Revoir le globe
Top


Salto
(Département de Salto, Uruguay)
Heure locale


Vendredi 12 mai 2017

 

Triste journée que ce vendredi. A mon départ d'Artigas, il avait déjà plu. Et il tombera des cordes à Salto. Je roulerai à bonne vitesse durant ces deux heures de route, avec une qualité de route irrégulière. Oui, c'est l'irrégularité qui prime dans ce pays. Ainsi, roulerai-je sur une route bien bitumée et, soudain, je traverserai trois cents mètres de route avec des trous et des rapiéçages de goudron. Puis une portion de deux kilomètres en terre (très glissante avec la pluie) et retour à une route normale. J'ai toutefois l'impression que le réseau routier du département de Salto est quand même meilleur que sur Artigas. Une exception, l'entrée dans la ville de Salto, par la porte de la Prudence. Cela ne s'invente pas, et, compte tenu du nombre de trous et de flaques d'eau garnissant la chaussée, mieux vaut l'être....prudent ! Comme d’habitude, je me gare sur le bas-côté et demande mon chemin à un passant. Je ne mettrai pas longtemps à trouver mon hôtel, mais je serai contraint de me garer dans une rue adjacente, alors que la pluie se remet à tomber. Après mon arrivée à l'hôtel, ce fut le déluge, une grosse pluie d'orage qui ne tarda pas à transformer la rue en...Rio Grande (ci-dessous). De gros ruisseaux s'étant formés le long des trottoirs, il est alors impossible de traverser une rue sans inonder ses chaussures. Les habitants, eux, connaissent la chanson et se sont mis à l'abri devant des devantures de magasins ou sous des porches d'immeubles.

 

Celle qui s'appela d'abord Salto Oriental se niche au bord du fleuve Uruguay et concentre, là aussi, la majeure partie de ses attractions dans un mouchoir de poche, principalement aux abords de la rue Uruguay. Pourquoi Salto ? Tout simplement parce qu'avant la construction du barrage Salto Grande sur le fleuve, le cours d'eau Uruguay formait un détour pour contourner les rochers à fleur d'eau au milieu de son lit.

Les recherches archéologiques montrèrent que des Indigènes vécurent ici il y a quelques 10000 ans. Un premier contingent d'Espagnols s'installa sur place dans les années 1750, histoire d'accélérer la signature du Traité de Madrid (qui définissait les frontières des différentes colonies d'Amérique du Sud). Et Salto d'être fondée le 8 novembre 1756, par le gouverneur espagnol de la Bande Orientale, José Joaquin de Viana, lequel négociera avec le marquis de Valdelrios les frontières avec les Portugais. Dès son arrivée, il s'emploiera à faire construire des logements pour son armée et pour les premiers habitants de la zone. 1757 verra l'érection d'un fort, le Fort de San Antonio, qui sera occupé par une centaine d'hommes, forteresse placée sous la protection de Saint Antoine de Padoue. 1830 sera le début d'un accroissement important de Salto, laquelle sera reconnue en tant que ville le 8 juin 1863 par le président P.Berro. Le meilleur taux de croissance de la cité aura lieu de 1865 à 1935.

 

Cette période se caractérisera par une activité portuaire intense, faisant du port un trait d'union entre l'extérieur et la ville, une sorte de point de passage obligé, puisque l'infrastructure était en liaison avec les ports de Montevideo et de Buenos-Aires, et donc avec les routes commerciales internationales. Ce développement exponentiel attira les immigrés qui s'installèrent ici et lancèrent leurs propres commerces, développèrent l'agriculture, plantèrent les premières vignes, cultivèrent des oranges, créèrent des tanneries mais participèrent également aux activités portuaires comme par exemple les chantiers navals.

Non seulement cet essor économique enrichit-il les populations de Salto, mais il apporta aussi une dynamique culturelle propre à servir plus tard d'exemple pour le développement de l'Uruguay tout entier. Prenons un exemple : les constructions de style européen comme le théâtre de Larranaga (ci-dessous) ou l'Ateneo (deuxième photo) restent la marque de l'ancienne splendeur de la ville. L'histoire remonte à 1850, lorsque fut entrepris la construction du Teatro Viejo, première salle de spectacles de l'endroit. En 1865, un autre théâtre , Teatro del Porvenir, fut proposé par l'architecte José Botto, mais ce projet ne verra jamais le jour faute de moyens financiers suffisants. Vers 1880, l'ancienne salle de spectacles étant devenue trop petite, il fut décidé de bâtir le Théâtre Larragana, sous la forme d'une sociétés par actions. Et le nouveau théâtre d'être inauguré le 6 octobre 1882. Conservant aujourd'hui sa structure originale, et d'une capacité de 600 places, celui-ci fut le témoin de bien des spectacles d'artistes lyriques, de concerts symphoniques, et ballets et de pièces de théâtre. Quant à l'Aténéo, il s'agit d'un centre culturel qui vit le jour le 8 janvier 1889, à l'initiative d'un mouvements d'intellectuels. L'édifice, que l'on peut toujours admirer, date de 1895 et offre à l'intérieur une salle joliment décorée bien qu'un peu décatie. A l'origine de ce projet : la création d'un centre de réflexion et de travail où l'on cogiterait sur le devenir du nord de l'Uruguay. Et l'Aténéo de devenir bientôt le centre de pensée lumineuse et moderne, d'où sa devise Ars et Labor.


 

Le cycle de l'essor économique de Salto s'achèvera en 1930, alors que l'Uruguay n'échappera pas à la crise mondiale de 1929. Les exportations s'effondrèrent, et, dans le même temps, l'ouverture de routes et l'apparition de nouveaux moyens de communication auront raison de l'activité portuaire. La construction du barrage de Salto Grande (inauguré en 1983) fera entrer Salto dans une ère nouvelle, faisant de la ville un important centre migratoire pour des populations venant des pays voisins ou directement concernées par la construction du barrage, et clairement attirées par des emplois mieux rémunérés qu'ailleurs. L'arrivée massive de ces populations nouvelles fut à l'origine de la création de nouveaux quartiers entiers à Salto.

Une accalmie se profilant à l'horizon, j'en profite pour partir à la découverte de la ville : la Place Artigas (ci-dessous) brille d'élégance avec la statue équestre du général José Artigas, œuvre du sculpteur Edmundo Pratti qui y fut installée lors du centenaire du serment de la Constitution de l'Uruguay. Le monument fut inauguré le 29 septembre 1940. De chaque côté de cette statue équestre se dressent une statue, celle du paysan et du citadin. Jadis, cette place portait le nom de Plaza Nueva, puis plus tard, Plaza 18 de Julio. Pour prendre enfin le nom de Plaza Artigas il y a 62 ans. Sur cette même place se dresse la cathédrale Saint Jean-Baptiste (deuxième photo). Sa construction débuta au début du XIX ème siècle puis fut terminée en plusieurs étapes au cours du XX ème. Ici même s'éleva autrefois une première église à l'époque de l'exode de la population orientale en 1811. L'intérieur de l'édifice offre d'admirer plusieurs peintures de Zorrilla de San Martin et le Christ en bronze d'Edmundo Pratti. Quant au Pape Jean-Paul II, il visita cette cathédrale le 9 mai 1988.


 

Je redescends désormais la rue commerçant Uruguay, en direction du port. Pratiquement en face de l'office de tourisme de la ville, je m'arrête un instant devant la superbe façade du musée des Beaux-arts (ci-dessous). La ville conserve toujours de jolies façades qu'il m'arrivera de photographier lors de ma promenade (consulter l'ensemble des photos prises lors de cette sortie), souvenirs du temps de la splendeur passée de cette cité.

 

Une autre place, la Plaza Treinta y Tres se trouve aussi sur la rue Uruguay, mais un peu plus bas. Une des places principales de Salto, celle-ci est la plus ancienne de toutes et permet d'admirer en son centre une magnifique fontaine ornée d'un ange et d'un cygne (ci-dessous), qui fut construite en 1870 et recouverte d'agates et de cristaux, nombreux dans ce département. D'autres sculptures sont placées ici ou là le long des allées. En 1974, lors de travaux de restauration de l'endroit, les bustes du général Don Manuel Oribe et du général Juan Antonio Lavalleja ont été rajoutés. Dois-je rappeler que ces deux hommes furent des héros de la croisade de la Liberté des 33 Orientaux. Donnant sur cette place, l'ancien commissariat de police (bâti en 1861 par Antonio Invernizzi) n'existe plus depuis fort longtemps. Il reste toutefois son portail (deuxième photo), appelé Columnata, joliment restauré, et un plan de délimitation de l'ancienne bâtisse tracé avec goût.


 

Me voici arrivé devant le fleuve Uruguay et le port. Un coup d'oeil s'impose sur l'édifice des Douanes (ci-dessous) avant de me rendre au bord de l'Uruguay. Mais, déjà, tombent les prochaines gouttes de pluie....et je rebrousse chemin.

Cette visite est loin d'être exhaustive et, par beau temps (de préférence), il reste encore beaucoup de choses à voir :

  • La côte sud, depuis le port, avec ses maisons anciennes et modernes, ses jardins et ses points d'observation sur le fleuve

  • La Maison du gouvernement (angle Uruguay et Solis)

  • L'ancien édifice des Postes (Calle Uruguay)

  • L'ancien marché du 18 juillet (désormais salle d'exposition)

  • Le Parc Benito Solari

  • Le monument en hommage au poète Victor Lima

  • La petite place des souvenirs (entre la calle Brazil, Chiazzaro et 19 de Abril)

  • La côte nord, avec une jolie promenade qui part du port

  • Sitio del Ayui (au bord du fleuve Uruguay, à 4 km de la ville)

  • Salto Chico (à 3 km de la ville) avec ses plages et ses cascades, bel endroit pour observer les rapides du fleuve

Par ailleurs, Salto offre un nombre important de musées, parmi lesquels :

  • Le Musée Carlos Gardel

  • Le Musée d'archéologie et de Sciences naturelles

  • Le Musée des Beaux-Arts et des arts décoratifs

  • Le Musée de l'Homme et de la technologie

  • Le Musée historique du fleuve Uruguay

  • Le Musée Edmundo Prati

Attention : ces musées ouvrent tardivement.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Office du tourisme de Salto, situé près de l'ancien marché couvert du 18 juillet, sur la rue Uruguay. Ouvert du lundi au samedi de 8h00 à 18h45. Site internet : http://turismoensalto.com/
  • Musée des Beaux-Arts, Uruguay 1067, Salto. Ouvert du mardi au samedi de 14h00 à 20h00 et le dimanche de 16h00 à 19h00.









 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile