !

 

INFOS PRATIQUES :

  • Sanctuaire de la Vierge des 33 Orientaux : depuis Artigas, emprunter la Ruta 30 (direction de Masoller) puis rouler sur une quinzaine de kilomètres, en cherchant sur votre gauche un panneau indiquant Virgen de los 33. Emprunter la piste sur votre gauche puis rouler tout droit sur quelques kilomètres (des panneaux vous rappellent régulièrement le chemin à suivre) jusqu'à atteindre le sanctuaire situé en bout de piste.
  • Piedra pintada, dans le parc Congreso de Abril : emprunter la même route 30, puis, après avoir dépassé la piste Virgen de los 33 (sur votre gauche), poursuivre sur la Ruta 30 jusqu'à trouver, toujours sur votre gauche, une piste qui grimpe, environ deux kilomètres plus loin. Prenez là, puis suivez là, traversez Guayubira, et poursuivez tout droit. Laissez une école rurale sur votre droite, allez toujours tout droit jusqu'à atteindre un grand panneau mentionnant Piedra pintada. Prenez alors à gauche et vous y êtes, quelques centaines de mètres plus loin.

  • La pierre d'Uruguay, au KM112 sur la ruta 30 en direction de Bella Union ( à environ 15-20 km d'Artigas. Plus d'informations sur http://www.lecheminducoeur.org

  • Entreprise Becker Stones, Carlos Catala 372, à Artigas. Tél : 4773 1666. Site internet : http://www.beckerstones.com

     









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