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Trinidad
(Département de Flores, Uruguay)
Heure locale


Samedi 20 mai 2017

 

Ouf ! Je quitte Colonia del Sacramento avec soulagement, tant l'hôtel Spa La Reserva était éloigné et peu sympathique. On ne peut pas gagner à tous les coups. Il est vrai que cette ville m'aura donné l'impression du piège à touristes avec ses prix plus élevés qu'ailleurs. En revanche, les Uruguayens, eux, furent toujours égaux à eux-mêmes. Il est vrai que le mauvais temps sur place n’arrangeât rien à l'affaire.

Comme à l'accoutumée, je prends la route tôt pour partir en direction de Trinidad et du département de Flores. La Ruta 1 sera parfaite mais il me faudra la quitter pour emprunter un autre axe routier, la Ruta 2, nettement moins bonne, jusqu'à Cardona, puis la Ruta 57 (avec des bas-côtés pratiquement inexistants) jusqu'à Trinidad.

Capitale du département de Flores, Trinidad est une ville de quelques 20000 âmes, autrefois surnommée Santisima Trinidad de los Porongos, ou tout simplement Porongos, du nom d'une rivière qui traverse le département après avoir pris sa source dans la Cuchilla Grande. Il existe des controverses sur l'origine de cette ville et sur ceux qui la fondèrent mais on affirme que deux personnages, Francisco Fondar et Fray Manuel de Ubeda, jouèrent un rôle prépondérant dans la création de cette ville au début du XIX ème siècle. Les terres occupées aujourd'hui par le département de Flores furent à partir de la seconde moitié du XVIII ème la propriété de Francisco Alzaibar et de Miguel Ignacio de la Cuadra, deux gros propriétaires fonciers. Se développera alors une lutte entre deux camps, celui des prolétaires représentés par Francisco Fondar, et celui des propriétaires terriens, avec à sa tête Manuel Ignacio de la Cuadra, lequel s'opposait à la création d'un village.

 

En 1801, plus de 70 habitants de la région, alors menés par Francisco Fondar demandèrent au Vice-roi de l'époque l'autorisation d'ériger une chapelle à l'ouest du cours d'eau Porongos, permission aussitôt accordée malgré l'opposition de Cuadra. Cinq mois plus tard, ladite chapelle était inaugurée, puis Fondar réclama la permission de construire un village autour de cette chapelle, permission qui, cette fois, fut refusée. A la mort de Manuel Ignacio de la Cuadra, sa veuve, Inès Duran décida d'en finir avec cette histoire et fit don d'une lieue et demi de surface de terrain à Fray Manuel de Ubeda, des terrains qui furent répartis entre les voisins et toute autre personne souhaitant habiter l'endroit. Ainsi naquit le village de Porongos, devenue aujourd'hui la petite ville de Trinidad. Les habitants du village participeront bien sûr à la révolution orientale de 1811, ce qui ne mettra pas à l'abri Porongos d'une occupation contre-révolutionnaire, dont José Artigas (ci-dessus sa statue) fera son affaire. La ville, aujourd'hui reconnaissante, a depuis dressé sa statue sur la Place de la Constitution, lieu où les habitants prêteront un serment de fidélité à la constitution du pays un certain 22 juillet 1830. Au milieu du XIX ème, la ville n'avait pas fait beaucoup d'avancées et ne comptait que quelques 600 âmes, vivant surtout de l'élevage. Un événement allait pourtant faire bouger les choses : l'endroit allait devenir la capitale du département de Flores le 30 décembre 1885. Et une centaine d'années après sa fondation, le village de Porongos de vouloir fêter une date anniversaire qu'en réalité personne ne connaissait de manière exacte. Les habitants se réunirent donc en août 1902, et tombèrent d'accord sur le principe pour fixer la date de la fondation du village au 1er janvier 1803. Et le village de bientôt prendre le nom de Trinidad.


 

Aujourd'hui, je découvre une petite ville paisible qui vit principalement de l'agriculture et des services. Lanas Trinidad (traitement de la laine) reste le plus gros employeur local, à la fois producteur et exportateur de laine dans le monde entier. L'autre entreprise, Frigorifico La Trinidad, se consacre quant à elle à l'élevage des bovins, des ovins et du nandou, gros oiseau sur pattes ressemblant étrangement à une autruche. La ville est aussi spécialisée dans la vente de grains, surtout depuis 1974, date à laquelle furent construits de grands silos d'une capacité de 15500 tonnes, puis de 24000 tonnes.

Ma balade débute à la Place de la Constitution, face à laquelle se dresse l'église de la Sainte Trinité (ci-dessus), à côté d'autre édifices comme par exemple l'Intendencia municipal (deuxième photo). Je remonte ensuite la rue Luis Alberto de Herreira jusqu'à atteindre la jolie Place Flores, certes plus petite que la précédente, mais agrémentée d'une fontaine. Et de reprendre le chemin inverse en empruntant la rue principale, qui porte ici le nom du fondateur de la ville, Francisco Fondar. Je ne trouverai pas d'informations sur cet homme qui, pourtant, aura su, en son temps, fédérer la population autour d'un vrai projet. Et de faire mon tour de ville plus rapidement que prévu. Un peu à l'extérieur de Trinidad se trouve ...l'hippodrome Ituzaingo (ci-dessous), du nom d'une localité du département voisin de San José. Il y eut aussi, en février 1827, la bataille de Ituzaingo dans le centre-ouest de Rio Grande del Sur et qui mit en présence les troupes des Provinces Unies du Rio de la Plata et celles de l'empire du Brésil, afin de prendre le contrôle de la bande orientale occupée sept ans plus tôt par les Brésiliens. La victoire du camp républicain finalisera la reconnaissance de l'Uruguay en temps qu'Etat libre, indépendant et souverain. L'hippodrome, lui, fut ré-inauguré en mars 2003 après le réaménagement des tribunes, des toilettes, des billetteries, de la palissade et de la piste.

 

Dans le même coin, c'est à dire à proximité du parc Centenaire, un édifice attirera mon attention : l'ancienne gare ferroviaire (en photo ci-dessous), aujourd'hui coupée de ses rails, se dresse encore majestueusement au milieu de la verdure et abrite désormais le Musée historique départemental Dr. Fernando Gutiérrez. Cet édifice, classé depuis monument historique national, est un véritable bijou de l'architecture ferroviaire, tant par son raffinement que par son caractère emblématique. Son architecture de style éclectique mêle des éléments plus modernes d'Art Nouveau, comme par exemple ses encorbellements en fer forgé ou son chapiteau d'accès. Je passerai un quart d'heure à admirer l'ensemble sous toutes ses coutumes. Prenons par exemple les pilastres (deuxième photo) qui servent ici de liens architecturaux sur les façades en formant une figure centrale agrémentée de décors d'inspiration végétale. Le corps principal du bâtiment se divise en trois parties, dont l'élément central, qui ouvre une porte monumentale (troisième photo). Et le sommet de l'édifice, d'être couronné par une balustrade imposante. En se penchant sur les ornements, on peut remarquer qu'ils contiennent des motifs symboliques comme cet écusson aux deux serpents (toujours sur la troisième photo) entrelacés autour d'une torche, la présence d'une corne d'abondance, qui représente l’opulence , et plusieurs autres éléments des mondes végétal et marin, sans oublier bandes et couronnes qui viennent embellir l'inscription « Chemins de Fer nationaux » sur la façade principale et « Trinidad » sur les autres côtés. Toutes les photos de cette gare peuvent être consultées en cliquant en haut et à droite de cet article sur l’icône photos.

 

Je suis accueilli par une charmante dame qui m'invite à entrer dans le musée. Je suis surpris par le thème de l'exposition. Je m'attendais à une exposition permanente présentant l'histoire de la ville de Trinidad mais mon hôte m'explique que l'exposition temporaire actuelle est consacrée à la médecine d'autrefois à Trinidad, avec présentation d'anciens matériels médicaux, photos et autres objets d'époque. Le thème est certes passionnant mais ne répond pas à mes attentes. Je m'attarderai quelques instants sur la seule galerie permanente qui traite de paléontologie et revient sur le passé préhistorique de l'Uruguay. Après avoir admiré un œuf de dinosaure (ci-dessous), j'apprendrai ainsi que le pays est habité par l'homme depuis...13 000 ans et que les traces laissées par nos prédécesseurs sont nombreuses et font toujours l'objet d'études. Ainsi est-il possible, dans le cadre d'une visite guidée, de pouvoir par exemple apprécier les peintures rupestres de Chamanga (à environ 40 kilomètres de Trinidad) ou encore visiter La Gruta del Palacio (deuxième photo). L'Européen, par son implantation durable sur place, sera parvenu à éradiquer les tribus indigènes (Charruas, Minuanes, Chanas, Guaranis...) qui étaient installées ici autrefois.

 

Un dernier mot sur le département de Flores, qui tire son nom du Brigadier Venancio Flores, brillant militaire et homme politique uruguayen des décennies 1840, 1850 et 1860. Ce département, le moins peuplé de tous, fut formé à partir des terres de deux riches propriétaires, Francisco Alzaybar, Capitaine de vaisseau de la marine espagnole, et Miguel Ignacio de la Cuadra, lieutenant-colonel d'artillerie de Montevideo. Et le 30 décembre 1885 de rester une date mémorable puisqu'il s'agit de la création du département de Flores, dernier venu des 19 départements et donc le plus jeune d'entre eux. Le fait d'avoir baptisé ce département du nom de Venancio Flores est d'autant plus légitime que notre homme naquit à Trinidad en mai 1808. Un enfant du pays en quelque sorte.

Le département appuie son développement économique sur la culture de céréales (blé, maïs), sur le lin et sur le tournesol. On y fabrique également des produits laitiers (dont des fromages), mais l'endroit se distingue tout particulièrement par sa production lainière qui apporte de nombreux emplois au tissu industriel local, activité confortée par le travail du cuir, la production de briques et de carrelages. Quant aux activités touristiques, elles se limitent à la régions des lacs (peu après la localité d'Andrésito, sur la Ruta 3), et aux grottes (dont la Gruta del Palacio), visibles à une quarantaine de kilomètres au nord de Trinidad.

 

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