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Durazno
(Département de Durazno, Uruguay)
Heure locale


Lundi 22 mai 2017

 

En ouvrant les rideaux de ma chambre aujourd'hui, un beau soleil brille déjà sur un beau ciel bleu. J'ai prévu de visiter Durazno, capitale du département du même nom. Ce département est traversé par la rivière Yi, qui prend sa source dans le Cerro Chato, à une altitude de 300 mètres, et forme le principal affluent du fleuve Rio Negro. En langue guarani, le mot Yi signifie « rivière résistante » (voilà au moins l'assurance d'être arrosé avec constance !).

La ruta 14 entre Trinidad et Durazno est de bonne qualité, et le parcours s'effectue aisément en trente minutes. Je suis surpris de voir si peu de monde dans les rues ce matin, mais ce lundi est férié pour certains, mais pas pour d'autres. Ainsi apercevrai-je les balayeurs de la ville en train d'oeuvrer sur la Place de l'Indépendance alors que je garerai mon véhicule. De même, certaines enseignes sont ouvertes et d'autres pas. Comme d’habitude, je pars, carnet de notes à la main et appareil-photos en bandoulière pour arpenter la ville, dont de très nombreuses avenues sont bordées de platanes, apportant ainsi une touche de charme à l'ensemble...et un surcroit de travail aux habitants de Durazno que je croiserai à plusieurs reprises, en train de faire des tas de feuilles le long de la chaussée.

La Place de l'Indépendance fut créée du temps où la ville portait le nom de Villa de San Pedro de Durazno, c'est à dire dès 1821.Petit à petit, la place accueillit une église puis un premier cimetière. L'édifice religieux dont il s'agit est l'église San Pedro (ci-dessous), qui sera détruite par un incendie en 1967, puis reconstruite entièrement, mise à part la façade. L'architecte Eladio Dieste, en charge des travaux, était alors reconnu mondialement comme le spécialiste de la céramique armée (construction de dôme en brique). Et d'utiliser la brique comme matériau principal afin de rebâtir l'église en question, sous une forme plus contemporaine. Le résultat est surprenant au départ mais assez concluant tout de même. Le toit d'origine de l'édifice était en bois, ce qui accrut l'effet incendiaire lorsque le feu se déclara dans l'église. Cette rénovation aura permis à ce lieu de culte de renaitre de ses cendres dès 1971, avec, en prime une toute nouvelle rosace en briques (deuxième photo) dont la réalisation représenta un véritable tour de force pour l'architecte. Le choeur abrite un Christ sculpté par Claudio Silveira Silva, dont la particularité était d'avoir les bras le long du corps, comme pour l'Ascension (d'ailleurs évoquée par le puit de lumière inondant l'espace). Malheureusement, la paroisse fit remplacer cette statue par un autre Christ plus traditionnel, en 2009. Cette décision attira bien sûr les controverses.


 

Sur l'autre côté de la Place, j’aperçois la maison du général Fructuoso Rivera (ci-dessous), la Casa Rivera, qui lui servit de palais présidentiel lorsque Durazno devint la capitale de l'Uruguay de 1839 à 1842. De nos jours, cette demeure abrite le musée historique de la ville, lequel offre d'écouter près de 2000 enregistrements d'archives musicales et de voix, d'admirer plus de 13000 clichés et d'explorer la salle traitant de l'oeuvre et de la vie du général Fructuoso Rivera. Il me faudra revenir car l'endroit est malheureusement fermé ce lundi. Au départ de Fructuoso Rivera, en 1843, la maison sera utilisée comme centre de commandement militaire puis comme prison.


 

Outre le buste de notre illustre général (ci-dessous), la Place de l'Indépendance offre de voir des aquarelles de Bernes et Irigoyen (deuxième photo) et, bien sûr, en son centre, le monument dédié à Christophe Colomb (troisième photo) dont l'originalité est de contenir dans sa sphère (située au sommet de la colonne) des documents conservés pour les générations futures. Le monument fut édifié par des immigrants en 1892, alors qu'était célébré le 400è anniversaire de l'arrivée de Christophe Colomb sur le continent américain. Un comité des fêtes fut institué pour l'occasion à Durazno, comité formé d'immigrés italiens, espagnoles, argentins, brésiliens et uruguayens. Tous décidèrent de la construction de cette colonne de 14 mètres de haut, couronnée par une sphère creuse qui contient les fameux documents. Ces documents ayant été déposés à la fin du XIX ème siècle, l'expectative régna en ville en 1992, c'est à dire cent ans après le dépôt des archives. Allait-on vraiment retrouver le contenu à l'intérieur de la sphère ? Finalement, et à la surprise générale, on retrouva bien le coffre de bronze, intact, avec les objets et documents glissés par les anciens un siècle plus tôt. L'émotion fut vive. On peut désormais retrouver toutes ces archives au musée d'histoire de Casa Rivera, à cent mètres de là, en attendant d'assister à la prochaine ouverture de la sphère...en 2092 !


 

Une autre place, la Place Sarandi, se dresse à quelques encablures de là, à l'endroit même où se trouvait autrefois une lagune. L'endroit était alors appelé Plaza Nueva du temps de la Villa Durazno : la place abrite un buste en l'honneur du Dr Luis Alberto de Herrera (ci-dessous) qui fut homme politique, journaliste et historien. Il sera aussi le chef du Partido Nacional pendant plus d'un demi-siècle. Et reste encore à l'heure actuelle l'une des grandes figures d'Uruguay. D'abord grand voyageur (en Argentine, puis aux Etats-Unis et au Canada), notre homme participera à la révolution de 1904 dans le camp des Blancs, après avoir, quatre ans plus tôt, fondé le journal La Democracia. Il deviendra député à Montevideo en 1905 et présentera un projet de loi visant à encadrer la durée journalière du travail, ancêtre de la loi instituant les huit heures de travail journalier.


 

Autre place, la Place Artigas (ci-dessous) offre au regard des promeneurs l'incontournable statue de José Artigas sur son socle. On trouve cependant ici un arbre qui fut planté en hommage au célèbre poète espagnol Juan Ramon Jimenez. Cette vieille place, qui porta le nom de Progreso jusqu'en 1811, est un point de rencontre pour tous les habitants du quartier. C'est en 1947 que fut installée la statut de José Artigas, homme illustre ici respecté de tous, devant lequel on célèbre encore de nombreuses cérémonies patriotiques.


 

Une maison, celle du Dr Emilio Penza (ci-dessous) se dresse dans la Calle Penza (en face du casino de la ville) : cette demeure sera bâtie au début du XX ème siècle à la demande du docteur philanthrope, illustre habitant respecté de tous, qui y habitera jusqu'à la fin de ses jours. La maison, dont l'intérieur est décoré dans le style Belle Epoque, fut acquise par le département en 2004 afin de l'ouvrir au public une fois restaurée. Ces visites ponctuelles ont lieu lors d'évènements culturels. Ce lieu est classé monument historique national depuis 1996.


 

Autre sculpture inattendue, sise, cette fois, à l'entrée du cimetière, celle du chien du Gaucho (ci-dessous). Cet hommage fut installé à cet endroit en 1999, en souvenir d'un chien fidèle à son maitre qui était gaucho à Durazno au cours des années 1960. Les habitants connaissaient bien l'animal car, le jour où son maitre tomba gravement malade, et fut transporté à la clinique du Dr Penza, le chien, ne voyant plus son maitre, erra des jours entiers comme une âme en peine, parcourant des kilomètres à sa recherche. Les gens lui donnèrent sa pitance mais le gaucho mourut et le chien, toujours fidèle le rejoignit au cimetière, restant sur sa tombe. Jusqu'à ce que la mort les unisse à jamais.


 

Un autre monument attire ma curiosité : le Tamboril (tambour, en photo ci-dessous). Depuis longtemps, la population métisse est présente à Durazno et la sculpture du tambour symbolise sa présence, ici, dans le quartier Bertonasco, depuis 1996. A l'origine de cette initiative, le Carnaval Llamadas del Interior (appels intérieurs)qui a traditionnellement lieu à Durazno en février dans le parc de l'Hispanité. Y participent de nombreux artistes nationaux et étrangers, cavaliers célèbres, et attelages, au milieu des chants et des danses. Et le bruit des tambours de résonner des heures durant dans le quartier, autour desquels se réunissent uruguayens des champs et habitants de la ville.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Site sur l'église San Pedro : http://www.fadu.edu.uy/eladio-dieste/obras/san-pedro/
  • Musée historique de Casa Rivera, Place de l'Indépendance à Durazno, ouvert du mardi au vendredi de 9h00 à 19h00, et les samedi et dimanche de 9h00 à 15h00 :http://www.museos.gub.uy/index.php?option=com_k2&view=item&id=43:museo-hist%C3%B3rico-casa-de-rivera

  • L'office de tourisme est installé Place Sarandi, à Durazno : http://www.durazno.gub.uy/portal/turismo

  • Calendrier des fêtes annuelles de Durazno : Fête de la Forêt à Villa Carmen et fête du tambour dans le quartier de Bertonasco à Durazno (en décembre), élection des reines du carnaval et Movida tropical (défilé coloré) dans la capitale du département (en janvier), Fête folklorique, festivités au parc de l'Hispanité dans le quartier de Bertonasco et défilé de carnaval à Durazno (en février), Anniversaire de la fondation de Durazno (12 octobre) et fête traditionnelle quelques jours plus tard dans le parc de l'Hispanité (en octobre), Fête des roses à Carlos Reyles, fête du livre à Durazno, rencontres internationales du mime et de la pantomime à Durazno et fête du gâteau frit (Torta frita de plus de 3 mètres de diamètre) à Durazno (en novembre).










 



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