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Florida
(Département de Florida, Uruguay)
Heure locale


Mercredi 24 mai 2017

 

Poursuivant mon périple en Uruguay, je visite cette fois, Florida, capitale du département de Florida. Pour vous donner une idée du peu de population dans cette entité, cette ville, avec ses 34000 habitants, rassemble pratiquement la moitié de la population du département tout entier, département créé en 1856 à partir d'une partie de celui de San José. L'endroit vit en 1760 l'érection du Fortin del Pintado, qui fut le premier camp peuplé du territoire. Viendra plus tard, en 1809, l'apparition de la Villa de San Fernando de Florida, ancien nom de la capitale actuelle du département de Florida.

En 1808, Santiago Figueredo fut nommé à la paroisse de Notre-Dame de Lujan, dans la Villa del Pintado. Et de proposer au chapitre de Montevideo le transfert de cette population sur un autre camp de peuplement, qui deviendra bientôt la nouvelle ville de La Villa de San Fernando de la Florida Blanca, le 24 avril 1809. Et le nom de cette ville de rendre hommage au roi espagnol Fernando VII, roi félon (qui sera prisonnier de Napoléon Bonaparte), et au comte de Florida Blanca, lequel organisa la résistance espagnole contre l'invasion française de l'époque.

En préparant ma venue, j'avais localisé le bureau du tourisme situé en face d'un grand parc au bord de la rivière Santa Lucia, qui abrite la Piedra Alta (ci-dessous), endroit où furent jadis promulguées les trois lois fondamentales du pays, le 25 août 1825, à savoir l'indépendance de la Province orientale de l'empire du Brésil (loi d'indépendance), l'union avec les Provinces Unies du Rio de la Plata (loi d'union), et la création du nouveau drapeau de la province (loi du drapeau).


 

L'office du tourisme, extrêmement accueillant, me fera accompagner par Laura, guide pleine de charme, qui arpentera avec moi Florida, sa ville natale. Nous passerons ainsi quelques heures ensemble et toutes les portes de s'ouvrir devant moi à la seule apparition de Laura. Voilà la clef !

Parmi les curiosités de la cité, je découvrirai en sa compagnie la Cathédrale (ci-dessous en photo), dont la construction débutera en 1894. Je suis immédiatement séduit par la beauté des peintures qui ornent les plafonds de l'édifice, œuvres du peintre Archimède Vitali (deuxième photo). L'orgue tubulaire de 1368 tuyaux ne démérite pas non plus. Imposant par sa taille (sept mètres de haut et six de large), c'est le seul orgue de ce type en Amérique, qui fut fabriqué en Allemagne par Donato Sangaletti. Cette basilique est l'une des plus belles églises du pays, qui est aussi le sanctuaire de la Vierge des 33 Orientaux, patronne de l'Uruguay. Celle-ci y est représentée par une petite sculpture en bois, qui se trouva longtemps dans le village de Villa Vieja (anciennement Villa del Pintado).

Lors d'un précédent article, j'avais déjà insisté sur l'ordre naturel des choses que fut cette dévotion des Uruguayens à la Vierge des 33 (troisième photo), lorsqu'en 1825 fut célébré le Congrès de Florida à Villa Florida, congrès qui entérinera l'indépendance de la province orientale du pays, et l'union avec les Provinces Unies du Rio de La Plata. Tout près de là se tenait déjà, et par le plus grand des hasards, la petite statue de bois à l'effigie de la Vierge, statue d'origine guarani datant du XVIII ème siècle. Plus tard, en 1857, Manuel Oribe offrira à la Vierge une couronne dorée pour la remercier de l'avoir sauvé, lui et sa famille d'un précédent naufrage. Et Mariano Soler, alors Archevêque de Montevideo, de proposer d'installer, en 1894, devant la niche contenant l'effigie en bois de la Vierge dans la cathédrale de Florida, une plaque avec la mention suivante »Devant elle, les 33 Orientaux présentèrent leur drapeau et invoquèrent les conventions de l'Indépendance ». En 1961, Monseigneur Humberto Tonna demandera au Pape l'autorisation de couronner la Vierge des 33 Orientaux. Jean XXIII accédera à cette requête le 8 mars de cette même année. Et de désigner la Vierge comme la patronne de l'Uruguay le 21 novembre 1962. Le pouvoir exécutif, lui, classera la cathédrale en tant que monument historique national en 1975, tout comme d'ailleurs, l'image de la Vierge des 33 Orientaux. Cette même image sera bien sûr présente à Florida lors de la visite papale de Jean-Paul II en avril 1987.


 

Toujours sur la Place de l'Assemblée, je remarque l'oeuvre du sculpteur Juan Manuel Ferrari qui commémore la déclaration d'indépendance, avec une réplique de la statue de la Liberté (ci-dessous) identique à celle de la ville de New-York. Et le poète Juan Zorrilla de San Martin de déclamer ce jour du 19 mai 1879, la légende Patria en souvenir du groupe des 33 Orientaux et de leur action. Sculpteur uruguayen, Juan Manuel Ferrari a signé de nombreuses réalisations dont le monument à Juan Antonio Lavalleja de Minas (en 1902) et celui de la Bataille de Las Piedras, dans la ville du même nom (en 1911). Et Florida d'avoir dignement célébré le bi-centenaire de cette déclaration en 2009.

La Plaza Asamblea constitue l'âme de la cité, en rassemblant outre la cathédrale, la maison du Père Santiago Figueredo, le commissariat de police, la banque Republica et le quartier historique de Florida. Et pour cause, elle sera la première place tracée lors de la fondation de la cité, et c'est à cet endroit que les premières distributions de terres seront effectuées.

Autre place de la ville, la Place Artigas (deuxième photo), délimitée en 1858, quelques années seulement avant le mois d'avril 1863. A cette époque, l'Uruguay connaissait la guerre civile avec de sévères affrontements entre les Blancos et les Colorados, jusqu'à l'occupation de Florida par l'armée, en 1864. Lors de la bataille de la « Prise de Florida », le fils ainé du général Venancio Flores mourra en héro. Et Venancio Flores, qui avait vaincu face à l'armée nationale, de décider, sans doute par représailles, de fusiller alors sept des défenseurs de la ville, précisément sur cette Place Artigas.


 

Il existe à Florida une petite église, la Chapelle San Cono, qui montre le poids de la communauté italienne dans cette ville. Le nom de San Cono est celui d'une famille italienne, laquelle, à quelques mois de la naissance de leur fils, fit un rêve qu'elle confia au prêtre de la paroisse. Et celui-ci d'annoncer aux parents un destin glorieux pour ce fils à naitre. La communauté italienne de la ville avait rapportée avec elle la réplique en bois de l'image de San Cono, et entreprit bientôt la construction de la fameuse chapelle. Quant à la dévotion pour ce saint, les avis étaient partagés. Certains y croyaient, d'autres faisaient preuve d'indifférence. Le saint italien naquit donc à Diano-Teggiano (au sud de l'Italie), à la fin du XI ème siècle, et rejoignit, alors qu'il était encore enfant, l'ordre bénédictin. Ses parents n'ayant pas envie de perdre leur fils unique, s 'opposeront à ce départ mais le garçon partit se réfugier au monastère de Santa Maria de Cadossa, situé à quelques kilomètres de sa ville natale. Les parents se rendirent au monastère pour récupérer leur fils mais celui-ci se cachera dans un four à pain. On eut beau l'appeler, rien n'y fit et c'est là la premier miracle de San Cono, celui d'avoir au bout du compte persuadé ses parents de son engagement auprès de Dieu. Autre miracle, en 1261 : alors que les villages de Diano et de Padula se disputaient les restes du futur saint, la dépouille de San Cono demeura dans le monastère de Santa Maria de Cadossa. Quant aux villages, faute de s'être mis d'accord, ils décidèrent de charger le corps de San Cono sur une charrette tirée par deux bœufs (un de chaque village). Mais les bêtes moururent curieusement à l'entrée du village de Diano. Notre saint n'avait manifestement pas envie de quitter le monastère. D'où la tenue depuis, d'un pèlerinage annuel au monastère, en souvenir de cet événement. Autre péripétie : en 1497, le roi Frédéric d'Aragon, en désaccord avec le prince Antonelo San Severino, décida d’assiéger le village de Diano. Et la population menacée, de faire appel à San Cono. Aussitôt demandé, aussitôt fait, puisqu'on raconte que durant les 45 jours de siège du village, aucun boulet de canon ennemi ne parvint à détruire les murailles de Diano, ni à tuer un seul de ses habitants. Certains affirmèrent même avoir distingué l'image du saint flottant dans le ciel. C'est pourquoi deux boulets de canon restent encore aujourd'hui à proximité des restes du saint homme. Et de nos jours, croyants ou pas, des milliers d'habitants et de touristes se rendent à cette petite chapelle lors du pèlerinage annuel qui a lieu le 3 juin, histoire de se recueillir devant l'image sainte, certains faisant une offrande, d'autres se mettant à genoux ou se découvrant devant San Cono (troisième photo).


 

Dans le centre historique, Laura m'emmène à la découverte du Palais municipal, une des plus belles œuvres architecturales détenues par le département. C'est l'architecte uruguayen Alfredo Jones Browns qui en conçut la réalisation en 1902. Sur la partie supérieur de la façade, on peut lire Junta E.Administrativa, ce qui laisse à penser que l'endroit servit jadis de siège du gouvernement municipal. En pénétrant dans le vestibule, on peut trouver les plans de l'architecte, plans signés de sa main, ainsi que l'écusson de Florida, taillé dans le bois par Manuel Rosé, artiste plasticien. Ecusson sous lequel figure le buste du général José Gervasio Artigas. J'admire au passage les sculptures de la porte d'entrée, répliques exactes de l'originale. A l'intérieur du Palais existe une galerie exposant des drapeaux de plusieurs nations étrangères (ci-dessous), dont celles qui honorèrent la cité de leur visite. Notre pays en fait partie. La galerie débouche un peu plus loin sur le salon d'honneur baptisé du nom du premier intendant du département, le Dr Ursino Barreiro. Le palais fut autrefois utilisé comme siège de la direction départementale de Florida, jusqu'en 1973. Le mobilier est remarquable, comme, par exemple, un superbe fauteuil portant sur son dossier l'écusson gravé (deuxième photo) et un bureau en cèdre datant du début du XX ème siècle. Ces deux meubles ayant servi au Dr. Ursino Barriero. Le salon d'honneur offre également d'admirer un dessin à l'encre, oeuvre de Nin Gonzalez qui représente l'installation du gouvernement provisoire à Florida, un certain 14 juin 1825. Une peinture de Francisco José de Monino, représente le comte de Florida Blanca, à l'origine œuvre du peintre Francisco Goya y Lucientes. Autre toile, celle de Manuel Rosé, »L'assemblée de Florida de 1825 ». Les visiteurs peuvent enfin découvrir sur place une scène en faïence avec des hauts reliefs (troisième photo), œuvre de l'immigrant croate Djuro Jelacic. Sans oublier une belle horloge allemande, jadis importée par la firme Oscar Spangenberg & Co. A noter toutefois que la visite du Palais municipal fait partie d'un circuit organisé par l'office du tourisme.


 

Le directeur de l'office de tourisme, Gervasio Martinez, m'apprendra l'existence du cimetière et de tout un art sacré qui y est lié, donnant d'ailleurs lieu à une forme de tourisme funéraire à Florida. Laura me conduira entre autres à l'Arc de triomphe (ci-dessous), symbole choisi par les immigrés français pour orner leur panthéon en 1889, exactement un siècle après la prise de la Bastille. D'autres monuments rendent hommage aux morts des guerres civiles uruguayennes, et ce cimetière d'abriter aussi les restes du général Timoteo Aparicio. On trouve enfin sur place la sépulture du Dr. Ursino Barreiro, premier Intendant de Florida.


 

Tant de choses restent encore à découvrir dans cette jolie ville qu'une journée ne suffira pas. Tant pis, je reviendrai un de ces jours pour en apprendre davantage...Quant au département du même nom, il fut créé en 1856 bien que son premier camp de peuplement remonte à l'existence du Fortin del Pintado (1760). La région vit surtout de l'agriculture et de l'élevage, et culture le blé, l'avoine et le mais. Le département produit également du lin et du tournesol, et n'a pas à rougir de sa production laitière, celle-ci alimentant le marché national à hauteur de 40% des besoins. L'aviculture, elle, compte pour une part plus négligeable dans l'économie locale.

 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Site internet sur Florida : http://turismo.gub.uy/index.php/en/places-to-go/central-region/cities/florida
  • Office de tourisme (face au parc Prado Piedra Alta), Avenida Wilson Ferreira Aldunate à Florida. Tél:(598) 4352 1738. Ouvert tous les jours de 8h00 à 16h00.

  • Tous mes remerciements à Mr Arturo Torres Vasquez, Directeur du développement durable, à Mr Gervasio Martinez, Directeur de l'office du tourisme de Florida et à son équipe ainsi qu'à Laura pour sa merveilleuse visite de la ville.

  • Ruta de la leche (https://youtu.be/a9bv_8vDtfc) et peintures murales de 25 de Agosto (https://youtu.be/mgzKh0OXPd0)

  • L'office du tourisme de la ville propose aux touristes plusieurs circuits de visites (Ruta de los murales, Paseo por el micro centro, Circuito por los Boliches, Art sacré, Paseo historico, Circuito religioso). Se renseigner auprès de l'office du tourisme.

  • Autres sorties dans le département de Florida :

    http://www.florida.gub.uy/Servicios_al_Ciudadano/Informacion/Info+General/Turismo/

  • Musée des offrandes à la chapelle San Cono. Ouvert tous les jours de 8h00 à 11h30 et de 14h00 à 18h00. Prise de photos non autorisée. Entrée libre. Accès par la chapelle.

 

 

 

 

 

 









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