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Maldonado
(Département de Maldonado, Uruguay)
Heure locale


Vendredi 26 mai 2017

 

Me voici depuis aujourd'hui à Maldonado. Pour venir jusqu' ici j'ai emprunté la ruta 11 puis la ruta 9, deux belles routes nationales qui se transforment en quatre-voies à l'approche de la côte et de Punta del Este, la célèbre station balnéaire avec ses barres d'immeubles (ci-dessous en photo). Je devrai aussi m'acquitter de deux péages au cours de ce voyage. Le GPS, lui, fonctionne à nouveau dans cette zone très touristique et facilitera mes déplacements. La ville de Maldonado trouve ses origines en 1530, entre un navigateur italien et un certain Francisco Maldonado. La première idée d'un camp de peuplement à cet endroit émanera du vice-roi José Joaquin de Viana en 1755, qui enverra un avant-poste du côté de Portezuelo. Les douze personnes dépêchées au départ par notre homme recevront le renfort de sept familles indigènes, vingt mois plus tard. Beau bilan depuis, puisque Maldonado compte désormais plus de 85 000 âmes (recensement de 2011, sans compter les nombreux touristes qui débarquent ici en période estivale). L'endroit conserve encore de nos jours quelques restes de l'époque coloniale, et le centre-ville, où j'ai choisi de résider, m'offrira l'essentiel des lieux d'intérêt historique de la cité. Une grande partie de ses habitants travaille à Punta del Este et dans less environs mais réside toujours à Maldonado.

 

Le De La Plaza Hotel se trouve juste à côté de la Cathédrale San Fernando (ci-dessous), donnant sur la place du même nom. La construction de cet édifice religieux débuta en 1801, pour s'achever en...1895. Le résultat est une église de style architectural néo-classique, qui possède à l'intérieur un superbe choeur, œuvre d'Antonio Veiga, lequel obtiendra deux récompenses à l'exposition de Buenos-Aires (Argentine) en 1882. On peut observer sur place l'image de la Vierge du Carmen, qui se trouvait à bord du bateau à vapeur «Ciudad de Santander » lors du naufrage du navire dans les environs de l'île de Lobos, toute proche, en 1829. Et le propriétaire du navire disparu, le marquis de Comillas, d'avoir offert cette image qui servira de modèle pour l'oeuvre de Carlos de Santiago, qui peindra le « Ciudad de Santander ». A gauche de l'allée et depuis le choeur, j'apercevrai un Christ agonisant en bois polychrome magnifique d'un auteur resté anonyme.

 

Donnant également sur la même place, voici l'ancienne Caserne des Dragons (ci-dessous) dont l'édification débuta en mars 1771, pour se terminer en 1797. C'est Bartolomé Howel, un ingénieur français, alors au service de l'Espagne depuis 1762, qui conçut l'édifice. 2500 m2 furent ainsi bâtis en pierre de taille, devenant alors le plus grand bâtiment de cette époque coloniale, à la fois par son usage militaire et pour sa valeur artistique. C'est au Commandant Bartolomé Ferro que l'on devra cette construction destinée à l'accueil des troupes. Le général José Artigas y résidera le 10 mars 1797, alors qu'il rejoindra le régiment de Blandengues, ayant justement choisi cette caserne comme QG. La caserne portera plusieurs noms (fort, citadelle ou nouvelle caserne) en fonction des époques, avant de prendre sa dénomination actuelle qui rend hommage au corps des Dragons, troupe militaire qui passera le plus de temps sur place.

Le bâtiment a depuis été restauré et abrite un musée dont on m'ouvrira les portes. Le porche d'entrée a préservé ses arches et les murs ont aussi conservé leurs joints originels, faisant de l'endroit un lieu privilégié par les autorités locales pour organiser cérémonies patriotiques, évènements culturels et autre activités. Le musée rend bien sûr un hommage appuyé au père de la nation, José Gervasio Artigas, dont je pourrai admirer plusieurs portraits. J'apprendrai au passage que ses restes ont été déposés au pied de la statut équestre de la Place de l'Indépendance de Montevideo, depuis le 19 juin 1977. Le musée consiste en une grande salle qui expose peintures et cartes stratégiques expliquant les manœuvres militaires de tel ou tel conflit. On y parle des campagnes militaires de José Artigas, lequel a servi de support au sculpteur Mario Lazo, pour son œuvre »Pensamiento de Artigas », sculpture en bois de cyprès représentant des lanciers à cheval (deuxième photo) et un soldat gaucho portant à bout de bras un drapeau d'Artigas, ainsi qu'un clairon et une épée dans l'autre main. Plus loin, je tombe sur une peinture (troisième photo) qui représente la traversée du fleuve Uruguay par les 33 Orientaux au début de la Croisade de la Liberté. Juste à côté j'aperçois enfin l'écusson de la Province orientale, datant de 1816, c'est à dire deux ans après la création de ladite province. Ces armes officielles seront présentées en 1816 lors des fêtes du mois de mai à Montevideo.


 

A cinq minutes de marche de la caserne s'élève sur une place, la Tour de guet (en photo ci-dessous). Celle-ci sera érigée entre 1799 et 1800, dans le style néo-classique, et pour un cout de 1561 pesos uruguayens..et trois reales de l'époque, sous la direction de Don Rafael Perez del Puerto. Elle mesure cinq mètres de côté pour une hauteur de treize mètres. Un escalier intérieur mène à quatre portes situées au sommet de la tour, une par point cardinal. Du haut de cette tour, on pouvait jadis surveiller l'ensemble du Rio de La Plata. Et la tour de communiquer à vue avec Buenos-Aires sur l'entrée des bateaux dans l'estuaire, puisque ceux-ci passaient forcément en face du port de Maldonado.

 

Je m'arrêterai également au Musée régional de Maldonado, créé par l'écrivain et historien Don R. Francisco Mazzoni qui récupéra un jour une ancienne demeure coloniale pour en faire ce musée connu au-delà des frontières du pays. Et Mazzoni de rassembler à cet endroit des collections d'objets et de meubles indigènes, anglais, espagnols, portugais, coloniaux et créoles, afin de recréer les pièces d'habitat des communautés qui vivaient ici autrefois et de permettre aux habitants de Maldonado de connaître leurs racines. C'est un musée en travaux que je découvrirai mais quelques pièces peuvent tout de même être visitées. En temps normal, la maison offre une douzaine de pièces (comme la cuisine ci-dessous) avec, en plus deux patios à la végétation luxuriante dans l'arrière-cour. La guide du musée me reçoit fort gentiment et sortira un tas d'archives sur Maldonado d'une part, et le département d'autre part, m'aidant à compléter utilement ma documentation pour la rédaction du présent article. Qu'elle en soit à nouveau remerciée !

Personnage éclectique, Ramon Francisco Mazzoni naquit à Villa Colon le 29 août 1883, de parents immigrés italiens. Il passera quelques temps de l'autre côté du Tigre, à Buenos-Aires avant de regagner l'Uruguay pour s'installer à Montevideo. De santé fragile, il gagnera toutefois Maldonado à partir de 1917 et y restera jusqu'à la fin de ses jours. Puis, un jour, il tombera sur une maison située dans la rue Ituzaingo et datant de 1782, en fera l'acquisition, puis la transformera en musée. Et petit à petit, la demeure de révéler ses trésors : azulejos, meubles de style, pianos, vaisselle et porcelaines, objets en cristal, éventails, collections indigènes et autres pièces historiques trouveront ainsi leur place en meublant les différentes salles de l'endroit.

 

Même Charles Darwin passera, lui aussi, un peu de temps, à Maldonado. Plus exactement dans une maison se trouvant à deux pas de la Place Fernando. C'est en 1833 que le célèbre naturaliste anglais arrivera ici. L'auteur précise d'ailleurs dans son carnet de voyages qu'il y vivra dix semaines, juste assez de temps pour rassembler plusieurs espèces animales (oiseaux, reptiles et autres mammifères) vivant dans la région. Le jeune Darwin avait en effet embarqué sur le « Beagle », navire d'exploration anglais, le 27 décembre 1831, avec, pour objectif d'en apprendre davantage sur la Patagonie et la Terre de feu. Il logera alors chez Francisca Otermin, veuve de son état, qui possédait une maison dans l'actuelle rue piétonnière (peatonal) de Sarandi. Une plaque mentionne d'ailleurs aujourd'hui l'endroit exact où vécut Charles Darwin. Lors de son court séjour, le botaniste décrira Maldonado comme une petite ville située sur la rive septentrionale du Rio de La Plata, un peu à l'écart mais tranquille, et bâtie comme toutes les villes d'Uruguay, d'après un plan géométrique en damier et avec sa place centrale. A l'époque, on comptait les commerces sur les doigts d'une main et la ville n'exportait alors que quelques peaux et un peu de bétail. La population était formée de propriétaires, de quelques artisans et commerçants, avec le strict nécessaire. Lors de son séjour, Darwin effectuera également une excursion à l'intérieur des terres et remontera jusqu'au bord du cours d'eau Polanco (dans le département de Lavalleja), visitant le village de Minas et le « Pan de Azucar », grimpant même sur la Sierra de las Animas.

INFOS PRATIQUES :

  • Caserne des Dragons (accès par la Calle Rafael Perez del Puerto). S'adresser au gardien dans sa guérite pour l'ouverture du musée. Visite libre.
  • Tour de guet, Place de la Tour de guet, au niveau des rues Rafael Perez del Puerto et Zelmar Michelini.

  • Musée régional, Ituzaingo 789, à Maldonado. Le musée est ouvert du mardi au samedi, de 10h15 à 15h45. Entrée gratuite. Prise de photos autorisée. Sur place, il est possible de se procurer l'ouvrage « Senda y Retorno de Maldonado » (pour 350 pesos uruguayens), qui traite de l'histoire de la ville (livre rédigé en langue espagnole)


 

 








 



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