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Balade dans Montevideo
(4) (Montevideo, Département de Montevideo, Uruguay)
Heure locale

 

Vendredi 2 juin 2017

 

Dernier épisode de cette promenade patrimoniale de Montevideo : que de palais dans cette ville ! Celui sur la photo ci-dessous est le Palais Diaz, une construction Art-déco de l'Avenue 18 de Julio, qui fut inaugurée en 1929 et, dit-on, servit de modèle pour les gratte-ciel de New-York qui seront bâtis à la même époque, bien que cet immeuble ne dépasse pas les vingt étages. Sa silhouette ainsi que les ornements de façade font effectivement penser à l'Empire State Building. Deux architectes, Gonzalo Vazquez Barrière et Rafael Ruano, sont à l'origine de l'édification du palais.


 

J'aperçois, au N°1300 de l'avenue 18 de Julio (au niveau de la rue Yaguaron) l'édifice Café Montevideo (ci-dessous). Cette construction des années 1920 fut longtemps le lieu de rendez-vous des partisans des Colorados qui venaient du bâtiment d'en face (deuxième photo) abritant alors le journal « El Dia », organe de presse autrefois fondé par Batlle y Ordonez. Et les habitués de débattre des heures entières autour des tables du fameux café, au point de faire dire aux mauvaises langues que le journal était en fait rédigé au Café Montevideo. Son salon offrait un décor de style Art-déco et l'on pouvait aussi à l'occasion y croiser artistes et écrivains. Le soir, Lamarque Pons, talentueux musicien, y interprétait au piano des airs de tango. Bref, un endroit où il faisait bon vivre !

Fondé le 16 juin 1886 par José Batlle y Ordonez, figure la plus emblématique du parti des Colorados, le journal El Dia contribuera à développer une culture de masse grâce à l'alphabétisation grandissante de la population uruguayenne de l'époque. On y trouvait les idéaux politiques démocratiques, quelques colonnes réservées aux femmes, un supplément dominical et, bien sûr, la page des sports. Son siège se trouvait sur cette même avenue 18 de Julio et une sirène installée sur le bâtiment hurlait en de rares occasions, qu'il s'agisse d'évènements festifs ou de moments tragiques. L'autre spécificité de ce journal fut d'écrire de mot dios (Dieu) en lettres minuscules, ce qui laisse imaginer la lutte idéologique engagée entre cet organe de presse et l'église catholique. Sous la dictature militaire (1973 à 1985), El Dia suspendra sa parution durant plusieurs jours, puis le journal déclinera progressivement durant les années 1980, face à son concurrent El Pais.


 

Le Palais municipal (ci-dessous) est le siège de l'Intendencia de Montevideo, organe exécutif du gouvernement départemental de la ville. Lui aussi situé sur l'avenue 18 de Julio, doit tout à l'architecte uruguayen Mauricio Cravotto, lequel débuta sa construction en 1935. Sa tour principale mesure 78 mètres de haut. Des expositions sont organisées à l'extérieur de l'ensemble, là où se trouve d'ailleurs le Musée de l'histoire de l'art et des archives photographiques de Montevideo. Je m'arrête quelques instants devant le réplique du David de Michel Ange (deuxième photo ci-dessous) qui s'élève sur l'esplanade.


 

L'édifice Tapié, lui, en photo ci-dessous, fut inauguré en 1934. De style Art-déco, il sera conçu par l'architecte Francisco Vasquez Echeveste, et agrémenté d'une superbe coupole.

Non loin de là, j'admirerai le monument « Gaucho » (deuxième photo) que l'on doit à José Luiz Zorrilla de San Martin. Cette sculpture équestre en bronze, juchée sur un piédestal de granit rose, se dresse en face du Palacio municipal depuis 1927. Et fut déclarée monument historique national en 1976. Le monument rend hommage au gaucho, figure représentative de la ruralité uruguayenne et de la pampa, et héros anonyme qui lutta en son temps pour l'indépendance du pays. En l'observant de plus près, on peut distinguer le gaucho portant dans sa main droite la lance traditionnelle. Sculpteur et peintre uruguayen, José Luis Zorrilla de San Marin était le fils de l'écrivain Juan Zorrilla de San Martin. Ce sculpteur compta parmi ceux qui perpétuèrent le modernisme d'Antoine Bourdelle à travers plusieurs monuments significatifs de Montevideo. Suite à l'octroi d'une bourse, en 1914, pour étudier à Munich (Allemagne), notre homme devra rester à Florence (Italie) à la suite du début de la Première Guerre mondiale, avant d'être contraint de rentrer en Uruguay l'année suivante. C'est en 1922 qu'il remportera le concours international lancé pour créer la fameuse statue équestre du gaucho.


 

Revenons sur nos pas, jusqu'à la Place de la Constitution, afin d'admirer la Casa Vaeza-Ocampo (ci-dessous), maison construite en 1887 par l'ingénieur Andreoni. Celle-ci donne sur la place et impressionne les passants, avec son style éclectique et ses trois niveaux. Sa façade offre plusieurs éléments architecturaux d'influence italienne, et reprend ainsi les caractéristiques des palais de la Renaissance, comme pour l'édifice Club Uruguay (qui fut aussi bâti par le même architecte). De nos jours, le bâtiment est le siège du Parti national.

Autre palais désormais occupé par la Banque interaméricaine de développement : le Palais Gandos-Hotel Colon (deuxième photo). Ce bel édifice fut bâti en 1909 dans un des plus beaux quartiers de la vieille ville de l'époque, à l'angle des rue Rincon et Bartolomé Mitre. Son architecture rappelle celle des immeubles parisiens du Boulevard Haussman, avec la verticalité de la construction, ses mansardes et ses tourelles, ses balcons incurvés et la beauté de la ferronnerie. Et cet édifice de rester aujourd'hui une magnifique réalisation tant par son aspect extérieur que par la distribution intérieure de l'espace.


 

la Casa de Francisco Gomez (ci-dessous), désormais occupée par la Junta départementale de Montevideo a de quoi séduire. La junta est l'organisme exerçant les fonctions législatives et contrôlant le gouvernement de Montevideo. 31 édiles y siègent pour une durée de cinq ans et sont élus par le peuple. Cet organe de pouvoir est installé dans l'ancienne maison de Francisco Gomez. Comme son père, Antonio Gomez fut un important homme d'affaires qui fit fortune lors du développement de l'Uruguay. Au milieu du XIX ème siècle, il acquerra un terrain sur lequel il fera ériger sa résidence par le talentueux architecte Ignacio Pedralbes, reconnu comme le précurseur de l'éclectisme historiciste dans ce pays. Les travaux se dérouleront de 1871 à 1874, et l'édifice, bâti autour d'un patio central, servira d'exemple pour d'autres constructions de même style plus tard à Montevideo. Celui-ci offre des balustres en marbre et de jolies ferronneries dans ses niveaux supérieurs, tandis qu'une claire-voie apporte la lumière aux ouvertures intérieures donnant sur le jardin. Le 19 septembre 1888, Francisco Gomez cédera cet édifice à la Junte économico-administrative de Montevideo sans finalement ne l'avoir jamais habité. L'administration de l'époque y effectuera des travaux (dont la pose de vitres à l'effigie de la Junta) avant de l'occuper un an plus tard.


 

Un petit détour s'impose à présent par le Musée romantique (ci-dessous) qui a trouvé refuge dans l'ancienne maison d'Antonio Montero. De style néo-classique espagnol, le bâtiment appartint en effet et dès 1830, à ce monsieur, alors commerçant de son état. L'endroit, d'abord appelé Palacio del Marmol (Palais de Marbre), compte tenu de l'omniprésence de ce matériau dans l'édifice, accueille le Musée romantique depuis 1962. Résidence à la fois vaste et somptueuse, cet immeuble, qui disposait autrefois de deux beaux jardins (il n'en reste plus qu'un désormais), donne encore actuellement l'idée de ce qu'était l’existence de la haute société de la capitale uruguayenne à cette époque.


 

Le ministère du Logement occupe quant à lui une demeure dans la rue Zabala (ci-dessous). Ce bâtiment, qui date de 1907 et offre une architecture de style moderniste, fut un temps occupé par la Banque populaire. L'édifice Banco Francès BBVA (deuxième photo), presque voisin en impose tout autant. A voir pour le plaisir des yeux ! Terminons ce tour d'horizon architectural non-exhaustif de la capitale de l'Uruguay avec l'immeuble Banco Inglès de Rio de Janeiro (troisième photo), de style néo-classique, qui fut bâti en 1890.


 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Palacio Diaz, Avenue 18 de Julio 1333, Montevideo

  • Edificio Cafe Montevideo, Avenue 18 de Julio 1300, Montevideo

  • Immeuble de l'ex-journal El Dia, Avenue 18 de Julio (au niveau de la rue Yaguaron), Montevideo

  • Palacio municipal, Avenue 18 de Julio 1352, Montevideo. Ne pas manquer la réplique de David (Michel Ange) sur l'esplanade: http://cdf.montevideo.gub.uy/fotografias/palacio-municipal

  • Edificio Tapié, Avenue 18 de Julio (et rue Santiago de Chile), Montevideo.

  • Statue équestre du Gaucho, Avenue 18 de Julio (et rue Barrios Amorin), Montevideo

  • Casa Vaeza-Ocampo, Juan Carlos Gomez 1384, Montevideo

  • Ex Palais Gandos- Hotel Colon, Rincon 650 (à l'angle de Bartolomé Mitre)

  • Junta departemental de Montevideo (Casa de Francisco Lopez), 25 de Mayo 609-17, Montevideo : http://www.juntamvd.gub.uy/es.php/index.html

 







 



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