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Quartier historique de Colonia et Plaza de Toros de Real San Carlos
(Colonia del Sacramento, Département de Colonia, Uruguay)
Heure locale


Jeudi 18 mai 2017

 

Cap sur Colonia del Sacramento, ce matin, avec trois heures de route à la clef. Réveillé de bonne heure, je prépare mes affaires, prends un petit-déjeuner et quitte le Gran Hotel de Fray Bentos à 7h30 pétantes. Ma prochaine destination se trouve en effet à plus de 200 kilomètres et je crains la pluie, tant pour conduire que pour faire mes photos une fois sur place. Fray-Bentos se réveille tout juste lorsque je quitte cette charmante petite ville pour prendre la direction de Mercedes, à une trentaine de kilomètres de là. J'emprunterai alors la Ruta 21, avec son revêtement de qualité variable, ses virages et ses belles lignes droites. Et de traverser successivement les villes de Dolores, Nueva Palmira et Carmelo, avant d'atteindre Colonia del Sacramento, plus vieille ville du pays et capitale du département du même nom.

Fondée en janvier 1680 par les Portugais sous l'appellation de Colonia do Santissimo Sacramento, cette cité fera partie de la portion de territoire, plus tard revendiquée par les Espagnols qui se trouvaient alors à Buenos Aires (Argentine), de l'autre côté du « fleuve d'argent ». Ainsi Colonia changera t-elle de tutelle, et de pays, à plusieurs reprises, au fil des traités qui seront signés entre l'Espagne et la Portugal (comme le traité de Madrid en 1750, ou celui de San Ildefonso en 1777 qui placera la ville sous contrôle espagnol). Puis les Portugais reprendront la ville avant que les Brésiliens ne s'en emparent à leur tour. Il faudra attendre la proclamation de l'indépendance de l'Uruguay, en 1828, pour que la ville retrouve une stabilité.

 

C'est donc la vieille ville que je vais visiter, le quartier historique (Casco historico). Je gare mon véhicule près du stade de football puis me rend à l'office de tourisme qui se situe à côté de la Intendencia (ci-dessus). Cinq minutes suffisent pour que j'organise mon parcours grâce au plan très complet qui m'est remis par une employée : celui contient non seulement le plan de la ville de Colonia (avec un gros plan sur le centre historique) mais aussi les 17 sites à ne pas manquer sur place. La visite à pied se fait très facilement et il me faudra une heure environ pour faire le tour des sites remarquables. Je pénètre dans la vieille ville en franchissant la porte de la citadelle (ci-dessous) qui fut restaurée en 1968 et 1971, avec son pont-levis et les restes de l'ancienne muraille. Cette porte sera bâtie en 1745 sur l'ordre du gouverneur portugais Vasconcellos, lequel sera un temps propriétaire de terrains sur place mais également un grand bâtisseur. Ladite porte fait face à la Place de 1811, qui abrite un office de tourisme. Il est recommandé d'admirer cette porte la nuit pour profiter pleinement des illuminations.


 

Une fois cette porte franchie, si vous tournez à gauche, vous emprunterez la rue San Miguel qui vous conduira au bastion du même nom. La vieille ville comporte en effet quatre bastions (San Miguel, San Pedro, Santa Rita et Carmen) symbolisés sur le plan par des appareils-photo. Je me rends pour ma part à la Calle de los Suspiros (Rue des Soupirs, en photo ci-dessous) qu'il est aussi recommandé d'admirer au soleil couchant. Malheureusement, le ciel est aujourd'hui plus menaçant qu'ensoleillé mais les vieilles maisons de style colonial qui bordent la rue ont gardé leurs teintes naturelles au fil des siècles. Elles ont pourtant été construites il y a plus de 250 ans. L'unique maison accessible est une galerie d'art, et il est intéressant de jeter un œil à l'intérieur afin d'observer les techniques de construction d'alors. Attention enfin à ne pas vous casser la figure sur les pavés de taille inégale qui garnissent la chaussée.


 

La Grande Place du 25 Mai, elle, fut construite lors de la fondation de la cité et demeure le plus grand espace du quartier historique. Il s'y déroulait jadis des manœuvres militaires. Celle-ci rassemble plusieurs attractions : on y trouve d'abord le Musée portugais, installé dans une demeure portugaise datant du XVIII ème siècle, qui offre d'admirer le blason original de la porte de la citadelle, mais aussi du mobilier portugais d'époque, des armes, des objets artisanaux et des cartes datant des XVIè et XVIIè siècle. Juste à côté, se dresse le Musée naval, fondé en 2009. A deux pas de là, je découvre les ruines du Couvent de San Francisco (ci-dessous) dominées par le phare. Ce couvent aurait été bâti au cours des années 1690, mais un gigantesque incendie détruira l'ensemble en 1704. A l'intérieur se trouvait la Chapelle de la Conception qui comprenait autrefois une tour faisant alors office de phare. Le phare actuel fut quant à lui achevé en 1857, au pied des ruines de l'ancien couvent. Sa construction débutera en 1845 grâce au travail acharné des soldats de Juan Manuel Rosas, mais les travaux seront un temps suspendus à cause de la guerre. Il mesure 34 mètres de haut et se distingue par son éclat de lumière blanche émis toutes les neuf secondes qui est visible à plus de six miles de là, depuis le large et par temps clair. A mi-chemin entre la porte de la citadelle et le port, se dressait autrefois la gare ferroviaire de Colonia : celle-ci sera inaugurée le 1er avril 1901, avec l'arrivée du premier convoi en provenance de Montevideo. Tout un symbole.


 

Ne quittons pas cette fameuse Place du 25 mai et observons maintenant d'anciennes demeures de la cité (ci-dessous) : de gauche à droite, on peut apercevoir la demeure de Nacarello, maison portugaise du XVIII ème, qui remonte à la troisième fondation de la cité en 1790, et fut restaurée en 1993. A l'intérieur, on peut y voir de vieux meubles portugais. Juste à côté, se dresse le Musée municipal qui a trouvé refuge à l'intérieur d'une maison datant de 1731, reconstruite par les Espagnols en 1793. Ce musée, qui est le plus ancien musée de Colonia, aborde l'histoire de la cité à différentes époques. Quant aux ruines voisines, ce sont celles de l'ancienne demeure du Vice-roi.


 

De l'autre côté de la Grande Place, je découvre une vieille maison portugaise datant de la première moitié du XVIII ème siècle, qui abrite désormais les archives régionales. Cette maison (ci-dessous) était la construction type de l'époque, avec, à l'intérieur, son sol pavé d'origine.

J'emprunte maintenant la rue Real, tourne à droite dans la rue de la plage (deuxième photo), histoire de remonter jusqu'à la Place de Manuel Lobo. Là se trouvent toujours les ruines de ce qui fut jadis la maison du gouverneur de la cité. Cette maison fut détruite par les Espagnols en 1777.

Sur l'autre versant de cette petite place s'élève la basilique du Saint-Sacrement (troisième photo), un édifice à nef unique avec ses murs de pierres et de briques, datant de la présence portugaise. Sa particularité est d'être la plus ancienne église d'Uruguay. Malgré les affres des occupations et des conflits successifs que connut Colonia del Sacramento, l'église est toujours debout. Je pénètre à l'intérieur et découvre un aménagement d'une sobriété exemplaire.

 

Faisant la course contre la montre avec les nuages qui s'amoncellent au-dessus de ma tête, je ne me rendrai pas cette fois-ci au Musée indigène mais sachez que ce dernier est situé sur la petite place de San Martin. Inauguré en 1998, celui-ci propose de découvrir une collection privée d'objets ayant appartenu aux Indiens Charruas et à d'autres tribus, anciens occupants de la région. Il existe aussi le Musée des Azulejos (carreaux de faïence), non loin de là, rue Misiones de Los Tapes, qui s'est établi à l'intérieur d'une demeure portugaise des années 1740-1760. L'ensemble subit une complète rénovation en 1986 et abrite depuis des collections de carreaux de faïence portugais, français et catalans, les premiers à avoir été fabriqués en Uruguay et datant de la période 1849-1900. Quant au Musée espagnol (car la cité comporte aussi un musée de ce type!), il est situé dans une construction de 1720, revisitée dans le style néo-classique en 1840. Vous y trouverez les principaux évènements de l'histoire coloniale de la cité ainsi que des peintures contemporaines de Jorge Paez Vilaro. Le bastion Carmen (ci-dessous), bâti en 1880, et qui sera successivement une fabrique de savon, un atelier de traitement de la laine et du cuir et un entrepôt et magasin de céréales, avant de devenir la propriété des Argentins qui transformeront le lieu en centre culturel. L'endroit est actuellement fermé pour travaux. Au pied du bastion Carmen est situé le port de Colonia, avec sa jetée (deuxième photo) qui fut d'ailleurs plus longue autrefois. La jetée actuelle est le fruit d'une reconstruction qui a pris place en 2001.


 

La pluie menace mais épargne pour l'instant la région. Je saute dans ma voiture et prends la direction de Real de San Carlos, à seulement quelques kilomètres de là, afin d'y admirer sa Plaza de Toros (ci-dessous). Le roi en question est Carlos III d'Espagne, puisque les Espagnols occuperont cette zone avant d'assiéger en 1761 la ville de Colonia del Sacramento, alors sous domination portugaise. La Plaza de Toros, elle, est unique en son genre dans ce pays et fut construite en 1910 dans le style mudéjar, offrant une grande ressemblance avec les places similaires que l'on peut rencontrer en Espagne. On doit sa construction à l'architecte argentin José Marcovich et à l'ingénieur Dupuy. L'endroit abritera plus de 80 corridas (dont huit grandes corridas officielles) et bien d'autres spectacles. A l'époque, on faisait venir les taureaux d'Espagne, bien que d'autres taureaux de races sud-américaines aient été parfois utilisés. Il ne faudra que huit mois pour bâtir cette gigantesque place. La structure métallique, qui fut apportée de Grande-Bretagne, reste aujourd'hui visible, alors que l'ensemble, actuellement en cours de restauration, reste interdit au public. Cette construction, désormais classée comme monument historique national, fut dévastée lors de forts vents en 2012.


 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Office de tourisme, près de l'Intendencia (Avenida General Flores), ouvert tous les jours de 9h00 à 18h00
  • Jours et horaires d'ouverture et de fermeture des musées de Colonia del Sacramento : http://www.museoscolonia.com.uy/museos/museo-portugues

  • Portail touristique du département de Colonia : http://www.portaldecolonia.com.uy/

  • Pour vous rendre à Real de San Carlos, depuis Colonia, emprunter la Ruta 21 (en direction de Carmela), puis tourner à gauche au bout de quelques kilomètres (un panneau vous indique Real de San Carlos). Rouler tout droit jusqu'à la fin de la route, puis tourner à droite, continuer tout droit jusqu'à apercevoir la fameuse place. Pour découvrir virtuellement la Plaza de Toros, rendez-vous sur ce site : http://uruguay360.com.uy/uruguay/colonia/plaza-de-toros-real-de-san-carlos

  • Le Musée ferroviaire de Real San Carlos se trouve au pied de la Plaza de Toros. Il est ouvert les vendredi, samedi et dimanche (de 11h00 à 16h00 et en nocturne de 20h00 à 23h00) Entrée : 1 US$ (ou 30 pesos pour les Uruguayens, et 15 pesos pour les Argentins). Wagon-restaurant sur place avec possibilité de consommer sur place (photo ci-dessous).

  • Régalez-vous de bonnes salades et de délicieuses pâtisseries à La Baguette, Luis A.de Herrera 1699, à Colonia del Sacramento. Tél: 4522 5901


 









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